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d. La notion de consommation de l’entourage

B. DISCUSSION DE NOS RESULTATS 1. Limites et contraintes

4. Les signes cliniques

4. Les signes cliniques

D’une manière générale quel que soit l’âge de nos patients les signes retrouvés sont :

- la mydriase retrouvée de façon constante chez tous les patients. - La tachycardie dans 29 cas,

- l’hyperhémie conjonctivale dans 26 cas, - L’agitation dans 13 cas,

- La somnolence dans 9 cas, - L’hypotonie dans 7 cas, - Les hallucinations dans 6 cas, - L’irritabilité dans 5 cas,

- La dépression respiratoire dans un seul cas.

Dans une étude similaire menée par le centre antipoison de Marseille les signes cliniques répertoriés étaient plus nombreux que ceux de notre étude. Les vomissements, la pâleur, l’ébriété, la confusion, l’ataxie, les convulsions, les tremblements, l’hypothermie, l’hypotension et le coma sont d’autres signes retrouvés [28].

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Figure 11: symptômes en nombre de citations retrouvés [28]

Ce plus grand polymorphisme de signes cliniques peut s’expliquer par le nombre plus important de cas et la période d’étude plus grande.

Il en ressort que les signes cliniques les plus fréquents sont la tachycardie, les signes oculaires (mydriase et hyperhémie conjonctivale) retrouvés dans plus de 50% des cas. Les signes neurologiques sont aussi au premier plan (agitation, hallucinations, hypotonie).

Le cannabis dans notre série agit donc principalement sur les fonctions cardio-vasculaires et neurologiques. Il en est de même dans l’étude menée par le centre antipoison du Maroc où les signes cardio-vasculaires étaient retrouvés dans 49% des cas et les signes neurologiques dans 23% des cas [34].

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Dans le service de Marseille ce sont les aspects psycho cognitifs qui sont au premier plan (somnolence, hypotonie) [28].

La dépression respiratoire est retrouvée chez un seul patient. Il s’agit d’un nourrisson de 9 mois qui a nécessité un transfert en réanimation pour une ventilation assistée et surveillance. Malheureusement l’évolution a été marquée par le décès.

Le nourrisson (0-2 ans) et l’enfant de (2 - 10 ans)

De façon générale le tableau clinique est variable chez l’enfant et le nourrisson.

L’hypotonie et l’irritabilité sont l’apanage uniquement des nourrissons. Le tableau clinique pour un enfant est plutôt fait de somnolence ou agitation avec une tachycardie, une hyperhémie conjonctivale et une mydriase en général.

Dans notre série aucun patient n’a présenté un coma .Cependant quelques rares de coma dû à une ingestion de cannabis chez un nourrisson ont été décrits [31,32].

Les signes cliniques observés sont ceux de la littérature [39]. Dans celle-ci, les rares cas de coma et dépression respiratoire, qui font toute la gravité de cette intoxication, apparaissent plutôt pour des ingestions importantes de produits. La quantité de cannabis ingérée n’a pas pu être précisée dans notre série. Néanmoins nous nous devons de nous préoccuper de la teneur en THC de plus en plus forte.

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Notre tableau clinique est semblable à celui retrouvé dans d’autres cas d’intoxication au cannabis de nourrissons [29, 30, 33.]

Une étude similaire menée au centre anti poison de Marseille relève les mêmes signes cliniques que ceux que nous avons trouvés. Cependant d’autres signes tels que des crises convulsives, une hypothermie sont rapportés [28].

En ce qui concerne les convulsions le doute reste car pour certains auteurs le cannabis a une propriété anticonvulsive. Pour d’autres, il peut entrainer des convulsions chez des patients prédisposés [40].

La difficulté à trancher sur ce point vient du fait qu’outre le THC, le cannabis contient une soixantaine de substances n’ayant pas tous les mêmes effets. De plus, une éventuelle toxicité des produits de coupage ne peut être exclue [28].

Chez le pré-adolescent et l’adolescent (10-18 ans)

Les signes au premier plan sont les hallucinations. Elles entrent dans le cadre de l’ivresse cannabique recherchée lors de la prise volontaire de cannabis.

Les signes physiques qui accompagnent les hallucinations dans notre série sont l’agitation ou la somnolence, la tachycardie, l’hyperhémie conjonctivale et la mydriase.

Les signes psychiques décrits dans le cadre de l’ivresse cannabique dans la littérature sont l’anxiété, l’agitation, la paranoïa, l’euphorie, la relaxation, la gaieté, la dépersonnalisation, le ralentissement subjectif du temps,

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l’étourdissement, la sensation de flottement, les troubles de la mémoire et de la capacité à résoudre des problèmes, les illusions et hallucinations auditives et visuelles, l’excitation psychotique ou dépression, la dysphorie aiguë, la panique [4].

Les autres signes physiques probables que nous n’avons pas constatés dans notre étude sont une augmentation de l’appétit, une sécheresse buccale et une hypotension orthostatique [41].

Devant la multitude de signes cliniques pouvant orienter vers le diagnostic d’une intoxication au cannabis, des critères diagnostiques sont établis dans le DSM III-R et le DSM IV.

Tableau 1: Critères diagnostiques de l'intoxication au cannabis (selon le DSM-IIIR et le DSM-IV) [3]

A. Prise récente de cannabis

B. Modifications comportementales inadaptées, par exemple: euphorie, anxiété, méfiance ou idéation persécutoire, sensation de ralentissement du temps, altération du jugement, retrait social.

C. Au moins deux des symptômes physiques suivants apparus dans les deux heures qui suivent la prise de cannabis:

(1) conjonctives injectées (2) stimulation de l'appétit (3) sécheresse buccale (4) tachycardie

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Notre étude ne s’est intéressée qu’aux cas d’intoxication aigue au cannabis. Cependant, en ce qui concerne les adolescents, de par le fait que la consommation est volontaire, le risque encouru est une répétition de l’expérience pouvant conduire à un usage régulier. Cet aspect sera discuté dans la prise en charge.

Nous retenons donc que l’intoxication au cannabis revêt un tableau clinique polymorphe qu’il s’agisse des enfants ou des adolescents.

Chez les adolescents les signes psychiques sont en première ligne tandis que chez les nourrissons et les enfants ce sont surtout les signes physiques.

Le diagnostic d’intoxication au cannabis étant fortement probable devant la notion de prise de cannabis et les signes cliniques retrouvés, quelle sera notre conduite à tenir par rapport au patient ?

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