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1 Configuration expérimentale

1.3 Selection des populations et mesure de la comparabilité

Au sein de la selection des faisceaux, il s’agit également de sélectionner les populations d’actifs frontaliers et d’actifs non frontaliers qui se seront utilisées pour l’analyse comparée. A l’instar des faisceaux, l’évaluation de la comparabilité permet de rendre compte des différences et des points communs entre la population de frontaliers thionvillois et d’actifs voironnais. Pour chacun des deux faisceaux, environ 7 500 frontaliers et actifs non frontaliers résident dans les agglomérations morphologiques de Thionville et de Voiron et travaillent dans celles de Luxembourg et de Grenoble. Bien que l’effectif de navetteurs soit équivalent, il s’agit de comprendre si leurs caractéristiques sociodémographiques présentent des similarités.

1.3.1 Une répartition des populations équivalente selon la composition du mé-nage

La composition des ménages (Figure 5.9) présente des répartitions proches en fonction des deux populations. La part de célibataires sans enfants est plus importante chez les fron-taliers (23 %) que chez le actifs voironnais (9 %). Dans le cas des familles monoparentales la répartition est équivalente entre les deux populations (6 %). Les couples sans enfants repré-sentent 14 % des frontaliers et 17 % des actifs voironnais, cette répartition est relativement équivalente. La grande majorité des frontaliers thionvillois (57 %) et des actifs voironnais (68 %) sont en couple avec des enfants. On note un écart de 11 points de pourcentage entre les deux populations. Quelques différences émergent dans la répartition des populations selon la composition du ménage. Toutefois, les frontaliers thionvillois et les actifs voironnais s’ins-crivent globalement dans la même tendance, à savoir des individus principalement en couple avec des enfants5.

Figure5.9 – Répartition des populations cibles selon la composition du ménage

1.3.2 Des frontaliers plus jeunes

La répartition des individus selon les tranches d’âge (Figure 5.10) est plus hétérogène. Ainsi les frontaliers sont légèrement plus jeunes avec une moyenne d’âge de 38 ans6

contre 42 ans pour les actifs voironnais. La plus grande différence se situe dans la tranche d’âge 30 à 40 ans qui représente 50 % de l’effectif chez les frontaliers et 30 % chez les actifs voironnais. Ce déséquilibre se répercute sur les autres tranches d’âge. Ainsi, 35 % des actifs voironnais se situent dans la tranche d’âge 40 à 50 ans contre seulement 26 % des frontaliers. La tranche d’âge 50 ans et plus est également inégale dans la répartition des deux populations. En effet, elle compte seulement 9 % de frontaliers contre 22 % d’actifs voironnais. Bien que la moyenne d’âge des frontaliers et des actifs voironnais soit relativement proche, la répartition selon la tranche d’âge est plus contrastée. Ce résultat suggère que les frontaliers thionvillois et les actifs voironnais se situent à une tape de leur cycle de vie relativement décalé. Il faudra tenir compte de ce paramètre dans l’analyse des données.

Figure5.10 – Répartition des populations cibles selon la classe d’âge

1.3.3 Des actifs voironnais mieux qualifiés

Le niveau d’étude (Figure 5.11) est marqué par des différences relatives. Tout d’abord, les actifs voironnais sont globalement mieux qualifiés que les frontaliers. 56 % des voironnais bénéficient d’un niveau d’étude supérieur contre 46 % des frontaliers7

. Logiquement, la part des frontaliers ayant arrêté leurs études au niveau secondaire est de 54 %. La part de celle des actifs voironnais est de 44 %. Bien que les voironnais soient dotés d’un niveau de quali-fication plus important que celui des frontaliers les différences demeurent relatives. Ces deux populations sont globalement bien qualifiées.

6. La moyenne d’âge de l’ensemble des frontaliers est de 40 ans.

Figure 5.11 – Répartition des populations cibles selon le niveau d’étude

1.3.4 Une majorité d’employés chez les frontaliers

Le répartition des frontaliers et des actifs non frontaliers selon la catégorie socioprofes-sionnelle (Figure 5.12) montre une répartition relativement inégale entre les deux populations. En effet, 54 % des frontaliers occupent un poste d’employé contre 20 % des actifs voironnais. Les frontaliers sont soureprésentés dans la catégorie ouvriers avec seulement 7 % contre 23 % pour les voironnais. La part des voironnais qui occupent une profession intermédiaire est plus importante (24 %) que celle des frontaliers (8 %). Au niveau des postes de directeurs ou de cadres, la répartition est relativement équilibrée entre les deux populations. Enfin, 5 % des actifs voironnais sont artisans ou commerçants contre seulement 1 % des frontaliers.

1.3.5 Une répartition des budgets temps similaire

L’équivalence de la répartition selon les deux publics montre que les frontaliers et les actifs non frontaliers sont soumis à des temps contraints importants et un temps libre limité (Figure 5.13). Cette dernière temporalité est sujette à discussion. En effet, le détail des motifs de déplacement des enquêtes standard de mobilité ne permet pas de distinguer la nature des activités réalisées durant le temps domestique. Il est possible d’émettre l’hypothèse que le temps domestique est également consacré à la gestion du ménage, à savoir, faire à manger s’occuper des enfants etc. Ainsi une part importante de ce temps pourrait être considéré comme un temps contraint et donc augmenter la part de celui-ci au cours d’une journée de travail type. En accord avec la démarche de recherche ce dernier élément sera exploré au cours de l’approche compréhensive à travers l’enquête auprès des ménages. Les temps physiologiques représentent le plus important budget temps d’activité pour les deux populations (35 et 34 %). L’emprise du temps professionnel représente 31 % du temps quotidien. 22 % du temps est consacré aux activités domestiques pour les actifs non frontaliers et 24 % pour les frontaliers. Le temps de déplacement occupe une place importante dans la temporalité de la journée avec 8 % du budget temps total pour les deux publics. Enfin les temps de loisirs et de sociabilité représentent 1 % pour les deux populations.

La répartition des budgets temps d’activités témoigne de similarités importantes entre les deux publics et confirme leur comparabilité sur le plan temporel.

1.3.6 Des faisceaux de mobilité et des populations relativement comparables

Les deux faisceaux présentent des caractéristiques semblables mais aussi des différences qui peuvent influencer les comportements spatiaux des individus. Celles-ci doivent être prises en compte et discutées au cours de l’analyse des résultats (Figure 5.14). Au niveau de la configuration spatiale, les agglomérations morphologiques de Thionville et de Voiron sont localisées à équidistance des pôles principaux de Luxembourg (27 km) et de Grenoble (26 km). Une discontinuité urbaine marque la séparation entre les agglomérations de travail et de résidence dans les deux cas. Les deux terrains sont dotés d’axes de communications si-milaires : une autoroute, une départementale et une ligne de chemin de fer relient les pôles émetteurs (Thionville-Voiron) et récepteurs (Luxembourg-Grenoble). Par ailleurs, le nombre de véhicules qui empruntent quotidiennement les axes routiers (autoroutes et départementales) est équivalent d’un terrain à l’autre. Toutefois, des différences apparaissent également. Tout d’abord, les agglomérations morphologiques de Grenoble et de Thionville sont plus étendues que celles de Luxembourg et de Voiron. Les populations plus importantes dans ces mêmes agglomérations expliquent ce déséquilibre. Avec des espaces urbains plus importants, Grenoble et Thionville présentent un plus fort potentiel d’activité. Ainsi, les actifs voironnais pourraient tendre à réaliser davantage d’activités dans leur agglomération de travail et les frontaliers thionvillois dans leur agglomération de résidence. L’offre de transport en commun et l’accessi-bilité, sont semblables sur chacun des faisceaux. En effet, chaque espace est doté d’une ligne TER et d’une ligne de bus interurbaine. Le temps de déplacement entre les agglomérations de résidence et de travail se situe aux alentours de 30 min. Cependant, les lignes de bus et de TER qui desservent l’agglomération de Voiron présentent des fréquences plus importantes que celles relevées à Thionville. Avec une fréquence de passage plus importante à Voiron, les horaires sont plus souples et pourraient donc intervenir dans l’organisation des programmes d’activités des actifs voironnais au niveau spatial et temporel. Ainsi, en comparaison aux Voironnais, les actifs frontaliers seraient davantage contraints par les horaires et la fréquence des transports en commun. Les données disponibles pour l’analyse des comportements spatiaux sont issues des enquêtes standard CERTU de mobilité. Il s’agit de l’EDVM de Thionville Val-de-Fensh et de l’EMD de la région urbaine grenobloise. De par la standardisation du questionnaire, les données sont comparables. Quelques différences existent entre les données des deux enquêtes. Tout d’abord, le protocole d’enquête diverge au niveau de la passation. D’un côté, l’enquête est réalisée en face à face pour l’ EMD et de l’autre par téléphone pour l’EDVM. Par ailleurs,

une partie du questionnaire de l’EMD interroge les individus sur le détail de leurs trajets (fiche trajet). Ces questions ne sont pas présentent dans le protocole de l’EDVM. Dans le cas de l’EMD, l’ensemble de toutes les personnes du ménage âgées de cinq ans et plus sont interrogées et seulement la personne de référence pour l’EDVM. Cette dernière différence im-plique de comparer uniquement les comportements spatiaux des personnes de référence des ménages d’actifs frontaliers à ceux des Voironnais. Concernant les populations sélectionnées pour l’analyse comparée des comportements spatiaux, dans chacun des deux faisceaux, 7 500 actifs résident dans les agglomérations de Thionville et de Voiron et travaillent respective-ment dans celles de Luxembourg et de Grenoble. Ces individus partagent des caractéristiques sociodémographiques proches. La majorité des actifs Voironnais et frontaliers sont en couple avec des enfants. Cependant les frontaliers sont caractérisés par une surreprésentation de cé-libataires. Ces frontaliers moins contraints par la gestion du ménage seraient susceptibles de réaliser davantage d’activités en dehors du domicile et du travail. La moyenne d’âge des deux populations se situe aux alentours de 40 ans. Toutefois, on note une surreprésentation des actifs thionvillois dans la tranche d’âge 30 à 40 ans. Ces actifs se situeraient à une étape de leur cycle de vie du ménage où les enfants sont moins autonomes au niveau de leur mobilité quotidienne. Ainsi, les frontaliers seraient plus contraints que les Voironnais qui tendraient à réaliser davantage d’activités grâce à des horaires plus flexibles. La répartition des deux populations selon la CSP montre une surreprésentation des frontaliers employés et une sous-représentation de ces mêmes actifs dans les professions intermédiaires. A notre connaissance, cette répartition n’influencerait pas directement les comportements spatiaux des individus en dehors du budget économique de transport. Au niveau temporel, les budgets temps libre et temps contraint sont équivalents entre les deux populations. Ils seraient donc soumis à des pressions temporelles équivalentes.

Fig ure 5.1 4 – Simi la rités et différences des fais ceaux et des populatio ns