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Plus quatre études générales de prospective

Composante 2 Contexte de la recherche-expertise (France-UE)

1. Description des scénarios globau

1.1. Scénario 1 : Fin des PMA

 Les crises environnementales restent sans réponses politiques ;

 La recherche vise l’excellence économique des Régions, dans l’indifférence de la

population ;

 Les PMA sauvages ne sont plus des objets de recherche, encore quelques recherches

peu ambitieuses en aquaculture de PMA.

Durant la dernière décennie, des crises environnementales majeures, en Europe, (e.g. rejets nucléaires, pollutions accidentelles, pollutions chroniques, introductions d’espèces invasives) ont conduit à une dégradation massive de la qualité de l’eau et de fortes perturbations des écosystèmes, tant dans les eaux continentales qu’en milieu marin. La réponse politique n’ont pas été à la hauteur de ces enjeux environnementaux. Au contraire, les priorités sociétales, définies localement et avec une vision à court terme, n’ont été dictées que par les besoins énergétiques, alimentaires et sanitaires face à l’accroissement de la population et au changement climatique. En France, les SDAGE se sont maintenus en s’orientant sur les aspects sanitaires (qualité de l’eau pour assurer l’eau potable et la production énergique). La

192 dimension vivante des milieux aquatiques n’est plus prise en compte car perçue comme trop complexe et surtout trop onéreuse. En France, la STRANAPOMI devient une relique.

Par ailleurs, face à la crise économique, le grand public juge la recherche trop déconnectée de la réalité, peu génératrice d'emplois et de richesses. Une pression s'opère pour orienter les financements vers une recherche tournée vers l'économie locale.

L'Etat a poursuivi la structuration de la recherche autour de grands pôles régionaux en développant la politique dîtes des EX (Idex, Labex, Equipex et successeurs). Les collectivités territoriales régionales se sont emparées de ses structures et les considèrent maintenant comme des éléments majeurs de leur développement économique. Les entreprises privées, après des premiers partenariats public-privé qui n’ont pas tenu leurs promesses, trouvent enfin leur place dans ces pôles en tant que pilotes et de financeurs de la recherche et en tant qu’opérateurs de R&D. Ces pôles sont d'autant plus importants que dans le même temps, les financements nationaux type ANR, plus portés vers la recherche fondamentale, se sont amenuisés. Toutefois, ce lien public-privé dans la recherche induit la défiance du public dans un cercle vicieux : la défiance du public entraîne la baisse des financements nationaux qui accentue la recherche de financements privés entretenant ainsi la défiance du public.

Logiquement, l'évaluation de la recherche accentue le poids des indicateurs de production appliquée (dépôts de brevets, transferts vers les secteurs économiques, créations d'emplois).

Dans ce contexte de recherche très appliquée, plus portée sur le brevet technique que sur la connaissance, la recherche en écologie est en perte de vitesse à l’exception de celle en lien direct avec le développement économique (nouvelles énergies, etc.). L’affichage de la prise en compte des « biens et services écosystémiques » devient une obligation pour toute réponse à un appel d'offres de recherche.

Le cortège de PMA ne repose que sur quelques populations restées relativement abondantes du fait de leur capacité intrinsèque d’adaptation et à la réussite de mesures de gestion antérieures (plans de restauration ou d’introduction). La plupart des autres espèces ont quasiment disparu. Quelques espèces du sud ont réussi à se relocaliser plus au nord. Cette nouvelle diversité de PMA sauvages ne fait pas pour autant l’objet d’attention particulière de la part des gestionnaires. Il n’y a pas d’outils de diagnostic spécifiques mis en place pour les PMA. Avec la baisse prononcée des abondances et de la colonisation, l’intérêt économique/vivrier des PMA sauvages devient insignifiant à l’exception des quelques secteurs où les populations sont le support d’une activité de pêche pour la consommation humaine, encore rentable pour quelques temps. On se tourne essentiellement vers une aquaculture de production intensive hors sol sur très peu espèces (saumon, esturgeon, anguille), qui reste limitée du fait des contraintes spatiales et sanitaires. Le caractère migratoire des PMA est d’ailleurs perçu comme une contrainte technique et économique qui freine le développement de cette activité.

Globalement, comme la Société, les chercheurs se détournent des PMA. Le nombre de chercheurs concernés par ces espèces, en Europe comme dans le reste du monde, diminue. Depuis 5 ans, les formations universitaires ne proposent plus de modules dédiés aux PMA. Cette tendance est renforcée par un désintérêt général pour la biologie de la part des jeunes scientifiques et par les contraintes réglementaires qui encadrent l’expérimentation animale. Les travaux des quelques chercheurs restant et (et vieillissants) travaillant sur les PMA sauvages trouvent maintenant leur place dans des approches globales des communautés malgré l’importance modeste dans le fonctionnement des écosystèmes reconnue pour ces espèces. Contrairement au reste de la biologie qui mobilise de plus en plus d’outils de haute

193 technologie, ces recherches, vivant sur les acquis du passé, se limitent à des approches de terrain avec une instrumentation réduite à la collecte de données. La partie analytique se limite à de la biométrie, parfois complétée par des analyses plus sophistiquées toujours sous-traitées. L’échelle de travail, sans être déterminante, est celle de l’individu, plutôt que celle de la cellule ou de la population des PMA. Le renouvellement de ces chercheurs, lors de leur départ à la retraite, sur des profils de poste centrés sur les PMA n’est pas à l’ordre du jour.

Episodiquement, des consortiums de recherche focalisés sur l’aquaculture, en réponse à des appels d’offre spécialisés, abordent les PMA et rassemblent les quelques chercheurs concernés par l’élevage de ces espèces, majoritairement issus du secteur privé.