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II. Les grands thèmes de la Ṣaḥīfa

réel de la mémoire contredisent radicalement la cro- yance augustinienne en la capacité de la mémoire

III. II. Les grands thèmes de la Ṣaḥīfa

171

III. II. L’étude du matn, le texte de la Ṣaḥīfa.

III. II. I. Préambule.

III. II. II. Le contexte du texte.

III. II. III. Les grands thèmes de la Ṣaḥīfa.

III. II. III. I

.

La compensation pour le sang versé.

III. II. III. II

.

La rançon des captifs.

III. II. III. III

.

Les clans arabes de Yathrib (al-muhājirūn, Quraysh.).

III. II. III. IV

.

Les clans juifs de Yathrib.

III. II. IV. Les variantes dans le texte de Médine.

III. II. IV. I

.

Les variantes dans le texte d’Ibn Isḥāq/Ibn Hishām (Version A).

III. II. IV. II. Les variantes dans le texte d’Abū ‘Ubayd (version B). III. II. VI. III. Les variantes entre les deux textes (Versions A et B).

III. II. IV. IV. L’ordre de la Ṣaḥīfa.

III. II. IV. IV. I. La répartition de R. B. Sergeant. III. II. IV. IV. II. La répartition proposée.

172

173

III. II. I. Préambule.

Depuis que Wellhausen (m. 1918) a partagé la Ṣaḥīfa en quarante-sept articles, tous les chercheurs postérieurs ont agit de la même sorte.1228

Tandis que nous avons partagé le texte d’Ibn Isḥāq/Ibn Hishām en cinquante-huit paragraphes,

celui d’Abū ‘Ubayd nous l’avons réparti en quarante-cinq, car nous pensons que cette répartition nous permet plus mieux cerner ce document, et de le rendre moins disparate.

Cependant, nous estimons que la compréhension du texte ne peut être judicieuse qu’à la suite d’une lecture horizontale « autrement dit globale » et non pas verticale ou fragmentée. Les phrases du texte dans son ensemble qui doivent conduire notre lecture et non pas ses paragraphes répartis intentionnellement, comme nous l’avons déjà souligné.

L’exemple qui illustre clairement ce principe est le premier paragraphe de la Ṣaḥīfa qui énonce :

« Ceci est un Écrit de Muḥammad le Prophète, concernant les mu‘minūn, les muslimūn de

Quraysh, ceux de Yathrib, ceux qui les suivent, et ceux qui leur sont attachés et qui guerroient avec eux « jāhadū ». Ils forment une communauté unique « umma », distincte des autres. »

Séparer la dernière phrase : « Ils forment…des autres. » de la précédente, l’arrache de son contexte textuel. La phrase en question est une épithète des mu‘minūn, muslimūn et ceux qui suivent ; toutefois si on la place séparément, elle aura la force d’une phrase nominale

indépendante à part entière, corroborée, de plus, par la particule d’insistance « inna » نإ.

Involontairement, nous écartons la toile de fond de cette umma que la Ṣaḥīfa vise. Le fait de

pousser cette phrase concernant le concept d’umma loin du contexte que la première phrase renferme, retire toute historicité de ce thème.

J. Wellhausen est encore une fois le précurseur de l’idée de mettre en évidence la phrase en

rapport avec le terme umma.1229Tous les chercheurs ou presque, qui ont étudié ce texte, l’ont suivi

dans ce choix.

En dépit des déficiences probables de la division verticale, et bien que cette répartition accorde à la Ṣaḥīfa l’apparence d’un texte juridique qui suscite une profonde impression de prestige, il nous semble, neanmoins, que cette action peut nous aider à observer les cohérences et les incoh- hérences entre les paragraphes. Ces dernières sont dues, à notre sens, à une répartition

postérieure que le texte de Médine a sans doute subi.1230

1228 J. Wellhausen est, à notre connaissance, le premier qui a baptisé la Ṣaḥīfa « la constitution de Médine » et qui l’a, en conséquence, partagée en plusieurs « articles ». Nous nous demandons s’il n’était pas influencé par les événe-ments de son époque où la constitution de l’Empire allemand, composée de 78 articles, a été adoptée et promu- lguée en 1871. cf., « Muhammads Gemeindeordnung von Medina » dans Skizzen und Vorarbeiten, éd. Berlin, 1889, p. 67. Voir, pour cette constitution, dite bismarckienne, cf., Flandin (Etienne), Institutions politiques de l’Europe

contemporaine -Allemagne-, éd. Le Soudier, Libraire-Éditeur, Paris, 1902, T. II, p. 17. Pour une étude plus générale, cf., Berstein (Serge) & Milza (Pierre), L’Allemagne de 1870 à nos jours, éd. Armand Colin, Paris, 1997, p. 19.

1229

Wellhausen (Julius), Ibid.

1230

Nous reparlerons ci-dessous de l’ordonnancement du texte de Médine. cf., au chapitre : Les variantes internes dans le texte (Version A) et (version B).

174 Par ailleurs, le texte de Médine est placé entre un intitulé et un épilogue attribués, tous les deux, à Ibn Isḥāq par la fameuse phrase : Ibn Isḥāq a dit قاحسإ نبا لاـق.

« Le Messager de Dieu a rédigé un Écrit « Kitāb » entre les muhājirūn et les anṣār, par lequel il conclut une conciliation (trêve) avec les yahūd et s’engage envers eux, les confirmant dans leur religion et leurs possessions, leur donnant certains droits et les obligeant à certains devoirs. » Certes, l’introduction attribuée à Ibn Isḥāq est un aperçu très concis du texte de Médine, toutefois

elle nous fournit, semble-t-il, le mode d’emploi du texte.1231 Or, c’est la première fois que la

locution « le Messager de Dieu » الله لوـسر est cité dans la Ṣaḥīfa, sans qu’elle soit associée au nom

propre Muḥammad.

Le terme al-anṣār, négligé totalement par la Ṣaḥīfa, dans ses deux versions, est exclusivement

évoqué par Ibn Isḥāq dans ce prélude. Abū ‘Ubayd préfère écrire dans son en-tête :

" ةنيدملا همدق َم اهدوهي هتعداومو ب ربي لهأو ن ينمؤملا ن يب ملسو هيلع الله لىص الله لوسر باتك اذهو ".

1232

« Ceci est un Écrit du Messager de Dieu entre les croyants et les gens de Yathrib, par lequel il a

établi, lors de son arrivée à Médine, une alliance avec les juifs. »

Ibn Isḥāq a choisi le mot yahūd dans sa forme indéfinie, bien qu’il soit cité ainsi seulement deux fois, contre quatorze reprises avec le mode défini.1233

En somme, Ibn Isḥāq insiste sur le fait que Muḥammad, en tant que messager de Dieu, signe une convention avec les yahūd qui inclut des conditions bilatérales, et en contrepartie, il préserve leur religion et leurs biens. Une préface qui consiste en quelque sorte une interprétation ou un commentaire anticipé du texte. 1234

R. B. Serjeant n’hésite pas à utiliser l’introduction d’Ibn Isḥāq pour conclure qu’a priori le Traité en question était uniquement entre les muhājirūn et les anṣār et que les juifs l’ont intégré tel un élément subalterne à l’égard des deux partenaires. Il ne marque toufois aucune réserve à propos

de la distinction éventuelle entre le texte lui-même et l’intervention liminaire.1235

Ibn Hishām s’ingère dans ce texte trois fois par la formule : Ibn Hishām a dit ماـشـه نـبا لاـق. Sa

première intrusion, au milieu du texte, lui permet d’expliquer le terme mufraḥ حرفم en appuyant

sa réponse sur un vers de la poésie arabe. 1236 Paradoxalement, Il revient totalement à la fin du

texte

pour éclaircir le vocable yūtigh غـتوـي situé, toutefois, au cœur de la Ṣaḥīfa ou presque.1237A la fin de

la Ṣaḥīfa, Il intervient en dernier lieu pour souligner une autre variante de l’expression citée. Elle

consiste simplement à substituer l’épithète al-muḥsin نـسـحـ ُملا à al-maḥḍ ضـحـمـلا .1238

1231 Genette (Gérard), Seuils, op. cit., p. 212.

1232 Ibn Sallᾱm (’Abῡ ‘Ubayd al-Qᾱsim), op. cit., p. 291.

1233

Nous reviendrons sur ces termes ci-dessous. cf., au chapitre : III. II. VII. Termes et Concepts.

1234 Genette (Gérard), op. cit., pp. 224. 240.

1235

Serjeant (R. B.), «The Sunnah Jᾱmi‘ah », op. cit., p. 15. 1236 Ibn Hishām (Muḥammad), éd. F. Wüstenfeld, op. cit., T. I, p. 342.

mufraḥ est une personne, qui a une grande famille à charge et, qui est en outre, très endettéeet. cf., Ibn al-Athīr (Magd al-dīn), Manᾱl al- ᾱlib fi sharh iwᾱl al-gharᾱ’ib, op. cit., p. 229. Voir le paragraphe 11 de la version A.

1237 éd. F. Wüstenfeld, Ibid., p. 344. cf., aux paragraphes 27 et 33. Le mot en question veut dire : « attirer le mal sur soi-même. »

1238

175 "

ةفيحصلا هذه لهأ نم ضحملا ربلا عم

". « avec stricte observance de la part de ces derniers. »1239

Après ce commentaire, nous nous retrouvons avec le fameux appendice précédé par : « Ibn Isḥāq a dit. » :

. Les agissements loyaux ont le pas sur la traîtrise.

. Et c’est au détriment de lui-même que tout profiteur profitera.

. Dieu est le plus scrupuleux et le plus loyal exécuteur de ce qui est stipulé dans cet Écrit.

. Cet Écrit n’est pas fait pour protéger un malfaiteur ou un traître.

. Celui qui quitte Médine est en sécurité, notamment celui qui y reste, hormis celui qui est déloyal ou agit en traître.

. Dieu et Muḥammad, le Messager de Dieu, sont les protecteurs, de celui qui agit loyalement et qui craint Dieu.

Cet additif est problématique pour plusieures raisons : L’intrusion d’Ibn Isḥāq au sein de la Ṣaḥīfa est insolite. Or, même après l’interruption du texte afin de clarifier le mot mufraḥ, le texte a repris son cours sans l’introduction de la phrase « Ibn Isḥāq a dit ». En outre, ce qui rend cet ajout encore

plus suspect, c’est que les six paragraphes en question sont déjà évoqués avant, d’une façon ou

d’une autre, comme nous l’avons souligné avec chaque paragraphe annexé.1240 Cet addenda

pourrait être une annotation faite par Ibn Isḥᾱq ou un de ses disciples directs ou indirects, ou tout simplement par un copiste postérieur zélé.

Nous pourrions dire qu’Ibn Hishām a préféré écrire la phrase en question, après avoir interrompu le texte pour une variante peu intéressente. Par ailleurs, sa première intercession était plus pro- lixe ; toutefois il ne s’est pas rattrapé en rajoutant la célèbre formule « Ibn Isḥāq a dit ». De ce fait, nous considérons le dit additif comme une conclusion qui reprend les six grandes lignes de cette

Ṣaḥīfa.1241 Il appartient plutôt à cette zone textuelle baptisée par Genette « paratexte ».1242

Dans le texte de Médine, nous avons donc deux formules : « Ibn Isḥāq a dit » et « Ibn Hishām a dit ». La première sous-entend deux rapporteurs, en l’occurrence, Ibn Isḥāq et Ibn Hishām ; tandis que la seconde implique implicitement trois transmetteurs dont le troisième narrateur reste, au moins pour les lecteurs du livre de la Sīra d’Ibn Isḥāq/Ibn Hishām publié, bien dissimulé. Rappelons-nous, entre autres, de cet exemple en dehors de la Ṣaḥīfa :

" يوارلا لاق : ماشه نبا لاق "...: 1243

« Le narrateur [ ?] a dit ce qu’il tient d’Ibn Hishᾱm… » En fin de compte, méditons cette conclusion de Toynbee :

« En fait, une tradition culturelle et sociale n’est jamais transmise d’une génération à l’autre sans quelques changements involontaires, même quand les deux générations veulent transmettre cette tradition intacte. »1244

1239 Nous estimons que les deux termes sont synonymes. cf., au paragraphe 58.

1240 cf., à la version A, paragraphes 1b-6b.

1241 cf., au chapitre : Les grands thèmes de la Ṣaḥīfa.

1242 Genette (Gérard), Seuils, op. cit., p. 17 et passim.

1243

Ibn Hishām (Muḥammad), éd. Dᾱr al-ḥadīth., op. cit., T. I, p. 300 ; éd. al-Ṭahṭᾱwī, op. cit., T. II, p. 18 ; éd. al-Saqqᾱ,

op. cit., T. II, p. 57. Chez Wüstenfeld ce passage est omis. cf., op. cit., T. II, p. 276.

1244

176

III. II. II. Le contexte du texte.

Ce Pacte de Médine était probablement une priorité pour le Prophète. Certains habitants de la ville Yathrib n’ont certainement pas apprécié cette présence nouvelle, qui présentait, en outre, un énorme fardeau, voire un risque immense.

Nous ne disposons pas de renseignements précis concernant le nombre des émigrés mecquois. De ce fait, nous ne pouvons confirmer avec exactitude un chiffre. Cela étant, Djaït affirme que les muhājirūn, qui ont émigré avec le prophète Muḥammad sont environ cent-vingt personnes, dont quatre-vingt-trois ont combattu à Badr, sans pour autant, indiquer aucune source de cette inform-ation.1245En outre, cet historien avance le chiffre de dix-mille à douze-mille habitants pour Médine, deux-mille à trois-mille pour les juifs de cette cité en se contentant de consigner : « Selon mes esti- mations.» 1246

Par ailleurs, Ibn Isḥāq, et sans nous renseigner sur le nombre des muhājirūn, nous informe :

«Nul Mecquois est resté, hormis les détenus ou les apostats. »1247Al-Wāqidī nous apporte un

indice qui n’est pas négligeable ; il déclare que le nombre des combattants qurayshites pendant le combat de Badr en 2/623 de l’ère Chrétienne, varie, selon les traditions divergentes, entre

quatre-vingt-six hommes et soixante-treize hommes.1248

Le ḥadīth cité, entre autres, par al-Bukhārī et Muslim, ne nous éclaire pas davantage.1249Or, le

ḥadīth en question avance des chiffres différents sans pour autant déterminer une date précise de cet événement : ..." لاق ربنلا نأ ةفيذـح نـع : لى اوبتكأ [ ملسم ةياور فن : اوصحأ ] ملاسلإاب ظفلت نم . لجر ةئام سمخ و افلأ هل انبتكف "... 1250

« (Le compagnon) Ḥuḏayfa a dit : Le Prophète a ordonné : Écrivez-moi (recensez, dans la version de Muslim) tous ceux qui se sont convertis. Nous avons signalé au Prophète mille-cinq-cents hommes. » Deux autres versions énoncent sept-cents et cinq-cents au lieu de mille-cinq-cents

hommes.1251

Quant à la date de cette éventuelle recension, les gloseurs de ce ḥadīth exposent trois périodes : lors de la bataille d’Uḥud en 3/624, la bataille du fossé en 5/626 ou durant la ‘umra ratée à Ḥuday-

biya, au cours de laquelle un pacte a été signé, connu sous le nom : le pacte d’al-Ḥudaybiya1252en

6/627.1253

1245

Djaït (Hichem), La vie de Muḥammad III - Le parcours du Prophète à Médine et le triomphe de l'islam-, éd. Fayard,

Paris, 2012. p. 44.

1246 Ibid., p. 46.

1247 Ibn Hishām (Muḥammad), éd. Dᾱr al-ḥadīth., op. cit., p. 350.

1248 Al-Wāqidī (Muḥammad), op. cit., T. I, p. 157.

1249 À propos d’al-Bukhārī et Muslim voir, Juynboll (G. H. A), Encyclopedia of canonical ḥadīth, op. cit., pp. 149. 435 respectivement.

1250 Ibn Ḥajar (Aḥmad), Fatḥ al-bārī bi sharḥ ṣaḥīḥ al-Bukhārī, op. cit., T. II, p. 1457. cf., Hamidullah (Muḥammad),

Majmūʻat al-wathāi’q al-siyāsiya, op. cit., p. 65. 1251

Ibn Ḥajar (Aḥmad), Ibid.

1252

177 À ce propos, A. Sprenger atteste que la Mecque comptait environ douze-mille habitants à l’époque

du prophète Muḥammad.1254

En revanche, Ibn Isḥāq relate que des Médinois, en embrassant l’Islam, ont voulu mettre fin à la

lutte fratricide interminable qui opposait leurs deux clans : les Aws et les Khazraj.1255

La bataille de Bu‘āth, qui a duré cinq ans environ, est la dernière guerre déclarée entre ces deux

rivaux avant l’émigration du Prophète.1256 Avant l’Islam, les Aws ont vainement essayé de s’allier

avec les Qurayshites contre les Khazraj.1257

Que le premier groupe qui entre en contact avec le Prophète appartienne au clan des Khazraj1258 est très significatif, car ce sont les vaincus de ce dernier affrontement armé.1259 Ibn al-Athīr dépeint leur situation:

« Les Khazraj ont subi une grande défaite…Les Aws n’ont pas hésité à brûler leurs maisons et leurs palmiers… »1260

Par ailleurs, nous ne devons pas négliger un autre élément crucial, à savoir leur parenté maternelle avec le Prophète. Or, son arrière-grand-mère paternelle Salma Bint ‘Amr, l’épouse de Hāshim Ibn ‘Abd Manāf, appartient aux Banū al-Najjār, un sous-clan khazrajite.1261 Les historiens racontent que son grand-père ‘Abd al-Muṭṭalib est né à Médine et qu’il y aurait passé son enfance

chez ses oncles maternels en question.1262 ‘Abd Allāh, le père du Prophète, est décédé lui aussi à

Médine chez ses oncles.1263 En outre, Āmina, selon les historiographes, s’est rendue à Médine pour présenter son enfant Muḥammad à ses oncles. Elle serait décédée sur le chemin du retour à al-Abwā’ ءاوـبلأا.1264

Les Banū al-Najjār, qui sont Khazrajite, sont donc ses oncles maternels هـلاوـخأ, affirment Ibn Isḥāq et Ibn Hishām.1265 Probablement, pour cette raison bien tangible que le Prophète a choisi de bâtir sa mosquée qui comporte, du reste, ses demeures sur un terrain appartenant à deux personnes de

1253

Ibn Ḥajar (Aḥmad), op.cit.

1254

Sprenger ( Aloys), Life of Mohammad from original sources, éd. The Presbyterian mission press, Allahabad, 1851, p. 44.

1255

Ibn Hishām (Muḥammad), éd. Dᾱr al-ḥadīth, op. cit., p. 310 sq. cf., al-Ṭabarī (Muḥammad), op. cit., T. II, pp. 352 sqq. Watt (William Montgomery), Mahomet, op. cit., p. 180-182. cf., «The Sunnah Jᾱmi‘ah », op. cit., p. 2.

1256

Ibn al-Athīr (‘Ali), al- Kāmil fi al- Tārīkh, op. cit., T. I, p. 188 sq. Watt, p. 180 sq.

1257

Ibid., p. 187.

1258

Ibn Hishām (Muḥammad), éd. Dᾱr al-ḥadīth, op. cit., p. 311.

1259 Ibn al-Athīr (‘Ali), op. cit., p. 188.

1260 Ibid.

1261 cf., aux paragraphes 7 et 28 version A ; 7 et 25 version B. Pour le mariage deHāshim avec Salma Bint ‘Amr, cf., Ibn Sa‘d (Muḥammad), op. cit., T. I, p. 60. Ibn Hishām (Muḥammad), éd. al-Seqqā, op. cit., T. I, p. 112 sq. p. 144 sq.

1262 Ibn Sa‘d (Muḥammad), Ibid., T. I, p. 63. Ibn Hishām (Muḥammad), Ibid., T. I, p. 145.

1263 Ibn Sa‘d (Muḥammad), Ibid., T. I, p. 79 sq. cf., Ibn Shebba (‘Umar), op. cit., T. I, p. 116 sq.

1264 Al-Abwā’ se trouve entre la Mecque et Médine. cf., al-Ḥamawī (Yaqūt), op. cit., T. I, p. 79.

Pour la visite de Médine et le décès de Āmina, cf., Ibn Sa‘d (Muḥammad), Ibid., T. I, p. 95. Ibn Shebba (‘Umar),

Ibid., T. I, p. 117. Ibn Hishām (Muḥammad), op. cit., T. I, p. 177.

1265

178

Banū al-Najjār.1266En attendant qu’elles soient construites, le Prophète est hébergé chez Abū Ayūb, qui est lui aussi issu des Banū al-Najjār.1267

Observons ce texte narré par Ibn Isḥāq/Ibn Hishām :

« Le Prophète avait coutume d’exposer sa nouvelle religion aux autres tribus arabes lors de la

saison du pèlerinage. Il était à al-Aqaba1268, à la périphérie de la Mecque, quand il rencontre un

groupe de Médinois, tous du clan de Khazraj. Le prophète Muḥammad les a invités à l’islam, et il a récité quelques versets du Coran. Alors ils se sont dits :

« Vous savez très bien que c’est probablement1269le Prophète dont vos compatriotes juifs ne

cessent de vous menacer à chaque différend avec eux. Gare à vous s’ils vous devancent dans cette affaire! » Ils ont répondu favorablement à son appel en affirmant :

« Nous avons quitté notre ville et il n’y a pas une nation déchirée comme la nôtre, l’hostilité qui règne entre nos tribus est insupportable ; nous espérons que vous soyez le conciliateur entre nos différents clans ! Nous allons rejoindre notre peuple et les inciter à se rallier à vous ; s’ils

adhérent à votre message vous seriez l’homme le plus puissant de l’Arabie. »1270

En approuvant la prédication du prophète Muḥammad, les Khazraj visent à mettre fin à la querelle

incessante avec leur ennemi juré les Aws, et à avoir le dessus sur les juifs, l’adversaire agaçant et

l’allié constant des Aws. L’historien Ibn al-Athīr, en décrivant la bataille de Bu‘āth, annonce : « Les Qurayẓa et les Naḍīr ont renouvelé leur alliance avec les Aws pour combattre les Khazraj...

D’autres tribus juives rejoignent également le clan de leurs coreligionnaires ... »1271

Il semble que Hamidullah évite tout échafaudage en écrivant :

« Toujours est-il que parmi les quinze tribus à qui le Prophète présenta sa doctrine pendant cette

saison de pèlerinage à Minā, les Khazrajites furent les seuls à répondre à son appel. »1272

Le premier objectif, sous-jacent bien entendu, de ce Pacte médinois est, par conséquent, de confirmer l’établissement de la paix entre les différentes parties originaires de Yathrib, et par-dessus tout entre les frères ennemis. Il semblerait que celle-ci fut entamée dès l’arrivée du Prophète et de ses compagnons sur leurs terres.

Djaït affirme d’une manière catégorique que la Charte de Médine ni aucun autre document écrit à caractère politique n’indique, ni explicitement ni implicitement, que les habitants de Yathrib ont trouvé en Muḥammad l’arbitre de leurs différends internes.1273 Bien qu’il ait souligné juste avant

1266

Ibn Hishām (Muḥammad), éd. Dār al-Ḥadīth, op. cit., T. I, p. 363.

1267

Ibid., T. I, p. 365. Pour la biographie d’Abū Ayūb (m. 52/672), cf., Ibn ‘Abd Bar (Yūsuf), Isti‘āb fi ma‘rifat

al-aṣḥāb, éd. Dār al-jīl, op. cit., T. I, p. 196 sq.

1268 Yaqῡt al-Hamawī note : « Al-‘Aqaba se trouve à deux miles environ de la Mecque. » cf., op. cit., T. IV, p. 134.

1269 Ibn Isḥāq emploie, à cet endroit, un style affirmatif qui suscite, à notre sens, des doutes :

"...دوهي هب مكدعوت يبنلل هنإ الله و ...", « … Par Dieu, (vous savez très bien que) c’est le Prophète avec lequel les juifs vous menacent… » cf., éd. Dār al-Ḥadīth, op. cit., T. I, p. 311.

1270 Ibn Hishām (Muḥammad), éd. Dār al-Ḥadīth, Ibid.

1271 Ibn al-Athīr (‘Ali), op. cit.

1272 Hamidullah (Muḥammad), « Les champs de bataille au temps du Prophète », in Revue des études islamiques, -publiée sous la direction de L. Massignon-, Cahier I, éd. Librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1939, p. 2.

1273

179

que le Prophète a été convié à s’installer à Yathrib pour instaurer un climat de paix entre les grou- pes, pour employer les propos de H. Djaït.1274 L’adhésion des anṣār, selon lui, ne saurait être expli-