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Chapitre 3 : Diagnosticité dans des tâches simples

3.3 Discussion

3.3.3 Discussion générale

Le but de ce chapitre était de déterminer s’il est possible d’obtenir une mesure diagnostique de la charge mentale dans un contexte de tâches cognitives « simples ». Pour qu’une mesure soit diagnostique, deux conditions sont requises. Tout d’abord, il est nécessaire que le (ou les) classificateur d’une dimension de la charge mentale atteigne une performance satisfaisante en classification (sensibilité). Deuxièmement, il est nécessaire que le

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classificateur de chaque dimension atteigne sa performance tout en ayant été exposé aux variations des autres dimensions (spécifiques). Rappelons que quatre dimensions de la charge mentale sont investiguées : l’exigence mentale, l’effort mental, le stress et la fatigue. La section suivante discute de chacune de ces quatre dimensions en intégrant les classificateurs qui sont les plus conceptuellement associés à chaque dimension.

Conceptuellement, les classificateurs les plus en lien avec l’exigence mentale sont sans aucun doute ceux de la difficulté, de la performance ainsi que de l’exigence mentale et temporelle subjective. Les résultats suggèrent que l’exigence mentale objective (la difficulté) est beaucoup plus facile à prédire que l’exigence mentale subjective. S’il a été possible de prédire l’exigence temporelle, les indices laissent plutôt croire que ce dernier était plutôt associé au stress. Au niveau physiologique, bien que tous les classificateurs se soient fortement basés sur la réponse pupillaire, il semble que la signature physiologique de l’exigence mentale soit relativement distincte du celle associée au stress. Finalement, les résultats suggèrent qu’il est peut-être préférable d’entraîner des classificateurs sur la performance des individus plutôt que sur la difficulté de la tâche. Il faut garder en tête que les classificateurs obtenus dans cette expérience ne se généraliseront possiblement pas bien dans d’autres contextes. En effet, bien que deux tâches différentes (charge en mémoire et charge visuelle) aient été utilisées, il est possible d’imaginer d’autres formes d’exigence mentale, comme la planification de stratégies ou le travail multitâche, qui pourraient causer des réactions physiologiques différentes à celles reconnues par les classificateurs de cette expérience. De plus, les classificateurs de cette expérience n’ont pas été entraînés sur des périodes d’exigence mentale prolongées. Toutefois, à la lumière des résultats obtenus, il semble réaliste d’utiliser les mesures physiologiques périphériques pour prédire de manière diagnostique le niveau d’exigence mentale dans des tâches expérimentales simples.

L’effort est, évidemment, associé aux classificateurs d’effort objectif et subjectif et, de manière indirecte, à la classification de la performance objective et subjective. La classification objective de l’effort a atteint des performances très intéressantes. De plus, le choix des métriques physiologiques fait par le classificateur suggère que le concept correspond bien à celui de l’effort mental. Comme pour tous les classificateurs de cette

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expérience, il est fort possible que le classificateur de l’effort ne généralise pas bien à d’autres contextes. Toutefois, le fait qu’il ait été possible de prédire l’effort uniquement avec les métriques cardiorespiratoires suggère un certain potentiel à généraliser à d’autres contextes. En effet, le sous-ensemble cardiorespiratoire est le plus parcimonieux, ce qui peut être un indice d’une meilleure capacité à généraliser (Cornuéjols et Miclet, 2010). À la lumière des résultats obtenus, il est possible d’affirmer que les mesures physiologiques périphériques permettent de prédire de manière diagnostique le niveau d’effort mental dans des tâches expérimentales simples.

Les classificateurs les plus en lien avec le concept de stress sont possiblement ceux du stress (objectif), du stress (subjectif), de la frustration (subjective) et de l’exigence temporelle (subjective). Malgré la bonne performance obtenue lors de la classification du stress objectif, les résultats suggèrent d’être prudents sur la capacité diagnostique des classificateurs du stress. En effet, le choix du stresseur semble avoir motivé les participants à fournir un effort plus élevé lorsque ce dernier était présent. De plus, la signature physiologique repérée par le classificateur du stress ressemble un peu à celle de l’effort. Il est donc possible que les classificateurs de stress entraîné dans le cadre de la présente étude ne soient en réalité que des classificateurs d’effort. Les classificateurs de stress subjectifs n’étaient pas associés directement à la punition sonore. Il est donc possible de suggérer que la prédiction diagnostique du stress, à l’aide des mesures périphériques, soit quand même réalisable. Des travaux supplémentaires seront toutefois nécessaires pour s’en assurer.

Quant à la fatigue, les classificateurs les plus conceptuellement associés sont ceux de la tâche, de la fatigue subjective et, partiellement, ceux du repos initial. Dans l’ensemble, les indices laissent croire que la fatigue n’a pas fortement influencé les participants de cette expérience. En effet, l’expérience avait une durée plutôt courte et les mesures subjectives et comportementales révèlent peu d’effet causé par la fatigue. La classification subjective de la fatigue n’a pas été fructueuse. La classification du repos initial a été réussie, mais peu d’indices laissent croire que le classificateur soit spécifique à la fatigue. La classification de la tâche a été bien réussie dans l’ensemble. Les classificateurs de la tâche n’ont pas retenu fortement les métriques oculaires, ce qui permet de suggérer qu’ils ont classifié l’état des

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individus plutôt que la tâche elle-même. Toutefois, il est difficile d’affirmer si cet état est bel et bien la fatigue ou s’il s’agit plutôt d’une classification de la baisse d’effort observée dans la recherche visuelle. Dans l’ensemble, on peut donc affirmer qu’il semble possible de prédire la fatigue de manière diagnostique en utilisant la physiologie périphérique, mais qu’une expérience supplémentaire sera nécessaire pour s’en assurer.