• Aucun résultat trouvé

Site d’étude : Présentation du cadre général de la Pointe d’Agon

I. Situation géogrphique

Le havre de Regnéville est localisé sur la côte ouest du Cotentin constituant la bordure orientale du Golfe Normand-Breton (Normandie, France) (Figure.30). Ce havre s’ouvre sur la mer de la Manche entre la Pointe d’Agon (la zone d’étude), flèche sableuse au Nord de l’embouchure de la rivière Sienne (commune d’Agon-Coutainville) et la flèche de Montmartin-sur-Mer au Sud.

I.1 Les havres du Cotentin

Les havres de la côte ouest du Cotentin correspondent à des interruptions locales du cordon dunaire qui s’étend du Cap de Carteret à la Pointe du Roc (Granville). Huit havres se distinguent du Nord au Sud : les havres de Carteret, de Portbail, de Surville, de Lessay, de Geffosse, de Blainville, de Regnéville et le havre de la Vanlée (Figure.30). Ils doivent leur existence à de petites rivières dont les embouchures créent autant de discontinuités sur le littoral. Les principales caractéristiques morphodynamiques de ces havres ont été décrites par Elhai (1963), Farnole (1986) et Lafond (1986)

I.2 Typologie des havres du Cotentin

Les huit havres de la côte ouest du Cotentin possèdent des superficies variables. Les deux plus importants sont les havres de Regnéville (870 ha) et de Lessay (580 ha). Les superficies des autres havres sont inférieures à 300 ha. Le plus petit est le havre de Surville avec 70 ha (Tableau.4). Plusieurs classifications des havres de la côte ouest du Cotentin ont été présentées.

Farnole (1986) distingue deux catégories de havres en fonction de la proportion entre la slikke et le schorre. Cette classification est indépendante de la superficie totale des havres.

Chapitre II – Présentation du cadre général de la Pointe d’Agon

60

• La première catégorie comprend les havres dont la superficie de la slikke est inférieure à celle du schorre (Carteret, Lessay, Geffosse, Blainville et la Vanlée).

• La deuxième catégorie comprend les havres dont la superficie de la slikke est supérieure ou équivalente à celle du schorre (Portbail, Surville, Regnéville). Ils témoignent d’un colmatage modéré comparé aux havres précédents. Cependant ce critère est évolutif.

Levoy (1994) distingue deux types de havre en fonction de leur géométrie :

• Les havres disposés parallèlement au trait de côte, occupant un espace déprimé de la plaine côtière, comme ceux de la Vanlée, Barneville-Carteret, Portbail, Surville, Geffosse et Blainville. Leur morphologie générale est proche de celle des lagunes littorales (Lafond, 1984)

• Les havres de plus grandes dimensions (havre de Lessay et Regnéville), incisant le plateau de l’arrière pays. Leur morphologie est proche d’une ria.

Compte tenu de la thématique abordé dans ce mémoire, une nouvelle classification prenant en compte la morphologie de l’embouchure et le développement des flèches sédimentaires est proposée. En effet, la limite externe de l’ensemble des havres est barrée par deux flèches dissymétriques de part et d’autre de l’embouchure. Ainsi, trois catégories de havres peuvent être distinguées :

• Pour les havres de Regnéville et de Lessay, la houle de secteur Ouest à Nord-Ouest atteint la flèche Nord avec une obliquité orientée vers le Sud et Sud-Est. Le transit littoral résultant alimente la flèche libre qui repousse le chenal vers le Sud et induit un déplacement de l’embouchure dans la même direction. La flèche Sud progresse par diffraction des houles et sous l’action du courant de flot. Ces houles indirectes sont atténuées mais leur action modérée reste suffisante (Farnole, 1986). La position de cette flèche à l’embouchure est moins développée que celle située au Nord. Du fait, elle est qualifiée de flèche secondaire.

• Pour les havres de Surville et de la Vanlée, la configuration de l’embouchure est inverse. C’est la flèche Sud qui joue le rôle de flèche principale et celle du Nord est secondaire.

• Le havre de Blainville est limité par deux flèches symétriques et étroites cherchant à se rejoindre et laissant une faible ouverture au volume oscillant. Le havre de Geffosse possède également deux flèches de même ampleur. La construction d’une digue route sur ces flèches a presque fermé ce havre.

• Les havres de Carteret et Portbail ne rentrent pas dans cette classification du fait de leur anthropisation importante.

Chapitre II – Présentation du cadre général de la Pointe d’Agon

61

Chapitre II – Présentation du cadre général de la Pointe d’Agon

62

I.3 L’évolution récente des havres

Le mouvement périodique des masses d’eau lié à la marée abandonne une partie de leur charge solide à l’intérieur du havre. Il en résulte un piégeage des sédiments et un exhaussement progressif des fonds induisant un colmatage des havres. Les vitesses de sédimentation sur les schorres sont estimées à deux à trois centimètres par an (Elhai, 1963 ;

Larsonneur & Walker, 1986 ; GRESARC, 2002). Le L.C.H.F. (1982) a estimé à 100 000 m3

le volume des dépôts annuels à l’intérieur du havre de Regnéville. La fermeture au 20ème

siècle du havre du Thar et celui situé entre St Germain-sur-Ay et Geffosse au 18ème sont

l’exemple de leur colmatage progressif.

Havre P.T MSR Hs Surface du Surface du Présence de

(106.m3/cycle (m) (m) havre delta de jusant barres sur le

de marée) (Ha) (Ha) delta de jusant

Barneville-Carteret 0.6 9.6 0.5-1 100 140 bien développée

Portbail 1 10.2 0.5-1 330 400 bien développée

Surville ? ? 0.5 70 150 variable

Lessay 15 10.5 0.5 680 1150 bien développée

Geffosses ? ? 0.5 150 220 variable

Blainville sur mer ? ? 0.5 140 60 faible

Regnéville 15 11.1 0.5 870 1650 bien développée

La Vanlée ? 11.5 < 0.5 300 950 bien développée

Tableau 4: Caractéristiques physiques et morphologiques des havres du Cotentin (P.T, prisme tidal ; MSR, marnage moyen de vive-eau).