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Les fonctions de la peau sont variées : assurer la protection de l’organisme contre les agressions du milieu extérieur, limiter les pertes caloriques, participer au métabolisme et aux

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fonctions cognitive et sociale. La perte du revêtement cutané s’accompagne donc d’une augmentation du risque septique, d’une dessiccation des tissus par évaporation de l’eau en surface et d’une hypothermie. Elle s’accompagne aussi d’une perte de la sensibilité douloureuse périphérique « normale », souvent associée à une hyperalgésie et/ou une allodynie et d’une diminution des intéractions sociales [68].

2.1. LA PROTECTION CONTRE L’ENVIRONNEMENT EXTERIEUR

Les agressions du milieu extérieur peuvent être de nature physique (traumatisme, UV, température), chimique ou biologique (parasitaire, bactérienne ou fongique).

2.1.1. Les barrières physiques de la peau

La peau comprend plusieurs barrières physiques très efficaces : le pelage, le film hydrolipidique, la couche cornée et le derme. Le pelage, plus ou moins épais selon la région du corps et la race, empêche le contact entre la peau et les divers agents physiques et/ou chimiques de l’environnement. Il joue notamment un rôle prépondérant dans la protection de la peau contre les rayonnements solaires et ultra-violets et, là où il est absent, les rayonnements sont absorbés par la mélanine, la kératine, les protéines et le sang, ce qui protège les tissus sous-jacents [68]. La couche cornée (et le film hydrolipidique qui recouvre l’épiderme) empêche l’eau et les substances hydrosolubles d’atteindre la peau. Cette fonction repose sur la richesse des cornéocytes en kératine et sur la présence de lipides hydrophobes dans le milieu intercellulaire. La desquamation constante limite aussi le développement excessif de bactéries en surface en empêchant la formation d’un biofilm cutané. Enfin, les réseaux de fibres et la matrice extracellulaire du derme lui confèrent sa résistance à la traction et permettent de prévenir les déchirures cutanées. Ils piègent également les micro-organismes [68].

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2.1.2. Les barrières chimiques de la peau

Le film hydrolipidique de surface est une barrière mécanique mais aussi une barrière chimique car il contient certaines substances antibactériennes [68]. Par exemple, la transferrine capte le fer nécessaire à la croissance et à la prolifération bactérienne. Les acides gras présents à la surface et le faible pH cutané ont aussi une activité antibactérienne démontrée [68]. Le pH normal de la peau est compris entre 5.9 et 6.9 chez le chien sain, avec une variation selon la race, le sexe et la région du corps [122].

2.1.3. La barrière biologique de la peau

Le rôle de barrière biologique de la peau repose sur l’existence d’une flore commensale cutanée, qui comprend une grande diversité de bactéries et de champignons non pathogènes, vivant en symbiose à la surface de l’épiderme et dans l’infundibulum des follicules pileux chez le chien sain [68]. L’ensemble des germes commensaux forme un biofilm symbiotique qui se développe dans des conditions (température, pH, humidité, présence d’un certain type de lipides et protéines en surface) très précises [131]. Lorsque l’un de ces paramètres est modifié, l’équilibre peut se rompre favorisant la multiplication des micro-organismes les plus adaptées aux nouvelles conditions du milieu.

Quand un agent pathogène arrive au contact de la peau, il entre en compétition avec la flore commensale présente à sa surface, ce qui limite sa prolifération. Notons que certaines bactéries commensales (Streptococcus sp., Staphylococcus sp. et Bacillus sp) ont en plus la capacité de produire des substances antibactériennes [131].

2.1.4. Les barrières immunitaires de la peau

Le système immunitaire cutané a deux composantes majeures : cellulaire et humorale. On trouve dans l’épiderme et le derme de nombreuses cellules impliquées dans l’initiation d’une réponse immunitaire. Parmi elles, les kératinocytes, les cellules de Langerhans (qui jouent le rôle de cellules présentatrices d’antigène) et, dans le derme, les fibroblastes, les mastocytes et les macrophages constituent la défense immunologique

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cutanée. Ils produisent des cytokines et des chimiokines qui favorisent la venue des cellules inflammatoires sur le lieu de l’agression. Les macrophages sont également capables de phagocyter les débris cellulaires et les agents pathogènes qu’ils rencontrent.

Le complément et les immunoglobulines se lient à la surface des bactéries, facilitent leur opsonisation, inhibent leur adhérence et leur multiplication. Certaines immunoglobulines sont aussi capables d’inactiver des toxines et certains facteurs de virulence produits par les micro-organismes eux mêmes.

2.2. L’HOMEOSTASIE

2.2.1. L’homéostasie thermique

Une des fonctions principales de la peau est de protéger l’organisme contre le froid. Cette fonction est assurée par le pelage, la vascularisation dermique et l’hypoderme. En effet, le pelage permet d’emprisonner l’air ambiant et de former une couche d’air autour du corps, ce qui l’isole thermiquement. Il permet aussi de limiter directement les mouvements de convection de l’air et limite les pertes thermiques. La vascularisation dermique développée joue un rôle tout aussi important dans la régulation de la température corporelle : lorsque les vaisseaux se dilatent, les pertes thermiques augmentent alors que lorsqu’ils se contractent, elles diminuent [68]. Pour finir, l’hypoderme est essentiellement composé de tissu adipeux qui constitue un bon isolant thermique.

2.2.2. L’homéostasie biochimique

Le derme et l’hypoderme assurent des fonctions de réserve pour de nombreuses substances biochimiques. Ainsi de l’eau et des électrolytes sont piégés par les protéoglycanes de la matrice extracellulaire du derme et peuvent être échangés en situation de déficit. De même, des lipides et des molécules liposolubles sont régulièrement stockés dans les adipocytes de l’hypoderme, qui joue un rôle de réserve énergétique de l’organisme [68].

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2.3. LE METABOLISME CUTANE

La peau participe activement au métabolisme global de l’organisme : elle permet par exemple la synthèse de la vitamine D par assimilation de l’énergie solaire. De même, comme nous l’avons évoqué plus haut, au travers du stockage d’une grande quantité de triglycérides, la peau participe activement à la régulation du métabolisme énergétique/glycémique de l’organisme. Elle est en outre responsable de l’aromatisation périphérique des androgènes et des oestrogènes et peut contribuer activement à l’équilibre endocrino-métabolique global de l’organisme [68].

2.4. LES FONCTIONS COGNITIVES

Les terminaisons nerveuses des fibres sensitives amyéliniques et certaines structures nerveuses spécialisées (corpuscules de Pacini et de Meisner) permettent la perception du toucher (notamment via les vibrisses), de la douleur, de la chaleur ou du froid et la sensation de prurit [68].

2.5. LES FONCTIONS SOCIALES

Certaines glandes sébacées sont spécialisées dans la synthèse de phéromones servant au marquage du territoire, à la reconnaissance individuelle et à l’attraction sexuelle. Ce sont les glandes péri-anales, les sacs anaux et l’organe supra-caudal [68].

L’innervation des muscles érecteurs du poil permettent au chien ou au chat en situation de danger, de dresser les poils du dos afin d’adopter une posture plus menaçante. Cette motricité des poils participe en outre plus largement à l’expression de divers comportements sociaux ou territoriaux.