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La dynamique sédimentaire générale sur la zone d’étude 1 L’unité hydrosédimentaire 1 L’unité hydrosédimentaire

Chapitre II – Présentation du cadre

IV. La dynamique sédimentaire générale sur la zone d’étude 1 L’unité hydrosédimentaire 1 L’unité hydrosédimentaire

La dynamique sédimentaire du havre de Regnéville est à restituer dans le contexte globale de la circulation sédimentaire de la côte ouest du Cotentin où huit cellules ont pu être identifiées (Levoy, 1994). Le site d’étude se trouve dans la cellule de Coutainville. De la partie sud du havre de Blainville jusqu’à l’extrémité de la Pointe d’Agon, le transit sédimentaire résiduel sur les hautes et moyennes plages est orienté vers le Sud, convergeant vers l’embouchure du havre. Au Sud du havre, le transit est orienté du Sud vers le Nord. Ainsi, les havres et leurs embouchures peuvent être considérés comme des pôles d’attraction sédimentaire majeurs vers lesquels convergent les transports sableux.

IV.2 Circulation sédimentaire sur la plage

Sur les parties inférieures de la moyenne plage, l’action des houles et celle des courants se succèdent au cours du cycle tidal en fonction de la hauteur d’eau (Levoy et al., 1997). Dans des conditions de beau temps et pour des marées de vives-eaux, les transports sont faibles (0.1 kg/(m.mn)) et portent vers le Nord parallèlement au trait de côte. Ils sont dominés par l’action seule des courants de marée. En période de tempête, le transport sédimentaire est plus intense (2 kg/(m.mn)). L’agitation amplifie les mouvements sédimentaires, notamment en marée de mortes-eaux. Le transport sédimentaire est alors dirigé vers le Sud-Est, sous la direction des courants liés au déferlement et au swash.

Sur les parties supérieures de l’estran, le transport sédimentaire est plus intense que sur la partie basse. Lors de conditions de beau temps, il atteint 2 kg/(m.mn) et porte vers le Sud-Sud-Est (Levoy et al., 1997). Cette direction souligne le rôle dominant de processus liés à l’agitation. En période de mauvais temps, les débits solides sont élevés (25 kg/(m.mn)) et dirigés vers le Sud. Le rôle de la dynamique tidale devient négligeable dans ces conditions météorologiques (Levoy & Monfort, 2003).

IV.3 Le transit sédimentaire

La simulation des transports sédimentaires longitudinaux à l’échelle d’une année a été effectuée sur l’ensemble du littoral de la côte ouest du Cotentin (Levoy, 1994). La quantification du transit sédimentaire issue de ce travail de modélisation indique un débit

solide estimé à 45 000 m3/an sur l’estran entre les cotes –2.5 m et +7.5 m IGN69, à proximité

de la Pointe d’Agon. Ce transit est unidirectionnel vers le Sud. Cette estimation est inférieure

à celle du L.C.H.F. (1982) qui estime le transit moyen à 100 000 m3/an. Cependant, cette

estimation prend en compte le transit qui peut s’effectuer sur l’ensemble du delta de jusant.

V. Synthèse

• La côte ouest du Cotentin est caractérisée par une amplitude de marée parmi les plus élevée au monde. Le marnage supérieur à 11 m en eaux moyennes et 14 m en vives-eaux exceptionnelles à la Pointe d’Agon, qualifie cette région côtière d’environnement

Chapitre II – Présentation du cadre général de la Pointe d’Agon

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mégatidal. Néanmoins, elle subit l’activité liée à l’agitation car la génération des vagues s’opère à proximité du littoral. Ces zones côtières sont relativement rares à la surface du globe (Levoy, 2000).

L’influence de la marée sur les agents hydrodynamiques (agitation, courant moyen) sera précisé grâce au déploiement d’instruments de mesures hydrodynamiques lors de campagnes de terrain intensives. Leur rôle sur l’évolution des morphologies présentes sur l’estran sera également appréhendé en parallèle à l’aide de mesures topographiques.

• Le delta de jusant est très développé avec une extension de plus de 4 km vers le large dont l’essentiel est émergé à basse mer lors des plus grandes marées. Ce constat est en accord avec la description des environnements dominés par la marée dans la classification de Hayes (1979).

L’analyse et l’interprétation de levés topographiques mensuels d’une petite partie du delta de jusant s’attacheront à identifier les séquences d’évolution morphologique de l’estran en relation avec les spécificités des conditions hydrodynamiques.

• La Pointe d’Agon est constituée d’une succession de crochets sédimentaires apparaissant dans le paysage sous forme de crêtes dunaires sub-parallèles entre elles. Ce type de flèche apparaît original par rapport aux morphologies de ces corps sédimentaires généralement observées.

Les éléments de forçage à l’origine de cette particularité devront être déterminés. Leur évolution sera abordée à l’aide de l’utilisation de photographies aériennes sur un pas de temps semi-séculaire et grâce à un suivi topographique sur 3 ans depuis 2004.

• La présence de barre de swash de delta ne semble pas être une spécificité des environnements à fort marnage.

Cette originalité doit permettre d’apporter des éléments de réponse sur l’évolution de ces entités. Le suivi topographique de l’une d’entre elle pendant trois ans permet de quantifier les variations de ses paramètres morphométriques et de connaître plus finement la dynamique de ces barres sur le moyen terme.

Leur modalité de déplacement est investie sur une échelle courte lors de campagnes intensives de terrain. Une attention toute particulière sera portée sur le rôle respectif de chacun des processus hydrodynamiques dans la dynamique de la barre.

Chapitre III – Méthodologie

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Chapitre III – Méthodologie

Chapitre III – Méthodologie

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Chapitre III

Méthodologie

I. Introduction

Un système morphodynamique est constitué d’un objet géomorphologique qui réagit aux forçages hydrodynamiques par un ajustement morphologique à travers le temps (Wright & Thom, 1977) (Figure.44). Ce changement d’état est une tentative de mise à l’équilibre par rapport aux nouvelles conditions hydrodynamiques résulte d’un gradient de transport sédimentaire. Le temps de mise à l’équilibre du système sera fonction du volume sédimentaire de l’objet concerné, mais également du temps d’action et de l’intensité des éléments de forçage (courant, houle, vent) (Kroon, 1994). De plus, l’évolution d’un système est dépendant de sa morphologie initiale, ce qui va engendrer des phénomènes rétroactifs positifs (renforçant la tendance d’évolution du système en encourageant le déséquilibre) ou négatifs (amenant le système vers un équilibre) sur la dynamique des fluides et sur le transport sédimentaire (Cowell & Thom, 1994). Cette caractéristique rend encore plus complexe l’étude des objets sédimentaires. Dans le but de comprendre la morphodynamique d’un objet sédimentaire, il est souhaitable d’enregistrer les différents paramètres situés dans chaque composant du système morphodynamique côtier (Figure.44). Cette méthodologie est appliquée dans la mesure du possible et suivant diverses échelles spatio-temporelles à l’ensemble des campagnes de terrain réalisées.

Ce chapitre présente les instruments mis en œuvre pendant l’étude sur le site de la Pointe d’Agon. Leur déploiement a pour objectif d’étudier la morphodynamique d’une barre de swash de delta à un pas de temps caractérisé de moyen (2 ans) à court terme (cycle de marée). Les mesures réalisées in-situ concernent les agents hydrodynamiques (marée, courant, agitation), ainsi que les transports sédimentaires (déplacement par charriage ou en suspension) et l’évolution des fonds. Lors de courtes expérimentations (1 à 2 jours), ces trois types de mesures ont été enregistrés simultanément afin de pouvoir corréler les agents de forçage, les flux sédimentaires induits et la réponse altimétrique des fonds sableux. Une synthèse de leur principe de fonctionnement est exposée dans un premier temps, puis leurs limites d’utilisation sont présentées à la fin de ce chapitre afin de justifier l’adéquation des outils avec les problématiques préalablement exposées.

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Figure 44: Composants d’un système morphodynamique côtier.