Description et subdivisions

76 qui affleurent dans le village, formant son substratum, sont surmontés par la « dalle des Hauts Plateaux » (Fig. I.3.3 et I.3.4) :

a. La formation des « Marnes et dolomies de J. Nador »

Dans ce secteur, la formation de jbel Nador, très réduite, est constituée par une série essentiellement carbonatée, formée de dolomies argileuses, d’aspect noduleux, microcristallines, de couleur jaunâtres, ou gris rose, disposée en bancs décimétriques (30 à 50 cm) qui affichent quelques laminations stromatolithiques (cryptalgaires) au sommet des séquences élémentaires.

b. La formation de la « Dalle des Hauts Plateaux »

Succédant aux dolomies argileuses de la formation de Jbel Nador, après un niveau condensé, couronné par une surface karstique, formé par des dolomies et argilites rougeâtres, les calcaires et dolomies des Hauts Plateaux ou « Dalle des Hauts Plateaux » forme une corniche épaisse d’une centaine de mètres, dominant le village de Rechida. Dans cette masse dolomitique, légèrement inclinée et apparemment homogène, nous avons relevé une succession de quatre membres lithostartigraphiques : les "Calcaires et dolomies de base" ; les "Dolomies inférieures" ; les "Calcaires et dolomies intercalaires"; les "Dolomies supérieures" :

i. Les Calcaires et dolomies de base

Essentiellement dolomitique, ce membre se distingue par la présence de bancs calcaires qui s’intercalent, chaque fois, à la base des séquences élémentaires, marquant, ainsi, les périodes d’inondations marines. Ils s’organisent en bancs stratocroissants, de centimétriques à décimétriques intercalés par des marnes ou argiles jaunes verdâtres. La base des bancs est ravinante, le sommet montrant des figures d’émersion (birds-eyes, stromatactis). Notons l’abondance des laminations cryptalgaires, surtout à la base, et la présence de nodules gypsifères. Ce membre formant le premier ressaut topographique, bordant la route, montre la succession, de bas en haut, des termes suivants :

• Le Terme 1 : constitué par la succession suivante :

o à la base, des calcaires micritiques, gris verdâtres, surmontant la discontinuité « post-

Toarcien », riches en bioclastes (lamellibranches, gastéropodes et échinodermes. plus fréquents à la base de la série et présentant des épaisseurs variables (0.2 à 1 m). Ils montrent en microfaciès une texture mudstone/wackestone, renferment des microbioclastes, caractéristiques d’un environnement confiné (lagon) : des foraminifères (Mesoendothyra sp), des coquilles d’ostracodes associés à des algues calcaires (Thaumatoporella) et des péloïdes.

o Au sommet, des calcaires granulaires (packstones-grainstones) formant une barre épaisse de 2

à 2.5 m. De texture packstone à grainstone, à pseudo-oolithes, oolithes micritisés et peloïdes. Ce niveau correspond à une barre oolithique, au sommet des calcaires bioclastiques.

• Le Terme 2 : Marnes et dolomies lenticulaires. Il s’agit de marnes verdâtres admettant des niveaux dolomitiques lenticulaires ou en nodules, formés par dolomicrosparite renfermant des pseudomorphose de gypse et du quartz détritique.

• Le Terme 3 : une barre dolomitique de 2 à 2,5 mètres, formée par des bancs de dolomies (dolomicrosparite), de couleur roses, organisés en bancs décimétriques à pluridécimétriques stratocroissants.

• Le Terme 4 : au sommet les niveaux marneux, plus fréquents et plus développés, de couleur

verdâtres et jaunâtres, admettant des nodules dolomitiques de dolomies argileuses finement

recristallisées en dolomicrosparite hétérogène. Cette recristallisation est associée à une dolomitisation excessive presque totale. Ce terme se termine par une surface durcie, ferrugineuse, correspondant à une discontinuité locale.

ii. Les Dolomies inférieures

Épais de 12 m, ce membre totalement dolomitique est constitué par les termes suivants :

• Le Terme 1 : des dolomies argileuses microcristallines, de couleur jaunâtres, disposées en bancs décimétriques (20 à 50 cm) stratodécroissants et vaguement laminés (laminations cryptalgaires éparses). Le microfaciès originel est un boundstone qui renferme des pseudomorphoses de gypse.

• Le Terme 2 : des intercalations argileuses, qui sont plus fréquents au sommet et surmontent en général des surfaces ferrugineuses irrégulières matérialisées par une bréchification intense et des phénomènes d’encroûtements et de nodularisation d’origine pédogénétique liée à une émersion plus ou moins prolongée. Des surfaces émersives, soulignées par des fenestrae ou « birds-eyes », s’observent au sommet des bancs et indiquent des périodes d’émersion plus ou moins prolongées.

iii. Les Calcaires et Dolomies intercalaires

Ces calcaires et dolomies intercalaires affleurent dans la dépression séparant les deux premières corniches de la « dalle des Hauts Plateaux » et montrent la succession, de bas en haut, des termes suivants :

• Le Terme 1 : des calcaires micritiques, gris clair ou gris rose ; bioclastiques (foraminifères, lamellibranches, gastéropodes). Les bancs décimétriques à pluridécimétriques montrent à la base des laminations cryptalgaires ou stromatolithiques. Le microfaciès est de texture mudstone, voire packstone, à peloïdes (pellets, agrégats) et riche en bioclastes : foraminifères (Valvulinidés : Mesoendothyra croatica Gusic), ostracodes (nombreux), quelques fragments de gastéropodes, lamellibranches à épines associés à des algues calcaires (Thaumatoporella parvovesiculefera Raineri (in Bull. AGIP, 1988, p.67) ;

• Le Terme 2 : des dolomies cristallines, gris rose, et argileuses, gris clair. Il s'agit de dolomicrosparite à dolosparite, en bancs décimétriques (30 à 60 cm) startodécroissants,

• Le Terme 3 : Terme argileux (2.5m) constitué par des marnes verdâtres admettant, à la base, de minces niveaux calcaires, gris, à laminations cryptalagaires. Les calcaires mudstones renferment des oncoïdes, ostracodes (milieu protégé), les packstones pelletoïdaux à ostracodes et à pseudomorphoses

de gypse, renferment des foraminifères (Mesoendothyra croatica Gusic) (in Bull. AGIP, 1988, p.71). Une

surface ferrugineuse clôture ce terme.

• Le Terme 4 : Terme dolomitique (6-8m), essentiellement dolomitique avec quelques passées calcaires (base des séquences) ; ce sont des dolomies grises à gris roses, en bancs décimétriques à métriques (0.25 à 1 m) localement bréchiques ; la succession lithologique de ce terme est la suivante :

o Une brèche à éléments calcaires et matrice argileuse ; les éléments millimétriques à

centimétriques, présentent une texture mudstone à oncoïdes et renferment des pseudomorphoses de gypse. Il s’agit d’une brèche de dissolution ;

o Un ensemble de calcaires micritiques, homogènes, gris clairs, à structures vacuoles remplies de

calcite, en petits bancs centimétriques à décimétriques. Ils renferment des pseudomorphoses de gypse et des ostracodes. La succession, au sein de cet ensemble, est la suivante :

ƒ un niveau argileux pelliculaire, de couleur verdâtre ;

ƒ des calcaires mudstones, gris clair, en bancs centimétriques à décimétriques ;

ƒ des calcaires stromatolithiques montrant une alternance de niveaux micritiques et de niveaux pelletoïdaux à foraminifères, organisés en un « boundstone » à pseudomorphoses de gypse.

• Le Terme 5 :Ensemble de calcaires granulaires (3m), partiellement dolomitisés, à oolithes éparses, en gros bancs (1 à 1.5m) séparés par des petits bancs centimétriques. Ces calcaires ont une texture packstone à ooïdes, péloïdes, et pellets associés à des algues calcaires (Thaumatoporella parvovesiculifera) ; le banc supérieur, montre une bréchification et se termine par une surface d’émersion.

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• Le Terme 6 : Ensemble dolomitique, formé par trois termes dolomitiques séparés par des bancs

calcaires (base des séquences). Chaque terme montre la succession, de bas en haut, suivante :

o Un niveau marneux feuilleté, de couleur verdâtre, très altéré, admettant en son sein un banc de

dolomie à oolithes (fantômes) ;

o Un à deux bancs de calcaires micritiques, homogènes, à la base, et stylolythiques, au sommet.

o Des dolomies cristallines (dolosparite) ou argileuses, gris verdâtres, en bancs décimétriques à

métriques.

o Niveau argileux, jaunâtres, très altéré couronnée par une surface ferrugineuse ondulée

(ravinée).

iv. Les Dolomies supérieures

Ensemble totalement dolomitique, formé de bancs de dolomies cristallines à laminations algaires séparées par quelques intercalations argileuses. Ce sont originellement des "boundstone" à péloïdes et algues calcaires. Au sommet, les dolomies cristallines et saccharoïdes montrent des stratifications obliques indiquant un milieu littoral agité (hydrodynamisme élevé).

Les bancs décimétriques à métriques, montrent une stratonomie croissante et se terminent par des niveaux à stromatolithes. Formant une barre de 12.5 m d’épaisseur, qui peut être subdivisée en trois termes :

• Le Terme1 : dolomies saccharoïdes, grises et roses, en bancs strato-décroissants (0.25 à 0.50m) et de dolomies stromatolithiques à birds-eyes ; il s’agit de boundstones à laminations cryptalgaires et peloïdes ;

• Le Terme 2 : Dolomies argileuses, pulvérulentes, gris roses ou gris verdâtres, montrant de bas en haut, la succession suivante :

o Un niveau pelliculaire marneux ;

o Des bancs dolomitiques pelliculaires (centimétriques) à stromatolithes, de couleur gris

verdâtre ;

o Des bancs de dolomies pulvérulentes, gris verdpatres, passant à des dolomies

stromatolithiques (bounstones à peloïdes) à birds-eyes. Ils se terminent par une surface d’émersion, soulignée par les birds-eyes et stromatctis.

• Le Terme 3 : des calcaires granulaires à stratification entrecroisée. Cet ensemble dolomitique, organisé en bancs décimétriques à métriques, packstones à grainstones montrant une stratification entrecroisée, caractéristique, à la base, et une lamination plane ou ondulée au sommet, indique un milieu littoral agité (hydrodynamisme élevé). Les ooïdes bien arrondis et trié sont de type α.

3. Commentaire et discussion

La « dalle des Hauts Plateaux » de Rechida présente, donc, malgré son homogénéité lithologique apparente, une disparité et une évolution environnementale et faciologique. D’où cette succession en quatre membres (A à D). Elle est constituée essentiellement de dépôts intertidaux à supratidaux à stromatolithes, pseudomorphoses de gypse, et montrant vers le sommet des figures d’émersions (birds- eyes, brèches de dessiccation) et des stratifications entrecroisées. Des niveaux de calcaires bioclastiques à faune transportée allochtone (Foraminifères) ou autochtone (ostracodes, lamellibranches) se rencontrent, fréquemment, à la base des séquences ; leur signification sera traitée dans le Chapitre analyse séquentielle.

Figure I.3.3 - Coupe de la « dalle des Hauts Plateaux » de Rechida : Analyses lithostratigraphique et sédimentologique.

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Figure I.3.4 – Suite de la coupe de la « dalle des Hauts Plateaux » de Rechida : Analyses lithostratigraphique et sédimentologique.