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En Suisse, où les questions religieuses relèvent avant tout de la com-pétence cantonale, les autorités fédérales ne se préoccupent guère des dérives sectaires.

La « date fatidique » 2012 ne semble pas être une problématique inquié-tante pour la Sécurité intérieure helvétique. Ainsi, au cours de leur réunion du 26 août 2010, l’unanimité des membres de la Conférence des commandants des polices cantonales de Suisse (CCPCS), saisie de cette question par son pré-sident, a répondu n’avoir recueilli aucune information à ce sujet. De leur côté, tant l’Office fédéral de la police que le service de renseignement de la Confé-dération se déclarent non habilités pour traiter de cette thématique.

Le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) – qui est, en Suisse, la seule institution en mesure d’apporter des éléments d’infor-mation sur une menace potentielle de dérive sectaire – fait preuve de la plus grande sérénité à ce sujet.

Le CIC, dont le siège est à Genève, est une fondation privée sans but lucratif, établie sur la base des articles 80 et suivants du code civil suisse. Créé après l’affaire de l’Ordre du Temple Solaire en Suisse en 1994, il est financé par les cantons de Genève, de Vaud, du Valais et du Tessin. Il effectue des recherches, uniquement au niveau de ces quatre cantons, en vue de réunir et

de diffuser des informations sur la doctrine, l’organisation et les activités des communautés religieuses et des groupements à caractère religieux, spirituel ou ésotérique. Son travail est réalisé au profit des particuliers, des administrations cantonales et communales, des écoles, des organismes privés et des médias. Il n’existe pas dans les autres cantons de structure similaire.

À ce jour, le CIC n’a pas été informé de la présence d’organisations religieuses ou spirituelles qui se seraient établies dans les cantons relevant de sa compétence, diffusant des messages apocalyptiques. Par ailleurs, il n’a recueilli aucune information sur une réapparition ou une renaissance de tout ou partie de l’Ordre du Temple Solaire.

Les différents instituts suisses de recherche scientifique, notamment l’Observatoire des religions à l’université de Lausanne – collaborant étroite-ment avec le CIC – ou encore le Zentrum für Religion Wirtschaft und Politik (pôle créé à l’initiative des universités de Bâle, Lausanne, Lucerne, Zurich et du Collegium Helveticum et dédié à la recherche et l’enseignement des inter-faces et des influences réciproques entre la religion et l’économie ou la poli-tique), n’ont pas lancé d’études sur les messages apocalyptiques diffusés par des groupes religieux ou des mouvements spirituels.

Les autorités cantonales genevoises, vaudoises, valaisannes et tessi-noises n’ont pas rédigé de rapport sur les messages apocalyptiques favorisant les phénomènes d’emprise mentale.

Dans la presse romande, plusieurs articles plutôt critiques ont paru, à la fin de l’année 2009, au sujet de l’annonce de l’Apocalypse en 2012, suite à la sortie du film 2012 de Roland Emmerich, mais aucun ne mentionne un risque de dérive sectaire avéré :

– le 28 octobre 2009, le quotidien Le Temps a publié un article intitulé « 2012, promesse de fin du monde » qui dénonce la dimension commerciale de l’an-nonce de l’Apocalypse prévue en 2012 : « Imposture alimentée par la pub faite autour du film hollywoodien » ;

– le 5 décembre 2009, L’Hebdo, dans un article titré « Ce qui se cache derrière une date et un scénario catastrophe », s’intéresse aux mouvements religieux ou spirituels diffusant des messages de fin du monde comme, d’une part, les mou-vements New Age et ésotériques et, d’autre part, certains courants évangéliques et catholiques. L’article donne également les points de vue d’un théologien de l’université de Lausanne et d’une scientifique de l’Observatoire astronomique de l’université de Genève ;

– le 11 décembre 2009, l’hebdomadaire L’Illustré a publié un dossier appelé

« 2 h 38 pour en finir avec la Terre » où sont présentés les points de vue d’un ethnologue et d’une astrologue sur la valeur prophétique du calendrier maya à l’origine de ce phénomène millénariste. L’article cite également quelques auteurs de prophéties célèbres  : Paco Rabanne, Nostradamus, les dirigeants de l’Ordre du Temple Solaire. Il conclut avec l’avis de Jean-François Mayer, spécialiste des « nouveaux mouvements religieux », sur le sens des prophéties dans les mouvements New Age. Depuis, les médias sont restés muets sur ce sujet.

Les librairies romandes « surfent » sur cette vague en proposant de nombreux ouvrages qui diffusent des messages apocalyptiques, en particulier pour l’année 2012 :

– Lawrence E. Joseph, Apocalypse 2012. Une enquête sur des catastrophes annoncées, Paris, Michel Lafon, 2007 ;

– Sylvie Simon, 2012, le rendez-vous. De la crise à l’avènement d’un nouveau monde, Monaco, Alphée, 2009 ;

– Victor Miller, La fin du monde. 21 décembre 2012 : 100 questions et réponses sur ce qui peut arriver, Montréal (Québec), Edimag, 2009 ;

– Gilles Sinquin, Se préparer pour 2012, Paris, Éditions Lanore, 2009 ;

– John Lee Fox, Les Prophéties mayas. 2012. Les bouleversements du monde à venir…

Le déclenchement des plus grands cataclysmes de notre histoire…, Neuilly-sur-Seine, Éditions Exclusif, 2009 ;

– Bernard Baudouin, 2012. Chronique annoncée d’un autre monde, Genève, Ambre Éditions, 2009 ;

– Antoon Leon Vollemaere, Apocalypse maya 2012. foutaise ou science ?, Saint-Zénon (Québec), Louise Courteau, 2010 ;

– Jean-Michel Pedrazzani, 2012. L’apocalypse maya. Éviter et survivre à la catas-trophe annoncée, Paris, Alcina, 2010 ;

– David Douglas, La prophétie maya 2012. Apocalypse ou ère nouvelle ?, Paris, Véga, 2010 ;

– Peter Ruppel, Maya 2012. Savoir secret et prophétie, Paris, Véga, 2010 ;

– Olivier Manitara, Évangile essénien, volume XVII  : 2012. L’heure du choix, Ultima Publishing, 2010.

Bien qu’il n’y ait pas en Espagne d’importants phénomènes d’emprise mentale liée à des messages apocalyptiques, il existe un groupe organisé qui s’active dans ce domaine : El grupo de supervivencia de España 2012.

La page d’accueil du site Internet de ce mouvement joue habilement sur une pseudo-affiliation au Gouvernement, laissant croire à une prétendue

« utilité publique » : utilisation du logo de la Sécurité civile et du bandeau du Gouvernement.

La lecture des documents du site et du forum amène à penser qu’il s’agit d’un mouvement à faible retentissement, mais qui utilise tous les vecteurs imaginables pour apparaître plus fort qu’il ne l’est.

Il fait aujourd’hui parler de lui à propos de la construction d’un « bun-ker » dans la sierra de Madrid, au nord de la capitale, pour se protéger de la fin du monde annoncée pour le 21 décembre 2012, ainsi que de tout autre événement qui pourrait se produire d’ici là : attaque de guerre, biologique ou nucléaire, ou tous risques naturels.

Le porte-parole du mouvement, Jonathan Bosque, assure que le « bun-ker » sera terminé dans quelques mois et indique qu’un autre est en construc-tion dans la Sierra Nevada, en Andalousie. Un article de Courrier internaconstruc-tional

du 17 décembre 2009 faisait déjà allusion à la construction de ce « bunker » andalou.

Le groupe déclare 170 adhérents dans toute l’Espagne, la majorité étant issue des « communautés » de Madrid et de Catalogne, ainsi que quelques Italiens. Cinquante d’entre eux participent au projet de construction du « bun-ker » et chacun apporte 3 500  €. Leur objectif est d’élargir leur base et de construire davantage de « bunkers ».

Pour ce faire, ils ont initié une campagne de signatures pour trans-mettre une proposition de loi au Parlement afin que les administrations publiques subventionnent ce type de placement. Ils mettent en avant le fait que les députés ont leur propre refuge situé sous le palais de la Moncloa, siège du président du Gouvernement.

Aux Pays-Bas, les messages de type apocalyptique ou millénariste se dif-fusant de plus en plus à l’approche du 21 décembre 2012 ont prospéré comme partout ailleurs, avec une intensification depuis 2009, année de sortie du film américain 2012.

Les services de l’État avouent l’absence de prise en compte officielle de ce phénomène. Historiquement, la réglementation néerlandaise n’a jamais encadré le phénomène sectaire.

Le droit pénal local ne peut encadrer que de façon très marginale les déviances qui pourraient y être liées. Une jurisprudence très maigre témoigne de ce manque d’intérêt des pouvoirs publics. En corollaire, ni les services de police du KLPD (Corps national de police criminelle), ni les services de ren-seignement (AIVD) n’ont mené une quelconque étude d’impact sur le « phé-nomène 2012 ».

Dans la presse et sur Internet, certains articles évoquent cependant l’intérêt de plusieurs milliers de Néerlandais pour cette « apocalypse » et une préparation à un « après-2012 ». Cependant ces affirmations doivent être trai-tées avec beaucoup de prudence et semblent davantage relever de la recherche journalistique du sensationnel que d’une réalité établie.

En effet, les principaux articles ont toujours pour source première un reportage de la journaliste Claire Maupas intitulé « Dans quatre ans la fin du monde », publié en 2008 dans le quotidien De Volkskrant et repris dans Courrier international. L’autre source est une dépêche de l’agence United Press Inter-national de juin 2008 qui évoque ce phénomène en ne faisant que reprendre l’article précédent.

Les sites Internet scientifiques www.wetenschap.infonu.nl et www.natu-tech.nl abordent la question sous l’angle de l’étude du calendrier maya et contredisent la théorie millénariste.

Les « blogs » font massivement référence au cas de Mme Petra Faile, habitante de Haarlem, citée dans l’article de Claire Maupas. Les recherches en

« liens » Internet font état d’un petit nombre seulement de personnes intéres-sées par la question.

Enfin, le seul mouvement à caractère sectaire qui, dans sa doctrine, intègre une forme d’apocalypse, est celui des Témoins de Jéhovah qui compte environ 31 000 fidèles aux Pays-Bas en 2010. Or il n’appelle sur son site Internet néerlandais à aucune action pour l’heure et n’évoque pas cette échéance.

En conclusion, si des incidents ou des troubles à l’ordre public sont toujours possibles, ils s’inscriraient aux Pays-Bas, selon les autorités locales consultées, dans des démarches davantage individuelles que collectives.

La Belgique ne connaît pas de développement sensible des mouve-ments millénaristes, mais reste vigilante à leur encontre.

Les activités du « Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles » (Ciaosn) sont largement déterminées par les sollicitations du public qui a recours à lui. Particuliers et associations saisissent le Centre en fonction des problèmes rencontrés, qui sur le long terme conservent, aux yeux de son président, des caractéristiques largement similaires. Dans ce contexte, le Centre n’a pas relevé de montée sensible du phénomène millénariste.

Ce phénomène ne revêt aucun caractère de nouveauté et son impor-tance reste toute relative, comparée au mouvement des Témoins de Jéhovah ou aux groupes pentecôtistes, ou à l’essor des groupes du domaine de la santé, de la thérapie ou du bien-être.

Le Centre a néanmoins consacré dans son Rapport 2007-2008 tout un chapitre à l’impact de l’année 2012 sur les mouvements millénaristes.

Ce rapport indiquait qu’environ dix pour cent des plaintes recueillies traitaient alors de mouvements de type millénariste et que ce phénomène pourrait s’amplifier à l’approche de 2012. Cette affirmation paraît aujourd’hui en partie démentie.

Seule une minorité des groupes de type Nouvel Âge envisage la surve-nance d’une apocalypse.

Le Centre estime que ces groupes sont néanmoins à surveiller de près, car ils incitent à des comportements qui pourraient nuire au bien-être des per-sonnes, voire à leur intégrité.

En Allemagne, les messages de type apocalyptique qui annoncent la fin du monde sont des phénomènes qui jouent un rôle important dans nombre de mouvements néoreligieux et groupes à caractère sectaire.

En raison des possibilités d’actions d’envergure qu’offrent ces mes-sages, les attentes liées à la fin du monde font partie des éléments de réflexion régulièrement mis en exergue dans les supports d’information et de sensibilisa-tion édités par les différentes structures de prévensensibilisa-tion, étatiques, religieuses ou privées. Par ailleurs, ces messages apocalyptiques sont également et à dessein

l’objet de débats lors des groupes de travail, séminaires et colloques organisés régulièrement sur le thème « Sectes et groupes psychosectaires ».

Les rapports et articles publiés en Allemagne, ainsi que les discussions des forums Internet portant sur le calendrier maya se sont multipliés de façon importante ces derniers temps.

Cela est particulièrement patent si l’on observe les nombreuses nou-velles publications de livres et magazines ésotériques, les reportages télévisés, les films – tel 2012 et l’activité Internet croissante dans ce domaine – tous ces vecteurs publicitaires étant en forte progression.

Des phénomènes similaires étaient apparus précédemment :

– notamment en 1999, lors du changement de millénaire et en référence aux prophéties de Nostradamus ;

– et de façon moins importante en 1997 lors du passage de la comète Hale-Bopp suivi par le suicide collectif des membres du groupe Heaven’s Gate près de San Diego aux États-Unis.

Il s’agit d’un groupe à caractère sectaire cofondé par Marshal Applewhite et Bonnie Nettles qui disparut avec l’apparition de la comète Hale-Bopp le 26 mars 1997, lorsque Applewhite a convaincu trente-neuf adeptes de se suicider.

Selon le Bundesverwaltungsamt - Sogenannte Sekten und Psychogrup-pen (bureau de l’administration fédérale, service des sectes et psychogroupes), les autorités et institutions religieuses et privées allemandes chargées des « sectes et groupes psychosectaires » assurent un suivi de la thématique « 2012-scénarios type fin du monde » dans le cadre de leurs activités de documentation, d’infor-mation, de sensibilisation et de prévention.

Pour illustrer cette action on peut citer par exemple les articles réguliè-rement publiés dans le magazine Materialdienst du Centre d’information pro-testant pour les questions liées à la vision du monde (Evangelische Zentralstelle für Weltanschauungsfragen).

Aucune autre mesure ou initiative n’est prévue dans le cadre de la pré-vention « apocalypse », car, bien que ce sujet mérite toute l’attention des auto-rités, elles n’envisagent pas d’instaurer un « groupe de travail » spécifique en l’absence d’éléments de danger concrets.

S’agissant des craintes souvent liées aux messages annonçant la fin du monde, suicides individuels ou collectifs, les enseignements tirés des événe-ments passés ont démontré qu’il était extrêmement difficile pour tout étranger au « groupe » de déceler de façon certaine des signes d’intentions suicidaires.

Des événements tels que la tentative de suicide collectif en lien avec la « thérapeute » Heide Fittkau-Garthe, en 1998, sur l’île de Ténériffe 95, ont montré qu’au-delà d’une large politique d’information et de sensibilisation il était primordial que l’environnement immédiat des membres appartenant à ces « groupes » – parents, amis, services d’information et de soutien, adminis-tration – observe et décèle toute évolution ou tout développement susceptible de constituer un danger pour lesdits membres et en informe les autorités char-gées de la sécurité publique.

En Italie, la menace d’actions d’envergure de la part de groupes ou d’idéologie active de type apocalyptique ne semble pas constituer un risque effectif, au vu des bases de données actuelles, même si l’attente de la date pro-phétique de 2012, accompagnée de peurs pseudo-scientifiques relatives à l’arri-vée de catastrophes imminentes planétaires sont présentes dans ces milieux.

Cependant, on ne peut pas exclure une action improvisée par un guide charismatique à la tête de ces groupes et organisations, atteint de personnalité paranoïaque.

Un film réalisé par l’un des chefs charismatiques d’un tel mouvement, Giorgio Bongiovanni, leader du culte des extraterrestres et pseudo-religieux

« Non siamo soli » (« Nous ne sommes pas seuls »), donne une idée plus précise du genre de messages apocalyptiques diffusés. Il peut être vu sur le site Inter-net : www.giorgiobongiovanni.it/ « Messaggi dal cielo alla terra » (« Messages du ciel à la terre »).

Enfin, il est important de souligner une forte augmentation des ordres posttempliers ou néotempliers, empreints d’un fort gnosticisme. Dans certains de ces nouveaux mouvements chevaleresques, la date de 2012 semble accom-pagner soit la naissance de l’Antéchrist, soit le retour du Christ.

En Pologne, en l’absence de structures publiques, seule l’Église polo-naise tente d’assurer un suivi des messages millénaristes. Un groupe de travail interministériel avait été créé au début des années 2000 avant d’être dissous.

Le Centre de lutte contre les manipulations psychologiques de Wro-claw et le Centre dominicain d’information sur les nouveaux mouvements reli-gieux et les sectes dépendent tous les deux de l’Église polonaise. Selon ces sources, un seul mouvement organisé identifié en Pologne serait susceptible de favoriser une emprise mentale à l’approche de l’an 2012. Il s’agit de la Mis-sion Pharaoh (MisMis-sion du pharaon) ou MisMis-sion du sauvetage de la Terre et de l’homme 2012 dont le siège est aux États-Unis mais dont la page d’accueil du site Internet – www.missionpharaoh.com – est traduite en polonais.

95 - Le 8  janvier 1998, la police espagnole était intervenue pour empêcher un suicide collectif programmé.

Trente-deux membres (dont des enfants) d’un groupe ésotérique mené par Heide Fittkau-Garthe, psychologue allemande âgée de cinquante-sept ans, avaient projeté de mettre fin à leurs jours en raison de la fin imminente du monde.

Le mouvement, fondé en 2003 à Chicago par Mme Lucyna Lobos-Brown, citoyenne polonaise, prétend maintenir les contacts avec une civilisa-tion plus avancée de la « Bande d’Orion ». Cette civilisacivilisa-tion aurait construit, il y a plus de six mille ans, les pyramides d’Égypte en anticipant le risque de déclenchement d’une catastrophe avant 2012.

Le Centre de Wroclaw signale avoir eu connaissance d’un cas récent d’emprise mentale. Une femme adepte de Lucyna Lobos-Brown aurait décidé d’abandonner sa vie actuelle pour se rendre en Égypte et retrouver le tombeau du pharaon Khéops. Sa fille, désemparée, s’est adressée au Centre dans l’espoir de l’en dissuader.

En Russie plus qu’ailleurs, l’idée apocalyptique occupe une place à part dans l’histoire. Diffuse dans la pensée et dans l’inconscient russes, cette idée va bien au-delà de mouvances à caractère sectaire dont elle n’est pas le monopole. Sa prégnance historique explique sans doute que l’approche de l’année 2012 ne cristallise pas autant qu’aux États-Unis ou en Europe occiden-tale les peurs irrationnelles.

Les mouvements à caractère sectaire exploitant et suscitant les craintes apocalyptiques se nourrissent en effet de plusieurs terreaux aujourd’hui large-ment indépendants du « phénomène 2012 »

Le dérapage obscurantiste des religions établies constitue sans doute, pour la société russe, la première source de dangers.

Ainsi en est-il par exemple du radicalisme orthodoxe. Au-delà de milieux désapprouvant les initiatives « modernistes » ou œcuméniques du patriar-cat de Moscou très présent dans les monastères, des groupes minoritaires se détachent régulièrement – et généralement temporairement – de l’Église officielle. Ce fut le cas en 2008 de l’évêque Diomède, titulaire du diocèse de Tchoukotka (Extrême-Orient), excommunié après avoir emmené dans sa dissi-dence quelques milliers de fidèles effrayés par les signes précurseurs de l’arri-vée de l’Antéchrist, à commencer par la généralisation des « codes barres », décidée par l’administration russe pour ficher les contribuables. Ces petites communautés peuvent donner lieu à des dérapages violents. L’opinion russe en est consciente, après un épisode très médiatisé en 2008 : trente-cinq adeptes orthodoxes du gourou Piotr Kouznetsov, qui avait annoncé la fin des temps, s’étaient retranchés des mois durant dans un ravin garni de dynamite de la région de Penza (à 600 km de Moscou), ce qui s’était soldé – faute de soins médicaux – par deux décès.

Le messianisme manichéen des déclassés aspirant à devenir « purs »

À l’instar des cathares ou des « flagellants » médiévaux, l’histoire russe a eu ses vagues de dissidence religieuse parmi les populations en rupture avec l’ordre établi. Cela représentait, jusqu’à la fin des années 1920, une réalité numé-riquement importante – plusieurs centaines de milliers – au point de susciter l’intérêt des chefs bolcheviks, à commencer par le sociologue révolutionnaire

Vladimir Bontch-Brouevitch qui a laissé des témoignages particulièrement intéressants sur les mouvements chrétiens des « flagellants » (Khlysty) et des

« castrats » (Koptsy) pratiquant la mutilation des organes génitaux.

Aucun mouvement actuel ne s’inscrit aujourd’hui directement dans

Aucun mouvement actuel ne s’inscrit aujourd’hui directement dans