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CHAPITRE 1 : LE MONOLOGUE INTÉRIEUR ET L’ÉNONCIATION ÉCRITE

1.5. Matins de couvre-feu

1.5.1. Le silence avant les mots

Nous avons déjà présenté le contexte d’énonciation de la narratrice du roman: sa condamnation pour contestation du pouvoir en place fait d’elle une prisonnière de sa résidence pour une période de neuf mois. Cette situation l’oblige à vivre dans la solitude,

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dans de longues périodes de silence à peine entrecoupées de quelques visites de ses proches. Il s’agit là d’une condition aliénante pour tout être humain, pour qui le contact social est un stimulant essentiel. Il semblerait toutefois que la narratrice n’en souffre pas particulièrement, la réserve et le silence ponctuant déjà ses relations avec autrui. « Oui c’est comme la parole, il faut y prendre garde! » (MCF, 117), rapporte-t-elle au cours de ses écrits sur la vie de sa mère; et il semblerait que la narratrice choisisse ses paroles avec grand soin, quitte à en faire l’économie pour laisser planer le silence au besoin.

Voyons, dans un premier temps, de quelle manière les deux femmes qui l’influencent le plus (sa mère et Ida) montrent elles-mêmes une propension au silence, ou encouragent parfois la narratrice dans cette voie. La mère, tout d’abord, est une figure féminine centrale dans l’imaginaire de la narratrice, si bien que cette dernière consacre la majeure partie de sa réclusion à remonter le fil de son histoire familiale afin de pérenniser la vie de sa mère par des mots :

Je vois bien que je n’aurai pas une minute de libre pendant neuf mois. Peut-être devrais-je tromper le temps et ménager quelques failles à combler avec ma propre histoire et celle de mes proches. Je ne sais de quel monstre ma mémoire va accoucher, quels personnages je me réserve le droit de rencontrer à l’heure du couvre-feu. (MCF, 21)

Il va sans dire que l’admiration et l’influence de sa mère est considérable pour la narratrice de Matins de couvre-feu. Or, il apparaît que le destin de femme qu’elle s’apprête à mettre au jour est construit de courage, d’abnégation et de silence : « Mère n’avais rien à dire. Elle était venue au monde un vendredi puis née une deuxième fois pour garder le silence; car, face au plus grand malheur, il n’y a rien à dire jusqu’à ce que la solution soit inventée » (MCF, 92, nous soulignons). Cette deuxième naissance, c’est celle de son entrée dans sa vie de femme, marquée par un mariage arrangé contre son gré. Dès qu’on lui annonce ce projet

conduit par son frère aîné, celle que la narratrice appelle « la bonne femme », ou simplement « Mère », manifeste une certaine résignation : « Garde tes mots pour toi, je n’ai pas envie de parler » (MCF, 92), répond-elle à sa belle-sœur venue lui annoncer son sort.

Mère souhaite pourtant être actrice du changement qui se prépare pour elle. Elle se rend devant le groupe d’hommes tenant conseil, dont son frère aîné fait partie.

Pour une fois que Dieu faiseur de toute chose lui avait promis un homme à portée de ses yeux et de ses mots, elle se donnait le droit d’aller chez lui et de lui parler, de lui dire ce qu’elle pensait. Pendant qu’elle avançait d’un pas décidé vers le groupe d’hommes comme si rien ne pouvait l’arrêter, il prit les devants et vociféra :

–Qu’est-ce qui t’amène ici sous ce chaud soleil?

–Le soleil n’arrête pas une fille du clan des Lézards quand elle a envie de dire la vérité à son grand frère!

L’assemblée des hommes se mit à rire […]. (MCF, 93)

Les écrits à teneur biographiques de la narratrice montrent ainsi, dans le contexte rural et traditionnel de la jeunesse de sa mère, un personnage de femme dont le contrôle sur sa destinée réside entre les mains d’un pouvoir décisionnel clanique et masculin. Lorsque la femme tente d’exprimer son désaccord, lorsqu’elle élève la voix pour protester, son initiative ne rencontre que surprise et moqueries. Quand on autorise Mère à rencontrer celui qui deviendra son mari, son courage semble fondre, en même temps que les paroles de contestation qu’elle avait préparées :

–Soyons sérieux, [dit le frère au fiancé,] je t’ai fait appeler pour qu’elle te dise ce

qu’elle a à te dire, ne lui ôte pas la parole.

Un moment passa. Elle ne savait plus ce qu’elle avait envie de dire, pas parce qu’elle était angoissée, mais bien parce qu’il était le seul, parmi tous les hommes qu’elle rencontrait quotidiennement, capable de la faire rire. Alors elle éclata de rire et se leva d’un seul bond. Elle sortit de la cabane sans un mot de trop. Elle ne retrouva son calme qu’en passant près du café qui séchait au soleil. Et là, contre toute attente, elle s’affala sous un arbre aux fruits sauvages […] et pleura toutes les larmes de son corps. (MCF, 95, nous soulignons)

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Suite à ce coup d’éclat, on lui donne effectivement voix au chapitre. Ce personnage renonce toutefois à cette occasion, en se taisant face à son futur mari. Ce n’est pas de la peur, ni de l’angoisse que ressent la femme; c’est manifestement la résignation (« Elle se sentait d’avance perdue […] » (MCF, 95)) qui motive son silence. La perspective de se marier avec un homme qui peut la faire rire, un homme avec qui elle partage donc des affinités, est suffisamment rassérénante pour qu’elle retrouve sa docilité, qu’elle s’exprime par le rire ou le silence. Et ce rire, nous le voyons, se change en larmes sitôt que se termine cette occasion d’énonciation manquée.

La mère de la narratrice est ainsi décrite comme privilégiant le silence auquel son éducation l’a prédisposée, même conditionnée. L’étape de l’excision, source de grandes souffrances, se cristallise en un traumatisme indescriptible: « Oui, il faut pouvoir trouver les mots pour parler de ce qui ne peut se raconter » (MCF, 85). Devant sa fille, qui échappe à ce sort, elle préserve sous le sceau du secret cette expérience devenue taboue :

–Qui parle de l’ambiance de cette initiation qui n’a pas de nom? disait-elle. La voici au bord de l’eau à traverser et elle invoque tous les esprits qui veillent sur la parole afin que les mots à dire ne soient qu’une infime partie de ce qui ne

peut se dire. Ainsi, le secret sera sauvegardé, disait-elle, car celle à qui elle

transmettait ces mots (moi, sa fille) était innocente en toutes choses, pensait-elle.

Sa bouche ne sait rien dire et elle n’a rien appris, comme il faut, des choses

anciennes! [… Par l’excision, elle] entrait dans un monde dont elle allait connaître les dures lois. Et la toute première parmi les lois de la vie de femme c’est le

silence. Et écouter. Il faut qu’elle teste ses oreilles et la solidité de sa langue qui ne doit plus dire n’importe quoi ni en public ni en privé. Première loi : silence absolu

quelles que soient les circonstances, nous voilà prévenues. (MCF, 85-86, nous soulignons)

Cette première loi de la vie d’une femme, nous le voyons à ces extraits, s’immisce même dans les aspects les plus privés de la vie du personnage féminin, dans ses rapports les plus primaires et personnels avec le mari. En effet, le nom du père de la narratrice de Matins de couvre-feu demeure occulté, frappé du non-dit qu’exige la décence entre les époux.

Comment s’appelait-il au fait? Il lui avait donné sa lignée et le nom de ses parents, mais elle ignorait comment il s’appelait. Cela ne servirait à rien de le savoir, se disait-elle. Les femmes appellent rarement leur homme (qui n’est jamais pour elles seules, la vie quotidienne en témoigne) par le vrai nom. Il y a toujours moyen de trouver un mot au moment où on s’adresse à lui, en cas de nécessité. (MCF, 96)

Cette situation confine la femme à une énonciation tronquée, incomplète. Sous l’effet de mœurs contingentes, Mère passe sa vie à attendre un homme parti à la guerre, dont la dénomination est tout bonnement exclue de son vocabulaire. Même lorsque son mari se voit attribué, en s’enrôlant comme tirailleur sénégalais, le surnom de Cuistot, « [elle] n’a jamais pu l’appeler par ce surnom ni par aucun de ses vrais noms d’ailleurs car le poids de l’éducation pèse toujours si lourd sur la langue d’une femme! » (MCF, 126). Le silence de la mère traduit aussi le courage de l’attente du mari durant ses longues années passées à l’étranger. Plus qu’une marque passivité, il s’inscrit dans l’ensemble de son caractère « incassable, inébranlable, paisible » (MCF, 152), qui vient à caractériser cette femme remarquable. Parmi les autres femmes que son mari rencontre et épouse, Mère fait toujours figure de sagesse et d’authenticité, comme « cette première femme qui n’avait pas de mots à gaspiller » (MCF, 157).

Si, comme l’affirme Calixthe Beyala, « la mère transmet une parole originelle145 » à son enfant, nous voyons que la mère transmet à la narratrice ce qui s’apparente à un « silence originel », basé sur l’éducation. Il paraît donc inévitable, dans la foulée de son histoire personnelle, que la fille éprouve des difficultés au niveau de sa propre énonciation au fil de ses contacts avec autrui. À cet effet, nous reprenons les mots de Florence Martin qui affirme :

145 « Une autre écrivaine francophone, Calixthe Beyala, à propos de sa première langue, insiste sur le fait que la

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[c]e que le silence maternel indique de façon plus angoissante, cruciale, c’est la désorientation existentielle causée par l’absence de la voix de la mère. Et c’est bien de voix qu’il s’agit sous le débat apparent des langues : sans modèle, il incombe désormais à la narratrice d’inventer de toutes pièces, les moyens de faire entendre sa voix déplacée dans l’espace et la culture, ou plus exactement non placée, hésitante146.

L’influence d’Ida, qui constitue le second modèle féminin de la narratrice, (« Ida m’a déjà montré le chemin. Garder le silence et tracer des mots » (MCF, 20)), s’ajoute à cette éducation du silence, ou à tout le moins d’une économie des mots, qu’a connue la narratrice et qui marque son (sa) (non-)énonciation.

1.5.2. « Ma sœur digne de foi » : l’échange épistolaire entre la narratrice et Ida

Le manque d’élaboration de l’énonciation orale de la narratrice peut être attribué par ailleurs à la répression de la parole ayant cours à Zamba. Les autorités en font usage lorsqu’elles interdisent à la narratrice de franchir les limites de sa propre maison, dans une solitude ne lui laissant que l’avenue de l’écriture. À plusieurs reprises, la narratrice et Ida mentionnent la situation fortement restrictive dans laquelle se trouve le peuple de Zamba vis-à-vis de sa parole. Entre les mains des Anges, elle est devenue une arme de contrôle et de domination, et les habitants de la ville se voient obligés d’ânonner des propos vides de sens :

Je me demande pourquoi nous en sommes arrivés là aujourd’hui à parler si haut et si fort cette langue unique qui ne s’exprime que par deux voyelles qui se ressemblent infiniment : A et O. A pour le rouge et O pour le noir. Les deux

146Idem. Martin expose ici, en prenant comme exemple la narratrice du roman Le Baobab fou de Ken Bugul, le

lien entre la figure de la mère et les pratiques linguistiques. « La langue de la narratrice est, d’une certaine façon, perpétuellement étrangère puisqu’elle se façonne comme outil de communication au son d’une langue inconnue par la mère » (p. 73), dit-elle à propos d’une narratrice qui ressent la tension entre le français et le wolof, comparable à celle de Matins de couvre-feu, en tension, à l’image de sa mère, entre le silence et la parole.

voyelles tissées ensemble donnent le refrain d’une chanson bien connue. OOOAA; AAAOO. (MCF, 39)

Les sons saugrenus décrits par Ida expriment avec éloquence la situation trouble du peuple de Zamba : il vit dans « un pays où l’on parle trop […] » (MCF, 37), mais où la parole ne veut plus rien dire, rien signifier. Restreinte dans ses moindres mots, elle n’est plus le moyen de communication efficace pour la population qui se tourne vers diverses options : un discours qui n’est pas le sien, le silence, ou, comme le font les deux personnages féminins, l’écriture. Les échanges épistolaires entre la narratrice et Ida forment ainsi, dans le roman, un canal de communication propice à la réflexion et aux confidences au sujet de l’échec de leurs relations amoureuses. En analysant les déictiques contenus dans leurs énoncés, nous nous attacherons dans ce qui suit à mettre au jour les principaux enjeux contenus dans leurs écrits. Dans ce cadre précis, la prise de la plume se justifie par une envie de fixer sur la page les pensées, sentiments et impressions. Nous n’en saisirons que mieux la nature du lien entre les deux femmes, tour à tour comme émettrices et réceptrices des lettres qu’elles s’échangent.

Dès le début du roman et de sa séquestration, la narratrice reçoit quelques pages envoyées par Ida, une semaine après que celle-ci ait quitté la ville. Toutefois, le texte souligne que le contexte dans lequel lui parviennent ces écrits est défavorable. Non pas pour la lecture, puisque sa réclusion lui offre le temps nécessaire pour s’y consacrer, mais le « climat de terreur qui règne ici ces jours-ci » (MCF, 30) dans la ville de Zamba constitue une menace éventuelle pour la conservation des documents : « La meilleure manière de les conserver, c’est de les relire de temps en temps, comme pour les enregistrer dans ma mémoire, vieille méthode infaillible que nos ancêtres connaissaient bien » (MCF, 30). En

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effet, leur pouvoir dictatorial assure aux Anges le plein contrôle sur les instances publiques, incluant vraisemblablement les services postaux, mais aussi sur les possessions des habitants. Le caractère intime de l’épanchement privé d’Ida, lui permettant une grande liberté d’expression, est renforcé par son destinataire unique : la narratrice, qui les lit, les commente et les conserve loin du regard sentencieux d’un régime oppressif.

Dans ce sinistre contexte, la narratrice ne peut que redouter une éventuelle mise au jour de la relation épistolaire entretenue avec Ida, l’épouse de son frère Énée. Partie en exil, sa mise à distance de Zambaville permet à Ida de retrouver sa liberté de parole et de mouvement. Quantité de termes, au fil de ses lettres, s’ancrent dans une variété géographique qui indique qu’elle détient, au contraire de son amie, la pleine latitude de ses déplacements : elle mentionne tour à tour la ville de Plaka, l’Acropole et son musée, la rue Théodore, le Temple de Zeus, la ville d’Athènes, endroits multiples qui s’opposent à l’environnement restreint où est emprisonnée la narratrice. Les « sept mille kilomètres à vol d’oiseau » (MCF, 42) qui séparent la Grèce de la ville de Zamba marquent également l’écart entre les scènes d’énonciation des deux personnages féminins. Toutefois, l’opposition liberté/enfermement est ici suggérée sous des dehors trompeurs: en s’exilant, Ida a certes réussi à échapper physiquement à l’emprise des Anges, mais pas à celle des tourments psychologiques infligés par son mari : « Elle a décidé de quitter Zamba non pas à cause des Anges et de tous leurs méfaits dans la ville […] mais parce que son homme, mon propre frère, qui n’en fait qu’à sa tête, lui mène la vie dure depuis trente ans » (MCF, 30-31).

Paradoxalement, la narratrice, enfermée à domicile, dispose librement de son temps et de son esprit. Elle échappe à ses limites physiques, imposées par le couvre-feu, et aux souvenirs paralysants de sa propre vie amoureuse, en se plongeant dans la rêverie de l’ailleurs :

Quand je lis ses mots, j’oublie les péripéties de ma vie avec Timothée. Je ne veux point penser à cette vie insensée, alors je voyage ou je rêve en compagnie de gens que je n’ai jamais rencontrés, dans des lieux qui auraient pu m’accueillir moi aussi et me permettre de glaner quelques instants de bonheur… (MCF, 293)

C’était un autre monde mais je pouvais m’y retrouver car Ida avait l’art d’inviter au voyage. Elle faisait partager toutes les couleurs, l’air qu’elle respirait, les paroles des gens qu’elle rencontrait. Elle prenait chacun par la main et l’emmenait au bout du monde. Ce n’était pas la meilleure manière d’oublier que nous vivions en période de couvre-feu. Mais ces mots donnaient toujours l’espoir d’un air vivable qui soufflerait dès que possible. Comme pour dire, le couvre-feu peut prendre fin, ailleurs il y a encore un peu d’air. Lis ceci, demain sera un autre jour… (MCF, 50)

L’énonciation écrite du personnage d’Ida joue donc un double rôle, celui d’un rapprochement, destiné à maintenir le lien entre la narratrice et elle, et celui d’une évasion qui les éloigne toutes deux d’un quotidien difficile. C’est ce qui amène, par ailleurs, la narratrice à confier : « Je ne sais quand Ida reviendra parmi nous » (MCF, 30).

Malgré la distance, la relation de proximité entre les deux femmes est évidente, à travers de nombreux énoncés de la narratrice à propos d’Ida : « Je la connais depuis toujours, comme si nous étions nées toutes les deux dans la même famille, le même jour. Oui c’est vrai, nous sommes de lointaines cousines et tout se passe comme si je n’avais aucun effort à faire pour me rappeler ses mots si forts qu’elle continue de me confier à chaque saison » (MCF, 31). La connivence entre les deux femmes, que valorise le pronom « nous » ou l’emploi du « tu » (qui souligne la valeur du destinataire unique dans leurs lettres), est créée par l’âme au-delà des liens familiaux. Elle engendre une dénomination particulière.

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Le choix de la narratrice de présenter Ida, en plus de leur lien d’amitié, comme sa belle- sœur, implique, « au sein du paradigme des termes de parenté, […] que [la locutrice] envisage, en plus [d’Ida elle-même, la personne de son frère Énée,] prise comme élément de référence147 ». Ce rapprochement souligné entre elles est toutefois positionné à leur avantage : Ida n’est pas seulement identifiée comme la femme d’Énée, mais comme une sœur par alliance, une amie intime de la narratrice. Cette position est renforcée par l’utilisation des mots « cousines », « famille », et même par le déictique de temporalité « toujours », qui renvoie au caractère immuable des liens de parenté.

En d’autres termes, le personnage d’Ida « n’est pas attaché de manière “absolue”148 » à celui d’Énée : considérant que leur mariage bat de l’aile, la narratrice se réfère à Ida davantage dans sa dimension de « sœur » symbolique et d’amie. Ida elle-même concourt à cette position, adressant l’une de ses lettres à « Ma sœur digne de foi » (MCF, 294). L’ensemble de ces énoncés implique que la narratrice et Ida forment un duo au sein duquel règne une confiance absolue, permettant toutes les formes d’expression : « Depuis longtemps, [indique la narratrice,] je fais partie des personnes de confiance qui l’entourent. Je suis la gardienne en titre de ses secrets et elle m’envoie copie de tous ses écrits » (MCF, 30). Bien que le roman, construit au « je », se centre principalement sur l’intériorité de la narratrice, Ida s’y insère par le biais des lettres et des pages de récits qu’elle envoie à son amie. Le personnage d’Ida n’est donc pas entièrement représenté à travers le prisme de la