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7. Discussion

7.1. Résultats en lien avec la problématique et la question de recherche

7.1.2. Satisfaction maternelle

Les normes, les protocoles et les partogrammes utilisés en salle d’accouchement influencent les pratiques hospitalières et le management du travail. Il semble pertinent de s’intéresser aux impacts de ces normes, et par conséquent de l’utilisation du partogramme, sur la satisfaction de la femme.

62 Plusieurs études prises en compte dans cette revue de littérature amènent des résultats et des pistes de réflexion à ce sujet.

Les interventions ou les gestes médicaux, souvent dictés par les protocoles hospitaliers et mis en place en fonction de la vitesse de dilatation cervicale et du partogramme utilisé, influencent la satisfaction maternelle. D’après Chalmers et Dzakpasu (2015), l’augmentation du nombre d’interventions, pouvant être perçues comme invasives, est associée à une diminution de la satisfaction des femmes qui accouchent par voie basse [traduction libre] (pp. 378-385). Lavender et al. (2006) renforcent cette affirmation en expliquant que des interventions médicales n’améliorent pas la satisfaction maternelle [traduction libre] (p. 299). Ainsi, une admission dès le début du travail de l’accouchement serait associée à une diminution de la satisfaction maternelle, car selon Incerti et al. (2011), une admission précoce implique d’avantages d’interventions [traduction libre] (p. 34). De même, comme expliqué précédemment, les partogrammes ayant une ligne d’action placée deux heures après la norme de dilatation cervicale d’1 cm/h augmentent la quantité d’actes médicaux durant le travail [traduction libre] (Lavender et al., 2006, p. 299). Ce type de management du travail influence négativement la satisfaction de la parturiente. Pourtant, les résultats de l’étude de Sadler, Davison et Mc Cowan (2001) montrent qu’une durée d’accouchement prolongée est associée à une diminution de la satisfaction maternelle. Parallèlement, un nombre faible de TV (inférieur à trois) renforce la satisfaction des femmes [traduction libre] (p. 228). L’utilisation d’un partogramme ayant une ligne d’action placée une heure après la norme de dilatation cervicale d’1 cm/h oblige une évaluation horaire de la dilatation cervicale et donc un nombre important de TV. Ce type de protocole se retrouve dans bons nombres de maternités suisses, impliquant une surveillance relativement invasive du travail de l’accouchement. Les résultats des études analysées dans cette revue de littérature prouvent que la satisfaction maternelle est impactée négativement par un tel management. Chalmers et Dzakpasu (2015) expliquent que l’impact négatif de tous les actes médicaux sur la satisfaction n’est pas causé par le type d’intervention mais plutôt par le nombre [traduction libre] (p. 383). Ces différents résultats montrent la nécessité de démédicaliser les accouchements physiologiques comme proposé par l’Organisation Mondiale de la Santé [traduction libre] (Chalmers & Mangiaterra, 2001, p. 575).

Malgré la présence de protocoles hospitaliers nécessitant certaines interventions, la sage-femme qui travaille en salle d’accouchement peut améliorer la satisfaction maternelle par l’information donnée à la femme [traduction libre] (Sadler et al., 2001, p. 228 ; Thorstensson et al., 2012, p. 4). En effet, en recevant les informations nécessaires concernant la progression du travail, la femme peut participer activement aux décisions [traduction libre] (Waldenström, Hildingsson, Rubertsson, & Radestad, 2004, p. 23) et se sentir en sécurité [traduction libre] (Sadler et al., 2001, p. 228). De plus, connaître la durée hypothétique du travail favorise également une meilleure satisfaction [traduction libre] (Sadler et al., 2001, p. 228). Ces résultats rejoignent ceux de l’étude de Thorstensson et al. (2012) qui

63 expliquent l’importance d’une information continue et crédible, d’ordre pratique ou médicale [traduction libre] (p. 5). De plus, la sage-femme doit argumenter la pertinence des interventions pour que la femme les comprenne et les interprète positivement [traduction libre] (Chalmers & Dzakpasu, 2015, p. 385). Ces différents éléments renforcent l’idée de Page (2004), promotrice de la philosophie sage-femme, qui explique l’importance de l’information pour favoriser la satisfaction maternelle et l’empowerment de la parturiente.

Plusieurs articles sélectionnés pour cette revue de littérature mettent en avant l’importance du suivi de type « one-to-one » (une sage-femme pour une femme en travail). D’après Sadler et al. (2001), les femmes ayant bénéficié de ce type d’accompagnement ont une satisfaction plus élevée comparées à celles qui ont eu un suivi non-continu [traduction libre] (p. 228). De plus, ce type de suivi réduit l’utilisation d’analgésie péridurale et diminue la durée des accouchements. Cet accompagnement par une sage-femme a un impact également sur le taux de césariennes [traduction libre] (Incerti et al. 2011, p. 34 ; Hodnett, Gates, Hofmeyr, & Sakala, 2011, p. 7).

L’évaluation de la satisfaction a été faite à des moments différents dans les études analysées dans cette revue de littérature. Dans l’article de Lavender et al., (2006), les auteurs mesurent la satisfaction maternelle au cours des premiers jours du post-partum (deux à dix jours après la naissance) [traduction libre] (p. 297). Dans celui de Sadler et al., (2001), deux évaluations sont menées : une durant le travail de l’accouchement et la deuxième six semaines plus tard [traduction libre] (p. 226). Pour finir, Chalmers et Dzakpasu (2015) ont attendu près de sept mois après l’accouchement pour mener leurs investigations [traduction libre] (p. 375). D’après Salder et al. (2001), remplir des questionnaires évaluant la satisfaction maternelle directement à l’hôpital peut mener à des biais dans les résultats [traduction libre] (p. 232). En effet, d’après Green (2012), un bébé en bonne santé peut masquer les réelles perceptions des femmes en post-partum immédiat et ainsi affecter son jugement [traduction libre] (p. 294). Par conséquent, la comparaison des résultats apportés par les études sélectionnées semble difficile car les données ont été récoltées à des moments différents. De plus, les résultats proviennent essentiellement d’études quantitatives, limitant les possibilités de nuancer les perceptions et les propos des femmes. Ils apportent néanmoins des pistes concernant les besoins et attentes des femmes durant l’accouchement.

Aujourd’hui, le management du travail oblige les professionnels à mettre en place des interventions. Les résultats de cette revue de littérature montrent l’importance de limiter les interventions médicales lors d’accouchements par voie basse physiologique. En cas d’interventions, les buts de celles-ci doivent être expliqués clairement aux couples afin de favoriser la satisfaction maternelle et permettre une expérience positive de la naissance. Finalement, un suivi continu de type « one-to-one », comme le préconise certains auteurs, influence positivement le vécu de la femme.

64 De nombreuses autres variables influencent la satisfaction maternelle au cours du travail, comme par exemple le soulagement de la douleur, la présence du conjoint, l’humour ou encore les échanges informels entre la sage-femme et les couples [traduction libre] (Sadler et al. 2001, p. 230 ; Thorstensson et al., 2012, p. 5). Ces variables ne sont pas analysées dans cette revue de littérature, puisqu’elles ne traitent pas directement du sujet de ce travail.

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