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La situation canadienne et québécoise

Dans le document Université de Montréal (Page 36-39)

CHAPITRE 1 - PROBLÉMATIQUE

1.3 La programmation en contexte scolaire

1.3.3 La situation canadienne et québécoise

À l’instar de l’Estonie, le gouvernement canadien a opté pour le financement de différentes initiatives à travers le pays. Son programme CodeCan, du ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique du Canada (ISDE), « a pour objectif d'aider les jeunes Canadiens, notamment ceux appartenant à des groupes traditionnellement sous-représentés, à acquérir les compétences dont ils auront besoin pour se préparer à des études approfondies, notamment des compétences numériques avancées et des cours en STIM débouchant sur les emplois de demain » (ISDE, 2019). Au cours de ses deux premières années, le programme a rejoint 1,3 million d’élèves et 61 000 enseignants en finançant des dizaines d’initiatives. Parmi ces dernières, on retrouve par exemple Déjouez les codes!, qui propose des cours et ateliers sur la programmation, et Black Boys Code, qui permet à de jeunes garçons du primaire et du secondaire de développer des compétences en programmation. Par ailleurs, déjà en 2016, des milliers d’écoles canadiennes de niveau primaire, secondaire, collégial et même universitaire ont participé au mouvement international #heureducode, qui vise à initier les élèves et les étudiants à la programmation (Code.org, 2016).

Publié récemment, le Cadre de référence pancanadien pour l’enseignement de l’informatique (Canada Learning Code, 2020) place la programmation au centre des contenus abordés, sans toutefois s’y limiter. Selon ce document, à la fin du secondaire, les élèves canadiens devraient notamment pouvoir « concevoir un algorithme à l’aide d’une combinaison d’éléments informatiques, notamment les fonctions, les objets, les expressions conditionnelles et les tableaux » (p.22). Or, comme l’éducation relève des provinces et territoires au Canada, il existe de nombreuses disparités. Selon ce cadre de référence, 7 provinces et territoires sur 13 ont intégré les compétences et habiletés en informatique au programme du primaire et du secondaire, ce qui n’implique pas forcément la programmation.

Par exemple, en Ontario, le nouveau programme-cadre de mathématiques pour le primaire4 inclut l’apprentissage de la programmation dès la première année pour « renforcer les habiletés de résolution de problèmes et développer l'aisance en technologie » (Gouvernement de

4 Programme-cadre pour les élèves de la 1re à la 8e année en Ontario.

l’Ontario, 2020). En Colombie-Britannique, le gouvernement annonçait, au mois de juin 2016, un investissement de six millions de dollars pour supporter la mise en place d’un nouveau programme de formation accordant une grande importance à la programmation et à l’ordinateur en classe (Gouvernement de la Colombie-Britannique, 2016). On explique cette décision par leur potentiel quant au développement de la pensée critique et des compétences en résolution de problème (Smart, 2016).

Puis, au Québec, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a lancé, en 2019, le Cadre de référence de la compétence numérique (CRCN) (Ministère de l'Éducation et de l’Enseignement supérieur, 2019), une mesure phare de son Plan d’action numérique (Gouvernement du Québec, 2018), lancé en 2018 et visant à valoriser l’utilisation du numérique pour l’apprentissage ainsi que le développement de la compétence numérique des jeunes et des adultes. Parmi les dimensions de la compétence numérique, la seconde est intitulée Développer et mobiliser ses habiletés technologiques et est principalement axée sur la programmation, l’intelligence artificielle et tout phénomène émergent lié au numérique. En effet, cette dimension met l’accent sur le développement de la pensée informatique et la programmation y est mentionnée comme l’une des principales façons d’y parvenir (Ministère de l'Éducation et de l’Enseignement supérieur, 2019, p. 14). C’est d’ailleurs ce que propose la mesure 2 du Plan d’action numérique : « l’utilisation de la programmation informatique à des fins pédagogiques et didactiques pour soutenir les élèves dans la réalisation des apprentissages et le développement des compétences prévues au PFÉQ » (Gouvernement du Québec, 2018, p. 27). Puisqu’il s’agit encore, au moment d’écrire cette thèse, d’une mesure récente et considérant le contexte de pandémie de COVID-19 ayant provoqué une réorganisation des priorités dans le milieu de l’éducation, nous croyons que les véritables concrétisations de cette mesure apparaîtront graduellement au cours des prochaines années (activités en classes, programmes dans les écoles, etc.). En revanche, antérieurement au CRCN, certains projets ont été lancés pour intégrer la programmation et la robotique dans les écoles primaires. On retrouve notamment le projet Code Mtl, piloté par la Fondation de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), qui permet à plus de 6 400 élèves de 5 à 12 ans provenant de 95 écoles d’être initiés à la programmation à l’école

annoncé le lancement du projet pilote Robots 360 à la CSDM. Ce projet « vise à explorer des solutions et à soutenir le milieu scolaire dans l’utilisation de la programmation informatique en classe comme outil pédagogique pour favoriser le développement de la pensée informatique et l’atteinte de la réussite éducative des élèves » (Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, 2018).

Le gouvernement du Québec a réitéré son intérêt pour la programmation, d’abord exprimé dans le PANÉES et le CRCN, en publiant un guide intitulé L’usage pédagogique de la programmation informatique (Ministère de l'Éducation, 2020a). Ce dernier présente la programmation de façon générale et simplifiée, puis offre des pistes d’utilisation aux enseignants qui souhaitent introduire la programmation dans leur enseignement. Le ministère de l’Éducation a également publié une version mise à jour du Référentiel des compétences professionnelles de la profession enseignante, où les dimensions de la compétence numérique présentées dans le CRCN sont partie intégrante de la douzième compétence « Mobiliser le numérique » (Ministère de l'Éducation, 2020b). Cela permettra aux enseignants de développer, dès la formation initiale universitaire, des connaissances et des méthodes relatives à l’utilisation du numérique – dont la programmation – dans leur pratique.

Par ailleurs, ce tour d’horizon international met en relief la place de la programmation dans les programmes de formation. S’agit-il d’un contenu à enseigner dans le cadre d’une matière (par ex. : l’informatique) ou d’une compétence particulière, comme c’est le cas en Finlande ou au Royaume-Uni? Ou s’agit-il plutôt d’un contenu transversal qui n’est pas défini en termes d’attentes observables ou de critères d’évaluation, comme c’est le cas en Estonie et au Québec?

Dans ce second cas de figure, où il s’agit de la responsabilité de tout le monde et de personne à la fois, de nombreuses questions peuvent être soulevées quant à la véritable utilisation de la programmation dans les salles de classe.

Malgré cela, on constate néanmoins que l’apprentissage de l’informatique, et plus précisément de la programmation, est au centre d’orientations pédagogiques et politiques à l’échelle internationale. Bien que la perception de l’importance de la programmation n’est pas forcément synonyme de sa nécessité, elle démontre néanmoins qu’il s’agit d’un phénomène mondial, que

le Québec et le Canada sont dans cette conjoncture, et qu’il y aurait avantage à être conscient des aspects inhérents à l’utilisation de la programmation en contexte scolaire. Ce constat suscite une réflexion quant à l’usage pédagogique de la programmation dans le but d’améliorer les apprentissages. Pour mieux comprendre ce qui peut être fait, il faut d’abord savoir ce qui a été mis à l’essai en contexte scolaire.

1.4 Les outils principaux : des plateformes en ligne aux dispositifs

Dans le document Université de Montréal (Page 36-39)