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Sentiments de la population locale envers les migrants en Suisse : historique

Années 40-50

Au cours de ces décennies, la communication entre les étrangers et la population locale s’avère difficile car cette dernière développe un sentiment de méfiance à leur égard, les déqualifie et les ignore quand elle ne les discrimine pas. Même si une grande partie des migrants sont des saisonniers, il est très difficile pour eux de se faire une place.

Années 60-70

Au début des années 60, alors que la politique suisse était notamment celle de la rotation, la vision de l’étranger devint encore plus négative, à tel point que des courants xénophobes commencent à faire leur apparition. Ces derniers souhaitent qu’une partie des migrants soit exclue du pays.

En 1964, la montée de xénophobie a forcé la mise en place du plafonnement. Cette décision avec l’Italie sur la réduction du temps de séjour pour l’obtention de permis B ou C a été perçue comme une menace de surpopulation pour le peuple qui a donc peur de voir trop d’étrangers sur le territoire suisse (Piguet, 2009).

La xénophobie, toujours présente dans le pays et de plus en plus forte, influence certaines politiques mises en place. Elle a ainsi influé sur l’implantation des lois limitant l’entrée des étrangers en territoire suisse. Par ailleurs, plusieurs initiatives, dont celle dite « initiative Schwarzenbach », citée plus haut, sont lancées et ont malgré tout été refusées. Cependant, le refus de cette initiative s’est illustré par une très faible majorité de votes (54%).

Par ailleurs, lorsque l’accord avec l’Italie a été accepté, ce dernier n’a pas bien été perçu par l’opinion publique car il y avait une crainte de l’augmentation d’étrangers (Piguet, 2009).

Cette vague de xénophobie critiquait un certain « laisser-faire » du gouvernement suisse en matière d’immigration avant les années 70 et ce mouvement a poussé le pays à prendre des mesures contre cette soi-disante inertie qui permettait à n’importe quel étranger d’entrer en Suisse. De fait, la mise en place de la politique des quotas « fut encouragée par l’hostilité d’une partie de la population envers les étrangers, traduite par plusieurs initiatives xénophobes » (Wanner & Fibbi, 2002, p.11).

Le courant xénophobe pousse aussi le gouvernement suisse à être discriminatoire en fonction des nationalités des migrants. En effet, les nationalités les plus « acceptées » qui sont les plus

24 présentes dans le pays à cette époque sont les Italiens et les Espagnols, dont la culture est plutôt « proche » de celle de la Suisse. Les autres nationalités ayant une culture plus

« lointaine » sont discriminées par rapport à ces dernières. Une certaine « préférence » se dessine alors au sein de la population envers les étrangers du Sud de l’Europe.

Le fait que dans les années 70, beaucoup d’étrangers repartent dans leur pays d’origine à cause de la crise pétrolière rassure la population et dissipe ses craintes. Dans un autre sens, certains mouvements affichent une certaine solidarité avec les étrangers en « déposant des initiatives en faveur d’une politique d’admission plus libérale et d’une amélioration des conditions de séjour des étrangers » (Kaszás, 2007, p.89). Néanmoins, ces initiatives sont refusées.

Années 80

Au cours des années 80, des mouvements progressistes, des églises et certains partis lancent l’initiative « Etre solidaires en faveur d’une nouvelle politique à l’égard des étrangers », déposée en 1977. Cette initiative prévoyait une politique humaine de la migration et notamment la suppression du statut de saisonnier ainsi qu’une politique d’intégration immédiate. Le sentiment de la population est visible par le rejet massif de cette initiative, lors de son vote en 1981 (Dormoy, 1989).

Les mouvements xénophobes poussent le pays à plafonner de nouveau l’immigration. Les autorités tentent de contrer cette xénophobie et ne met pas en place ce nouveau plafonnement.

Mais les refus n’empêchent pas ces mouvements d’exercer une pression constante sur les autorités au cours de cette décennie (Piguet, 2009).

Années 90

Le sentiment des suisses change quelque peu dans le courant des années 90 : les étrangers commencent à être mieux acceptés par la population.

Néanmoins, la perception de cette dernière est meilleure en ce qui concerne les étrangers de culture « proche », la méfiance étant toujours un peu présente chez les nationalités plus éloignées, et cette perception se ressent parfois dans les politiques, notamment dans ce cas.

Certaines politiques mises en place, contribuant à une sélection des étrangers, viennent à être critiquées, illustrant ainsi un certain changement.

Par exemple, comme cité plus haut, le modèle des trois cercles est critiqué par les milieux patronaux (particulièrement au niveau hôtelier et au niveau du bâtiment), puis par la

25 Commission fédérale contre le racisme, qui caractérisent ce troisième cercle comme une discrimination pour les personnes issues des cultures qui y sont placées. Les milieux du travail ont toujours besoin d’une main-d’œuvre étrangère et le modèle des trois cercles est abandonné (Piguet, 2009).

Années 2000 jusqu’à aujourd’hui

Malgré quelques cas de xénophobie de la part de certaines personnes, situés de manière locale, le mot est dorénavant à l’intégration de l’étranger. En théorie, l’immigré est considéré comme un citoyen, à l’image de la population suisse. Cependant, nous observons parfois une certaine isolation de l’étranger qui, dans le processus d’intégration, garde ses valeurs culturelles et ne s’intègre parfois pas à la culture suisse.

Même si la vision de l’étranger a tout de même évolué au fil du temps, une crainte de la part de la population locale se manifeste par rapport à la criminalité étrangère, selon la nationalité :

« les migrants sont ainsi associés par certains à des comportements « culturellement » plus violents ou irrespectueux des normes et usages de la société d’accueil » (Piguet, 2009, p.100).

Même si cela ne représente qu’une minorité d’étrangers réfugiés ou en difficulté d’intégration, les préjugés et représentations restent encore ancrés dans les mentalités. Ainsi, encore aujourd’hui, la société suisse n’offre pas un accueil favorable à certains immigrés, selon leur nationalité. Certaines nationalités sont plus rejetées que d’autres par la population, ceci concerne particulièrement les pays de l’Est et les Balkans, par exemple. La population locale n’est donc encore aujourd’hui pas totalement ouverte aux étrangers qui arrivent dans le pays.

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