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SOCRATE ET GABRIEL MARCEL

Dans le document Le néosocratisme de Gabriel Marcel (Page 50-83)

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Chapitre 1

SOCRATE ET GABRIEL MARCEL

Le stvle

Gabriel Marcel, nous mentionne M.M. Davy dans son livre

Un philosophe itinérant

48 prenait un immense plaisir à recevoir

chez lui de nombreux invités afín de philosopher ensemble. Tous les vendredis soirs, le philosophe français se faisait un devoir de bien diriger ces réunions hebdomadaires. Davy nous précise que le tout se déroulait sur un ton amical où Gabriel Marcel ne traitait jamais ses invités comme des adversaires qu’il fallait vaincre à tout prix, mais comme des penseurs succeptibles de T éclairer. D’ailleurs, il ne se complaisait jamais dans les faiblesses et les erreurs d’autrui. Ce qui l’intéresse, c’est la Vérité.

C’est dans

En chemin vers quel éveil

49 une oeuvre rédigée à la fin de sa vie, que Gabriel Marcel raconte un souvenir de jeunesse qu’il croit être le point de départ du style de recherche «dialoguée» qu’il devait entreprendre plus tard. En effet, étant enfant unique, il s’inventait des frères et des soeurs imaginaires avec lesquels il s’entretenait de choses et d’autres. Ce fût certes ses premiers personnages et ces derniers continuèrent à l’habiter tout au long de sa vie. D’ailleurs, Marcel mentionne 48

48 DAVY, M.M.,

Un philosophe itinérant: Gabriel Marcel

, Paris, Éditions Flammarion, 1959, page 14.

régulièrement50 à quel point ses pièces de théâtre furent l’occasion pour lui de faire jaillir sa pensée qui ne prendrait, bien souvent, sa forme finale que beaucoup plus tard. À ses yeux, le romancier, s’il n’invente rien, doit cependant se réapproprier le réel, le quotidien que bien souvent, nous ne faisons qu’effleurer.

Pour Gabriel Marcel, la vie n’est pas linéaire. Au contraire, elle est sinueuse et meublée d’une suite de rencontres et de séparations d’individus entre lesquels se forge un dialogue infini. De plus, cette conversation ne trouvera jamais de conclusions définitives auxquelles il faudrait adhérer. Son théâtre ne sera donc nullement engagé et ne visera jamais à défendre une thèse quelconque. Son théâtre, c’est d’abord un théâtre d’idées, le lieu où se déploie une recherche qui rappelle la curiosité socratique.

La curiosité de Socrate, on le sait, était universelle. Il ne refusait jamais une occasion de s’instruire. En effet, il cherchait toujours à interroger ceux qui croyaient posséder un savoir quelconque. Que ces derniers soient parmi les hommes les plus célèbres ou qu’il s’agisse simplement d’un esclave, Socrate ne se lassait jamais de les interroger. Tous devenaient, l’instant d’une discussion, ses maîtres.

CALLICLÈS: Mais toi, ne pourrais-tu pas continuer à discuter tout seul? Ou bien, tu te parles à toi-même, ou bien tu réponds à tés propres questions!

SOCRATE. Pour qu’il ne m’arrive pas queje sois seul à dire ce que deux hommes peuvent dire! Il y a bien des chances que je doive

50 MARCEL, Gabriel, Le mystère de l’Être 1: réflexion et mystère, Paris, Éditions

Aubier-Montaigne, 1951, page 29 et MARCEL, Gabriel, Présence et immortalité, Paris,

Éditions Flammarion, 1959, pages 13 et 14.

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faire cela! Cependant, si c’est ce qu’il nous faut faire, je pense que tous, nous devons être en compétition pour découvrir où est le vrai où est le faux dans la question dont nous parlons. Car si cela devient évident, c’est un bien commun à tous! Je vais donc poursuivre cette discussion et essayer d’exposer ce qu’il en est, à mon avis. Mais si, à l’un de vous, je donne l’impression de convenir avec moi-même de quelque chose qui n’est pas vrai, il faut interrompre et réfuter. Car moi, je ne suis pas sûr de la vérité de ce que je dis, mais je cherche en commun avec vous, de sorte que, si on me fait une objection qui me paraît vraie, je serai le premier à être d’accord.51

Dans cette citation, on voit déjà poindre Γimportance que revêt la recherche du vrai pour Socrate. Jamais, au cours de ses nombreuses tergiversations, il ne perdra de vue ce but ultime de la quête philosophique. Pas plus que Gabriel Marcel d’ailleurs pour qui la vérité, loin de se prélasser dans !’abstraction, doit se déployer à l’intérieur de la sphère concrète de notre existence.

Plus encore, ces deux philosophes nous amènent à constater à quel point la tâche du philosophe consiste principalement à lutter contre le sommeil dogmatique. En effet, il apparaît clair ici que tout philosophe digne de ce nom a le devoir de garder son esprit ouvert, de surveiller, d’encourager et d’encadrer tous ceux qui se présentent à lui et qui, comme lui, recherchent ultimement le Vrai. Être à l’affût de la fausseté, voilà la tâche du philosophe.

À ce sujet, Gabriel Marcel dans

Pour une sagesse tragique

et son au-delà52,

reproche aux philosophes contemporains de

laisser tomber le caractère essentiel de la philosophie, c’est-à-dire la recherche de la vérité. Selon lui, plusieurs professeurs dans les grandes facultés de philosophie, ne s’adonnent plus à cet art. Ce

PLATON, Gorgias, 505 d - 506 b.

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qui les intéresse, c’est de transmettre un savoir sans plus. Ce qui

n’est pas sans nous rappeler le célèbre passage du

Banquet

53 où Socrate explique que le savoir philosophique ne se transmet pas d’une personne à une autre comme l’on transviderait le contenu d’un vase dans un autre.

Cette réflexion met également en relief Γ importance de la recherche en commun. Même si Socrate, tout comme Marcel, démontre à quel point il est important de philosopher en commun, il n’en demeure pas moins qu’il faut d’abord passer par soi. C’est ainsi que Socrate met d’abord l’accent sur le caractère personnel et original de la philosophie. Elle n’est pas un discours intellectuel que notre mémoire achète aux Sophistes, les soit-disant marchands du savoir. Un savoir peut-être mais, que vaut-il lorsqu’il vient du dehors? À l’inverse, Socrate et ses amis privilégient la quête intérieure de l’âme dont le Vrai est l’unique fruit qui la nourrit convenablement.

De même, Gabriel Marcel dans

En chemin vers quel éveil

explique à quel point, à ses yeux, la philosophie se doit d’être liée le plus concrètement possible à sa propre vie.

Mais après tout, ce que je cherche de façon bien tâtonnante, je l’avoue, à dégager dans ce livre, c’est l’aimantation de ma vie et de mon oeuvre, aimantation commune, car je vois de plus en plus clairement qu’elles ne se laissent pas séparer l’une de l’autre.54

Néanmoins, Gabriel Marcel a la conviction profonde que pour être philosophiquement créateur de soi, il ne faut surtout pas

" PLATON, ¿a Bamywef, 175 a-e.

négliger les nombreuses rencontres qui surviennent et qui jouent souvent un rôle décisif dans le cheminement de notre réflexion.

(...) je note aussi le besoin, que j’ai toujours ressenti lorsque j’avais fait une découverte, d’y associer l’un de mes proches, bien loin de vouloir garder pour moi seul ou d’enfouir en moi ce trésor.55

Pour sa part, Socrate, en insistant également sur la nécessité de chercher en commun, ne suggère-t-il pas qu’il y aurait des éléments, des connaissances que nous avons justement en commun? Et, si nous les avons en commun, c’est donc dire que nous les avons tout d’abord, chacun pour soi, en soi. Ainsi nous posséderions des connaissances identiques, mais en parallèle et le pouvoir de la parole consisterait à nous les révéler mutuellement pour finalement effectuer un retour sur soi, en soi. Au travers de notre quête de vérité, la philosophie apparaît donc clairement comme quelque chose que nous avons tous en commun. Si la quête personnelle est nécessaire, elle ne suffit pas.

En fait, pour les deux philosophes, cette recherche en commun amène l’individu à vouloir

se former

de l’intérieur au lieu de se contenter de

s’informer.

Cependant, Gabriel Marcel sentira le besoin de marquer la limite de la recherche en commun qui se déroule en philosophie:

C’est toujours sur le mot découvrir qu’il convient de mettre l’accent. Mais il faut ajouter, me semble-t-il qu’il ne s’agissait pas simplement de découvrir pour mon propre compte et pour le plaisir que me procurait la trouvaille, mais conjointement de faire bénificier les autres des fruits de ma découverte. D m’est d’ailleurs arrivé de ressentir une déception assez amère lorsque l’autre ne semblait pas apprécier suffisamment ce bien auquel je

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Pavais cru digne de participer avec moi. Je ne me rappelle pas seulement la façon distincte, je ressens très littéralement le mécompte au sens précis du mot que j’éprouvais. Je restais en quelque sorte ulcéré, c’était pour moi comme si l’être même de ce que j’avais voulu communiquer se trouvait profané. Je dirais presque souillé par !’incompréhension à laquelle je m’étais heurté.36

Cependant, cette difficulté n’empêchera ni Gabriel Marcel ni Socrate de continuer à chercher à s’entretenir avec les autres. D’ailleurs les dialogues platoniciens ne mettent-ils pas en scène un Socrate infatigable, toujours prêt à engager la conversation. Lors de son procès, il refusa même de préparer sa plaidoirie par écrit, préférant continuer à philosopher avec ses amis, restant ainsi fidèle à la forme dialoguée.

Eh bien, citoyens, restez avec moi pendant ce court laps de temps. Rien ne nous empêche de bavarder entre nous aussi longtemps que cela sera possible.57

Précédemment, nous avons parlé de la nécessité pour le philosophe de se préserver du sommeil dogmatique (Γ intérieur de la caverne). Le style des deux philosophes (Socrate et Marcel) vise à prévenir ce sommeil de deux manières différentes. Premièrement, la démarche personnelle dans laquelle ils nous obligent à nous engager si nous voulons suivre leur réflexion, dénote une préoccupation majeure pour la vie concrète en nous obligeant à demeurer «au ras du sol». Deuxièmement, leur style nous empêche de nous figer dans une vérité érigée en système.

Ce n’est donc pas sans dessein particulier que Gabriel Marcel avait une véritable aversion pour la pensée philosophique érigée en système. Selon ce dernier, celui qui tend à systématiser

36 MARCEL, Gabriel,

En chemin vers quel éveil?,

Paris. Gallimard, 1971, page 23. 57 PLATON,

Apologie de Socrate,

39 e.

sa pensée, tente par le fait même à, en quelque sorte, s’installer au point de vue absolu de Dieu, comme pour contempler Γ univers à partir d’un observatoire central. Or, cela est impossible pour l’être humain qui ne parvient à appréhender la réalité que de manière partielle et latérale. Et si la pensée peut s’ériger en système, ce n’est pas le cas de la vie elle-même et c’est sur elle que Marcel applique sa réflexion. C’est dans

Essai de philosophie concrète

qu’il résume le mieux son idée à ce sujet:

Ce dont il s’agit, c’est l’idée de mon système; c’est par conséquent la relation qui est impliquée dans cette expression entre le système et celui qui s’en considère comme l’inventeur et le détenteur breveté. H m’est apparu de plus en plus clairement qu’il y avait sans doute quelque chose d’absurde dans une certaine prétention à «encapsuler l’univers» dans un ensemble de formules plus ou moins rigoureusement enchevêtrées. De là sans doute la gêne incroyable que j’ai toujours éprouvée lorsque des personnes aimables et animées des meilleures intentions m’interrogeaient sur ce qu’elles appelaient votre philosophie. H suffisait, je crois, qu’on prétendit m’emprisonner dans cette espèce de coquille que je serais censé avoir sécrétée pour qu’elle me parût inhabitable. De plus en plus nettement, par conséquent, la philosophie m’est apparue comme une recherche (...)5s

Gabriel Marcel se plaisait à dire que lorsqu’il faisait de la philosophie, il partait à l’aventure59. D’ailleurs, à celui qui ne fournit pas un deuxième effort, l’oeuvre du philosophe français peut paraître étrangement dispersée. Or à ses yeux, il était fondamental d’éviter les traités dont le contenu pouvait être débité en tranches. Selon lui, ce type de travail est inexorablement destiné à se dessécher. C’est pour cette raison que la pensée marcellienne s’est d’abord exprimée sous forme de journal.

58 MARCEL, Gabriel,

Essai de philosophie concrète

, Paris, Gallimard, 1940, pages 95-96.

59 MARCEL, Gabriel,

La dignité humaine et ses assises existentielles

, Paris, Aubier- Montaigne, 1964, pages 7 et 17.

Cependant, ce dernier demeure pleinement conscient des difficultés et des réticences auxquelles une pareille oeuvre est destinée à se heurter, particulièrement dans notre monde actuel. En effet, dans un monde empreint de techniques et de sciences comme le nôtre, les personnes sont habituées d’avoir des réponses toutes faites. Et si la recherche scientifique se caractérise parfois par des tâtonnements, il n’en demeure pas moins qu’au bout du compte, ces derniers sont éliminés dès que la solution apparaît. Or, en philosophie, nous ne pouvons pas faire cela sans la dénaturer. C’est la raison principale pour laquelle les pièces de théâtre (et son oeuvre en général) sont marquées par une telle quête philosophique. Chaque pièce est une occasion de s’aventurer au plus profond de notre pensée.

Les dialogues platoniciens renferment également de nombreuses degressions qui ne semblent pas toujours en lien direct avec la question de départ. De nombreux lecteurs des entretiens socratiques (souvent parmi les plus jeunes) se demandent alors pourquoi Socrate ne donne pas la réponse tout de suite au lieu de tourner en rond.

D’abord, comme nous y avons fait allusion précédemment, le but principal de la forme dialoguée est

de former

de l’intérieur et d’éviter par le fait même de se contenter

d'informer.

Mais surtout, comme le dira Victor Goldschmidt, le dialogue n’est pas un exposé dogmatique, il «est l’illustration vivante d’une méthode qui cherche et qui, souvent, se cherche.»60

D’ailleurs, Jean Brun, dans son magnifique livre initiatique à Socrate, exprime bien le style de recherche en vrille de ce dernier, voire de sa philosophie qui «se cherche» et que l’on creuse en nous-mêmes.

Ainsi, le personnage de Socrate se précise à nos yeux non pas «tel qu’il fut» mais tel qu’il est, non pas comme quelqu’un à retrouver à travers des documents multiples et toujours trop ou pas assez éloquents, mais comme une personne à découvrir en nous- mêmes.61

Gabriel Marcel fut également «amené à constater le caractère spiral»62 de sa recherche. Mais comment reconnaître une quête philosophique dite «en vrille»? Quelle est sa caractéristique principale? Pour le philosophe français, il s’agit tout simplement «de creuser en quelque sorte sous l’expérience, mais sans perdre contact avec elle.»63 C’est pourquoi il procède toujours par approches successives se gardant bien d’avoir un théorème de départ et de tout déduire de ce dernier. Au contraire, ses écrits sont marqués par l’état d’alerte, d’étonnement, d’émerveillement où se déroule une pensée à vif. D’ailleurs, Paul Ricoeur dans son livre

Gabriel Marcel et Karl Jaspers

n’hésite pas à faire un rapprochement entre le style de Gabriel Marcel et celui de Socrate.

L’aspect socratique de ces esquisses en coup de sonde assure paradoxalement à cette oeuvre un pouvoir durable de choc

61 BRUN, Jean,

Socrate,

Paris, P.U.F., 1960, page 51.

62 COLLECTIF,

Entretiens autour de Gabriel Marcel,

Neuchâtel, Éd. de la Baconnière, 1976, page 12.

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Finalement, nous retrouvons chez les deux auteurs un souci constant de vérité. Si chez Socrate, le dialogue était F occasion de «cette réminiscence d’une vérité originelle»63, il se trouve que Gabriel Marcel était parfaitement en accord avec le philosophe grec puisqu’il mentionne dans

La dignité humaine et

ses assises existentielles

que «la fonction essentielle du philosophe

est une fonction d’ensemencement qui ne peut sans doute guère s’exercer que dans l’intimité du dialogue»64 65 66 et «cette recherche est celle de la vérité.»67 C’est la raison pour laquelle aux yeux du philosophe français, son théâtre n’est pas séparable de son oeuvre proprement philosophique puisqu’il lui permet d’abandonner entièrement son esprit à la recherche. Ainsi, on le voit souvent aborder dans ses pièces des thèmes qu’il n’étudiera de manière plus systématique que beaucoup plus tard.

Gabriel Marcel, tout comme c’était le cas pour Socrate, ne se cache pas pour affirmer que le souci constant de son oeuvre est la vérité.68 Or, il ne s’agit nullement d’une vérité qui pourrait être extraite de la réalité ou une vérité prétendue que l’on aurait fabriquée. Ce genre de vérité, n’importe quel individu peut être traité comme un récipient susceptible de la recevoir. Marcel ira

64 RICOEUR, Paul,

Gabriel Marcel et Karl Jaspers

, Paris, Éd. du Temps Présent, 1947, page 49.

65 BRUN, Jean,

Socrate

, Paris, P.U.F., I960, page 51.

66 MARCEL, Gabriel,

La dignité humaine et ses assises existentielles,

Paris, Aubier- Montaigne, 1964, page 217.

67 MARCEL, Gabriel,

Présence et immortalité,

Paris, Flammarion, 1959, page 15.

même jusqu’à reprocher à notre système pédagogique actuel d’agir de la sorte. Or, tout cela est justement antiphilosophique.

Mentionnons en terminant que Gabriel Marcel n’est pas dupe des ressemblances et avoue promptement dans

La dignité

humaine et ses assises existentielles

69 que si les dialogues

socratiques se déroulaient entre des personnages peu individualisés, ce n’est pas le cas dans son théâtre.

Le concret

Nous venons de le voir, ce ne sont pas les considérations philosophiques abstraites qui intéressent nos deux philosophes. Nous remarquons plutôt chez eux un désir constant de bâtir une philosophie enracinée dans l’activité pratique, loin des systèmes de pensée où la quête de la réponse devient plus importante que la quête de la question. Pour Gabriel Marcel, la philosophie peut- être une réflexion suggérée par une conversation, une rencontre ou un événement banal de la vie quotidienne.

Socrate incarnait ce désir éperdu de simplicité se promenant pieds nus avec toujours le même vieux manteau sur le dos. Sa mère exerçait le plus antique des métiers, elle était sage- femme. Quant à son père, il n’était qu’un simple tailleur de pierre. Socrate est issu d’un milieu d’ouvriers où la simplicité était de mise. Comme les silènes, il semble peu important vu de l’extérieur, mais quand on prend vraiment la peine de l’écouter, on en vient à avoir la même réaction qu’Alcibiade:

69 MARCEL, Gabriel,

La dignité humaine et ses assises existentielles

, Paris, Aubier- Montaigne, 1964, page 147.

50

Ses paroles font déborder mes larmes, et je vois la multitude de ses auditeurs éprouver les mêmes émotions.70

M.M. Davy dans son livre

Un philosophe itinérant:

Gabriel MarceP

1 ajoute que le philosophe français avait horreur

de la mondanité, du luxe et de la prétention. Pour lui, rien n’est pire que le manque d’humilité et de modestie. Marcel lui-même nous affirme dans

En chemin vers quel éveil?11

que la relecture de la première partie de son

Journal métaphysique

l’a amèrement déçu. À cette époque, le philosophe ambitieux qu’il était désirait mouvoir sa réflexion dans !’abstraction pensant alors que c’était le seul moyen de parvenir à la vérité. Il attribue lui-même cette attitude aux conditions de confort et de sécurité dans lesquelles il se trouvait alors. Il aura fallu une guerre mondiale pour le sortir

Dans le document Le néosocratisme de Gabriel Marcel (Page 50-83)

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