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3. PHYSIOPATHOLOGIE DES BRULURES CUTANEES

3.1. DEFINITION D’UNE BRULURE CUTANEE

3.1.2. Sévérité d’une brûlure cutanée

La sévérité d’une brûlure dépend de sa profondeur, de son étendue [85] de sa localisation et de l’âge du patient. Profondeur et étendue dépendent elles-mêmes de la température de l’agent thermique, de la durée et de la nature du contact ainsi que de la conductance des tissus [43, 131]. En outre, la profondeur conditionne le type et la capacité de cicatrisation alors que l’étendue conditionne la présence ou l’absence de signes généraux et donc influence directement la survie de l’animal [84]. Chez l’homme, l’âge apparaît comme un facteur pronostique important : les enfants et les personnes âgées ont en effet une mortalité plus élevée que les adultes dans la pleine force de l’âge.

3.1.2.1. Classement des brûlures cutanées selon leur profondeur

Figure 8 : Brûlure du 1er degré [43]

Figure 9 : Brûlure du 2ème degré

(superficielle) [43] Figure 10 : Brûlure du 2

ème

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Les brûlures cutanées se divisent en lésions épidermiques (ancien premier degré), dermiques superficielles et profondes (deuxième degré) ou sous-dermiques (troisième degré) (cf figures 8, 9 et 10).

Le premier degré désigne des brûlures ne concernant que la surface de l’épiderme. La peau brûlée apparait érythémateuse, sèche, très douloureuse au toucher et aucune répercussion systémique n’est généralement observée. La cicatrisation est rapide, elle se fait par ré- épithélialisation en 3 à 5 jours en moyenne, sans cicatrice visible [85, 143] (cf tableau 1).

Le deuxième degré désigne des lésions affectant l’épiderme dans sa totalité et une portion plus ou moins épaisse du derme. On distingue les brûlures du second degré atteignant le derme superficiel et celles atteignant la totalité du derme. Les premières sont caractérisées par un épiderme carbonisé, des follicules pileux épargnés, une peau douloureuse au toucher et parfois, des répercussions systémiques. Des œdèmes peuvent également être observés. La cicatrisation se fait en 1 à 2 semaines par ré-épithélialisation depuis les follicules pileux et les glandes sébacées. Dans ce cas les cicatrices sont rarement visibles [43, 131] (cf tableau 1). Les brûlures cutanées affectant le derme dans sa totalité sont caractérisées par une peau rouge-blanche, peu sensible à la douleur (les terminaisons nerveuses sont détruites) sauf lors de pressions importantes, et des follicules pileux détruits. Dans cette situation, des escarres et des répercussions systémiques graves sont régulièrement observées. La cicatrisation est généralement effective en 2 à 3 semaines par contraction et épithélialisation. Cependant, dans ce contexte lésionnel et en l’absence d’intervention chirurgicale, la cicatrice est généralement disgracieuse et étendue [43, 131] (cf tableau 1).

Enfin, le troisième degré désigne des lésions profondes affectant l’épiderme, le derme et certaines structures sous-jacentes (muscles, tendons, os). Il est caractérisé par une peau carbonisée, tannée, non douloureuse au toucher et des répercussions systémiques majeures engageant le pronostic vital. La cicatrisation nécessite obligatoirement une intervention chirurgicale avec des greffes ou des lambeaux de peau. Sans elle, les plaies cicatrisent lentement par contraction et épithélialisation et conduisent à des cicatrices de grande taille souvent associées à des dysfonctions des tissus sous-jacents (rétractions tendineuses) [43, 85, 131, 143] (cf tableau 1).

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Tableau 1 : Classification des brûlures cutanées selon leur profondeur Classification des plaies Couche de la peau concernée Caractéristique des plaies Cicatrisation

Premier degré Surface de l’épiderme

Erythème, desquamation

Peau sèche, douloureuse

Absence de répercussions systémiques

Cicatrisation en 3 – 5 j par ré- épithélialisation

Pas de cicatrice visible

Deuxième degré

(superficiel)

Totalité de l’épiderme Derme superficiel

Erythème, peau humide Cloques douloureuses Œdème, escarres

Répercussions systémiques possibles

Cicatrisation en 1 – 2 sem par ré- épithélialisation

Cicatrice peu visible

Deuxième degré (profond)

Totalité de l’épiderme Totalité du derme

Peau rouge – blanche Douleur réduite Escarres

Répercussions systémiques graves Cicatrisation en 2 – 3 sem par contraction et épithélialisation Cicatrices hypertrophiques Intervention chirurgicale recommandée (greffe)

En règle générale, un animal brûlé présente une combinaison de lésions de profondeurs différentes réparties à la surface du corps et à son admission, il est souvent difficile de pouvoir rapidement évaluer la profondeur des brûlures cutanées, dont l’expression lésionnelle peut mettre plusieurs heures avant d’apparaître cliniquement. Ainsi, les brûlures du deuxième et du troisième degré sont souvent apparentes rapidement après l’exposition alors que celles du premier degré mettent parfois jusqu’à 3 jours pour se déclarer cliniquement [85, 131]. Les escarres correspondent à des zones de nécrose cutanée localisées où la barrière cutanée est interrompue, ce qui favorise la prolifération bactérienne localement [43].

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3.1.2.2. Classement des brûlures selon la surface corporelle brûlée

En médecine humaine, la surface corporelle brûlée, qui s’exprime en pourcentage de surface corporelle totale (%SCT), est estimée en utilisant la « Rule of Nines » pour les adultes et le « Lund-Browder chart » pour les enfants jusqu’à 15 ans [50, 85] (cf figure 11).

La « Rule of Nines » consiste à segmenter le corps en régions correspondant à 9% (ou un multiple de 9%) de la surface corporelle totale. Ainsi la tête et le cou représentent 9% de la SCT et chaque membre antérieur ou postérieur correspond respectivement à 9 et 18% de la SCT. Le thorax, l’abdomen et le dos représentent chacun 18% de la SCT [85, 143]. Les 1% restants correspondent à la région périnéale et génitale. De cette façon, la « Rule of Nines » permet une estimation rapide et précise de l’étendue des brûlures chez l’adulte (cf figure 11A).

Le « Lund-Browder chart » est adapté aux spécificités des enfants de moins de 15 ans et à leurs variations physio-anatomique pendant la croissance [50, 85]. Cette méthode apparaît comme la mieux adaptée aux animaux de compagnie qui, comme les enfants, ont une tête plus grande et des membres plus petits, proportionnellement au reste du corps. L’estimation de la surface corporelle brûlée en médecine vétérinaire se fait donc avec cette deuxième méthode (cf figure 11 B).

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Enfin, une troisième méthode est parfois utilisée chez l’homme : elle consiste à estimer l’étendue d’une brûlure en comptabilisant le nombre de paumes de main nécessaires pour la couvrir en totalité, sachant que la superficie d’une paume de main standard représente 0.52% de la SCT environ [133, 173].

Les brûlures qui concernent moins de 20% de la surface corporelle totale sont considérées comme des brûlures cutanées locales. Celles qui concernent plus de 20-30% de la SCT sont considérées comme des brûlures cutanées étendues [91, 99, 131, 143]. En médecine vétérinaire, on observe souvent des brûlures locales [143]. Ces dernières n’entrainent généralement pas de désordres métaboliques trop sévères et ne nécessitent donc pas de traitement systémique agressif. Les lésions ne sont visibles qu’après 24 à 48 heures, mais la peau devient douloureuse dès le début [143]. A l’inverse, les brûlures cutanées étendues ont fréquemment des répercussions systémiques majeures (désordres métaboliques, cardiovasculaires et pulmonaires sévères) nécessitant une prise en charge médicale et chirurgicale rapides. Parmi elles, les brûlures affectant plus de 50% de la SCT ont un pronostic considéré comme sombre et/ou requérant des soins intensifs très lourds, pouvant justifier une décision d’euthanasie dans les heures qui suivent l’admission.