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Nice Bordeaux Paris Strasbourg

In v estissements (M€) Paroi Murs Plancher Toiture Vitres Ventilation

Figure 5.6 – Évolution des investissements dans la rénovation thermique en fonction du climat considéré 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0

Nice Bordeaux Paris Strasbourg

In v estissements (M€) Chauffage chaudiere PAC air−air PAC air−eau radiateurs

Figure 5.7 – Évolution des investissements dans les systèmes de chauffage en fonction du climat considéré

grande rentabilité par rapport à la rénovation thermique.

5.3

Second cas d’étude : Parc hétérogène

L’outil développé peut également servir à analyser des problématiques connexes en lien avec la planification énergétique, et notamment les politiques énergétiques nationales.

Cette section présente deux études appliquées à un parc de nombreux bâtiments hétéro- gènes. La première analyse les rénovations nécessaires pour atteindre un objectif type SNBC mais également l’impact du contenu carbone de l’électricité retenu sur les mesures activée.

5.3.1 Stratégie Nationale Bas Carbone : rénovation vs émissions

Objectif : Minimiser le coût total

Contraintes : Consommation surfacique de chauffage maximale : 60 kWh/m2 Paramètres : Taux d’actualisation : 5%

Horizon : 20 ans

La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) se décline en de nombreuses orientations. L’une d’elles (B2) prévoit une rénovation profonde du parc bâti français, visant à lui faire atteindre en moyenne le niveau de performance dit BBC (Bâtiment Basse Consommation). Le niveau BBC dans la rénovation est fixé à environ 80kWh/m2/an, ajusté en fonction de la géographie et l’altitude du lieu [103].

Cette section cherche à quantifier les coûts d’investissements engagés pour atteindre un tel niveau de performance finale. Tous les bâtiments utilisés pour la calibration du méta- modèle de consommation (voir Fig. 2.8) sont intégrés dans cette étude, soit environ 3000 bâtiments.

L’objectif de l’optimisation reste une minimisation des coûts totaux sur un horizon de 20 ans. Étant donné que nous n’avons pas modélisé la consommation d’Eau Chaude Sanitaire (ECS) dans cette thèse, on considère une consommation fixe de 20 kWh/m2 pour tous les bâtiments, et la cible à atteindre en termes de consommation de chauffage est alors de 60kWh/m2/an. Une contrainte sur le niveau de performance global est intégrée :

∑︁

b∈BEb(Zb)

∑︁

b∈BSbH

≤ 60kWh/m2 (5.1)

La Figure 5.8 représente la distribution des coûts d’investissements nécessaires pour atteindre l’objectif macro, en différenciant les bâtiments selon leur classe DPE initiale. Les bâtiments les moins performants font, sans surprises, l’objet de plus gros investissements. Un montant moyen de 209e/m2 est investi dans les bâtiments de classe G contre seulement

57e/m2 pour ceux de classe C par exemple.

Ces chiffres sont propres au parc de bâtiment modélisé et sont donc difficilement trans- posables à une échelle plus large en l’état. La possibilité de réaliser ce type d’étude au niveau national est discuté en perspectives (voir Sec. 6.2).

On peut noter que tous les bâtiments ne sont pas forcément rénovés à un niveau de per- formance très élevé. En effet, les DPE classés F et G sont majoritairement rénovés en classe C ou D. Il semble donc que les rénovations très profondes soient trop coûteuses, et qu’il soit plus rentable économiquement de rénover légèrement des bâtiments de performance correcte (B, C et D). En revanche, la Figure 5.9 permet d’observer que les bâtiments présentant de bonnes performances initiales font généralement l’objet d’un remplacement du chauffage initial. En revanche, à mesure que l’on s’attaque à des bâtiments peu performants, la mise en place de rénovations plus complètes est observée (rénovation thermique et remplacement

5.3. Second cas d’étude : Parc hétérogène

du chauffage. La Figure 5.10 représente la distribution finale des énergies consommées.

0 200 400 B C D E F G DPE initial In v estissements (€/ m 2 ) DPE final A B C D E

Figure 5.8 – Scénario SNBC : Distribution des coûts de rénovation énergétique en fonction des classes DPE

0 25 50 75 100 A B C D E F G DPE initial Propor

tion des bâtiments (%)

Type de rénovations Rénovation thermique Rempl. chauffage Rénovation thermique + Rempl. chauffage

Figure 5.9 – Scénario SNBC : Types de rénovations activées selon les DPE initiaux

Pour aller plus loin, une étude similaire menée sur un ensemble de bâtiments représentatif parc bâti national tant au niveau thermique que système pourrait permettre l’analyse des

0 200 400 600

Consommation d'énergie (kWh/m²/an)

Initial Final

Figure 5.10 – Scénario SNBC : Distribution des énergies de chauffage avant et après scé- nario SNBC

coûts de rénovation nécessaires au niveau national pour atteindre une cible de type SNBC. Aussi, cela rendrait possible l’identification de solutions de rénovation à mettre en œuvre pour différentes typologies de logements.

5.3.2 Contenu carbone de l’électricité et politique énergétique

Déclinaison du problème d’optimisation

Objectif : Minimiser une fonction économique (investissements et coût total) Contraintes : Réduction des émissions de GES : 70%

Paramètres : Taux d’actualisation : 5% Horizon : 0 et 20 ans

Contenu carbone de l’éléctricité : 79, 147, 180 et 210 gCO2e/kWh

Le chauffage électrique occupe une place à part dans le paysage énergétique. En effet, les modes de chauffage électrique n’utilisent pas un combustible, mais un vecteur énergétique. L’électricité est générée de manière majoritairement centralisée, sur le réseau électrique français, à partir d’un mix de combustibles varié. L’électricité permet de transporter l’énergie qui est convertie en chaleur dans le bâtiment. À l’inverse, les autres modes de chauffage comme les chaudières gaz et fioul ou chauffages au bois exploitent directement le combustible par des équipements décentralisés (au sens de la distribution).

Dès lors, la valeur du contenu carbone caractérisant le chauffage électrique vis-à-vis des autres combustibles est sujette à débat. Celle-ci dépend grandement d’hypothèses de calcul et les valeurs adoptées tiennent souvent autant d’une volonté politique que d’une réalité physique. On observe notamment parmi les méthodes de calcul le plus couramment utilisées :

Moyenne : La méthode de calcul par moyenne estime la quantité moyenne de gaz à effet de serre émise par un kilowattheure d’énergie produit par le mix électrique. Pour obtenir cette valeur, on divise les émissions totales annuelles par l’énergie produite

5.3. Second cas d’étude : Parc hétérogène

sur la même année. Cette métrique, très simple, est utile pour visualiser l’évolution d’un parc de production. Cependant, elle est peu représentative du fonctionnement du réseau électrique : chaque kilowattheure produit n’émet pas la même quantité de GES. Surtout, elle ne distingue pas les différents usages de l’électricité et leur saisonnalité. Saisonnalisée par usage : Cette méthode distingue la production annuelle en deux blocs,

l’un appelé bloc “base”, monopolisé toute l’année, et l’autre bloc “saisonnier”, appelé en hiver. Un contenu carbone est calculé pour chacun de ces blocs afin de représenter la variation des moyens de production appelés. La consommation électrique est ensuite divisée en usages (chauffage, eau chaude sanitaire, tertiaire, etc.) lesquels se voient attribué un facteur de saisonnalité. Le chauffage est 100% saisonnier par exemple, au contraire d’usages comme l’ECS qui le sont moins. Ainsi, on peut calculer un contenu carbone pour chaque usage, selon sa part saisonnière et sa part de base. Cette méthode est notamment critiquée pour sa faible représentativité du système électrique.

Mensualisée par usage : Cette fois-ci, un contenu carbone moyen est associé à chaque mois de l’année. La consommation de chaque usage est également décomptée pour chaque mois de l’année, permettant d’établir un facteur d’émission annuel pour chaque usage par somme pondérée des émissions mensuelles. Cette vision est plus représentative du système électrique mais offre une vision figée de celui-ci (en cas d’évolution des usages).

Marginale : Cette méthode considère l’impact d’actions à la marge de l’ensemble du système électrique. On estime l’augmentation ou la réduction à la marge de la consommation entraîne un évitement (ou un ajout) des émissions de GES des derniers moyens appelés, souvent très carbonés. Ce calcul n’est par définition valable qu’à la marge d’un système donné. Il permet d’évaluer l’influence de l’usage sur l’évolution du mix et non l’inverse. Leurs valeurs suivantes, admises dans différents textes, sont considérées :

• La RT2012 : C’est la dernière réglementation thermique en vigueur, qui encadre la construction neuve et en rénovation depuis 2012. Le contenu carbone de l’électricité a été fixé à 180 gCO2e/kWh en utilisant une méthode de calcul saisonnalisée.

• La Base carbone de l’ADEME : Les valeurs de contenu carbone sont régulièrement ré- ajustées. En 2018, le contenu carbone de l’électricité a été estimé à 147 gCO2e/kWh

par la même méthode saisonnalisée, mais en prenant compte l’évolution du parc de production.

• La proposition E+C- : Cette proposition devait augurer de la future réglementation thermique à venir en 2020. Dans cette proposition, le contenu carbone de l’électricité était fixé à 210 gCO2e/kWh.

• La RE2020 : La réglementation énergétique qui sera mise en œuvre courant 2020 prévoit de baisser le contenu carbone de l’électricité à 79 gCO2e/kWh, valeur estimée par la méthode mensualisée.

L’objectif de cette section n’est pas de discuter la pertinence de certaines valeurs par rapport aux autres, mais d’observer l’effet que les valeurs adoptées peuvent avoir sur les solutions à mettre en œuvre.

NPC − 20 ans Investissements

État initial E+C− RT2012 BaseCarbone RE2020 0 5 10 0 5 10 Besoin de chauff age (GWh) Bois chaudiere poele Electricité chaudiere PAC air/air PAC air/eau radiateurs Fioul chaudiere poele Gaz chaudiere

Figure 5.11 – Évolution du besoin et de la fourniture de chauffage en fonction du contenu carbone de l’électricité

La Figure 5.11 représente l’évolution du besoin énergétique et des systèmes de chauffage mis en œuvre pour satisfaire ce besoin en fonction des contenus carbone employés. Ceux-ci sont désignés par le texte dans lequel ils sont définis. La cible de réduction des émissions de GES est fixée à 70%. Deux stratégies de rénovation sont comparées : l’une cherchant à minimiser les investissements et l’autre considérant le coût total sur 20 ans.

On observe, dans un cas comme dans l’autre, que la réduction du contenu carbone désen- gage des investissements dans la réduction du besoin pour les réorienter vers des moyens de chauffage électriques. C’est d’autant plus visible dans le cas où l’on cherche à réduire les émissions à investissements minimums : les modes de chauffage électriques, notamment peu performants comme les chaudières et les radiateurs, sont préférés au chauffage bois et à la rénovation thermique. Cet effet est lissé par la prise en compte de la réduction de la facture énergétique, mais reste visible dans le second cas, où la part des chaudières électriques aug-