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CHAPITRE 7 : Le désistement du crime : les relations institutionnelles

7.1.2 La rupture des relations institutionnelles avec les pairs contrevenants

La rupture des relations institutionnelles avec les pairs contrevenants est le seul facteur qui a été identifié comme étant unanimement lié au processus de désistement du crime (Brent,

160 2001; Graffam, Shinkfield, Lavelle et McPherson, 2005; Giordano, Cernkovich et Holland, 2003; Massoglia et Uggen, 2007; Warr, 1998, 2002). Le discours des répondants rencontrés corrobore ce constat. Plusieurs d’entre eux vont jusqu’à affirmer que le processus de désistement du crime ne peut se faire qu’à ce prix : il faut rompre avec les « amis associés au crime ». Ils l’expriment en différents termes : « il faut faire du ménage dans notre entourage » [Francis]; « j’ai fait une croix sur toute les amis de gamique que j’avais » [John]; « j’ai rayé une ostie de gang d’amis. Toute la gang de motards et ceux qui étaient reliés à ça » [Kevin]; « j’ai toute tassé ça les chums du côté bandit » [Nathan].

Giordano, Cernkovich et Holland (2003 : 310) ont observé dans le cadre de leurs recherches que leurs répondants s’étaient isolés sur le plan des relations institutionnelles amicales, mais selon eux, cela avait été associé à une « vie plus productive et au mieux- être ». Pour ces auteurs, cette rupture s’accompagnait donc d’une nouvelle gestion du temps, davantage centrée sur le travail, et un nouveau style de vie, plus conforme aux normes sociales, qui se traduisaient par le mieux-être des répondants. S’il est vrai que la rupture volontaire de certains liens institutionnels amicaux est considérée comme étant propice au désistement du crime, les répondants de notre échantillon ne vont pas jusqu’à l’associer à un mieux-être général. Plutôt que le fait de se sentir « mieux » en général, les propos des répondants évoquent plutôt le sentiment d’être désormais des « outsiders » ou d’être désengagés socialement. Victor, par exemple, n’a presque plus de contacts avec sa fratrie et ses parents. Il s’est aussi coupé des amis qu’il avait avant d’être sentencié. Il se sent différent de ce qu’il était avant :

Je suis rendu un peu plus sauvage. Avant j’aimais ben ça aller dans ma famille, allez voir mes chums, puis asteure je suis plus comme un ermite. –Victor.

La séparation des pairs contrevenants est donc un facilitateur du désistement du crime, mais le sentiment d’isolement qui suit constitue une barrière au désistement du crime. En effet, un nombre grandissant d’études insistent sur le rôle important de la participation citoyenne dans l’aménagement de la « nouvelle vie » des désisteurs (Aresti, Eatough et Brooks- Gordon, 2010; Bracken et coll., 2009; Uggen et coll., 2004), car c’est par le biais de cette

161 participation citoyenne que les ex-contrevenants arrivent à se défaire des stigmates associés à leur passage dans le système pénal (Aresti et coll., 2010). L’absence de cette connexion aux autres se traduirait, pour certains répondants, par l’internalisation de ces stigmates (« less than average citizen », « outsiders ») qui, eux, nuisent à la construction de la nouvelle identité non contrevenante, ou du moins, en ralentissent l’achèvement (Uggen et coll., 2004 : 288).

Les propos des répondants illustrent bien combien il leur a été plus difficile de se désister du crime sans le soutien de ces relations institutionnelles amicales. Cela est apparent dans l’extrait suivant où Patrick raconte que de laisser son passé derrière lui pour pouvoir envisager une nouvelle vie, sans criminalité, s’est fait au prix du sentiment d’isolement qui l’a habité pendant son processus de désistement du crime. D’ailleurs, ce sentiment est toujours présent chez ce répondant :

Donc le premier six mois, je ne peux pas sortir... je ne peux pas me trouver de job là. Je suis 24 heures sur 24 chez nous là. J’ai essayé d’en parler avec mon agent de probation, elle n’est pas trop consentante pour que je puisse sortir pour me trouver un travail. Donc, je suis pogné chez ma mère, en dedans, à regarder la télévision puis à avoir vraiment aucun contact social. Contrairement en prison où tu rencontres… où il y a un certain contact social malgré que tu côtoies des criminels là, donc ç’a été très, très, très difficile. Ensuite de ça, j’ai pogné un autre cinq mois parce que j’avais encore des dossiers en suspens puis que la police a continué à enquêter sur mon dossier. Puis après ça, j’ai repogné un autre six mois… de sursis [le dernier sursis]. Là au moins je travaillais comme serveur. Mais c’était encore difficile parce que tu te fais des amis puis là, ils t’invitent à sortir puis là tu n’oses comme pas trop leur dire que bon, je ne peux pas sortir, je suis en sursis, tu sais. Je suis un petit peu gêné de ça alors je n’en ai jamais parlé. [Intervieweuse : Tu ne l’as pas dit à personne?] Pas à personne. Jamais, jamais, jamais, jamais. C’était comme par fierté, je ne voulais pas leur avouer que j’avais fait ça puis euh… qu’ils me voient comme un moins que rien. Puis au début, au début j’ai longtemps été tout seul parce que je me suis débarrassé de tout mon entourage. Alors j’ai seulement gardé un, j’ai seulement gardé un bon chum qui était en dehors de tout ça [la criminalité]. Puis euh, ç’a été long. Après ça, je me suis fait des amis au travail, mais je ne me suis jamais refait un gros réseau social. Dernièrement oui là, ça va bien, je rencontre du monde à l’école qui ont les mêmes passions que moi, mais avant ça… j’avais comme peur de me refaire des amis, puis j’ai été longtemps tout seul. Puis ç’a été dur. C’est une des raisons qui ont fait que ç’a été dur dans les dernières années, c’est que j’ai été longtemps tout seul, j’ai été beaucoup tout

162 seul. Tu sors de prison, t’es tout seul en sursis, alors je n’ai pas eu l’occasion de me faire des nouveaux amis. Tu te débarrasses de tout le monde alors t’es tout seul, là. J’avais seulement mon père, ma mère puis ma sœur, donc ç’a été extrêmement difficile là. OK, alors les seuls amis que je me suis faits bien c’est au travail, puis encore là comme je t’expliquais tantôt, je ne pouvais pas sortir, alors essaye de te faire un réseau social quand tu ne peux pas sortir… C’est un casse-tête, c’est un casse-tête. –Patrick.

C’est souvent cette peur d’être jugé ou encore d’être rejeté par les autres qui va amener les répondants à s’isoler des autres. Beaucoup de répondants expriment alors que le sentiment d’appartenir à un groupe qu’ils avaient lorsqu’ils étaient contrevenants leur manque76. De tels résultats viennent donc nuancer les constats faits par Giordano et ses collaborateurs (2003) : le fait de se séparer de leurs pairs ne s’est pas traduit par un sentiment de bien-être chez les répondants de cette étude. Leurs propos montrent davantage le sentiment d’isolement qui résulte d’un retrait (parfois volontaire) des relations institutionnelles avec les pairs, sentiment qui, tant du point de vue de la littérature scientifique (Aresti, Eatough et Brooks-Gordon, 2010; Bracken et coll., 2009; Uggen et coll., 2004) que des répondants eux-mêmes, complique le processus de désistement du crime.

7.1.3 La détérioration des relations institutionnelles avec la famille

De nombreuses études indiquent que le fait d’avoir commis des actes criminels s’accompagne, la plupart du temps, d’une détérioration des relations sociales avec la famille et les pairs (Thornberry, 1997). De la même manière, la majorité des répondants rencontrés dans le cadre de cette étude ont vu leurs liens familiaux se détériorer, soit au moment où ils commettaient des délits ou encore au moment où les infractions ont été portées à la connaissance de leur famille. Souvent, lorsque les relations familiales sont rompues ou qu’elles s’enveniment, les répondants se sentent incompris. La rupture est souvent une raison évoquée pour expliquer la poursuite les activités criminelles (« je n’avais plus rien à perdre »). Puis, progressivement, les répondants changent de perspective et évaluent plutôt ce qu’ils devraient faire pour rebâtir ces liens. Ils réalisent alors que ces

76 Voir la section 5.2 du chapitre cinq sur les relations institutionnelles des répondants au moment où ils commettaient des

163 relations institutionnelles ne pourront être reconstruites que s’ils renoncent à commettre des délits. C’est donc l’idéal de reconstruction de ces relations qui devient, en quelque sorte, le leitmotiv de leur désistement. Ivan, par exemple, qui avait perdu contact avec ses enfants et petits-enfants, a vécu cette rupture, pendant un certain temps, comme une entrave à son désistement. À cette époque, il s’est dit qu’il n’avait plus rien à perdre et il a poursuivi ses actes délictuels. Puis, progressivement, cette perception s’est modifiée et Ivan a plutôt eu envie de se désister du crime justement pour rebâtir ces relations institutionnelles familiales :

Tu sais, quand même tes enfants ne veulent pas t’aider… Moi je me sentais comme en délaissement. Je me disais, c’est quoi l’idée? J’ai continué de même un bout temps [à commettre des délits]. Puis… Mais maintenant je sais qu’ils voulaient que je me reprenne en main. Dans le fond c’était pas mal de leur part. C’était juste de me faire comprendre : on ne paiera pas pour toi toute notre vie. […] Je n’avais pas des mauvais enfants, tu sais. Mais, je me disais, ils vont peut-être me donner une autre chance si…, mais il faut que je sois capable de leur prouver que je suis capable de me reprendre en main. Tu sais je voulais… je voulais voir grandir mes petits-enfants puis heu… je me disais que ce n’est pas une vie d’être en dedans puis mes petits-enfants vont voir leur grand-père en dedans toujours là… ce n’est pas évident pour eux autres, là. Alors ça, ça m’a aidé beaucoup à me pendre en main puis à me dire : bien regarde là, tu vas arrêter les niaiseries là… Parce que c’est sûr quand tu commences là-dedans [commettre des délits], ce n’est pas facile à arrêter là. C’est sûr qu’il y a des fois où tu as des flashs [idéations criminelles] là, tu ne peux pas dire que tu n’as pas des flashs des bouts, mais avoir les flashs puis les faire c’est différent. Puis moi, ça n’a pas été rose, mais je sentais qu’il y avait quelque chose qui revenait. Ils ne m’ont pas sauté au cou tout de suite tu sais. Tu vois, ça fait quatre ans que je n’ai rien fait [délits], puis là ils me disent qu’ils sont contents de moi. Que j’ai changé! Ça a pris au moins ça, quatre ans. –Ivan.

Ainsi, les sentiments d’abandon, de trahison ou d’incompréhension vont progressivement être remplacés par le désir de « prouver » à la famille, aux amis ou à l’employeur que l’on peut « s’en sortir ». Des efforts colossaux vont alors être mis en branle par les répondants pour reconstruire les liens qui les unissaient à ces personnes. Puis, s’ils y parviennent, les répondants expriment un grand sentiment de fierté au regard du chemin qu’ils ont parcouru. Par exemple, Lucien raconte:

164 Il m’a dit [le beau-père] : « Je t’avais dit que je te donnerais la main quand que tu te serais relevé, puis je ne croyais pas que quoi que ce soit ou quelqu’un pouvait se relever comme ça. » Il a dit : « Puis tu l’as faite, euh…de façon bien correcte », puis il m’a donné la main. Ça faisait cinq, six, sept ans [depuis sa condamnation à une peine avec sursis] qu’il scrutait chaque syllabe pour voir où va sortir le mensonge. Ç’a été difficile là. Mais à ce moment-là, ç’a été un super beau cadeau (pleure). –Lucien.

Les deux derniers extraits illustrent combien il est difficile de « montrer » à son entourage que l’on a changé. Il semble que l’entourage des personnes contrevenantes demeure critique lorsque ces derniers expriment le désir de ne plus commettre de délits. C’est en ce sens que pendant un certain temps, les répondants ont l’impression que les tensions au sein de leurs relations institutionnelles avec leur famille sont un obstacle à leur désistement du crime. Comme l’expriment Ivan et plusieurs autres répondants, le fait d’avoir la perception subjective que ces liens sont définitivement rompus peut, en effet, conduire les répondants à poursuivre leur trajectoire criminelle. À l’inverse, le désir de reconstruire ces liens institutionnels familiaux peut devenir une puissante motivation à se désister du crime. On peut donc conclure que pour la majorité des répondants, les tensions au sein des relations institutionnelles sont des barrières transitives temporaires.

Malheureusement, pour certains répondants, ces liens étaient toujours rompus au moment de l’entrevue, et cela, en dépit des efforts importants que plusieurs avaient faits pour les reconstruire. À titre d’illustration, voici les propos de Claude qui évalue progressivement que les barrières structurelles et institutionnelles qui l’éloignent de son fils seront difficilement surmontables. Ces propos rendent compte du risque que cette perception subjective puisse le conduire à reprendre à nouveau sa trajectoire délictuelle.

Claude a été condamné à 33 ans à une peine avec sursis. Dans la vingtaine, il s’est engagé dans une relation de couple caractérisée par la violence mentale et physique. De cette union est né un enfant. Puis Claude a été incarcéré pour voie de fait et violence conjugale envers sa conjointe. Cet événement a provoqué la rupture du couple. Depuis, c’est la mère qui a la garde presque exclusive de l’enfant. À sa sortie de prison, Claude a recommencé à prendre

165 des drogues et il a reçu une peine avec sursis pour une autre voie de fait dont la victime n’était pas la mère de son enfant. Claude aimerait passer plus de temps avec son enfant, mais il réalise que les barrières structurelles (il n’a pas suffisamment d’argent pour se nourrir) et institutionnelles (la mère de l’enfant ne veut plus lui confier son fils) sont grandes. Il a progressivement moins d’espoir de parvenir à reconstruire la relation institutionnelle qui l’unit à son fils. Cette perte d’espoir se traduit par la reprise progressive de sa trajectoire de consommation de substances toxicomaniaques qui, habituellement, le conduit à commettre des actes criminels77.

À un moment donné, je me ramasse en overdose trois à quatre fois par semaine à l’hôpital. Elle qu’est-ce qu’elle fait? Pendant que je suis plus sur la map, elle prend mes prêts et bourses, elle paie le loyer, elle s’en va manger, moi je paie ma dope. Puis elle, quand je suis ben gelé elle me sacre des coups de poing, elle défonce la porte avec une épingle à cheveux, elle débarre la porte, elle me donne des coups de pied, elle me bat puis toute. Alors, c’est ça je me ramasse en dedans pour voies de faits et violence conjugale. Ma blonde disparaît [La mère déménage avec l’enfant pendant l’incarcération de Claude]. [À sa sortie de prison, il voit sporadiquement son enfant.] Moi, j’appelle la DPJ puis je lui dis : « Je m’en fais pour mon enfant. » La DPJ s’en va chez elle. Ils ont eu des plaintes pour insalubrité des lieux chez eux à deux reprises. La DPJ était allée chez elle. Elle ne se fait pas enlever l’enfant rien. L’enfant arrive chez nous avec des bleus. On prend des photographies des bleus de l’enfant à son arrivée avec le Journal de Québec avec la date. Le petit bébé assis tout nu dessus. Parce que là, il faut prendre nos précautions, je ne veux pas avoir d’autre merde. Je vis l’enfer. À chaque fois que je vais chercher l’enfant : [la mère lui dit] « t’es un ostie » puis c’est tout le temps de l’agression, des sacres, des insultes, toutes sortes de cochonneries. […] On se ramasse aujourd’hui là… Je n’ai pas le choix… Je n’ai pas de job. Moi, j’ai étudié toute ma vie pour avoir une belle situation. Je veux offrir de quoi de bon à mon enfant. Là, je reste dans un HLM. C’est bien beau, mais je ne vois pas mon enfant. Elle, elle a fait un bris de probation. Un bris de convention pour le jeune [en refusant de lui confier l’enfant]. Ça c’est un outrage au tribunal. Elle n’a pas eu de merde, rien. […] De ce temps-ci, ça ne va pas trop bien. Je capote, je capote. Ça me fait de quoi, je capote. J’aimerais ça voir mon fils. Mais tu sais, je ne travaille pas. Je vais dans les banques alimentaires. J’ai besoin de neuf piastres pour payer mes paniers alimentaires puis je ne l’ai même pas. Ça va mal. Je veux m’en sortir, mais je suis découragé […]. Psychologiquement, ça ne va pas trop fort. Je fais

77 Il est important de spécifier que ce répondant ne sera pas considéré comme un désisteur dans le cadre de cette étude,

mais plutôt comme un individu qui évite la commission d’infractions. Cela sera plus longuement expliqué dans le prochain chapitre. Cet extrait est présenté, car il illustre ce qui peut arriver quand les barrières structurelles et institutionnelles sont jugées insurmontables par les répondants. Rappelons aussi qu’à la fin de chaque entrevue, les répondants recevaient la liste des ressources où ils pourraient recevoir une aide appropriée à leurs besoins. Ce répondant a indiqué qu’il allait contacter, sous peu, l’une des ressources suggérées.

166 de l’abus de médications. Je prends des benzos [benzodiazépine : médicaments prescrits pour combattre l’anxiété] et de l’alcool. Je capote. –Claude.

Ces derniers extraits illustrent comment les ruptures de relations institutionnelles familiales peuvent à la fois conduire certains répondants à se maintenir dans leur trajectoire de criminalité et elles peuvent aussi, paradoxalement, les conduire à se désister du crime. À partir des propos recueillis dans le cadre de cette étude, il appert que la tendance qu’exerce cette barrière institutionnelle dépend de la perception subjective des répondants : lorsqu’elle apparaît insurmontable, elle peut les maintenir dans leur trajectoire délictuelle et à l’inverse, quand ils ont l’espoir de pouvoir reconstruire les relations institutionnelles qui les unissent à leur famille, elle peut agir comme une puissante motivation à se désister du crime. D’ailleurs, ces relations institutionnelles aidantes sont l’objet de la seconde moitié de ce chapitre.

7.2 Les relations institutionnelles qui facilitent le processus de désistement du crime

Pour les chercheurs qui se situent dans une perspective holistique (Barry, 2006; Farrall, 2002; Laub et Sampson, 2001, 2003; Sampson et Laub, 1993, 2003; Shover, 1996), le désistement du crime est induit par les liens aux autres, ou dit autrement, par les relations institutionnelles qui vont amener progressivement la personne à s’identifier plus aux rôles sociaux qui confèrent ces relations (père, fils, conjoint, etc.) ou encore aux rôles sociaux qui sont valorisés par ces « autres » (employé, bénévole, etc.). Pour eux, le désistement du crime est donc induit par ces relations institutionnelles, ou encore, ces relations sont de « bonnes choses qui arrivent à un mauvais acteur » (Laub et coll., 1998 : 237). Pour les tenants de la perspective que l’on peut considérer opposée (Giordano et coll., 2002; Maruna, 1998, 2001; Shover, 1996), le désistement du crime correspond plutôt à une décision qui est prise par l’agent et qui va, progressivement, le conduire à reconstruire des relations institutionnelles prosociales qu’ils appellent les « grappins à changement ». Ainsi, que l’on se situe dans l’une ou l’autre de ces perspectives, il est admis que les relations institutionnelles ont un rôle prépondérant dans le processus de désistement du crime. Deux

167 questions demeurent toutefois sans réponse. La première est la suivante : les relations institutionnelles exercent-elles une tendance78 favorable sur le désistement du crime ou