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Semi-continuité

Dans le document Topologie et calcul différentiel (Page 78-81)

Quand on considère des applications à valeurs réelles (et même à valeurs dans R l’ordre de R (étendu à R ) permet de définir des notions de limite inférieure et supérieure, et de continuité inférieure et supérieure, ce qui est parfois très utile en analyse.

Limites inférieures et supérieures.

Soient X un espace topologique, A et B des parties de X avec A contenue dans a∈ A et f : B → R une application. Soit K l’ensemble des valeurs d’adhérences de f( quand x tend vers a dans A (voir le paragraphe 3.3), qui est compact et non vide dans Rpar la proposition 4.4. Le plus petit (respectivement grand) élément de K est appelé la limite inférieure (respectivement supérieure) de f(x) quand x tend vers a dans A. sont notés

lim inf

x→a, x∈A f (x) et x→a, x∈Alim sup f (x)

respectivement, avec les conventions analogues à celles des limites. Exemples. (1) Si f(x) converge vers ℓ quand x tend vers a dans A, alors

lim inf

x→a, x∈A f (x) = lim supx→a, x∈A f (x) =x→a, x∈Alim f (x) .

(2) Par l’exemple de la fin du paragraphe 3.3, on a

lim inf

x→ 0+ sin

1

x = −1 et lim supx→0+ sin

1

x = +1 . −1

1

(3) (Même cet exemple est explicitement marqué hors programme de classe prépara- toire.) 0 1 2 3 xn lim inf xn lim sup xn n

Si (xn)n∈N est une suite réelle, alors ses plus petite et plus grande valeurs d’adhérence

sont

lim inf

n→+∞ xn= inf{ǫ ∈ R : ∀ N ∈ N, ∃ n ≥ N, xn≤ ǫ}

lim sup

n→+∞ xn= sup{ǫ ∈ R : ∀ N ∈ N, ∃ n ≥ N, xn≥ ǫ}

avec les conventions usuelles sup

=−∞ et inf

∅ = +∞. Comme les valeurs d’adhérences

d’une suite dans un espace métrisable sont les limites de ses sous-suites, lim infn→+∞

est la plus petite limite d’une suite extraite de (xn)n∈N, et lim supn→+∞ xn est la plus

Les limites inférieures et supérieures existent toujours, contrairement aux limites. Bien sûr, lim sup x→a, x∈A f (x) = − lim infx →a, x∈A−f(x) et lim inf

x→a, x∈Af (x) ≤ lim supx→a, x∈A

f (x)

avec égalité si et seulement si f admet une limite quand x tend vers a dans A (par la dernière assertion de la proposition 4.4), et alors la limite est égale à la valeur commune des membres de droite et de gauche. Ceci est d’ailleurs une méthode parfois utile pour montrer qu’une fonction à valeurs réelles admet une limite : on montre que les limites inférieures et supérieures coïncident, et alors la limite est la valeur commune.

Proposition 5.25 Soient X un espace topologique, A et B des parties de X avec A contenue dans B, a ∈ A et f, g : B → R deux applications.

(i) Soit V un système fondamental de voisinages de a dans X. Alors lim inf

x→a, x∈Af (x) = supV∈V

inf

x∈V ∩Af (x)

lim sup

x→a, x∈Af (x) = infV∈V x∈V ∩Asup f (x) .

(ii) Si f(x) ≤ g(x) pour tout x dans B, alors lim inf

x→a, x∈Af (x)≤ lim infx→a, x∈Ag(x) et xlim sup→a, x∈A

f (x)≤ lim sup

x→a, x∈A

g(x) .

(iii) Notons ⊙ ou bien l’addition d’un couple d’éléments de R qui n’est pas de la forme (−∞, +∞) ou (+∞, −∞), ou bien le produit de deux élements de [0, +∞] qui ne sont pas de la forme (0, +∞) ou (+∞, 0), ou bien le maximum de deux éléments de R, ou bien le minimum de deux éléments de R. Alors

lim inf x→a, x∈A f (x)⊙ g(x) ≥  lim inf x→a, x∈A f (x)  ⊙lim inf x→a, x∈A g(x)  , lim sup x→a, x∈A f (x)⊙ g(x) ≤ lim sup x→a, x∈A f (x)⊙lim sup x→a, x∈A g(x),

De plus, les inégalités de (iii) sont des égalités lorsque l’une des limites inférieures/supé- rieures du membre de droite est une limite.

Remarque. Si dans (i) nous prenons V = {Vn : n ∈ N} avec Vn+1 ⊂ Vn pour tout

n, alors la suite infx∈Vn∩Af (x)



n∈N est croissante (car (Vn)n∈N est décroissante), donc

converge dans R vers sa borne supérieure. D’où par (i) lim inf

x→a, x∈Af (x) = limn→+∞ x∈Vinfn∩A

f (x) .

De même, la suite supx∈Vn∩Af (x)



n∈Nest décroissante, et

lim sup

x→a, x∈Af (x) = limn→+∞ x∈Vsupn∩A

f (x) .

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En particulier, si (xn)n∈Nest une suite réelle, alors, le point +∞ dans R admettant

système fondamental dénombrable de voisinages [N, +∞]N∈N, et en prenant A = B

N ⊂ R, on obtient

lim inf

n→+∞ xn= supN∈N ninf≥Nxn= limN→+∞ ninf≥Nxn,

lim sup

n→+∞ xn= infN∈N supn≥Nxn= limN→+∞ nsup≥Nxn.

Preuve. Quitte à changer f en −f, il suffit de vérifier ces propriétés pour la limite inférieure, sauf quand ⊙ est le produit dans (iii), mais cette situation se traite de manière semblable.

(i) Soient

s = lim inf

x→a, x∈Af (x) et t = supV∈V

inf

x∈V ∩Af (x) .

Puisque s est une valeur d’adhérence, pour tout V dans V , on a s ∈ f(V ∩ A) (voir proposition 3.12). Donc

s≥ inf f(V ∩ A) = inf f(V ∩ A) ,

et en prenant la borne supérieure sur les V dans V , on a s ≥ t. Supposons par l’absurde que s > t. Soit u ∈ ]t, s[, ce qui entraîne que ]u, +∞] est un voisinage de l’ensemble des valeurs d’adhérence de f(x) quand x tend vers a dans A. Par la troisième assertion la proposition 4.4, soit U un voisinage de a dans X tel que f(U ∩ A) ⊂ ]u, +∞] . Alors t≥ inf f(U ∩ A) ≥ u, contradiction.

(ii) Ceci découle de (i) par passage des inégalités à la borne inférieure et sup rieure. Pour faire les choses en détail, pour tout V dans V et tout y dans V ∩ A, a infx∈V ∩A f (x)≤ f(y) ≤ g(y). Par conséquent en prenant la borne inférieure sur y, pour

tout V dans V

inf

x∈V ∩Af (x)≤ infy∈V ∩Ag(y) .

Donc, pour tout V dans V , inf

x∈V ∩Af (x)≤ supV′∈V y∈Vinf′∩Ag(y) .

En prenant la borne supérieure sur V , et par (i), on a bien lim inf

x→a, x∈A f (x)≤ lim infx→a, x∈A g(x) .

(iii) Nous ne faisons la preuve de l’assertion (iii) que si a admet un système fondamental dénombrable de voisinages, que l’on peut supposer décroissant, noté (Vn)n∈N, en renvoyan

par exemple à [Dix, §7.3] pour le cas général. Il suffit de considérer le cas de la somme, les autres se traitent de manière analogue. Pour tout n dans N, et tout y dans Vn∩ A,

a

f (y) + g(y) ≥ infx

∈Vn∩A

f (x) + inf

x∈Vn∩A

g(x) . Donc, en prenant la borne inférieure sur y, pour tout n dans N, on a

inf

y∈Vn∩A

f (y) + g(y) ≥ infx

∈Vn∩A

f (x) + inf

x∈Vn∩A

g(x) .

Donc par un passage à la limite quand n tend vers +∞ en utilisant la remarque suivant l’énoncé, on a

lim inf

x→a, x∈A f (x) + g(x) ≥ lim infx→a, x∈A f (x) + lim infx→a, x∈A g(x) . 

Remarque. On ne peut pas remplacer les inégalités dans l’assertion (iii) par des égalités. Par exemple, si (xn)n∈Nest la suite réelle définie par x3k= 0, x3k+1= 1, x3k+2= 1/4 pour

tout k ∈ N, et si (yn)n∈N est la suite réelle définie par y3k = 1, y3k+1= 0, y3k+2= 1/4

pour tout k ∈ N, alors lim inf

n→+∞ xn+ yn= 1/2 > 0 = lim infn→+∞ xn+ lim infn→+∞ yn.

Semi-continuité inférieure et supérieure.

Soient X un espace topologique, x0∈ X et f une application de X dans R. Notons

V(x0) l’ensemble des voisinages de x0dans X.

x0 x

f (x0)

f (x)

applications semi-continues inférieurementx0

x f (x0)

f (x)

L’application f est dite semi-continue inférieurement en x0si

∀ λ < f(x0), ∃ V ∈ V (x0), ∀ x ∈ V, f (x)≥ λ .

On peut comme d’habitude remplacer V (x0) par n’importe quel système fondamental

de voisinages de x0 dans X. En particulier, si X est un espace métrique, alors f est

semi-continue inférieurement en x0si et seulement si

∀ λ < f(x0), ∃ ǫ > 0, ∀ x ∈ X, d(x, x0) < ǫ =⇒ f(x) ≥ λ .

Par définition d’une limite inférieure, f est semi-continue inférieurement en x0si et seule-

ment si

lim inf

x→x0, x6=x0

f (x)≥ f(x0) .

De même, l’application f est dite semi-continue supérieurement en x0si

∀ λ > f(x0), ∃ V ∈ V (x0), ∀ x ∈ V, f (x)≤ λ .

On peut comme d’habitude remplacer V (x0) par n’importe quel système fondamental

de voisinages de x0 dans X. En particulier, si X est un espace métrique, alors f est

semi-continue supérieurement en x0si et seulement si

∀ λ > f(x0), ∃ ǫ > 0, ∀ x ∈ X, d(x, x0) < ǫ =⇒ f(x) ≤ λ .

Par définition d’une limite supérieure, f est semi-continue supérieurement en x0 si

seulement si

lim sup

x→x0, x6=x0

f (x)≤ f(x0) .

Bien sûr, f est semi-continue inférieurement (resp. supérieurement) en un point de X et seulement si −f est semi-continue supérieurement (resp. inférieurement) en ce point.

Pour éviter de confondre les notions, il est conseillé de retenir la définition d’une application semi-continue inférieurement, et de prendre pour définition d’une application semi-continue supérieurement f l’assertion « −f est semi-continue inférieurement ». Dans de nombreux exemples d’analyse (par exemple de minimisation de fonctionnelles), ce son de toutes façons les applications semi-continues inférieurement qui apparaissent le plus fréquemment.

Remarque. Remarquons que f est continue en x0si et seulement si f est semi-contin

inférieurement et supérieurement en x0.

Cette remarque anodine fournit une méthode de démonstration de la continuité un point d’une application à valeurs réelles : bien souvent l’une des semi-continuités un point est immédiate pour des raisons générales (voir ci-dessous), et il suffit alors montrer l’autre.

Exemples. L’application de R dans R nulle en dehors de 0 et valant −1 en 0 est semi- continue inférieurement, mais pas supérieurement, en 0.

Pour tout n dans N, soit fn : t7→ e−nt

2

, qui est continue en 0, donc semi-contin inférieurement en 0. L’application f = infn∈Nfn, qui est nulle en dehors de 0 et vaut

en 0, n’est pas semi-continue inférieurement. En particulier, on ne peut pas remplacer borne supérieure par la borne inférieure dans la seconde assertion du résultat suivant.

x 0

1

x7→ e−n x2

Proposition 5.26 Si f, g : X → R sont semi-continues inférieurement (resp. supérieu- rement) en x0, alors les applications max{f, g}, min{f, g}, f + g, ainsi que fg si f

g sont positives ou nulles, sont semi-continues inférieurement (resp. supérieurement) x0.

Si (fi)i∈I est une famille d’applications de X dans R, semi-continues inférieurement

en x0, alors f = supi∈Ifiest semi-continue inférieurement en x0.

Si (fi)i∈Iest une famille d’applications de X dans R, semi-continues supérieurement

en x0, alors f = infi∈Ifiest semi-continue supérieurement en x0.

En particulier, la borne supérieure d’une famille d’applications continues est semi- continue inférieurement (mais elle n’est en général pas continue, par exemple en considé- rant la suite des fn: t7→ −e−nt

2

, dont la borne supérieure est l’application nulle en dehors de 0 et valant −1 en 0, qui, si elle est semi-continue inférieurement, n’est pas continue). Preuve. Il suffit de considérer le cas des applications semi-continues inférieurement. La première assertion découle de la proposition 5.25 (iii). Pour la seconde, soit t < f(x0)

supi∈Ifi(x0) et i0∈ I tel que t < fi0(x0). Puisque fi0est semi-continue inférieurement, il

existe un voisinage V de x0tel que si x ∈ V , alors fi0(x)≥ t. Donc pour tout x ∈ V , on

a f(x) ≥ fi0(x)≥ t. D’où f est semi-continue inférieurement. 

L’application f est dite semi-continue inférieurement (resp. supérieurement) si elle est semi-continue inférieurement (resp. supérieurement) en tout point de X.

Proposition 5.27 Les assertions suivantes sont équivalentes : • L’application f est semi-continue inférieurement

• Pour tout t dans R, l’ensemble des x dans X tels que f(x) > t est ouvert. • Pour tout t dans R, l’ensemble des x dans X tels que f(x) ≤ t est fermé.

Preuve. Les deux dernières assertions sont équivalentes par passage au complémentaire. Montrons que la première implique la seconde. Supposons f semi-continue inférieure- ment. Alors f−1( ]t, +∞]) est voisinage de chacun de ses points, par définition de la semi-

continuité inférieure, donc est ouvert. La réciproque est aussi claire.  Nous laissons au lecteur le soin d’énoncer et de démontrer les affirmations analogues dans le cas semi-continu supérieurement.

Exercice E.61 Soit X un espace topologique. Pour toute partie A de X, on note χA(ou

parfois IA) la fonction caractéristique de A, définie par χA(x) = 1 si x∈ A, et χA(x) = 0

sinon.

Montrer que A est ouvert (respectivement fermé) si et seulement si χA est semi-

continue inférieurement (respectivement supérieurement).

Nous avons vu qu’une application continue d’un compact dans R atteint à la fois sa borne inférieure et sa borne supérieure. Lorsque l’on s’intéresse uniquement à l’une de ces deux bornes, il suffit d’une propriété de semi-continuité, comme le montre le résultat suivant.

Théorème 5.28 Soit X un espace topologique compact non vide, et f : X → R une application semi-continue inférieurement. Alors f atteint sa borne inférieure : il existe x0∈ X tel que f(x0) = infx∈Xf (x).

Preuve. Soit m = infx∈Xf (x). Si m = +∞, alors f est l’application constante +∞,

et le résultat est clair. Sinon, soit (λn)n∈N une suite de réels strictement supérieurs à

m et convergeant en décroissant vers m (par exemple λn = m + 1/n si m > −∞ et

λn =−n sinon). L’ensemble Kn= f−1([−∞, λn]) est fermé dans X, par la proposition

5.27, donc compact, et non vide, car λn > m. L’intersection décroissante de compacts

K =Tn∈NKnest donc non vide, et si x0 est un point de K, alors f(x0)≤ λnpour tout

n, donc f (x0)≤ m, donc f(x0) = m. 

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