Situation et subdivisions

La coupe du Toarcien-Aalénien de jbel Haloua (Fig.I.1.8) est très intéressante, car elle offre une série exceptionnelle, par son organisation et la qualité remarquable de ses affleurements, par rapport aux séries toarciennes qui affleurent dans tout le pourtour du bassin de Guercif et le Moyen Atlas septentrional. Elle se situe dans le ravin qui descend du point côté 962 m de Jbel Haloua (ou Lahlouwa) et succède, donc, aux calcaires lités du Lias moyen (coupe 2). Cette série monoclinale, offre une succession de plusieurs membres marno-calcaires, bien ordonnées et bien visibles ; à motifs géomorphologiques en combes correspondant aux replats marneux, et escarpements dans les corniches calcaires reflétant les successions lithologiques. Chaque unité lithologique est formée, à la base, de marnes à quelques interlits de calcaires argileux et, au sommet, par une barre de calcaires micritiques, compacts, gris bleu à noirs (calcaires en plaquettes).

2. Description lithologique

La série du Toarcien –Aalénien de jbel Haloua (Fig.I.1.8), formée d’une alternance de marnes et de calcaires d’une centaine de mètres d’épaisseur, constitue l’équivalent de la formation des « marnes de Bechyine » du Toarcien, et des « calcaires à Cancellophycus » de l’Aaléno-Bajocien inférieur du Moyen Atlas. Cette série, est exceptionnelle par sa continuité et ses unités lithologiques remarquables, terminées par des barres de calcaires micritiques, qui font des ressauts dans la topographie et rendent aisé le découpage, lithologique et séquentiel. Mis à part, quelques spécimens de : Dactylioceras sp., Hildoceras

bifrons, cette série ne nous pas fournit de macrofaune déterminable. Pourtant, M. L. De Montjamont et

G. Dubar (1964) y ont recueillis une riche faune d’ammonites et reconnus toutes les biozones d’Ammonites du Toarcien inférieur à l’Aalénien terminal.

Lithologiquement la série du Lias supérieur - Aalénien de Jbel Haloua montre la succession, de bas en haut, des termes suivants : (Fig.I.1.9)

a.

Le Terme T1

Succédant aux « Calcaires de l’Ouarirt » après une discontinuité d’ordre régionale (la discontinuité post-Emaciatum) matérialisée par une surface ferrugineuse correspond, donc, au Toarcien inférieur essentiellement marneux, épais d’une vingtaine de mètres. Il est constitué par la succession, de bas en haut, des termes suivants :

• Des niveaux de calcaires argileux homogènes, en bancs de 10 à 15cm, de couleur gris verdâtres, à interlits marneux verdâtres. Les calcaires présentent un microfaciès mudstone à rares bioclastes d'échinodermes (fragments), lamellibranches à tests fins (filaments), ostracodes, radiolaires et foraminifères (lenticulines). Dans les poches de bioturbation, ovoïdales ou allongées, un matériel packstone bioclastique et pelletoïdal ;

• Des marnes verdâtres, épaisse de 12 à 15 m, armées de calcaires argileux bioturbés, gris verdâtres. Ce sont de bas en haut :

o 4 m d'une alternance de calcaires micritiques, gris verdâtres, en bancs décimétriques (10 à 20 cm), des calcaires argileux feuilletés à petits pectens et des marnes jaunâtres ;

o 3 m de marnes verdâtres armées de bancs de calcaires argileux centimétriques ;

o 1 à 2 m de calcaires argileux feuilletés, gris sombre, à lamellibranches et pistes de vers. Le

26 calcaires montrent un microfaciès mudstone à rares microbioclastes en fragments dispersés de gastéropodes à tests fins, foraminifères (lenticulines), quelques calcisphères sphérulitisés, associés à des nodules pyriteuses. Le matériel ayant subi une faible recristallisation et contient quelques grains de quartz.

b.

Le Terme T2

Présente une organisation similaire au membre précédent, des marnes à intercalations de calcaires argileux coiffées par une barre de calcaires micritiques, bien visibles dans la topographie ; il montre la succession suivante :

• A la base des niveaux de calcaires noirs micritiques, disposés en bancs décimétriques (10 à 30 cm) à interbancs marneux et argileux feuilletés ; ils renferment quelques ammonites (Dactylioceras sp.). Le microfaciès est un mudstone à poches de bioturbation contenant des fragments de bioclastes (lamellibranches à tests fins, ostracodes, gastéropodes, foraminifères et calcisphères) et quelques grains de quartz (très fin).

• Une série de marnes verdâtres, épaisse de 4 à 5m, feuilletées, d’aspect « schisteux », admettant des intercalations de calcaires argileux gris sombres à rares brachiopodes.

• Une "Deuxième barre calcaire", puissante de 2.5 à 3 mètres, constituée par des calcaires micritiques, gris noir, plus ou moins argileux (mudstones à ostracodes et lenticulines) admettant des interbancs de marnes verdâtres feuilletées. Le sommet de cette barre est coiffé par une surface bioturbée et ferrugineuse (Discontinuité S3).

Ce terme a fournit quelques Dactylioceras à sa base, ce qui nous a confirmé un âge Toarcien inférieur.

c.

Le Terme T3

Essentiellement marneux avec quelques passées de calcaires argileux et/ou micritiques renfermant quelques ammonites (Hildoceras bifrons) ; il se termine par une barre de calcaires micritiques, et montre la succession suivante :

• A la base, une alternance (1 à 2 m) de calcaires noirs micritiques, en bancs de 10 à 20 cm, plus ou moins argileux, et de marnes vertes, feuilletées, à brachiopodes et lamellibranches.

• Des marnes verdâtres, puissante de 8 à 10 m, feuilletées, admettant des intercalations de bancs calcaires argileux, gris verts, à nodules pyriteuses. Ils s’organisent de la manière suivante :

• 4 m de marnes verdâtres à nodules (= nucléi) de pyrite ;

• 4 m de marnes feuilletées à intercalations de bancs calcaires gris verdâtres ;

• La " Troisième barre calcaire", formant une corniche, épaisse de 3 à 4 m, constituée par des calcaires micritiques, gris verdâtres, mudstones à rares bioclastes, à interbancs ou joints marneux. Une surface nette, bioturbée et ferrugineuse, coiffe cette barre, c’est la discontinuité S4.

d.

Le Terme T4

Renfermant quelques spécimens d’ammonites (Hildoceras bifrons Breug.) du Toarcien moyen est constitué essentiellement par des marnes, admettant à la base des niveaux de calcaires argileux, et couronné par une barre de calcaires micritiques ; il montre la succession suivante :

• Des niveaux calcaires centimétriques à décimétriques, formés par des calcaires argileux feuilletés à interlits marneux ;

• 6 m de marnes verdâtres admettant des bancs calcaires argileux centimétriques à décimétriques, montrant une évolution strato-croissante avec une augmentation de la fréquence des interbancs calcaires de la base vers le sommet de la séquence ;

• La « Quatrième barre calcaire », épaisse d’une dizaine de mètres, formée également par des calcaires micritiques noirs et couronnée par une surface bioturbée, à brachiopodes (discontinuité S5). Cette barre correspondrait, déjà, à l'Aalénien basal (?), T3 et T4 au Toarcien moyen et supérieur (Dubar et De Montjammont, 1964)

e.

Le Terme T5

Epais d’une dizaine de mètres, il est réduit et plus calcaires que les membres précédents ; et montre la succession suivante :

• Une alternance marno-calcaire (5 à 6m), formée par des marnes feuilletées, gris verdâtres, et de bancs de calcaires argileux centimétriques à décimétriques.

• Une « Cinquième Barre calcaire », épaisse de 5 à 6 m, formée par des calcaires micritiques,

organisés en bancs de 10 à 15 cm, à joints marneux. Le microfaciès est un wackestone - packstone renfermant, dans les bancs supérieurs, des poches de bioturbation à matériel micropelletoïdal et bioclastique : calcisphères, ostracodes, lamellibranches et foraminifères benthiques (Sipho-ophtalmidium sp.).

f.

Le Terme T6

Épais de 12 à 15 m, est formé par la succession des termes suivants :

• A la base des marnes feuilletées, verdâtres, de 4 à 5 m d’épaisseur, renfermant des ammonites pyriteuses de petites tailles (formes naines) ;

• Une alternance de calcaires, en bancs de 10 à 30 cm d’épaisseur, à brachiopodes, et de marnes verdâtres, feuilletées, formants des interlits de 30 à 50 cm. Les calcaires ont un microfaciès de texture mudstone à bioclastes pélagiques avec des saccocomidés (échindermes pélagiques), ostracodes, foraminifères (Lingulina lanceolata Hauster) et quelques fragments de calci-sponges resédimentés.

• Une « Sixième barre calcaire » épaisse de 2.5 m à 3 m, formée par des calcaires micritiques, gris noirs, à spongiaires et bioclastes divers, admettant des interlits ou joints marneux verdâtres, et coiffée par une surface, bioturbée, à placages de brachiopodes.

g.

Le Terme T7

Ce terme représentant le Toarcien terminal (zone à Aalensis) est coiffé par une discontinuité d’ordre régional, connu dans tout le domaine atlasique (Benzaquen et al. 1965). Il montre la succession, de bas en haut, des termes suivants :

• Un niveau marneux, avec des marnes feuilletées, verdâtres, de 4 à 5 m d’épaisseur, à intercalations de calcaires argileux ; qui montre la succession des deux unités lithologiques, suivantes :

o A la base une unité calcaire, plus ou moins argileux, à brachiopodes, dont le microfaciès est un mudstone à tâches blanchâtres (algues ) avec quelques radioles et foraminifères (Aalénien moyen probable) ;

o Au sommet d’une alternance de calcaires et de marnes (4 à 5 m) avec des calcaires à

28 Les Termes1 à 7, correspondent à la formation des « Marnes de Bechyine » (Fig. I.1.9). Dans la ride Haloua – Richa, cette une série marneuse, réduite, est caractérisée par une succession de sept « barres calcaires » coiffant les termes lithologiques marneux constituant cette série (cf. interprétation chapitre Analyse séquentielle de leur signification strato-séquentielle).

h.

Le Terme Aa1

Épais de 10 à 12 m, ce terme correspondant à la base de l’Aalénien terminal (Benzaquen et al.. 1965), est plus calcaire que partout ailleurs, dans le Moyen Atlas, et où les traces de Cancellophycus manquent. Il montre la succession lithologique, de bas en haut, suivante :

• Une alternance de marnes verdâtres, puissante de 4 à 5 m, à intercalations de calcaires argileux, gris sombres, renfermant quelques ammonites pyriteuses, de petites tailles, et des brachiopodes. Cette alternance marneuse présente avec les deux unités lithologiques suivantes :

o 2 m de marnes verdâtres à rares ammonites et brachiopodes ;

o 2 m d’une alternance de marnes (10 à 30 cm) et calcaires argileux (10 cm) à brachiopodes ;

• Une « barre calcaire » épaisse de 5 à 6 m, formée par des calcaires micritiques, gris bleus, en bancs de 30 à 40 cm d’épaisseur, à interlits marneux pelliculaires, gris verdâtres. Le sommet de la barre est coiffé par une surface ferrugineuse.

i.

Le Terme Aa2

Il constitue le sommet de la série aaléno-bajocienne, de Jbel Haloua, et se présente en une corniche, épaisse d’une vingtaine de mètres, qui ressort dans la topographie, et montre la succession suivante :

• Une alternance, épaisse de 4 à 5 m, de calcaires micritiques noirs, en bancs décimétriques, et de marnes, feuilletées, de couleur gris bleue;

• Une dernière « Barre calcaire », épaisse de 10 à 12 m, formant la dernière crête de la série aaléno- bajocienne ; formée par des calcaires micritiques, organisés en bancs épais de 40 à 50 cm. Les bancs renferment de nombreux tests de brachiopodes, échinodermes et lamellibranches ; mais aucune trace de Cancellophycus n’a été trouvée, ce qui confirme le caractère néritique de la série du Lias supérieur de Jbel Haloua.

Figure I.1. 8 - Coupe naturelle des « Marno-calcaires de Jbel Haloua » (Toarcien –Aalénien)

T1, T2 (Toarcien inférieur) ; T3, T4 et T5 (Toarcien moyen) ; T6, T7 (Toarcien supérieur) ; Aa1 et Aa2 (Aalénien)

20 m 20 m

30

Figure I.1.9 - Coupe du Toarcien-Aalénien de Jbel Haloua : Analyses lithostratigraphique et sédimentologique.