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De même on constate que se côtoient, dans les cimetières, les formes an

ciennes, les rites et les objets nouveaux. Il y a des cimetières typi

qu

ement burgondes, caractérisés par leurs garnitures de ceintures si typiques (Conthey­

Premploz, pl. XVI ; Vouvry) •. Les débris trouvés dans les tomhes de Fesche! (fig. 22) , relèvent, eux aussi, de cette même civilisation, où les thèmes nordiques et orientaux mêlent si étroitement. Mais à côté il y a encore les tombes indigènes ; certes, il est cüfficile, sinon impossible, de dater ces tombes : le mobilier est gallo-romain, les monnaies éventuelles sont encore romaines. Souvent du reste ces sépultures, formées de grandes dalles, sont vides de tout dépôt archéologique : c'est le cas de celles de Géronde (Sierre) , près des ruines de la chapelle St-Félix, au somn1et de la colline.

s cr. Sauter, Le problème des Bursondes, 1941, avant-propos et p. 120,

' Besson. Antiquilé., dr, Valais, 1910, pp. 84-86 et pl. XXXVI-XLUL - Bouffard.

Nécropoles burgondes, 1945, pauim.

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On doit à Besson la description de ce qu'on connaissait en 1910 des

«antiquités du Valais » datant de l'époque qui nous intéresse ici. A part les fouilles de Blondel et Bouffard à St-Maurice et quelques petites découvertes, son répertoire reste encore valable dans sa relative pauvreté : quelques outils (couteau) et quelques objets d'ornement trouvés dans des tombes - boucles de ceinture de bronze (fig. 15) ou de fer, bagues, bracelet:8 de bronze ou d'argent, colliers de perles en céramique - sceau monté sur bague en or de Géronde (Sierre) gravé au nom d'un

Graifarius,

croix en fibule de Brigue, qui est peut-être déjà carolingienne.

1

Fig. 15. - Plaques de ceintures burgondes. - 1. Valais ; 2. Sion. (M. NationaI). Ech. : 2 : 3.

J'ai cité les noms de Vouvry et de Conthey ; il faut

y

revenir. A Vouvry, les fouilles de 1898 ont ouvert 23 tombes ; il en est sorti des armes, des gar­

nitures de ceinture et une bague en or.

A Premploz (Conthey) , Viollier a exhumé en 1908 une trentaine de tombes en dalles, en gros cailloux ou creusées dans le roc (fig. 16,

1),

Quelques unes sont doubles, fait rare pour l'époque. L'orientation des sépultures est très variable et ne présente pas la fixité de celles des

Reihengriiber

de l'Allemagne et du Plateau suisse. Une des tombes mérite une mention par•

ticulière (no 24) : creusée dans le roc, elle était recouverte par quelques dalles horizontales ; puis., au-dessus de quelque O. 70 m. de terre accwnulée, elle avait été surmontée d'un grossier dallage en pierres irrégulières, à la tête duquel on avait dressé un gros bloc triangtùaire, sorte de stèle (fig. 16, 1) , C'est à peu près l'unique exemple de ce type sur le territoire burgonde 1�.

Le cimetière de Premploz était relativement pauvre. Parmi les rare11 ohjet:B qui en proviennent, on doit signaler une énorme boucle de ceinture 10 On en a des exemples - rares nusai - chez les Alamans, p. ex. à Kaiser-Auget.

D. Viollier, Le cimetiêre barbare de Kaiser-Àugst (Argovie), dans JAS, 1909, p. 138 ; 1911, p. 230 (il s'agit dans ce dernier cas d'une vraie stèlo chrétlenm,, portant gravée une croix).

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eu fer avec sa plaque et sa contre-plaque (fig. 16, 3) : le tout mesure quelque 0.40 m. de longueur, ce qui, étant donné l'épaisseur du métal, indique une parure très lourde. La boucle trouvée au même endroit en 1942 (pl. XVI) est aussi de fortes dimensions. Qu'on n'aille pas cependant inférer de ces volumineuses pièces d'ornement funéraire à des hommes de grande taille ; il s'agit parfois, pour les porteurs de tels objets dans d'autres cimetières, de femmes de taille moyenne !

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Fig. 16. - Conthey,Premploz. - Cimetière burgonde. - 1. Plan ; 2. coupe de ia tomhe No 24.

Ech. : 1 : 50 ; 3. boucle de ceinture (M. National). Ech. : 1 : 8. (Arrangé d'après Viollier, JAS, 1908).

Plusieurs garnitures de ceintures conservées dans les musées de la Suisse proviennent du Haut-Valais ; il est très regrettable qu'on ignore si souvent leur origine géographique, car on voudrait bien savoir jusqu'où ont remonté les Burgondes, ou tout au moins quelle fut leur influence sur la civilisation matérielle des Valaisans. La croix de Brigue est trop tardive pour être utile ici. Besson a attribué un fer de lance à longue douille, trouvé sur le col de St-Théodule, aux VI-VIIe siècles. Je pencherais peut-être pour une date plus tardive, carolingienne ; en tout cas, le document est à laisser de côté. Restent, en amont de Sierre, les tombes de Loèche-les-Bains et de Fesche} (mon­

trant que les Burgondes ont, à leur tour, colonisé les alpages) et les armes trouvées à Viège. Les indices du Lotschental (Ferden) sont trop vagues pour qu'on puisse en faire étaL

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:

L'absence - ou la rareté - d'objets burgondes typiques dans la plus haute vallée du Rhône, doit-elle faire conclure que cette région n'a pas été habitée au haut moyen âge, ou très peu ? Une telle déduction serait pour le moins prématurée. On pourrait penser que dans cette contrée reculée, le conservatisme gallo-romain aurait été plus efficace que plus en aval, près des centres religieux de Sion, de Martigny et de St-Maurice.

En tout cas, s'il n'y a quasi aucun vestige burgonde dans le plus haut Valais, on ne constate d'autre part pas le moindre indice d'occupation par ]es Alamans. Ce n'est là qu'une constatation négative ; l'archéologie ne peut donc pas apporter, pour le moment, de réponse à la question de la pénétration alunane dans le Haut-Valais. Les linguistes ont proposé des solutions à ce problème : dans une petite carte, von Wartburg 11 a figuré cette pénétration vers l'aval, qui se serait faite entre le milieu du Ve siècle et le IXe siècle ; les toponymes burgonde ne seraient presque pas représentés dans cette région n.

On voit tout l'intérêt qu'il y aurait à posséder des documente sûrs pour le Haut-Valais.

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Il y a lieu de réitérer cette doléance : il y a eu et il y a encore -trop de massacres archéologiques ; et ce vœu : qu'on signale les trouvailles nouvelles à

temps.

qu'on laisse au spécialiste le soin de les observer. Alors, mais alors seulement, on pourra prétendre apporter à la science historique des faits archéologiques précis et des hypothèses bien étayées. Pour l'instant, on doit se contenter de poser quelques jalons, d'émettre des à-peu-près, avec l'espoir qu'ils encourageront les chercheurs futurs.

C'est sur cette note un peu désabusée, maie pleine d'espoir quand même, que je clos le dernier chapitre de cette course rapide à travers la préhistoire et ]a première histoire de ]a terre valaisanne. En effet, si l'archéologie est la seule méthode qui permette de reconstituer la vie et les grands événements culturels du Néolithique et de l'âge du Bronze, si elle reste la principale source d'information pour l'âge du Fer, si elle complète heureusement les données de l'histoire romaine, elle passe au second plan lorsqu'on pénètre dans le haut moyen âge. Les textes se multiplient - annales et chroniques, vies des saints - grâce auxquels, en dépit de la pauvreté des vestiges concrets, on peut imaginer comment vivaient les contemporains de Sigismond, de Gontran et d'Althée.

Cette constatation ne doit pas servir de prétexte à un abandon de la recherche archéologique sur le terrain à partir de cette époque ; . bien an contraire elle doit, par l'espoir qu'elle fournit de vérifications historiques des documents exhumés, être un encouragement au travail.

u W. von Wartburg, Die Emstehung der romanischen Volker, Halle, 1939 (carte 9, p. 93).

u

Ibidem,

carte 14, p. 120.

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INVENTAIRE

Rappelons que les trouvailles sont classées par ordre alphabétique des