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Unis-Cité a lancé, avec le soutien de l’institut de l’innovation et de l’entrepreneuriat social (IIES) de l’ESSEC, un travail sur la monétarisation de son impact social par la méthode SROI (Social Return on Investment). Une analyse SROI consiste à identifier, mesurer puis valori- ser monétairement, quand cela est possible, les impacts significatifs générés par un projet ou une organisation à finalité sociale sur ses principales parties prenantes, et à établir un ratio de la somme de ces impacts sur la somme des investissements qui ont été nécessaires. Cette méthode prend en compte les impacts du programme sur ses différentes parties prenantes : les jeunes, les collectivités locales, les structures d’accueil (associatives ou publiques ), les bénéficiaires directs pour les projets portés par Unis-Cité, l’État et la société en général. Elle permet d’identifier des indicateurs traduisant les effets concrets du service volontaire proposé par Unis-Cité pour chacune de ces parties prenantes, et propose de leur attribuer une valeur monétaire. Cette démarche différencie les réalisations (outputs) et leurs résultats (outcomes) et va au-delà des enquêtes de satisfaction pour aborder la question de la valeur sociale créée. Elle permet d’analyser à la fois les contributions de chacune des parties prenantes et les bénéfices qu’ils retirent du programme.

Un premier jet d’analyse SROI a donc été réalisé par un étudiant de l’ESSEC, Antoine Meffre, qui confirme que certains des impacts du service civique Unis-Cité ont une réelle valeur économique, même si d’autres sont moins facilement « monétarisables ». Ainsi, dans les éléments d’impact du service civique sur les collectivités locales, il est difficile de don- ner une valeur monétaire au fait qu’Unis-Cité renforce la cohésion sociale sur les territoires et permet d’améliorer le vivre ensemble, notamment en dynamisant la vie associative. En revanche, les économies faites dans les coûts de suivi des jeunes en difficulté du territoire, que les acteurs locaux peuvent épargner pendant la durée de leur accompagnement par Unis-Cité, pourraient être valorisées par exemple au coût moyen annuel de suivi d’un jeune

par une mission locale (478 euros par an)36. Le fait que plus de la moitié des jeunes au chô-

mage avant leur service soient en emploi ou formation qualifiante à l’issue de leur service à Unis-Cité constitue également un impact non négligeable et valorisable monétairement sous la forme des allocations économisées pour la collectivité. De même, si la contribution à l’éducation civique des jeunes et le fait que les anciens volontaires votent plus que leurs pairs du même âge et du même profil éducatif est difficilement monétarisable, la contri- bution des volontaires sur le terrain, par exemple dans le cadre des missions Médiaterre et Passeurs de mémoire, peut être plus facilement monétisée. Ainsi, le recul de la perte d’autonomie grâce aux visites de convivialité régulières ou aux ateliers de stimulation de la mémoire organisés par les jeunes peut être chiffré, soit au coût épargné par les structures ou familles, soit au coût de prise en charge de la perte d’autonomie momentanément évitée. De même, l’impact des Médiaterre sur les familles bénéficiaires peut être a minima fixé aux économies faites par ces dernières.

Ainsi, un premier calcul du ratio « somme des impacts sociaux du service civique Unis- Cité » sur « somme des financements alloués » (par l’État comme par les autres partenaires du programme, collectivités et entreprises mécènes) conduit à la conclusion que pour un euro investi dans Unis-Cité (tant par l’État que par les autres partenaires), la somme des im- pacts d’Unis-Cité sur l’ensemble de ses parties prenantes est de 3,50 euros. Ce chiffre, qui peut évidemment être éminemment contestable, n’est pourtant pas si éloigné des études

35. Cette partie a été écrite par Marie Trellu-Kane. 36. Source : Chiffres clés Mission locale, 2008.

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réalisées au Canada37 ou aux États-Unis, estimant que chaque dollar investi dans le service

civique rapporte au moins deux dollars à la collectivité, rien qu’en valorisant les services rendus par les jeunes (et à l’exclusion donc de l’impact du service pour les jeunes). Si la méthode SROI est encore considérée comme expérimentale, elle permet toutefois d’approcher plus finement l’ensemble des impacts sociaux du dispositif de service civique proposé par Unis-Cité, et de remettre en cause certains préjugés : en effet le service civique semble, en définitive, rapporter bien plus qu’il ne coûte à la société…

37. Social and Economic Impact Study of the Katimavik Program, R.A. Malatest and Assocites ltd, June 2006.

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Entretien avec François Leurs

Directeur général du centre communal d’action sociale (CCAS) de Lambersart.

Q Depuis combien de temps accueillez-vous des volontaires en service civique à Unis-Cité dans votre établissement ? Quelles missions mènent-ils ?

Le CCAS de Lambersart intervient dans plusieurs domaines : gérontologie, handicap, insertion sociale et professionnelle, aide des familles, aides légales… Le social est la base de notre travail ! C’est dans cette perspective que nous nous sommes engagés dans la démarche du service civique et que nous accueillons depuis deux ans des volontaires d’Unis-Cité. Les vingt-deux jeunes que nous accueillons mènent deux types de mission. La première en direction des personnes âgées comporte deux volets : les volontaires rendent visite aux personnes âgées et participent aux animations. Ces rencontres, pour nous, sont essentielles car elles créent un lien social et humain fort, c’est aussi un engagement mutuel car les volontaires comme les personnes âgées sont « acteurs » du projet.

L’année suivante les jeunes sont intervenus sur un deuxième projet qui s’appelle « Pour un même regard ». Les volontaires interviennent auprès des personnes porteuses d’un handicap. Dans le cadre de cette mission, les volontaires Unis-Cité accompagnent trois groupes de travail composés de personnes handicapées qui désirent organiser des loisirs comme des sorties, des visites… Un autre groupe de volontaires a une mission de sensi- bilisation des citoyens à la question du handicap. Les jeunes sont aussi mobilisés sur la mémoire des habitants d’un quartier actuellement en programme de rénovation urbaine.

Q Quelle est la valeur ajoutée de jeunes en service civique dans un établissement public ?

Il y a, selon moi, deux valeurs ajoutées. La première est celle d’Unis-Cité qui porte un projet associatif fort pour le service civique et l’engagement de la jeunesse. Ensuite il y a une construction à trois, un partenariat entre Unis-Cité qui joue un rôle de médiateur, les jeunes et le CCAS. La plus-value apportée par les jeunes est que leur présence nous oblige à nous questionner sur notre responsabilité par rapport à la jeunesse : comment envisage-t-on leur accueil ? Quelles ressources pourrons-nous leur apporter ? Ces ques- tions renforcent nos projets. Enfin l’action des volontaires, c’est-à-dire l’échange qu’ils impulsent, contribue à l’évolution des projets menés sur le territoire. Plus concrètement les jeunes en service civique démontrent une capacité de propositions, d’échange et de questionnement. Ils ont réussi à instaurer une relation forte avec les bénéficiaires de notre structure. L’engagement des jeunes dans un service civique permet de les voir autrement que sous le prisme des difficultés et des problèmes. C’est pour cette raison que je pense qu’il faut considérer la jeunesse comme un moment fort et d’enrichissement, c’est ce que fait Unis-Cité !

Q Quelle complémentarité existe-t-il entre les volontaires et le personnel du CCAS ?

Les rôles d’Unis-Cité et du CCAS sont bien définis en ce qui concerne le pilotage des volon taires. Au sein du CCAS, certains salariés sont responsables du pilotage des jeunes en service civique. Ainsi ces salariés sont disponibles pour chaque volontaire et pour le groupe. Ce lien qui se crée avec les jeunes nous oblige aussi à réfléchir à la façon dont nous pouvons leur expliquer nos actions, nos missions et notre rôle. Le personnel du CCAS gagne beaucoup à côtoyer ces jeunes qui viennent de milieux différents. C’est une opportunité pour nous tous de faire évoluer les représentations.

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