• Aucun résultat trouvé

La seconde expérience, relatée t>ar le CRELEF (Centre de Recherche en Linguistique et Enseignement du Français) (1987), s'est

LES EXPERIENCES PEDAGOGIQUES

B. La seconde expérience, relatée t>ar le CRELEF (Centre de Recherche en Linguistique et Enseignement du Français) (1987), s'est

déroulée dans le Jura français, dans deux classes de cours préparatoire, l'une accueillant surtout des enfants maghrébins, l'autre beaucoup d'enfants turcs. Pendant cette année importante d'apprentissage de la lecture, l'arabe dans une classe, le turc dans l'autre ont été introduits par les maîtres de langue et culture d'odgine de façon très diverses histoires racontées, marionnettes, sensibilisation aux musiques étrangères, danses, travaux manuels, etc.

Les enseignants de langue et culture d'origine intervenaient périodiquement au cours du fonctionnement normal de la classe mais à statut égal avec les enseignants français, l'hypothèse étant que, dans ces conditions favorables de bilinguisme, les enfants maghrébins et turcs pourraient mieux entrer dans l'apprentissage de la lecture. Les résultats comparant les classes expérimentales et les classes témoins, ont montré une plus grande réussite aux tests de lecture chez les enfants ayant eu des cours de langue maternelle que chez les autres, mais les progrès les plus notoires ont été marqués chez les enfants turcs. Cette expérience, mise sur pied et analysée par une équipe de recherche dirigée par J.Peytard de Besançon, partait de l'hypothèse de l'interdépendance développementale de Cummins et des travaux suédois de Skutnabb-Kangas & Toukomaa, déjà mentionnés dans ce texte. C'est une des seules, à notre connaissance, à avoir donné à des enseignants de langue et culture d'origine un statut identique à celui des enseignants autochtones en les associant à un projet communautaire.

de parler aussi de ce qui se fait en Suisse. Par manque de connaissance, nous serons loin d'être exhaustif et un répertoire d'activités interculturelles et interlinguistiques pourrait faire Pobjet d'une autre publication qui traiterait aussi des liens à développer entre les différentes aires de pratiques et de recherches préoccupées par la scolarisation des enfants de familles immigrées. Tout en n'ignorant pas les pratiques interculturelles de diverses équipes mixtes - enseignant autochtone et enseignant étranger - fonctionnant depuis plusieurs

années déjà en Suisse Allemande, nous ne relèverons ici que quelques pratiques genevoises qui essaient de favoriser le statut égalitaire des langues d'origine des élèves et la coopération entre enseignants suisses et étrangers.

Depuis plusieurs années, des expériences ont lieu ponctuellement dans des écoles particulièrement riches en diversité culturelle. Ainsi, on a vu des enseignantes travaillant avec de petits groupes d'enfants peu ou pas scolarisés s'attacher la collaboration précieuse d'une enseignante de cours de langue et culture d'origine. Après un travail de préparation en petits groupes, des contes lus dans les deux langues (français et portugais la plupart du temps) sont présentés à la classe entière. Il faut noter que certains enfants refusent parfois d'entrer dans une activité prévue dans leur langue d'origine tant il leur semble qu'à l'école seul le français est admis, la langue d'origine remplissant d'autres fonctions et s'actualisant dans d'autres espaces. Pour contourner cette résistance, la médiation d'une autre langue, inconnue de toute la classe, semble être parfois une voie possible à suivre. En effet, tous les enfants se trouvent face à une méconnaissance commune et ils n'ont que la possibilité de se référer à leur monde connu, à savoir leurs langues, pour opérer des comparaisons, observer des similitudes et des différences. Dans cette situation, ils peuvent donc parler leur langue et de leur langue sans se sentir interpeller enx­

mêmes. D'autres enfants, au contraire, se lancent dans de très longs discours, difficiles à interrompre, lorsqu'ils sentent que l'école donne un espace à leur langue. Parfois, la médiation se fait, chez les plus petits, à travers le jeu de marionnettes polyglottes ou, chez les plus

grands, par l'utilisation de livres bilingues très variés dont des ouvrages dans les quatre langues nationales suisses. Il faut citer encore les activités pendant lesquelles l'enseignante étrangère vérifie la compréhension d'histoires lues en français en posant des questions en langue d'origine, les discussions autour des coutumes diverses qui entourent les fêtes locales comme !'Escalade ou internationales comme Noël, et la collaboration de certains parents qui viennent en classe décrire, entre autres, leur pays, leurs habitudes, leurs jeux d'enfants.

La nouvelle structure que s'est donné l'école primaire genevoise depuis 1987, le SENOF (Service pour les Enfants Non-Francophones) propose aux titulaires de classe, des cours de formation, l'aide d'enseignantes plus expérimentées dans l'accueil des enfants étrangers et propose un matériel varié qui favorisent les démarches oscillant souvent entre une pédagogie compensatoire destinée àl'intégration scolaire des enfants étrangers et une approche interculturelle prévoyant des activités communes à tous les enfants d'une classe. Avec beaucoup de prudence, ce service offre aux enseignants qui se trouvent démunies lors de l'arrivée d'un enfant ou qui voudraient évaluer tant soit peu ses personnes connaissant la langue de l'enfant et ayant à disposition certains exercices aidant à connaître le niveau de scolarisation suivi dans Je pays d'origine.

Depuis plusieurs années, grâce à la bibliothèque interculturelle du Livron (Meyrin-Genève) créée et développée par une enseignante, E.

Zurbriggen, les enseignants de langue et culture d'origine ont trouvé un lieu d'intégration où ils occupent une place légitime qui ne leur est

souvent pas proposée dans les autres écoles. Or, au Livron, leur collaboration aux activités de la bibliothèque les met en contact avec les titulaires de classe et ils peuvent, de cas en cas, jouer le rôle de médiateur. Ils connaissent en effet suffisamment le système scolaire suisse et les obstacles qui peuvent se dresser devant un dialogue fructueux entre l'école et la famille pour pouvoir jeter des ponts entre les interlocuteurs. De plus, leur présence légitime auprès des parents et des enfants l'importance que l'école donne à la langue d'origine donc à la communauté immigrée. On peut regretter que cette initiative ne soit pas plus imitée car elle réussit à faire de l'école du Livron un lieu où les enfants, certains enseignants suisses, les enseignants étrangers et les parents se retrouvent dans des activités communes qui brisent les clivages socio-culturels habituels.

Nous citerons encore la publication du dossier "Arc-en ciel"

( Zubriggen, 1989), préparée expressément pour une approche interculturelle. Ce matériel fort riche présente d'abord des démarches pédagogiques à partir de langues et d'alphabets différents puis, en trois chapitres plus spécialisés, propose des activités sur les trois pays d'immigration du sud de l'Europe soit l'Italie, l'Espagne et le Portugal.