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Chapitre 5 : Discussion générale

5.1 Sommaire des résultats

La première expérience avait comme objectif d’explorer la diagnosticité des mesures physiologiques périphériques de la charge mentale dans un contexte de tâches expérimentales simples. Les résultats ont montré que les mesures physiologiques périphériques sont en mesure de prédire le niveau d’exigence mentale objectif d’une tâche, et ce, avec une précision similaire à ce qu’il est possible d’obtenir avec un électroencéphalogramme. La performance, étroitement associée avec la difficulté de la tâche, a été classifiée encore mieux que l’exigence mentale, ce qui peut être prometteur dans des contextes de travail appliqués. Il a également été possible de prédire l’effort mental avec une précision similaire. L’analyse des métriques physiologiques a d’ailleurs relevé que la signature physiologique de l’effort mental présentait des différences avec celle de l’exigence mentale, renforçant ainsi l’idée que les deux concepts sont distincts. De manière générale, la pupille s’est avérée très utile pour prédire l’effort. Les résultats ont aussi montré que les réactions physiologiques étaient capables de prédire la présence ou l’absence d’un stresseur (une punition sonore aversive). Malgré que la signature physiologique du stress relevée dans cette expérience concorde avec plusieurs travaux similaires, il est difficile de confirmer avec certitude que cette dimension est prévisible de manière diagnostique. Dans cette expérience, il a effectivement été relevé que le stress pouvait être confondu avec l’effort mental. Il est également possible que les classificateurs aient été entraînés à reconnaître la présence d’une capture attentionnelle provoquée par le son plutôt que le stress. Dans l’ensemble, les résultats suggèrent que le stress est possiblement prévisible de manière diagnostique par la physiologie périphérique. Une seconde expérience était toutefois requise avant de le confirmer avec certitude. Quant à la fatigue, les résultats suggèrent qu’elle n’a que très peu contribué lors de la première expérience. De plus, les signes physiologiques retenus par les classificateurs de la fatigue peuvent être confondus avec une baisse de l’effort mental. Tout comme pour le stress, les résultats de cette expérience ont suggéré qu’il était possible de prédire la fatigue de manière diagnostique, mais qu’une seconde expérience était nécessaire pour le confirmer. Les résultats ont également montré que le stress, tel que mesuré par le NASA-TLX, pouvait aussi être prédit par la réponse physiologique des participants. Dans l’ensemble, la classification des sous-dimensions de la charge mentale était meilleure si un plus grand nombre de

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modalités physiologiques étaient utilisées. Toutefois, les classificateurs ont typiquement été capables de fonctionner même en l’absence de mesures pupillaires et de mouvements oculaires. Certains classificateurs (exigence mentale et tâche) ont également été capable de prédire correctement en n’utilisant seulement que les métriques cardio-respiratoires. Ce résultat suggère qu’il est peut-être possible de prédire ces sous-dimensions en utilisant qu’un seul appareil de mesure, ce qui pourrait être très avantageux en contexte de travail réel.

La méthode expérimentale de la seconde expérience était similaire à celle de la première, à la différence qu’au lieu de tâches expérimentales simples, une simulation de C2 était utilisée. La simulation de C2 était construite de manière à capturer les éléments essentiels d’une tâche réelle. Les résultats ont montré que la charge mentale globale était prédictible avec une aussi bonne précision que pour des tâches expérimentales simples. Toutefois, les sous-dimensions de la charge mentale semblent beaucoup plus difficiles à prédire de manière diagnostique; la précision des classificateurs était généralement moins bonne dans cette expérience et les classificateurs souffraient plus rapidement du retrait des modalités physiologiques. Néanmoins, les résultats ont permis de tirer plusieurs conclusions intéressantes. Dans la simulation de C2, l’exigence mentale objective n’a pas pu être prédite; seule l’exigence mentale subjective a pu l’être. Ce résultat peut indiquer que plusieurs facteurs, comme l’expérience en jeu vidéo (Bialystok, 2006; Boot, Blakely, Simmons, 2011), viennent changer les stratégies cognitives des individus, et, ultimement, la perception qu’ils ont de l’exigence de la tâche. Ce résultat suggère également une prudence dans le potentiel de transférabilité, de tâches simples vers les tâches complexes, des classificateurs de l’exigence mentale. L’expérience a également démontré que l’effort mental était beaucoup plus facile à prédire que l’exigence ou la performance. Encore une fois, la pupille s’est avérée très utile lors de la classification de l’effort mental. Alors que la première expérience avait laissé un doute sur la possibilité à prédire le stress de manière diagnostique, les résultats de la seconde expérience suggèrent, de manière beaucoup plus robuste, que le stress est prévisible de manière diagnostique. Le stresseur utilisé dans cette expérience était basé sur le Trier Social Stress Task. Lors des conditions stressantes, les participants étaient observés par un acteur prenant le rôle d’évaluateur. La présence du stresseur ne provoquait aucun bruit supplémentaire et n’apportait aucune modification à la tâche. Quant à la fatigue, les résultats

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ont montré qu’il était possible de la prédire dans un contexte de C2. Encore une fois, certains signes physiologiques retenus par le classificateur de la fatigue concordent avec ceux observés dans la littérature. Toutefois, il reste difficile de dire si ces signes sont provoqués par la fatigue ou s’il ne s’agit pas de variable confondante comme le manque d’effort et/ou simplement le temps passé sur la tâche. Encore une fois, le stress, tel que mesuré par le NASA-TLX, a pu être prédit en utilisant les réponses physiologiques. Dans cette expérience, il a aussi été possible de prédire l’exigence mentale subjective des participants. Plusieurs classificateurs entraînés dans cette expérience ont été capables de prédire de manière significative en n’utilisant que les métriques cardio-respiratoires. L’ajout de modalités supplémentaires semble avoir amélioré la classification, mais les effets de cet ajout étaient beaucoup moins importants que pour la première expérience.