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d. La notion de consommation de l’entourage

B. DISCUSSION DE NOS RESULTATS 1. Limites et contraintes

6. Evolution-complications

Après 24h de mise en observation l’évolution a été favorable pour 28 de nos patients avec rémission totale des signes cliniques.

Nous déplorons deux décès soit 6,7%.

Un de ces décès est survenu à la suite de la détresse respiratoire consécutive à la consommation de cannabis. Il s’agit d’un nourrisson de 9 mois transféré au service de réanimation pour une prise en charge mais qui n’a pas survécu.

L’autre décès n’est pas imputable au cannabis mais relève d’une morbidité préexistante. Il s’agit d’un nourrisson âgé de 10 mois qui est décédé à la suite d’un état de mal convulsif anoxo-ischémique sur cardiopathie cyanogène.

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La dépression respiratoire a été constatée dans un cas de l’étude faite par le centre antipoison de Marseille. Cependant après une prise en charge adéquate en réanimation l’évolution fut favorable. Cette même étude n’a pas relevé de décès.

Une autre complication est le coma que nous n’avons pas observé dans notre série mais il est décrit dans la littérature [32].

Il ressort donc que dans la majorité des cas l’évolution est favorable [28-30, 33].

Enfin, il est absolument nécessaire d’organiser, dans les suites, un suivi médico-social de ces enfants et de leur famille afin d’éviter les récidives par des mesures préventives et éducatives [29].

7. Suivi

En ce qui concerne les enfants dont l’intoxication est toujours accidentelle nous nous devons de signaler l’incident aux autorités judiciaires vu le caractère illégal du cannabis au Maroc.

L’expérimentation du cannabis par les adolescents pose un problème d’usage régulier et de dépendance ; en France on estime que 5% des jeunes de 17 ans présentent un risque d’usage problématique ou de dépendance selon l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies [48].

La prise en charge d’une intoxication au cannabis chez un adolescent se doit donc d’être aussi bien symptomatologique que psychique. Ainsi notre

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conduite au service des urgences médicales pédiatriques est d’adresser l’adolescent à un pédopsychiatre à sa sortie. Ce suivi est nécessaire afin d’éviter les complications dues à l’usage chronique du cannabis.

L’usage prolongé du cannabis s’accompagne du développement d’une tolérance et d’une dépendance requérant l’augmentation des doses consommées pour produire les mêmes effets [49].

Les données s’accumulent pour montrer un lien entre usage de cannabis et risque accru de développer une schizophrénie, en particulier chez des populations vulnérables [50].

L’étude de Zammit et coll. [51] qui a « revisité » la cohorte des 50 000 conscrits de l’armée suédoise, étudiée initialement par Andreasson et coll. [52] avec, parmi eux, des fumeurs de cannabis avant l’entrée dans l’étude, montre qu’il existe un facteur causal et un risque doublé de développer une schizophrénie dans les 15 ans qui suivent le début de la consommation chez l’adolescent. Entre 8 et 14 % des cas de schizophrénie pourraient être attribués à une prise précoce de cannabis [53].

L’usage de cannabis agirait plus vraisemblablement comme facteur déclenchant chez des individus vulnérables plutôt que comme facteur causal chez des patients non prédisposés [54].

La synthèse de ces études a aussi montré qu’il existait une relation dose-effet entre l’importance de l’exposition au cannabis et le risque de développer une psychose [55].

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Des études de cohorte ont montré que l'usage de cannabis augmentait le risque de survenue de symptômes et troubles dépressifs en particulier chez les adolescents. On retrouve une relation dose-effet entre l'intensité de la consommation et le risque de survenue d'un trouble anxiodépressif [56,57].

Une étude réalisée sur des enfants jumeaux par Lynskey et coll. en 2004 [58] suggère une association entre un âge précoce de début de consommation du cannabis et un risque accru de commettre une tentative de suicide. Les individus présentant une dépendance au cannabis avaient un risque 2,5–2,9 fois plus élevé d’avoir des idées suicidaires ou de commettre une tentative de suicide que leur jumeau non dépendant, qui pourtant dispose d’un patrimoine génétique identique et d’un même environnement psychosocial.

Deux effets de la prise chronique de cannabis sont controversés [15] : Le premier concerne le « syndrome amotivationnel » appelé maintenant « syndrome cannabique chronique ». Il se caractérise par une perte d'intérêt généralisée et une apathie, associées à une fatigabilité importante et à une perte d'énergie. Le sujet ne parvient plus à se concentrer sur une activité et fait abstraction de son environnement quotidien. À plus long terme, apparaît une capacité réduite à construire un projet de vie et à concrétiser des études ou un plan de carrière. Chez les adolescents il est représenté par les échecs scolaires. Le deuxième effet controversé est lié aux propriétés d’incitation du cannabis à consommer d’autres drogues psychotropes, à savoir l’hypothèse de la « porte d’entrée » du cannabis ou « Gateway hypothesis ».

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En plus de ces effets suscités le cannabis aurait un impact sur les autres appareils notamment respiratoire et cardio-vasculaire. Il serait aussi un facteur de susceptibilité pour le cancer. Dans le contexte de consommation de cannabis chez les adolescentes la question de l’exposition prénatale du nouveau-né est de rigueur.

Devant toutes ces conséquences néfastes sur la santé de l’adolescent et du jeune adulte, outre la prise en charge médicale, nous devons adopter des mesures visant à assurer la sécurité de la santé. Nous nous devons donc devant la situation actuelle de l’intoxication au cannabis nous interroger sur l’efficacité des programmes déjà mis en place.

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