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Les sites indiqués peuvent se grouper en deux catégories : d'abord ceux qui ont fait

J'objet de fouilles ou de constatations sur le

Fig. 1. - Hache sc1ee et polie de Chamoaon. Ech. : 1 : 2.

terrain et qui sont des nécropoles (Glie, Granges, Collombey-Muraz) ; ensuite les endroits d'où proviennent des objets ieo]és : haches et erminettes en pierre polie, instn1ments en silex retouché, céramique. On en trouvera les mentions à l'inventaire, dans les communes de Brigue l Castel) , Chamoeon (fig. 1 ) , Chermignon, Evolène (Plan de Bertol), Full y, Grengiols ( ? Bettlihorn) , Liddee ( ? ) , Monthey, Rarogne, Saas-Balen, Saillon ( grotte des Poteux) , Salvan, Saxon, Sembrancher, Sierre (Géronde) , Sion (Tourbillon) , Vollèges (col de Tronc) .

Je ne reviens pas sur ce que j'ai dit au sujet de cette dernière catégorie de trouvailles, dont on doit ee contenter de répéter qu'elles sont d'allure néolithique. Ces documente nous parlent d'une fréquentation des principales vallées - et peut-être des cols qui les couronnent - à une époque aseez reculée, néolithique peut-être, du Bronze en tout cas. Si la lame du Bettlihom paraît bizarrement perchée à l'écart des voies de transit, si la hache de Saas-Balen pas plus que la pointe de silex trouvée au Plan de Bertol ne peuvent guère jouer le rôle de jalons le long de la route transalpine, la hache de Salvan peut déjà servir à donner aux gorges du Châtelard et au col des Montete (ou à celui de Balme) une certaine importance, surtout si on place, au pied de l'autre versant, les quelques trouvailles de haches polies signalées anciennement (Bonneville, etc.) '.

Mais il semble bien que la route la plus fréquentée, déjà à l'époque qui nous occupe ici, ait été celle du Grand St-Bernard. C'est dans ce sens qu'on doit interpréter les récoltes de Sembrancher et de Vollèges. Il est vrai que la hache de Vollèges provient du Col de Tronc et non de la vallée de la Dranse de Bagnes ; mais on peut se demander si ce col (altitude 1617 m.) n'a pas été utilisé alors comme passage, ainsi que son jumeau du Pas de Lein (1660 m.) , de préférence ,aux défilés de la Dranse entre Bovernier et Sembrancher. A ce propos, il n'est pas sans intérêt de rappeler que ces deux petite cols sont riches en pierres à cupules, que l'infatigable chercheur de Vollègee, M. Cl.

Bérard, a décrites avec soin ; quoi qu'on pense de cette catégorie de monuments et de leur âge, leur concentration à ces deux endroits étonne.

Mais quelle qu'ait été la voie de pénétration préhistorique dans ]a vallée du Grand St-Bernard, il est bien certain que celui-ci constituait une route de choix. La preuve en est donnée, comme on l'a depuis longtemps montré, par les découvertes de quelques haches polies et surtout de tombes-cistes O à sque­

lette replié, en plusieurs points du Val d'Aoste 7 (Arvier, Villeneuve, Sarre,

5 L. Revon, La Haute,Savoie, 1878, passim. - A. Dellezcour, La répartition de&

1•estiges préhi�toriques . . . , 1924, p. 189. - M. Dellenbach, La co11q11ête du rnauif alpin, 1935 (cet ouvrage contient de nombreuses lacunes et erreurs).

8 Le terme de ciste désigne une tombe de dalles ajustées et formant un caisson ( all. : Kiste) trop court pour que le cadavre puieae s'y trouver allongé,

7 P. Barocelli, Repertorie, 1926, p. 357 ; Edi:z:ione archeologica della carta d'Italia, fol. 27 et 28, 1928, passim.

Montjovet) , tombes en tout point semblables à celles que nous allons décrire en quelques sites de la vallée du Rhône valaisan.

Ces tombes constituent l'élément le plus sûr du Néolithique valaisan dans

r

état actuel de nos connaissances. On nous permettra donc de nous y attarder un instant.

En descendant le Rhône, on rencontre d'abord la nécropole de

Glis,

connue depuis une cinquantaine d'années, et qui a livré aux fouilleurs une douzaine de tombes, dont l'orientation NE-SW ou ENE-WSW s'accorde avec celle qu'on a constatée ailleurs. On a assez décrit ces sépultures et leur mobilier pour que je n'y revienne pas en détail. Je me contente de donner un dessin de celles des trouvailles qui sont parvenues il y a quelques années au Musée de Valère, à Sion, et qui n'avaient jamais été publiées de façon nette (fig. 21) . La hache en silex à talon pointu a exercé la sagacité des préhistoriens, qui se sont efforcés de la situer dans le temps : leurs déterminations ont varié du Mésolithique-Campignien (lscher) au Néolithique récent (Heierli, Rei­

nerth) en passant par le Néolithique ancien (Schenk, Tschumi) et moyen (A. Naef, Bremer) . Il est certain en tout cas que cette hache, au centre du bassin du Rhône alpin, fait figure d'étrangère. Le professeur O. Tschumi la rattacherait aux civilisations italiennes et pyrénéennes, tandis que Kraft pen­

chait plutôt pour le Nord, où l'on trouve, tout le long du Rhin, une série de telles haches non polies (par exemple à Hi:irnli-Friedhof, à Bâle) . Il semble difficile de lui attribuer un âge néolithique ancien, sans pour autant adopter l'argument de Stri:ibel 8, qui fait précisément état de la situation reculée de la hache de Glis pour la dater d'une période tardive. L'absence de céramique n'est pas pour faciliter les choses.

La nécropole de

Granges

ne mérite malheureusement pas qu'on s'y arrête longtemps, puisqu'il n'en reste que des témoignages verbaux et un crâne d'en­

fant d'une quinzaine d'années. La position du site sur une hauteur, la descrip­

tion des tombes, l'aspect anthropologique du crâne (dolichocéphale, 71.35) s'accordent bien avec ce qu'on connaît des cimetières néolithiques et de leurs squelettes en Valais, c'est-à-dire avec GHs et Collombey.

Quant à la nécropole de la

Barmaz

sur Collombey (pl. I ; fig. 2 et 17-19) , son exploration est encore en cours, ce qui m'empêche de donner une des­

crip tion définitive des résultats obtenus. Le site funéraire de la Barmaz I, le plus élevé, présente cette particularité d'être adossé à une paroi de rochers verticale, haute de 8 à 10 m. D'autre part, les tombes ont été aménagées dans un petit cône de déjection en terre argileuse rouge, provenant du haut du rocher et large d'une dizaine de mètres, ce qui a eu pour conséquence d'étager les tombes sur plus de 2 m. de dénivellation. Ces sépultures n'ont pas une orientation très précise ; celle-ci oscille de NNE-SSW à SSE-NNW, la tête se trouvant toujours du côté oriental.

8 Striibel, Die Feuersteingeriite der Pfahlbaukultur, 1939, pp. 100,101.

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Les six cistes de la Barmaz II, situés dans une faible ensellure rocheuse remplie de terre rouge, ont été trouvés en février et mars 1948, à la suite de la découverte fortuite de la première lors de l'agrandissement, à la mine, d'une carrière de calcaire immédiatement au NNW de Collombey ( carrière Bianchi) . Des quatre tombes qui ont été fouillées systématiquement, trois sont alignées contre un ressaut rocheux en escalier ; leur orientation est NNE-SSW. Alors que la majorité des daJles qui composent les caissons funéraires de la Barmaz I sont en schiste, le calcaire étant réservé plutôt aux couvercles, à la Barmaz II, c'est cette seconde roche qui a été surtout employée.

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Fig. 2. - Collomhey-Banuaz l. - Céramique et objets en os. 1. Bord de vase à mamelon ; 2. anse funiculaire ; 3. anse large ; 4. fusaïole ; 5. pointe ; 6. lissoir. (M. Sion) . Ech. : 2 : 3.

Tous les corps, plus ou moins repliés, sont couchés sur le côté gauche ; les bras sont placés, soit avec les mains sous la face, soit croisés sur le ventre.

On est frappé --- malheureusement -· par l'absence totale de mobilier fu.

ni-raire : je n'ai trouvé dam 37 tomhes que quelques minuscules tessons, dont le dépôt n'est probablement pas intentionnel ; devant la face d'une jeune femme (Barmaz II, tombe 3), un morceau d'ocre rouge, et au cours de la dernière campagne, un grain de collier dans une tombe d'enfant. Ainsi la Bar­

maz serait -- pour le moment - la plus pauvre des nécropoles néolithiques de la Sui>1se occidenta]e et des régions voisines.

Mais la couche de terre rouge qui contenait les tombes a heureusement Jivré - à la Barmaz I - quelques restes archéologiques peu nombreux. l..es rares débris céramiques sont en matière assez fine. Deux tessons sortent de l'ordinaire : le premier, plutôt épais, en céramique rougeâtre, porte une anse large, tandis que le second consiste en un fragment d'anse funiculaire aux trous verticaux groupés par trois (fig. 2) . Ajoutons une courte pointe en os et plusieurs belles lames de silex, dont la plus grande a une longueur de 17,5 cm. (fig. 18) .

Ce petit ensemble, qui est encore à l'étude, rend difficile la détermination chronologique et « culturelle ». A première vue, il semble bien s'agir d'un Néolithique analogue au Néolithique lacustre ancien de Vouga (civilisation de Cortaillod, de Vogt) . Mais j'espère qu'au moment où paraîtront ces lignes, une nouvelle campagne de fouilles m'aura permis de trouver de nouveaux vestiges plus significatifs.

Il n'est pas sans intérêt de souligner encore la proportion considérable d'enfants inhumés à la Barmaz. Sur 38 squelettes, 15 représentent des en·

fants et des adolescents. On sait que la mortalité infantile et juvénile était très forte dans les temps préhistoriques ; mais les chiffres qu'a publiés Vallois � n'atteignent pas ce pourcentage, sauf pour les Néanderthaliens ! Je réserve la discussion de cet intéressant problème à la publication de l'étude anthropologique des Néolithiques de la Barmaz.

Les tombes de la Barmaz ne sont pas isolées dans cette partie lémanique de la vallée du Rhône. Je veux faire allusion aux nécropoles aux cistes à squelette replié, dont le professeur Tschumi a énuméré et la liste et les par­

ticularités. Je me demande s'il ne faudrait pas ajouter à son inventaire les tombes découvertes autrefois sur la colline de St-Triphon (Ollon, Vaud) . En effet, Schenk mentionne 10 l'existence de telles tombes au lieu dit le Lessus, à l'extrémité septentrionale de la colline, actuellement démolie par l'exploi­

tation d'tme carrière. En l'absence de tout mobilier, il les situe à l'âge du Bronze, en se fondant sur les nombreuses trouvailles de cette époque au même e H.-V. Vallois, La durée de la vie chez l'homme fossile, dans L'Anthropol., XLVII, 1937, pp. 499-532.

10 A. Schenk, Notes sur quelques sépultures . . . , 1907, p. 216 ; Etude sur L'anthropo·

logie de la Suisse, 1909, p. 126. - D. Viollie1·, Carre archéol. du canton de Vaud, 1927, p. 259.

30

:

endroit. L'argument ne me paraît pas péremptoire et je propose d'inscrire St-Triphon-le Lessus dans la liste des nécropoles présumées néolithi

qu

es.

On aurait alors comme le pendant de Collombey-La Barmaz. St-Triphon réaliserait du même coup le lien entre les cimetières valaisans et ceux du lit­

toral vaudois du Léman (Montreux-Châtelard, Lutry-Châtelard et Monta

gn

y, Pully-Chamblandes et Lausanne-Pierra-Portay)

11,

tandis que Collombey, sur le flanc gauche de la vallée, marquerait la direction des tombes - malheu­

reusement trop mal connues - de Thonon, de Cusy-Sur-les-Plans, de Douvaine (Bronze ? ) et d'Hermance-Aux-Plans, sur la rive gauche du lac

12•

Le rite funéraire des nécropoles néolithiques valaisannes a des attaches en Italie. Ce que j'ai dit - après d'autres - de l'important passage du Grand St-Bernard, trouve sa justification dans les révélations que nous offre le Val d'Aoste. J'ai déjà cité les noms d'Arvier, de Sarre, de Villeneuve, de Montjovet, qui sont connus des préhistoriens ; on sait qu'ils dési

gn

ent des sites funéraires néolithiques du type que nous venons de voir en Suisse occidentale. Les 25 tombes de Villeneuve (Villanova Baltea) , les 5 de Mont·

jovet (Mongiove) , les 3 de Sane et les 3 autres d' Arvier-St-Nicolas donnent la réplique à nos tombes valaisannes. Il est vrai qu'Arvier est plutôt sur la route du Petit St-Bernard, mais l'indice est d'autant plus précieux d'un réseau de passages alpins, re1iant l'Italie, la Suisse et la France. Les descriptions du mobilier provenant des tombes valdôtaines sont insuffisantes pour une analyse chronologique. En attendant une étude comparative plus poussée, il m'a paru utile d'insister à nouveau sur cette parenté transalpine, d'autant plus que la li

gn

e ainsi tracée, après s'être perdue à travers la plaine pié­

montaise (on ne connaît pas de tombe à squelette replié dans la haute plaine