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Sortie de crise et « déradicalisation »

Peu de travaux existent sur le processus de « déradicalisation », que l'on nomme aussi processus de désendoctrinement, de désembrigadement ou de « désintoxication mentale ». L'expérience du CPDSI,293 la première du genre sur ce sujet, apporte un éclairage sur les

étapes qui paraissent jalonner le processus de désendoctrinement ou « sortie de crise ». Il est nécessaire de préciser ici que tous les radicalisés ne sont pas forcément manipulés sur le mode de l'embrigadement sectaire. Les programmes de sortie de crise s'adressent essentiellement aux individus présentant des signaux, dits « faibles », de radicalisation et aux plus jeunes ou dont le parcours vers un fanatisme absolu n'est pas complètement achevé.

Au 31 décembre 2016, sur une cohorte de près de 12 000 personnes identifiées comme étant radicalisées, les préfectures faisaient état d'un nombre de 2437 personnes294

accompagnées par les cellules de suivis préfectorales et présentant des signaux plutôt « faibles » de radicalisation.

§1 - Les indicateurs de sortie de crise

Le SG-CIPDR a tenté de fédérer toutes les bonnes pratiques, conformément à la mesure 11 du PART (Plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme), afin de dégager une grille

292 Science et vie, n°1170, mars 2015, op. cit., p.38-45.

293 Rapport d'activité annuel 2015 du CPDSI (disponible depuis le 6 février 2016 sur www.cpdsi.fr).

294 Neuvième rapport au Parlement, Politique de prévention de la délinquance et de la radicalisation, Paris, La

de lecture commune, sur les critères de sortie de radicalisation. La mesure 11 du Plan rappelle: « qu’il faut être conscient que, de manière symétrique à ce qui se passe pour la grille d’indicateurs de basculement dans la radicalisation, la seule voie possible est celle du faisceau d’indices. Comme toujours en sciences du comportement humain, une marge d’interprétation et d’erreur est inévitable».295

L’ensemble des observations recueillies par le groupe de travail,296 auprès des représentants des divers ministères concernés (Justice, Intérieur, Santé, Education, Jeunesse et sports) est divisé en quatre parties, traitant de la réaffiliation, de la réhumanisation, du réinvestissement du champ culturel et de la réinsertion sociale des personnes concernées.

La réaffiliation ou renouement avec la famille est le premier signe, pour les professionnels de la santé mentale. Il s’agit du renouement des liens familiaux, amicaux et sociaux, la reprise du dialogue avec la famille, les amis, le voisinage et l’entourage social. C’est, en fait, le chemin inverse de celui du basculement au cours duquel le sujet se coupe de sa famille, de ses amis et de son entourage. C'est bien plus qu’un simple retour dans le giron familial. C’est la reconstruction d’un lien, qui avait été détruit par l’endoctrinement de la personne. Cette reprise du dialogue est, en quelque sorte, l’amorce d’une réhumanisation de l’individu.

La réhumanisation est concrétisée par une forme de réactivation des processus de pensée, le retour à la réflexion critique, le réinvestissement de la vie psychique. Les conséquences de ce retour sont l’assouplissement de la pensée, un affaissement des certitudes, un discours moins dogmatique, plus nuancé. Ce sont, en quelque sorte, les prémices d'une « réanimation psychique », d'un réveil, d'une sortie de la spirale infernale.

Le réinvestissement du champ culturel, musique, cinéma, etc, désigne la reprise des relations avec l’entourage, l’abandon de signes et de vêtements ostentatoires. Il s’agit du chemin inverse du renfermement extrémiste.

295 Plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme du 09 mai 2016, mesure 11, p.23.

296 Secrétariat Général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, groupe de travail

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Le sujet en voie de réinsertion sociale s’investit à nouveau dans l’avenir par des objectifs professionnels, des projets d’études, des projets de vie. Le rejet global des institutions laisse la place au retour de la confiance envers ces dernières.

Un tableau recensant les signes d’une sortie possible de la spirale fanatique ne peut suffire. Même s'il constitue une première étape. Les professionnels de l’éducation, de la santé et du renseignement considèrent que le processus de sortie de crise doit s’inscrire dans le temps, comme une cure de désintoxication au long cours. Dans ce parcours, les signes évoquant une possible rémission prennent tout leur sens, à condition que le désendoctrinement soit mis en œuvre par des professionnels, dans des structures habilitées, et fasse l’objet d’évaluations régulières.

Ces nouvelles conditions répondent à la méfiance suscitée par le comportement de certaines associations spécialisées dans la « déradicalisation », utilisant les services de certains repentis, soi-disant « auto-déradicalisés » de manière étrangement ostentatoire et soudaine.

L’objectif prioritaire du désendoctrinement consiste à interrompre l’engrenage comportemental pouvant mener à la violence. Quelle que soit la raison qui y conduit, la fin du processus de radicalisation relève d’un double défi : celui de la sortie de crise définitive et celui de la réinsertion dans le corps social, sans risque de récidive.

§2 - Les étapes de désendoctrinement A - Le processus de remobilisation

L'objectif consiste à soumettre un individu, dont le mode de fonctionnement s'est dissout dans un groupe totalitaire, à une séance de « réanimation psychique ». On lui explique qu'il existe, qu'il n’est ni passif, ni absent, selon un processus dit de « remobilisation ». Derrière les termes « déradicalisation », « désembrigadement », il s’agit avant tout de « restaurer » l’individu. L'objectif est, en partant du niveau d'endoctrinement de l’individu, à faire en sorte qu’il trouve lui-même les failles et/ou défaillances de son engagement pour lui permettre de se reconstruire. La finalité du processus est de créer une série de déclics psychologiques conduisant à une prise de conscience, pour ensuite pouvoir amorcer un parcours de reconstruction. Ce travail repose sur deux séquences que sont la réaffiliation et la remémoration de micro-événements.

La première étape concerne la réaffiliation de la personne radicalisée. La réaffiliation consiste à recréer du lien, en replaçant l'intéressé dans le contexte familial. Cette étape est nommée « Madeleine de Proust » par les équipes du CDPSI : « L’embrigadement provoque une désaffiliation de l’individu en le plaçant dans une communauté de substitution et en lui donnant l’illusion d’appartenir dorénavant à une filiation mythique sacrée. Nous cherchons à le replacer au sein de sa filiation afin qu’il retrouve d’abord une partie de ses repères affectifs, mémoriels, cognitifs ».297

Il s’agit de faire appel au lien originel. « Avec les parents, nous partons donc à la recherche de ces repères anciens : qu’aimait-il ? Que détestait-il ? Que faisait-il ? Nous aidons les parents à reconstituer le puzzle du personnage de leur enfant qui est parfois devenu si lointain qu’ils en ont perdu la consistance… Une fois que les événements fondateurs de l’histoire du jeune embrigadé sont bien repérés, il s’agit d’aider les parents à réfléchir à une façon discrète et naturelle de les évoquer. Ils vont alors remettre en scène des « petits riens de la vie quotidienne », a priori négligeables, qui pourraient provoquer une remontée émotionnelle totalement inconsciente et réflexive chez leur enfant en lui rappelant quelque chose de son passé non atteint par l’embrigadement ».298

La remémoration de micro-événements est un second temps. Le discours « djihadiste » a dilué la conscience de l’individu dans un mouvement collectif paranoïaque où l'intéressé est coupé de toute culture extérieure, de tout ressenti. La remémoration de micro- événements est destinée à faire ressurgir non seulement des sentiments provisoirement refoulés, mais aussi et surtout des sensations de son enfance, pour le ramener progressivement à son état antérieur.

Pour le CPDSI, lorsqu'un jeune ressent des sensations, il redevient un individu singulier. « On assiste à une sorte de réveil, même éphémère. C’est cela même l’objectif de cette première phase de travail. Bien entendu, une photo, un chant ou une promenade ne vont pas le remobiliser en tant qu’individu comme par magie ».299

Ce travail minutieux et subtil nécessite des semaines, voire des mois afin de permettre que l’accumulation de « petits riens » puisse « remobiliser » l’individu. Dans certains cas,

297 Rapport d'activité annuel 2015 du CPDSI, op.cit., p.22. 298 Rapport d'activité annuel 2015 du CPDSI, op.cit., p.22. 299 Rapport d'activité annuel 2015 du CPDSI, op.cit., p.22.

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rentrer dans l’histoire de l’enfant par l’intermédiaire de ses parents a suffi à remobiliser l’individu et à le sortir de son processus. Dans d’autres cas, ce n’est qu’une introduction. Les jeunes et les moins jeunes ne sont pas tous égaux devant dans un programme de désembrigadement. On ne peut demander à un parent maltraitant de faire la « Madeleine de Proust ». « Lorsque les parents sont décédés ou totalement déficients, nous allons chercher, avec l’aide du docteur Serge Hefez, psychiatre, qui nous supervise, sur quelle personne de référence et de confiance nous pouvons nous appuyer pour faire resurgir les émotions de l’enfance. Cela peut être un voisin, un oncle, un grand-parent, un ami proche. Il faut cependant se méfier de la notion de « parent déficient ».300

Le CPDSI a constaté que certains parents considérés comme « déficients », en raison de leur consommation d’alcool ou de leur ancrage dans la délinquance, peuvent se (re)mobiliser quand il s’agit de sauver leur enfant des griffes d'une organisation sectaire ou totalitaire telle que l'EI. Ainsi, de nombreux parents, même s’ils ne sont pas très stables, ni très fiables, restent capables de sauver leur enfant embrigadé parce que le lien avec leurs enfants reste fort.

La réaffiliation par la remémoration de micro-événements fonctionne aussi au sein du couple, lorsque l’un des deux est radicalisé. Une jeune femme a utilisé cette méthode sur son mari, engagé pour l'EI, qui avait enlevé leur enfant. Une autre femme explique que l’envoi de photos par son mari, lorsqu' elle était en Syrie, a provoqué en elle une forte charge émotionnelle, qui lui a permis de se remobiliser en tant qu’individu.

La technique de la « Madeleine de Proust » peut être également un sentiment négatif. Une jeune s’est extraite de la radicalité lorsque son mari a voulu couper la tête du « doudou » de sa fille. « Alors qu’elle avait accepté qu’il coupe la tête des poupées, ce geste a provoqué en elle le souvenir du sentiment qu’elle avait éprouvé enfant à la perte de son propre « doudou » ».301 L’évocation de cette perte si douloureuse a provoqué une telle « charge émotionnelle » qu’elle a pu se remettre à penser et à se remobiliser « en tant que maman ». Au sein des équipes de préfectures, nombreux sont les membres de services de renseignement qui ont intégré la méthode dite de la « La Madeleine de Proust ». Parfois, ils

300 Rapport d'activité annuel 2015 du CPDSI, op.cit., p.22. 301 Rapport d'activité annuel 2015 du CPDSI, op.cit., p.23.

l’ont mise en place avec les parents. Dans la majorité des cas, une chose est acquise : la nécessité de dire aux parents de ne pas se mettre en conflit avec un enfant radicalisé et de conserver le lien à tout prix.

Les associations engagées dans la lutte contre les dérives sectaires appliquent également ces techniques de remémoration des sensations d’enfance et affectives, dans bien des situations d’emprise mentale, avec des résultats relativement probants.

Lorsque, de réaction en réaction, les parents constatent que leur enfant resserre les liens avec eux, il est temps de passer à la deuxième phase : la dissonance cognitive. Celle-ci doit être menée rapidement, car la personne concernée, souvent restée en contact avec sa « tribu numérique » ou avec son groupe de proximité, peut rapidement « refusionner » au sein du groupe et ne plus être réceptive.

B - Les dissonances cognitives

Tous les discours « djihadistes » ont pour objectif d’éloigner les futures recrues du monde réel pour les conduire vers une utopie. L’objectif de la seconde étape consiste à les réintégrer dans le monde réel, après avoir recréé du lien par la réaffiliation.

Pour y parvenir, les professionnels de santé mentale insistent sur les incohérences du discours salafo-djihadiste devant les intéressés. Le but est de déclencher une série de déclics psychologiques appelés dissonances cognitives. Dans la brèche psychique ainsi créée, les thérapeutes peuvent s'engouffrer pour entamer un lent travail de déconstruction visant à ramener le sujet vers la réalité. Le retour progressif à la réalité se produit, lorsque la personne radicalisée est confrontée à une série d'informations qui ne sont pas cohérentes avec l’idée qu'elle se faisait de sa croyance. Cette distorsion entre les faits et le discours tenu est de nature à fissurer les certitudes de l'intéressé, et à instiller le doute en lui.

En appuyant sur le décalage entre le mythe du discours radical (qui prétend par exemple régénérer le monde par la Vérité), les aspirations personnelles (par exemple, être enfin utile ou aider les musulmans) et la déclinaison réelle de l’idéologie (devenir complice de l’extermination de tous ceux qui ne sont pas comme eux), des « fissures psychologiques » apparaissent.

Les dissonances et déclics cognitifs conduisent lentement vers une série de doutes, de hiatus, entre les motivations réelles et la façon dont l'EI a détourné ces motivations sous

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prétexte d'une mission divine. Il s'agit d'exploiter les désillusions découlant de la discordance entre les idéaux des volontaires et la réalité éprouvée au sein du groupe, des luttes intestines entre factions rivales, de la mauvaise qualité de vie sur place ou des exactions commises au préjudice des populations.

L'objectif est de rendre visible les aspects invisibles du groupe radical ou sectaire. L'intéressé peut alors commencer un travail de déconstruction de ses attaches à l’idéologie. Le récit détaillé du discours radical auquel il adhérait, est revu sous un angle critique mettant en exergue ses contradictions avec la réalité des faits.

Semer le doute qui mène à l’abandon de l’idéologie ne résulte pas de n’importe quelle contradiction. Pour qu’une contradiction provoque ce résultat, elle doit concerner les valeurs personnelles qui avaient motivé l’engagement de la personne radicalisée. Exemple : « Je partais pour la terre promise où on se détacherait des biens matériels et j’ai eu un doute quand je les ai vus frimer avec leurs belles voitures ».302

Les parents qui sont devenus de véritables acteurs dans le sauvetage de leurs enfants, le restent tout au long du processus de sortie de la radicalisation. Lors de la seconde étape, ils fournissent des éléments qui permettent de comprendre comment le groupe radical a pu agir aussi efficacement sur les plus jeunes. Quelles promesses lui ont-été faites ? Quels mythes lui ont-ils fait miroiter ? Quels idéaux lui ont-ils proposés ?

L’adhésion du sujet à un programme de « déradicalisation » ne peut lui être demandée directement. Dans la mesure où il n’a pas conscience d’être soumis à un processus d’embrigadement, il ne sera pas volontaire pour un programme de « déradicalisation ». « L’équipe fait le point avec plusieurs personnes anciennement radicalisées. Lorsque l'intéressé entre dans la salle, il pense être là pour ses parents qui auraient besoin de soutien. Il reste pour plusieurs raisons : tout d'abord parce qu’il pense que cette séance n’est pas pour lui. Il reste aussi pour faire plaisir à ses parents avec qui il est en train de renouer un peu. Il reste enfin car il est curieux d’écouter la fin des discours des repentis qui ont commencé à s’exprimer. Un repenti n’est pas forcément complètement sorti du processus, mais il est en capacité d’effectuer une rétro-analyse des faits ».303

302 Rapport d'activité annuel 2015 du CPDSI, op.cit., p.24. 303 Rapport d'activité annuel 2015 du CPDSI, op.cit., p.25.

Conclusion.

Des profils disparates représentant un large spectre de comportements humains et quelques points communs tels que l’âge, un milieu familial défaillant et un fort sentiment victimaire, pourraient presque suffire à résumer la situation. A un détail près. Les motivations des uns sont aux antipodes de celles des autres. Le cheminement vers la radicalisation ne conduit pas forcément vers le terrorisme. Les vecteurs de l’endoctrinement ne se réduisent pas seulement à Internet, à la prison ou aux quartiers. Pour les sociologues, une interaction de facteurs est à l’œuvre de manière progressive ou incrémentielle. Pour la psychopathologie, elle se conjugue à une inversion pulsionnelle. Comment sortir de cet engrenage infernal ? Il existe peu d'études en langue française sur les indicateurs de « sortie de la radicalité » ou « sortie de crise » à part des retours d'expérience comme ceux du CPDSI, pionnier du secteur associatif dont les résultats sont controversés.304Il reste difficile de savoir à quel

moment un individu est considéré comme étant « déradicalisé », surtout si l’on tient compte de la pratique de la dissimulation et de l'ambivalence de certains sujets. Les travaux de Kate Barelle305 évoquent quatre étapes successives de sortie de crise :

La première étape est la « motivation ». L'individu est encore membre du groupe, mais montre ou exprime des doutes par rapport à celui-ci. Cette phase peut intervenir à la suite de la rencontre d'une personne ayant elle-même quitté le groupe (figure du repenti).

La deuxième étape est le « désengagement ». L'individu décide de quitter le groupe, mais à besoin de soutien pour le faire. Il est en position de faiblesse, puisqu'il veut s'extraire d'un groupe qui constitue souvent son seul réseau de sociabilité et sa seule communauté. Il a besoin de soutiens communicationnels (écoute), financiers et logistiques.

La troisième phase est « l'assise » (settlement). La césure ou défection est accomplie. L'individu acquiert une stabilité financière et un logement indépendant. Il est toutefois confronté à un isolement social et à la solitude. Le stage de réflexion ou de réflexivité qui peut être proposé durant cette phase, révèlera un individu habité par l'anxiété et perturbé lorsqu’il se remémore son comportement passé.

304 N. Gathié et N.G., « Le business de la déradicalisation. C’est le Souk », VSD , n°2055, 12 au 18 janvier 2017, p.30-32. 305 K. Barelle, « Disengagement from violent extremism ». Researcher Global Terrorism Research Centre and Politics

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La quatrième phase est la « stabilisation » qui désigne le retour à la "normale" dans les sphères familiales, étudiantes ou professionnelles, avec toutefois la crainte que ressurgissent la résurgence les comportements passés. L'individu n'est plus engagé dans le programme de suivi, mais un contact informel est maintenu.306

Par « déradicalisation », il faut entendre le processus par lequel l'individu renonce à partir pour le djihad et au passage à l'acte violent. La personne est « ré-humanisée », et prend conscience des incohérences du discours djihadiste auquel elle adhérait, ainsi que du décalage entre le mythe et la réalité, sans pour autant avoir renoncé aux fondamentaux de sa croyance.

Lors d'un colloque sur la prévention de la radicalisation,307 les professionnels réunis autour

de l'atelier « Le désengagement de la personne autour d'un processus de déradicalisation », ont signalé qu'ils avaient peu de recul sur la prise en charge des personnes radicalisées. Ils ont fait état de l'hétérogénéité des structures d'accompagnement et ont observé que, si les premières d'entre elles manquaient de professionnels de la sphère « psy », il ne fallait pas appréhender la prise en charge uniquement sous l'angle psychiatrique.

Les prochains retours d'expériences des praticiens devraient permettre d'améliorer les connaissances en ce domaine, et de savoir quels ont été les éléments les plus déterminants de la « déradicalisation ». Si la détection d’une situation de radicalisation nécessite une forte réactivité, dans un temps court, à l'inverse, le désendoctrinement s’inscrit dans une