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II. Seuils du texte de Médine

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II. I. Ibn Isḥāq.

Avant de procéder à l’étude de ce Pacte de Médine, il est intéressant de projeter quelques lumières sur le rapporteur principal de cet Écrit. Qui était alors Ibn Isḥāq ?

Le grand biographe Bagdadien Ibn Sad (m. 230/845), connu souvent sous le nom du secrétaire

d’al-Wāqidī, nous présente Ibn Isḥāq en relatant :

« Muḥammad Ibn Isḥāq Ibn Yasār, dont le grand père Yasār fut un esclave de guerre, au cours d’une des campagnes de Khᾱlid Ibn al-Walīd à ‘Ayn al-Tamr, puis envoyé à Médine à l’époque du

calife Abū Bakr. »353

D’après, entre autres, Ibn Abī Khaythama et al-Khaṭīb al-Baghdādī, ces esclaves ont été les

premiers esclaves d’Iraq envoyés à la capitale du califat.354

Ibn Sa‘d évoque également, mais très brièvement, les deux oncles de l’historiographe Ibn Isḥāq, qui sont Mῡsᾱ et ‘Abd al-Raḥmān fils de Yasār. Tous les trois, le père et ces deux frères étaient des rapporteurs de traditions.355Parmi ces captifs figure également Sirīn le père de Muḥammad b. Sirīn (m.110/728).356 Sirīn qui est d’origine géorgienne, rajoute Ibn al-Jawzī, et dont le métier est la fabrication des chaudrons de cuivre357s’est installé à ‘Ayn al-Tamr pour travailler avant la con- quête de cette dernière.358Notons que le Muḥammad en question, qui était mawlā du compagnon et serviteur du Prophète Anas Ibn Mālik, né vers 33/653, appartient sans doute à la même généra-tion médinoise qu’ Isḥāq le père de notre biographe.359

Yasār a été affranchi après avoir embrassé l’Islam. Il est resté toutefois un mawlā, autrement dit un client à son ancien maître Qays Ibn Maẖrama Ibn al-Muṭṭalib Ibn ‘Abd Manāf, comme le

353

Ibn Sa‘d (Muḥammad), op. cit., T. VII, pp. 427. 552. Voir également, Juynboll (G. H. A), Encyclopedia of canonical

ḥadīth, op. cit., pp. 419 sqq. 354

Ibn Abī Khaythama (Aḥmad), op. cit., T. II, p. 324. Al-Khathīb al-Baghdādī (Aḥmad), op. cit., T. II, p. 9.

355

Ibn Sa‘d (Muḥammad), op. cit., p. 427.

356

Ibn al-Jawzī (‘Abd al-Raḥmān), al-Muntaẓam fī tārīkh al-mulūk wa l-umam, éd. Dār al-kutub al-‘ilmiyya, Beyrouth, 1995, T. VII, p. 138

357 Voir, Rāġib (Yūsuf), « Esclaves et affranchis trahis par leur nom dans las arts de l’islam médiéval » dans Les non-dits

du nom, onomastique et documents en terres d’Islam, mélanges offerts à Jacqueline Sublet, sous la dir de : Müller

(Christian) & Roiland-Rouabah (Muriel), éd. Presses de l’ifpo, Beyrouth, 2013, pp. 247 sqq.

358

Ibid. cf., Ibn Sa‘d (Muḥammad), op. cit., T. IX, p. 192.

359

Ibn Sa‘d (Muḥammad), Ibid., T. IX, p. 192. Ibn Khayyāṭ (Khalīfa), Tārīkh Khalīfa Ibn Khayyā , ed. Dār Ṭība, Riyad, 1985, p. 340. Ibn al-Jawzī (‘Abd al-Raḥmān), Ibid., T. VII, p. 139. Notons en passant que, Muḥammad Ibn Sirīn a racheté sa liberté de son maître Anas Ibn Mālik à quarante mille dirhams. Ibn al-Jawzī (‘Abd al-Raḥmān), Ibid., T. VII, p. 139. Un phénomène appelé dans la jurisprudence musulmane al-mukātaba. Un terme traduit par J. Berque par « écrit d’affranchissement », et par Régis Blachère « affranchissement par convention écrite ». cf., Berque (Jacques), op. cit., p. 375. Blachère (Régis), op. cit., p. 379. Q XXIV, XXXIII.

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mentionne Ibn Sa‘d dans deux endroits de son ouvrage, qui concernent le père Isḥaq360et le fils

Muḥammad, notre biographe.361

Notons en passant que la polysémie du terme mawlā signifie : les individus appartenant à des tri-bus arabes mais faibles et qui ont choisi le walā’ ou le ḥilf pour assurer une plus grande sécurité ; les anciens esclaves affranchis avant l’islam et qui ont oublié ou presque leur origine étrangère et enfin les nouveaux mawālī fruits des conquêtes tel le grand père d’Ibn Isḥāq. Or, cette polysémie brouille visiblement la distinction capitale entre les deux premiers types et le dernier.362

Cette différence essentielle, selon Charles Pellat, explique certains comportements du littéraire al-Jᾱḥiẓ, lui-même mawlā, mais depuis une époque antérieure à l’islam.363

Pellat remarque au sujet de ces mawālī obtenus grâce aux vastes conquêtes : « [Ils sont] moins sincèrement ralliés à l’islam et plus rarement encore arabisés sans arrière-pensée.» 364

À ce propos, l’historien A. J. Toynbee signale qu’un enfant, contrairement à l’adulte, peut se con-vertir à une nouvelle religion s’il est élevé dans cette religion depuis son plus jeune âge et qu’il ne connaissait aucune autre religion ; il donne un exemple des enfants chrétiens élevés et recrutés par le gouvernement ottoman.365

À l’égard de la ville natale du grand père Yasār, le géographe Yᾱqūt al-Hamawī note :

« ‘Ayn al-Tamr est une commune proche d’al Anbār, à l’ouest d’al-kūfa ; à sa proximité un endroit

s’appelle Shafāthā [اثافش], reconnue par sa grande production de dattes.»366 Il ajoute :

« Cette petite ville est très ancienne, elle a été conquise par Khᾱlid Ibn al-Walīd en 12/633 de

notre ère, sous le califat d’Abū Bakr. Prise par la force, les hommes furent tués, et les femmes

emmenées en captivité.»367

La métonymie employée dans le toponyme ‘Ayn al-Tamr, est suffisamment claire pour comprendre que cette ville produit énormément de dattes. Nous pouvons facilement imaginer cette grande oasis pleine de dattiers en Iraq, non loin des frontières syriennes. Or, ‘Ayn est un mot polysémique

aussi, qui veut dire source d’eau368, et aussi abondance.369 L’eau et la datte, les deux éléments

vitaux pour le bédouin qui n’interrompt sa vie de nomade, au moins pour une durée limitée,

360

Ibn Sa‘d (Muḥammad), Ibid.

361

Ibid., p. 552. Voir, Motzki (Harald), « The role of non- Arab converts in the development of early islamic law » in Islamic Law and Society, Vol 6, No 3, éd. Brill, Leiden, 1999, p. 309.

362

Pellat (Charles), Le milieu Baṣrien et la formation de Jᾱḥiẓ, éd. Librairie d’Amérique et d’Orient, Adrien Maisonn euve, Paris, 1953, p. 34. cf., Ibn Manẓūr (Muḥammad), op. cit., p. 408 sq.

363 Pellat (Charles), Ibid. Y. al-Ḥamawī signale qu’al-Jāḥiẓ était mawlā de ‘Amr Ibn Qala‘ al-Kinānī, et que son grand-père, qui s’appelait Fizāra, était noir. cf., al-Ḥamawī (Yāqūt), Mu‘jam al-udabā’-Irshād al-arīb ilā ma‘rifat al-adīb, éd. Dār al-garb al-islāmī, Beyrouth, 1993, T. V, p. 2101.

364 Pellat (Charles), Ibid. cf., aussi Broeckelmann (Karl), Tārīkh al-shu‘ūb al-islāmiyya, trad. par Fāris Nabīh Amīn & Munīr al-Ba‘labakī, éd. Dār al-‘ilm li al-malayīn, Beyrouth, 1968, pp. 183 sqq.

365 Toynbee (Joseph Arnold), Le changement et la tradition -Le défi de notre temps -, Trad. de l’anglais par Louis-Jean Calvet, éd. Payot, Paris, 1969, p. 206.

366 Ibn ‘Abd Allᾱh (Yᾱqūt) al-Rūmī al-Ḥamawī, Mu‘jam al-buldān, op. cit., T. IV, p. 176.

367

Ibid.

368

66 qu’autour d’une source d’eau. Ainsi, avec ce troisième sens, qui demeure pourtant bien caché, l’énoncé ‘Ayn al-Tamr connote une intention de sédentarisation, d’un dessein d’implantation dans ces lieux. Ibn Manẓūr annonce implicitement cette autre signification de ‘Ayn en annonçant un de ses dérivés qui est ma‘ān [ ا َع َمن ] :

" ناعملا و : لاقي ،ل ن نبملا : ل ن نبم يأ ناعم ةفوكلا ".

« Al-kūfa ma‘ān, c’est-à-dire demeure. »370

En outre, l’annexion entre les deux termes : ‘Ayn et al-Tamr, attribue au mot ‘Ayn une détermina- tion et une définition qui peut aller jusqu'à dégager un sens d’exclusivité, qui renforce l’idée de se fixer dans les lieux.

Vraisemblablement, le père d’Ibn Isḥāq et ses deux oncles sont nés à Médine, dans cette atmosphère qui règne dans la capitale musulmane ; d’un côté des hommes et des femmes libres, et de l’autre côté des esclaves des deux genres et de tous les âges, issus de milieu social divers. Dire, que Yasār le grand père, fait esclave en Iraq, forcé de vivre loin de ses siens dont il ne connait rien au sort, vit aussi normalement que les autochtones, est, à notre sens, fallacieux. Quel âge Yasār a-t-il le jour du déchirement au sens large du terme ? Sans doute, un enfant en bas âge qui ne peut donc vivre sans séquelles, d’autant plus que pour survivre, il est contraint de porter le titre dégradant de Mawlā.

Comme nous héritons les traits physiologiques de nos parents, nous en héritons aussi quelques-uns des caractères psychologiques. Théodule Ribot371affirme :

« …la transmission des anomalies psychologiques de toute sorte, soit des passions et des crimes dont nous avons parlé, soit de la folie dont nous allons parler, est si fréquente, que les esprits les plus inattentifs en ont été frappés, et que l’hérédité psychologique morbide est admise par ceux-là mêmes qui ne soupçonnent pas qu’elle n’est qu’un aspect d’une loi beaucoup plus

générale. »372

La transmission de l’héritage sur le plan émotionnel inconscient des êtres humains, confirme F. Dolto, est comparable, pour son importance capitale, à la découverte sur le plan pathogène de la

transmission génétique de certaines maladies.373

T. Ribot remarque que l’enfant, au lieu de ressembler, physiquement ou psychiquement, à ses parents immédiats, peut bien ressembler à l’un de ses grands-parents, ou à quelque ancêtre

encore plus reculé.374 L’expérience de générations infinies en nombre sommeille en lui,

souligne-t-il.375

Notre biographe Ibn Isḥāq a certainement hérité de quelques traits de caractères de son grand père Yasār. Serait-il la raison profonde qui le pousse à quitter Médine très tôt, comme le 369 Ibid., p. 304.

370 Ibid., p. 307.

371 Nicolas (Serge), Théodule Ribot : Philosophe breton, fondateur de la psychologie française, éd. L'Harmattan, Paris, 2005, p. 52.

372 Ribot (Théodule), L’hérédité psychologique, éd. Librairie Germer Baillière & Cie, Paris, 1882, p. 138.

373 Dolto (Françoise), La cause des enfants, éd. Robert Laffont, Paris, 1985, p. 374.

374

Ribot (Théodule), op. cit., p. 192.

375

67

mentionne Ibn Sa‘d,376afin de rejoindre la terre natale de ses ancêtres, l’Iraq, où il décède en

151/768.377 Il sera inhumé au cimetière al-Khayzurān378à Bagdad.379

Deux grands personnages, évoqués dans ce chapitre, illustrent bien cette idée énoncée, à savoir

al-Ḥasan al-Baṣrī (m. 110/728)380et Ibn Sirīn (m. 110/728).381Tous les deux sont nés à Médine d’un

père esclave d’origine Iraquienne.382Bien que la capitale politique à leur époque soit Damas, ils se

sont installés à Bassora où ils décèdent.383

Nous tenterons de tirer parti de toute donnée utile puisque les informations dont nous disposons et qui concernent l’état d’esprit de ces personnages sont rarissimes, voire introuvables.

Nous estimons que la prosopographieلاـجرـلا ملع, ainsi les experts du ḥadīth ont appelé cett bran-

che de la science du ḥadīth, est un champ très fertile, toutefois, peu exploitable, voire négligé par

les historiens.384 J. Sublet retrace les avantages que nous pourrions tirer d’une telle approche :

«Recenser les identités de ceux qui avaient habité cet espace depuis les origines de l’islam reven-ait à recenser l’étendue du dār al-islām, dans la mesure où les éléments mêmes des noms propres contenaient la référence aux différents lieux de cet espace, aux courants de pensées qui les

avai-ent traversés ou qui y prenaiavai-ent de l’ampleur. »385

Cette littérature biographique, qui connaît un grand essor dés le IIIe/IXe, s’est développée

ample-ment à partir du VIe/XIIe. 386 376 Ibn Sa‘d (Muḥammad), op. cit., p. 552.

377 Ibn Sa‘d (Muḥammad), Ibid., p. 553 où il note : « Son fils (le fils d’Ibn Isḥāq) m’a informé qu’il est décédé à Baghdād en 150/767. D’autres savant ont avancé qu’il est mort en 151/768. » Par ailleurs, Ibn khayyāṭ (m. 240/854) note son décès en 152/769. cf., Ibn khayyāṭ (Khalīfa), op. cit., p. 426.

Nous ne trouvons point surprenant qu’Ibn Jarīr al-Ṭabarī, lui qui est considéré comme le maître des historiographes musulmans, ne fait aucune allusion au décès d’Ibn Ishāq, quand on sait que ses annales étaient destinées aux événements liés aux hommes politiques. Il ne néglige pas, toutefois, de signaler la mort d’un certain Ja‘far Ibn Abū Ja‘far al-Manṣῡr, le fils du calife, décédé en 150/767. cf.,Ibn Jarīr al- Ṭabarī (Muḥammad), op. cit., T. VIII, p. 32. Quant à Ibn khayyāṭ, il ne néglige pas totalement les décès des notoriétés culturelles tels que les jurisconsultes Abū Ḥanīfa (m. 150/767), Mālik (m. 179/795) et même le grand mu‘tazilite ‘Amr Ibn ‘Ubayd (m. 144/761). cf., Ibid., pp. 425. 451. 421 respectivement. Ibn al- Athīr aussi ne manque pas de citer les grandes autorités « scientifiques ». cf., Ibn al- Athīr (‘Ali), al- Kāmil fi al- Tārīkh, éd. Bayt al-afkār al-dawliyya, Amman, 2005, p. 828.

378

Al-Khayzurān Bint ‘Aṭā’, l’épouse du calife Abbaside al-Mahdi, est la mère de Harūn al-Rashīd. cf., Ibn Jarīr al-Ṭabarī (Muḥammad), Ibid., T. VIII, p. 238.

379

Quand le traducteur de Djaït écrit, au nom de ce dernier, qu’Ibn Isḥāq est décédé à Médine, nous considérons cela comme un lapsus calami. cf., Djaït (Hichem), La vie de Muhammad II - La prédication prophétique à la Mecque-, Trad. de l’arabe par Hisham Abd al-Ṣamad, éd. Fayard, Paris, 2008, T. II, p. 41. Cela dit, H. Djaït écrit dans son livre original : « Quant à Ibn Isḥāq, il est de Médine, on dit qu’il est décédé autour de 151 AH. » cf., fi Sīra

al-anabawiyya - Tārīkhiyyat-al-da‘wa al- Muḥammadiyya fi Makka -, éd. dār al-Ṭalī‘a, Beyrouth, 2007, T. II, p. 27.

380

Au sujet de cette autorité voir, Juynboll (G. H. A), Encyclopedia of canonical ḥadīth, op. cit., p. 176 sq. 381 Ibid., pp. 426 sqq.

382 Ibn Sa‘d (Muḥammad), op. cit., T. IX, p. 157 et 192 respectivement.

383 Al-mizzi (Yūsuf), op. cit., T. VI, p. 126 et T. XXV, p. 354 respectivement. Voir, Motzki (Harald), « The role of non- Arab converts in the development of early islamic law », op. cit., pp. 305 sqq.

384 Sublet (Jacqueline), « Le nom dans la famille » dans La famille en islam d’après les sources arabes, éd. Les Indes savantes, Paris, 2013, pp. 81. 127.

385

68 Le nom propre Yasār, que le grand père de Muḥammad Ibn Isḥāq porte, connote beaucoup de sens. Nous découvrons, du reste, que le père de Ḥasan al-Baṣrī (m.110/728) porte également le

même nom, à savoir Yasār.387 Ce dernier a été captivé dans la province de Meysān,388 conduit à

Médine où il devient le mawla de la tante d’Anas Ibn Mālik.389 Son fils Ḥasan al-Baṣrī est né à

Médine vers 21/641.390 Par ailleurs, nous constatons que Ḥasan al-Baṣrī est présenté souvent par

les biographes de cette manière : Ḥasan Ibn Abī al-Ḥasan,391tel un secret inavouable ou indicible

en l’enterrant comme dans un ‘‘caveau secret’’ ou dans une ‘‘crypte’’ pour emprunter l’expression

de A. A. Schützenberger.392 Le surnom de son père ajoutant usuellement le toponyme al-Baṣrī sont

le voile jeté totalement sur une histoire.393

D’emblée, notons que le vocable yasār signifie littéralement gauche ; mot qui a un sens péjoratif

dans beaucoup de langues, en l’occurrence la langue arabe.394

Rappelons en passant que le terme gauche en français signifie, entre autres, dépourvu de grâce,

maladroit, déformé...395 La langue française est droitière, note R. Barthes en analysant l’œuvre du

peintre et sculpteur Américain Cy Twombly, ce qui marche en vacillant, ce qui fait des détours, ce

qui est maladroit, embarrassé, elle le nomme gauche.396

Il se trouve que le mot yasār appartient vraisemblablement à ce genre linguistique appelé

l’énantiosémie397 « al-aḍdād ».398Le probléme est que l’énantiosémie avance masquée, selon

l’expression de Freud à propos de l’inconscient.399

386

Ibid., p. 84.

387

Ibn Sa‘d (Muḥammad), op. cit., T. IX, p. 157. Al-Mizzī (Yūsuf), op. cit., T. VI, p. 96.

388

A la place de Meysān ناسْيـَم nous trouvons chez Ibn al-Jawzī Baysān ناسـْيـَب. cf., Ibn al-Jawzī (‘Abd al-Raḥmān), op.

cit., T. VII, p. 136. Elle se trouve au nord-est de Bassora. cf., al-Ḥamawī (Yāqūt), Mu‘jam al-buldān, op. cit., T. V, p. 242.

389 Ibn Sa‘d (Muḥammad), op. cit. Al-Mizzī (Yūsuf), op. cit.

390

Ibn Khayyāṭ (Khalīfa), op. cit., p. 340. Ibn al-Jawzī (‘Abd al-Raḥmān), op. cit., T. VII, pp. 136 sqq.

391

Ibn Sa‘d (Muḥammad), op. cit., T. IX, p. 157. Ibn Khayyāṭ (Khalīfa), Ibid., p. 340. Ibn al-Jawzī (‘Abd al-Raḥmān), Ibid., p. 136. Al-Mizzī (Yūsuf), op. cit., T. VI, p. 95.

392

Schützenberger (Anne Ancelin), Aïe, mes aïeux !, éd. Desclée de Brouwer& La Méridienne, Paris, 1993, p. 61. Canault (Nina), Comment paye-t-on les fautes de ses ancêtres, éd. Desclée de Brouwer, Paris, 1998, p. 9.

393

Voir, Rāġib (Yūsuf), op. cit., pp. 247 sqq.

394

Al-Azharī (Muḥammad), Tahḏīb al-lugha, éd. Dār al-ta’līf wa al-tarjama, Le Caire, 1964, T. XIII, p. 58. Ibn Manẓūr (Muḥammad), op. cit., T. V, p. 297.

395

Dictionnaires Le Robert, éd. Sejer, Paris, 2011, p. 805. cf., Larousse Dictionnaire Étymologique et Historique du

Français, éd. Larousse, Paris, 2011, p. 431. 396

Barthes (Roland), L’obvie et l’obtus -Éssais de critiques III-, éd. du Seuil, Paris, 1982, p. 150.

397 Vocable employé d’abord par Roland Barthes (m. 1980) qui le définit comme « un signifiant contradictoire.» dans « L’esprit de la lettre » en 1970, repris dans L’obvie et l’obtus . cf., Barthes (Roland), Ibid., p. 95. cf., Larue-Tondeur

(Josette). Ambivalence et énantiosémie -Des tendances et désirs de la psyché au langage et à la poésie-, éd. Lam- bert-Lucas, Limoges, 2011, pp. 12 sqq.

Ce néologisme est repris, entre autres, par Nancy Huston à l’égard du terme latin imprecatio qui signifiait, aussi bien la prière que la malédiction. cf., Huston (Nancy),Dire et interdire, éd. Payot & Rivages, Paris, [1ère éd. 1980]

2002, p. 32.

398 Le père Belot ( J. B) traduit ce terme par : signification opposée, cf., al- Farāi’d al-d’urriyya, Vocabulaire

Arabe-Français, éd. Imprimerie Catholique, Beyrouth, 1899, p. 431. J. Sublet préfère le rendre par « double ». cf., Sublet (Jacqueline), Le voile du nom -Essai sur le nom propre arabe-, éd. Presses Universitaires de France, Paris,

69

Yasār signifie manifestement richesse et facilité,400 toutefois il révèle le sens du shimāl, contraire à

la droite401, dégageant éventuellement un sens de porte-malheur.402

Il est probable que l’origine du mot yasār vient de yasara qui signifie le marquage au fer au niveau des cuisses comme la pratique qui consiste à marquer un animal.403 De ce fait, cet esclave bien qu’il facilite la vie à son propriétaire en effectuant les besognes les plus dures tout en ne coûtant presque rien à son maître ; il n’appartient pas aux tribus arabes et quand il s’exprime, il garde

toujours ces lacunes appelées chez les Arabes ‘ujma ة َم جع,ُ 404il ne peut être que A‘jamī م َجعأ,َ 405

c’est-à-dire étranger, similaire à une bête muette, appelée elle aussi ‘ajmā’ ءا َم جع.َ 406

G. Martinez-Gros évoque ce terme, certes dans le contexte andalou, mais il n’hésite pas d’affirmer

qu’en Orient le terme s’applique en particulier aux Persans407, non loin il signale : « Dans le très

orthodoxe milieu du Palais, ‘ajamī devait sonner comme une insulte.»408

Les arabes pratiquaient l’onomatomancie, le nom peut avoir donc une influence sur celui qui le porte et, bien entendu, sur son entourage.409 Une vieille conception qui revient probablement aux anciens Mésopotamiens.410 Le nom n’était rien d’autre que la traduction du destin, écrit l’assyriologue J. Bottéro.411 Le nom Yasār vraisemblablement reflète cet état d’esprit qui veut à la fois tirer profit de cet esclave et au même temps conjurer le mauvais sort en s’exprimant par antiphrase.412 Une manœuvre attestéé chez les Arabes tels le nom Murra qui dégage un sens

1991, p. 183 sq. En ce qui concerne ce phénomène linguistique, Voir, Cohen (David), « Aḍḍād et ambiguité lingui-stique en arabe » dans Arabica, VIII, éd. Brill, Leiden 1961, pp. 1-29.

399 Larue-Tondeur (Josette), op. cit., p. 7.

400 Ibid., T. V. p. 296. Voir, Benkheira (Mohammed Hocine), « Onomastique et religion à propos d’une réforme du nom

propre au cours des premiers siècles de l’islam » dans Les non-dits du nom, onomastique et documents en terres

d’Islam, mélanges offerts à Jacqueline Sublet, op. cit., pp. 319 sqq. 401

« J'ai constamment l'Éternel sous mes yeux ; Quand il est à ma droite, je ne chancelle pas. », «Tu me feras connaître le sentier de la vie; Il y a d'abondantes joies devant ta face, Des délices éternelles à ta droite. », Psaumes 16/8 et 16/11., cf., Soler (Jean), L’invention du monothéisme, éd. de Fallois, Paris, 2002, pp. 73 sqq. Voir, Ibn Manẓūr (Mu- ḥammad), op. cit., T. V, p. 297.

402

Ibn Manẓūr (Muḥammad), Ibid., T. XI, p. 365

403

Al-Azharī (Muḥammad), op. cit., T. XIII, p. 60 où il rapporte : al-yasara wasmun fī al-fakhiḏayn.

Il n’est pas sans intérêt de souligner que le nom Yasār existait déjà dans la période préislamique, à en croire Ṭabarī. Lors de sa citation des noms éventuels de l’homme probable qui enseignait Muḥammad : « Certes, nous savons que (les Infidèles) disent : « Cet homme a seulement pour maître un mortel !... », Blachère (Régis), op. cit., p. 302. Q XVI, CIII. Les noms mentionnés dans l’exégèse de Ṭabarī de cet esclave byzantin sont : Bel‘ām, Ya‘īsh, Jabr, Selmān al-Fārisī et Yasār.راسي و شرافلا ناملس ، ربج ،شيعي ،ماعلَب. cf., al-Ṭabarī (Muḥammad), op. cit., T. XIV, pp. 365 sqq.

404 Ibn Manẓūr (Muḥammad), Ibid., T. XII, p. 386. 405 Ibid.

406 Ibid., p. 389.

407 Martinez-Gros (Gabriel), L’idéologie Omeyyade, op. cit., p. 38.

408 Ibid., p. 38.

409

Sublet (Jacqueline), Le voile du nom -Essai sur le nom propre arabe-, op. cit., pp. 54. 94. 178 sqq. 410 Bottéro (Jean), La plus vieille religion en Mésopotamie, éd. Gallimard, Paris, 1998, p. 190.

411 Bottéro (Jean), Mésopotamie -L’écriture, la raison et les dieux-, éd. Gallimard, Paris, 1987, p. 187.

412 Voir, Sublet (Jacqueline), dans Le voile du nom -Essai sur le nom propre arabe-, op. cit., p. 181 ; également dans

« Le nom dans la famille » dans La famille en islam d’après les sources arabes, op. cit., p. 101 où elle donne