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Satisfaisabilité, axiomatisation

Dans le document L OGIQUEMATHÉMATIQUE : INTRODUCTION (Page 36-39)

2.3 Interprétation

2.3.5 Satisfaisabilité, axiomatisation

Formules satisfaisables

Une formule closeF du langage de signatureS est ditesatisfaisablesi elle possède au moins un modèle, c’est à dire s’il existe uneS-structureMtelle queM|=F.

La notion de formule satisfaisable est en quelque sorte duale de la notion de formule universelle-ment valide :

Proposition 2.3.1 Une formule close F est satisfaisable ssi¬F n’est pas universellement valide.

Démonstration. La formuleF est satisfaisable ssi existe un modèleM deF. Par définition de l’inter-prétationM|=FssiM6|= ¬F, doncFest satisfaisable ssi¬Fn’est pas universellement valide.

Une formule satisfaisable définit donc une classe de structures : celles qui la satisfont. Par exemple la formule du langage de l’égalité (signature vide) :

xy¬x=y

est satisfaite dans toutes les structures égalitaires – c’est-à-dire simplement les ensembles – ayant au moins deux éléments. On dit qu’elleaxiomatisecette notion.

De même la formule

xyz(z=xz=y)

est satisfaite dans les ensembles ayant au plus deux éléments, et la conjonction des deux formules pré-cédentes :

xy¬x=y∧ ∃xyz(z=xz=y) dans les ensembles ayant exactement deux éléments.

Conséquence et équivalence sémantiques

SoitΓ un ensemble de formules, etG une formule d’un langage de signatureS, alorsΓa pour conséquence Gquand dans touteS-structureM, et dans tout environnement suffisant pour évaluerΓ etG, siMsatisfait chaque formuleFdeΓ, alorsMsatisfaitG, et on écritΓ`G. Par exemple il est facile de vérifier (on rappelle que les structures sont d’ensemble de base non vide) que :

xy¬x=y` ∀xy¬x=y.

Par définition`Gsignifie queGest universellement valide. Il est facile de vérifier que F1, . . . ,Fn`C ssi `(F1∧ · · · ∧Fn)→C.

On dit queFetGsont équivalentes quandFa pour conséquence sémantiqueGet réciproquement. On note :

FG ssi F`GetG`F.

2.3. INTERPRÉTATION 37

Tout d’abord on peut s’autoriser des abréviations usuelles. Par exemple on écrirax6=ypour¬x=y,

«6=» n’est pas un symbole du langage,x6=ydésigne la formule¬x=y, et il est clair qu’à une formule de signatureS∪{6=} apparaît, on fait correspondre par une substitution « simple » une formule du langage S.

En généralisant les exemples précédents, on s’aperçoit facilement que l’on peut axiomatiser les en-sembles à au moins (resp. au plus, resp. exactement) trois éléments, puis généraliser à un entiern quel-conque. Pour axiomatiser la notion d’ensemble à au moinsnéléments on écrira :

x1. . .∃xn

^

06i<j6n

xi6=xj. (2.1)

Pour pouvoir exprimer ceci on a introduit des notationsqui ne font pas partie du langage étudiémais qui là encore renvoientpour chaque entier nà une formule du premier ordre. En ce qui concerne la suite de quantificateurs∃x1. . .∃xn F, la signification pour chaque entiern est claire. La conjonction V06i<j6nxi6=xj, même si elle pourrait se définir syntaxiquement, utilise implicitement les propriétés dite d’associativité et de commutativité de la conjonction qui sont sémantiques (l’interprétation d’une suite de conjonctions ne dépend ni de l’ordre ni du parenthésage). Tout ce qui nous intéresse est de savoir qu’il existe pour chaque entiernune formule du langage notéeV

06i<j6nxi6=xj vérifiant pour toute structureM:

M|= ^

06i<j6n

xi6=xj ssi pour tout couple i,jtel que 06i<j6nM|=xi6=xj .

Il faut bien prendre garde à ce que, pour prendre un exemple, on ne peut parler que deconjonctions fi-nies, les conjonctions infifi-nies, qui intuitivement ont un sens n’existent pas en langage du premier ordre.

Dans le même ordre d’idée, l’entierndans la formule (2.1)ne fait pas partie du langage. En particulier on ne peut quantifier surndans le langage. Par exemple on dirait volontiers qu’un ensemble est infini à la condition :

Pour tout entiernx1. . .∃xn ^

06i<j6n xi6=xj.

Mais ceci n’est pas une formule du langage du premier ordre égalitaire (pour éviter les confusions, on n’a pas utilisé le signe∀pour la quantification universelle surn). On peut montrer qu’il n’est pas possible d’axiomatiser la notion d’ensemble infini par une seule formule du premier ordre.

Théories

Un moyen de remédier partiellement à certains manques d’expressivité de la logique du premier ordre est d’utiliser des ensembles infinis de formules. Évidemment il faudra bien trouver un moyen « fini » de décrire cette infinité de formules.

Unethéorie du premier ordredans un langage de signatureS est un ensemble de formulesclosesdu langage (comme on se situe en logique du premier ordre on parlera simplement de théorie).

UneS-structure estM modèle d’une théorie T quand elle est modèle de chacune des formules de la théorie. On note comme pour les formulesM|=T.

Une théorie est ditesatisfaisablesi elle a un modèle, c’est à dire s’il existe une structureM qui est modèle de la théorie. Une théorie est diteincohérente, inconsistante, ou contradictoire dans le cas contraire, c’est à dire si elle n’a pas de modèle.

Une propriété desS-structures est diteaxiomatiséepar une théorieT quand les structures ont la propriété en question si et seulement si elles sont modèles deT.

Ainsi la notion d’ensemble infini est axiomatisée par la théorie (infinie) : {∃x1. . .∃xn

^

06i<j6n

xi6=xj/n∈N}. (2.2)

Une propriétéaxiomatisableest une propriété qui est axiomatisée par une certaine théorie. Quand de plus cette propriété est axiomatisée par une théorie finie on dit qu’elle estfiniment axiomatisable. Il

est facile de voir qu’alors la propriété est axiomatisée par une seule formule : la conjonction des axiomes de la théorie.

Tout ne peut pas se résoudre en considérant une infinité de formules. Ainsi on peut exprimer dans le langage de l’égalité pour chaque entiernqu’un ensemble possède au plusnéléments, comme devrait vous en convaincre l’écriture suivante :

mais il n’y a aucun moyen apparent d’exprimer ceci dans le langage égalitaire du premier ordre, même avec une infinité de formules. On peut montrer qu’en fait la notion d’ensemble fini ne s’axiomatise pas au premier ordre.

Exemple : l’arithmétique de Peano

Voici comment on axiomatise l’arithmétique au premier ordre.

successeur non nulx∈Ns(x)6=0 ;

Cette axiomatisation n’est pas une formalisation de celle vue en début de cours. Le choix d’un langage du premier ordre de la signature indiquée, entraîne que l’on ne pourra exprimer (par des formules du premier ordre) que des propriétés polynomiales et leurs combinaisons par connecteurs et quantifica-tions. En particulier, la récurrence ne portequesur ces propriétés. Il n’y a plus de théorème général de définition par récurrence (on a pris pour axiomes les définitions par récurrence de l’addition, de la multiplication et de l’ordre). Il s’avère que l’on peut en fait parler indirectement de certaines fonctions, comme l’exponentielle, en représentant leur graphe par une formule6.

Cette restriction n’est cependant pas sans conséquences : la théorie est suffisante pour développer l’arithmétique élémentaire mais pas l’analyse réelle.

Théorèmes d’une théorie

Étant donné une théorieT, et un ensemble de formulesΓ, on écrira parfoisΓ`TGpourT∪Γ`G, soitL’ensemble de formuleΓa pour conséquence la formule G dans la théorie T.

Quand on explicite la définition, cela signifie que pour touteS-structureMmodèle deT, pour tout environnement suffisant pour évaluerΓetG, siMsatisfait chaque formuleFdeΓ, alorsM satisfaitG.

De la même façon on noteFTGpourF`TGetG`TG.

Une formule closeGest unthéorèmede la théorieTquand tout modèle de la théorieT est modèle deG, ce qui équivaut à`TG.

Par définition aucune structure ne satisfait l’absurde⊥, donc :

`T⊥signifie que la théorieTest incohérente.

On peut généraliser également ces définitions aux théories : une théorieT0est conséquence d’une théorieTsi toute formule deT0est conséquence deT, deux théoriesT etT0sont équivalentes siT0est conséquence deTetT conséquence deT0.

6. Le résultat pour l’exponentielle n’est pas évident a priori ; Gödel en a eu besoin pour la démonstration de son théorème d’incomplétude en 1931. Il utilise une astuce où intervient le théorème des restes chinois, pour coder la suite des calculs successifs de l’exponentielle, par itération de multiplications.

2.3. INTERPRÉTATION 39

Dans le document L OGIQUEMATHÉMATIQUE : INTRODUCTION (Page 36-39)