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2.2 Diagnostic et symptômes

2.4.5 Les facteurs reliés au bébé

2.4.6.3 Le soutien social

La relation entre le soutien social et la dépression est bien connue ; cette relation serait différente pour les hommes comparée aux femmes ; pour celles-ci le soutien social est plus déterminant (Stice et al, 2004). Les études concernant la prédiction de la dépression postnatale rapportent que, le manque de soutien que ressent la femme de la part de son entourage et de son partenaire constituerait un facteur de risque de dépression postnatale. C’est ainsi que O’Hara (1986) et Logsdon et Wayne (2001) établissent un lien entre un soutien social inadéquat, l’importance accordée au soutien et la dépression postnatale. D’autres auteurs se sont également prononcés sur le manque de soutien social pendant la grossesse et le risque de la DP (Collins et al, 1993; Saucier et al, 1995; Séguin et al, 1995a et Séguin et al, 1999).

Le soutien que reçoit la femme de son conjoint, de même que la qualité de la relation conjugale pendant la grossesse, évalués au cours de cette période seraient, selon Watson et

al (1984), O’Hara (1986), Whiffen (1988), Collins et al (1993), Logsdon et Wayne (2001)

Les résultats d’une étude menée par Séguin et al. (1995a) chez un groupe de femmes défavorisées indiqueraient, entre autres, que la présence d’un soutien social dont on aurait mesuré les composantes aux moments de la période pré et postnatale aurait un effet protecteur sur la symptomatologie dépressive évaluée avec le Beck (Séguin et al, 1995a ; Séguin et al, 1999). Les causes de la dépression maternelle seraient associées à des facteurs de stress tels que des problèmes économiques et conjugaux, des événements malheureux, une aide sociale inadéquate ou un manque total d'aide (Séguin et al, 1995b).

Finalement, la perception d’un besoin de soutien chez les deux parents serait très importante pour que, prétendent Saranson et al (1990), les résultats de l’évaluation de ce soutien s’avèrent intéressants. La naissance et la transition au rôle parental représentent un type particulier de stress générateur de besoins spécifiques. Selon Perreault et al (1997) et Polomeno (1996, 1998b) l’aide prodiguée aux deux parents devrait répondre aux besoins réels que créeraient les facteurs de stress impliqués. En effet, le soutien reçu, l’importance accordée à ce soutien et l’ajustement du couple sont des facteurs pouvant prédire la DP selon une étude effectuée chez différents groupes de femmes (Logsdon et Wayne, 2001).

Lors d’une étude récente portant sur les effets du soutien social sur les symptômes de dépression chez n=896 nouvelles mères, les auteurs constatent que les femmes qui ont montré un faible niveau de soutien social pendant la grossesse ont plus de symptômes dépressifs que les autres femmes ; ces mères ont été classifiées par niveau de soutien social moyen ou élevé. De plus, une fois évaluées les femmes fumeuses, les résultats montrent que celles qui montrent un faible niveau de soutien social et fument ont plus de complications obstétricales comparativement à celles qui fument mais qui montrent un niveau élevé de soutien social (Elsenbruch et al, 2007).

L'absence de soutien durant la grossesse est un bon prédicteur de détresse postnatale chez les femmes défavorisées (Neter et al, 1995). Des évaluations du niveau de satisfaction de l'aide prodiguée pendant la grossesse ont effectivement démontré qu’un plus grand nombre

de mères défavorisées éprouvaient une insuffisance ou un manque d'aide tant au niveau des moyens (aide instrumentale) que des loisirs (aide récréative) comme le constatent Hickey et al. (1997). Or, c’est souvent la famille qui apporte ce soutien. Malheureusement, il arrive parfois que le réseau familial soit inexistant ou que certains des membres de la famille soient eux-mêmes victimes de stress et de détresse émotionnelle. Comment peut-on, dans de telles conditions, accueillir convenablement le bébé?

2.4.7 Facteurs sociodémographiques associés à la dépression postnatale

Bien que certains auteurs tels que Nott et al (1976) aient trouvé des liens entre les facteurs sociodémographiques et la DP, les résultats d’études postérieures sur les variables sociodémographiques associées à ce problème ne sont généralement pas très consistants (Saucier et al, 1995). Ce sujet a d’ailleurs fait l’objet de controverses en raison de différences d’opinions, en voici quelques exemples :

A) L’âge

Les auteurs Warner et al (1996) sont d’avis que le fait d’être mère à l’adolescence constitue un facteur de risque de dépression postnatale. En revanche, O’Hara et al (1984) n’ont pas découvert de liens entre la symptomatologie dépressive postnatale et le fait d’être jeune mère. D’autre part, pour O’Hara et al. (1984), les femmes âgées seraient plus à risque de développer une dépression postnatale. L’âge serait plus associé à la dépression prénatale qu’à la dépression postnatale selon l’étude de Pfost et al. (1990). En effet, O’Hara et Swain (1996) ont observé que les plus jeunes femmes et les femmes plus âgées étaient plus exposées à développer une dépression postnatale.

B) La situation matrimoniale

Le statut conjugal est un des seuls facteurs sociodémographiques associé à la DP ; les femmes sans conjoint seraient plus à risque de DP (Pfost et al, 1990). Différents auteurs associent à la DP le fait d’être sans partenaire, ou seule durant la grossesse (O’Hara et al, 1984 ; Warner et al, 1996). Le risque de dépression postnatale augmenterait lorsque la mère sans conjoint a d’autres enfants à charge.

C) Le niveau socio-économique

Un autre facteur souvent associé à la DP est le niveau socio-économique ; la prévalence de DP est plus élevée dans les populations socialement et économiquement défavorisées (Cooper et al, 1999 ; Patel et al, 2002). Les femmes ayant un faible revenu familial et un moindre niveau de scolarisation sont plus sujettes à la DP que celles qui jouissent de meilleures conditions économiques et qui ont un niveau de formation supérieur (O’Hara et al, 1984, Séguin et al, 1995a et 1999, Hobfoll et al, 1995). En effet, il a été courant d’associer à la DP budget restreint et conditions de vie inadéquates (Paykel et al, 1971). En contrepartie, Watson et al (1984), Gotlib et al (1991), O’Hara et al (1991b) n’établissent pas ce lien. Enfin, Cutrona (1982) en arrive à la conclusion que ce n’est pas l’échelle du niveau socio-économique en tant que telle qui détermine le risque de DP, mais davantage le fait d’appartenir à un milieu défavorisé, pauvre, où l’argent manque. Divers niveaux de pauvreté (économique, culturelle, générationnelle, etc.) expliqueraient le phénomène. En effet, il a été prouvé que la violence conjugale, le bas niveau de scolarité et la morbidité anténatale sont des facteurs de risque associés à la DP chez des femmes défavorisées étudiées en Inde par Patel et al (2002).

Enfin, dans une étude effectuée en Israël, les auteurs analysent différents facteurs démographiques en lien avec la DP évaluée avec le BDI (Beck Depression Inventory), pendant la grossesse et avec l’EPDS six semaines après la naissance ; seule la variable d’immigration récente était associée à la DP de manière significative (Glasser et al, 1998). Pour sa part, Lopez et al (1999) évoquent également le risque de symptomatologie

dépressive chez certaines femmes émigrantes. Lorsqu’une femme émigre pour accompagner son mari, sa nouvelle vie se solde très souvent par une expérience d’isolement et de solitude. Ces deux sentiments s’intensifient progressivement au cours de la grossesse et lors de la naissance surtout lorsque le réseau de soutien familial est absent (Lopez et al, 1999).

Riguetti- Veltema et al (1998) ont identifié comme « marqueurs » d’un risque de DP certains facteurs présents durant la grossesse :

a) l’origine de la mère lorsqu’elle est émigrante, nouvelle arrivée ayant un faible niveau de scolarité et un faible revenu ;

b) la mère multipare ayant perçu la grossesse comme difficile et ayant présenté de l’hostilité et de l’anxiété pendant la période prénatale ;

c) les femmes sans intention de participer à la préparation prénatale.

Ces auteurs se prononcent en faveur d’une étiologie à facteurs multiples en interaction avec des facteurs personnels et sociaux qui ensemble favorisent le risque de DP.

Enfin, une métaanalyse révèle que les variables sociodémographiques ne sont pas des indicateurs fiables de la DP. Le manque d’une présentation complète des données démographiques dans les différentes études ne permet pas d’évaluer la validité externe des résultats concernant l’association entre les variables sociodémographiques et le risque de dépression postnatale (Ross et al, 2006).