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Le soutien psychologique des soignants

Matériel et méthodes

B. Le soutien psychologique des soignants

1 - Les groupes de parole de soignants

Bien que soit parfaitement reconnue l’importance des aspects relationnels du soin somatique, on ne propose guère d’accompagnement psychologique au personnel soignant (20).

L’aide aux soignants en souffrance face à la mort passe par la création d’espaces de parole de type « groupe de parole » (7).

Ainsi, une souffrance ou une colère, qui est exprimée, pèsera beaucoup moins sur la personne et engendrera donc moins de stress. Un soin de qualité ne pouvant être administré par un soignant en souffrance.

Le groupe de parole se définit comme un lieu de soutien structuré par la présence d’un intervenant extérieur de formation psychologique, susceptible de prendre en compte la souffrance des soignants et de faciliter la régulation des fonctionnements internes. C’est un espace d’échange permettant la mise en mot du vécu, la verbalisation et la communication (21).

Trois termes résument les fonctions des groupes de parole. C’est un lieu :

 De soutien  De formation  D’échange

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La finalité des groupes de parole, comme visée de transformation, est l’amélioration de la relation soignant soigné par l’atténuation des souffrances des soignants.

Le groupe de parole va aider les soignants à analyser leurs réactions face aux malades en fin de vie et développer un réel accompagnement. Le groupe de parole parviendra, ainsi, à atténuer cet isolement dépressif propre aux soignants qui sont confrontés aux décès.

Autour des trois mots clés, sujet-souffrance-relation soignant soigné, s’organise l’objectif du groupe de parole. Cet objectif consiste en l’amélioration de la relation soignant soigné et en l’atténuation de la souffrance des soignants (16). « Dans le groupe de parole, on a le droit de dire ses sentiments négatifs, ses émotions douloureuse, ce qui est innommable »(21).Ainsi le groupe de parole permet au soignants de tout exprimer même ce qui est inexprimable.

Ces groupes, lorsqu’ils sont organisés au sein des services, permettent d’aborder les questions d’organisation et de fonctionnement, permettent des échanges au sein des structures de soin et régulent, ainsi, les problèmes d’ordre institutionnel (7).

L’enquête réalisée à l’hôpital de Seclin a montré que les soignants sont en demande d’espace de communication. Tous les soignants interrogés ont exprimé le souhait que soient instaurés des groupes de parole au sein de leur institution (19).

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Nos résultats sont conformes à ces données. 24,3% des soignants ont proposé les groupes de paroles comme solution pour venir en aide aux soignants ayant vécu le décès d’un patient.

Par ailleurs, 11,1% des soignants ont proposé que la création de groupes de paroles soit couplée à la formation sur l’accompagnement de fin de vie.

Des groupes de paroles doivent donc être organisés, à la demande des membres de l’équipe soignante, afin de leur permettre de parler de leurs expériences et donc de prendre une certaine distance par rapport à la mort des patients, tout en apprenant à analyser leurs réactions.

2 - Le soutien psychologique individuel (22)

Certaines situations de souffrance des soignants nécessitent la mise en place d’une aide individualisée. D’ où la nécessité de poser un cadre différent, hors du groupe, dans une prise en charge individuelle.

Les interventions de groupe, à travers les groupes de paroles, permettent d’enrichir la réflexion et le questionnement. Elles permettent aussi le partage de point de vue sur une même situation vécue.

Pourtant, certaines personnes peuvent ressortir frustrées de ces interventions. Certaines situations amènent le soignant à douter de ses compétences, ce qu’il n’a pas forcément envie d’exposer devant le groupe. Il a alors besoin d’un soutien direct, approprié à sa situation, ce qui permettra de préserver ses relations à l’équipe et au contexte de travail.

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Cette approche peut se faire par différentes techniques, la plus courante étant le ‘focusing’.

Cette méthode va directement interroger la personne sur ce qui est difficile à supporter pour elle. Elle permet d’aller directement au cœur du problème. L’écoute de cette souffrance permet, à la fois, de soulager la personne, de la conduire à trouver des solutions et à mettre en place de nouvelles dispositions. Le soignant va donc se libérer de ce qui l’entravait, voir la situation sous un autre angle et trouver à se repositionner différemment par rapport à son environnement de travail.

Toute cette démarche vise à évaluer la perception qu’a le soignant de la situation stressante, comment il la vit, afin de le conduire à de nouvelles prises de conscience et à de nouveaux réajustements.

La finalité de cette approche est donc de permettre au soignant, qui vit une difficulté particulière, de prendre conscience de sa souffrance et d’agir sur celle-ci, en trouvant des solutions qui lui permettent de se développer dans sa vie professionnelle.

Dans notre enquête, le choix du soutien psychologique à titre individuel, comme stratégie d’aide aux soignants, a intéressé 13% des soignants.

Ce qui montre bien que ce type d’aide doit être réservé à des situations isolées où le soignant traverse des difficultés et ressent le besoin de s’exprimer dans l’intimité et de parler de ses problèmes personnels.

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Au cours de la réalisation de ce travail, certaines difficultés ont été rencontrées. D’une part des difficultés d’ordre bibliographiques, la littérature marocaine concernant le sujet étant très limitée et la littérature étrangère étant parfois difficile d’accès. D’autre part des difficultés d’ordre humain, le sujet abordé étant toujours tabou, le personnel a parfois présenté des réticences à participer à cette enquête.

Malgré ces limites, ce travail a permis de dresser un état des lieux qui est le suivant :

Les soignants éprouvent réellement une souffrance à la suite du décès d’un patient. Cette souffrance reste contrôlée car les réactions de deuil et les réactions sur le plan professionnel sont atténuées.

Une demande importante pour qu’une aide aux soignants soit mise en place a été exprimée.

Ce travail représente donc un point de départ pour que d’autres recherches et travaux soient réalisés sur la question et, pourquoi pas, pour la mise en place de mesures d’aide aux soignants.

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Recommandatio

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A travers cette enquête, nous avons déduit les recommandations suivantes, comme première stratégie d’aide au soignant ayant vécu un décès :

 La mise en place de groupes de paroles animés par un intervenant de formation psychologique (psychiatre ou psychologue) dans chaque service à la suite d’un décès et à la demande de l’équipe soignante.  La formation sur l’accompagnement en fin de vie doit intéresser

essentiellement les soignants exerçant dans des services de soins palliatifs ou souvent confrontés à la fin de vie.

 Cette formation pourrait être intégrée comme discipline enseignée au cours des études médicales.

 Les autres soignants peuvent y avoir accès, à moindre échelle, pour gérer certains cas de malades en fin de vie.

 Le soutien psychologique individuel doit être réservé aux situations dans lesquelles le soignant présenterait des difficultés à parler de son ressenti en public du fait d’une souffrance difficile à exprimer ou de problèmes personnels.

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En réalisant cette enquête sur l’impact psychologique du décès d’un patient sur le personnel soignant, notre premier objectif était de soulever la question de l’existence ou non d’une souffrance des soignants à la suite de la perte d’un patient. Ceci en mettant en évidence les réactions émotionnelles immédiates, les réactions sur le plan professionnel et les réactions de deuil qui en découlent, chez des soignants ayant perdu un patient.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette souffrance est bien réelle. Seuls 9,3% des soignants n’ont rien ressenti dans les suites immédiates du décès.

Sur le plan professionnel, les réactions étaient atténuées pour un grand nombre des soignants (61,1%).

De même, les réactions de deuil étaient de faible intensité dans la majorité des cas (59,3%).

De cela découle notre deuxième objectif qui consistait à identifier les différents facteurs pouvant expliquer la survenue de cette souffrance. Les résultats de notre étude révèlent que cette souffrance peut résulter de deux types de facteurs.

D’une part, des facteurs individuels représentés essentiellement par le degré d’intimité avec le patient et la proximité avec ce dernier.

D’autre part, des facteurs institutionnels ont été identifiés. Les plus importants d’entre eux sont la familiarité avec la mort au travail et l’absence de formation et de lieux de paroles et de communication au sein de l’hôpital.

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Ce qui nous amène à notre troisième, et dernier objectif. Dans le cadre de cet objectif, nous avons souhaité dépasser le cadre du constat pour proposer des mesures d’aide aux soignants afin d’atténuer cette souffrance. Nos données indiquent qu’il faut donner au personnel soignant l’accès à des formations sur l’accompagnement des patients en fin de vie et sur les soins palliatifs, en particulier pour les soignants exerçant dans des services où la familiarité avec la mort et la fin de vie et importante.

La création d’espaces de paroles et de communication, à travers la constitution de groupes de parole, s’avère aussi nécessaire et urgente. Le but étant d’améliorer la verbalisation de cette souffrance des soignants. Ainsi la qualité de la relation soignant soigné en sera améliorée et la souffrance sera atténuée. Ces groupes permettent aussi de réguler les problèmes d’ordre institutionnel en instaurant une communication et des échanges au sein des équipes.

Enfin, il semblerait que le soutien psychologique individuel devrait être réservé à des cas isolés où le soignant traverse une situation difficile qu’il n’arrive pas à exprimer en groupe.

Ainsi, après les progrès réalisés dans la prise en charge des symptômes, les progrès à venir passent par la prise en compte de la souffrance des soignants qui seule permettra une meilleure prise en charge des patients (7).

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- Annexe 1: Maslash Burn out Inventory (MBI)

- Annexe 2: Personnal Inventory for Depression and Sad (PIDS) - Annexe 3: Version française du questionnaire

- Annexe 4: Version arabe du questionnaire

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- Annexe 1 : Maslash Burn out Inventory (MBI) reproduit à partir du journal du Médecin (5)

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