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Le Royaume de Shu postérieur (934-965)

L‟année 923 marqua certainement un point tournant dans l‟histoire du Royaume de Shu. Le fait étant qu‟en cette année, après avoir détrôné les Liang, le prince de Jin, Li Cunxu, se proclama empereur de la dynastie Tang avec pour mandat la restauration de l‟empire Tang. Or, un des fondements idéologiques à l‟origine de la fondation des Shu antérieurs avait justement été le loyalisme pro-Tang et la poursuite de la

restauration. Nous ne croyons donc pas que Wang Jian, son successeur et leurs partisans défendaient un quelconque régionalisme. Car, en principe, l‟idéologie du mandat céleste dont se revendiquait le régime s‟en trouvait être l‟antithèse, puisque prescrivant une forme de pouvoir universel qui ne tient aucunement compte de notions aussi anachroniques que la souveraineté territoriale. Autrement dit, du point de vue théorique d‟un monarque qui se dit être le fils du ciel, il ne peut y avoir deux

empereurs, au pire il peut y avoir un empereur et des usurpateurs. Ainsi, la légitimité du régime de Shu ne posait jusqu‟alors aucun problème puisque, pour les loyalistes réfugiés à Shu, les souverains de la dynastie Liang étaient des usurpateurs en

puissance. Cependant, Li Cunxu défendait également cet idéal de la restauration, à la seule différence qu‟il fut le premier en mesure de la tenter, ce qui dut plonger la cour de Chengdu dans la perplexité. Ainsi, est-il possible que certains réfugiés aient conçu Zhuangzong comme le nouvel empereur légitime? Non pas que les empereurs Wang étaient illégitimes, seulement le mandat céleste retournait désormais aux descendants de Li Keyong, lequel fut jadis adopté par le clan impérial Li en dépit de ses origines turques.

En tant que restaurateur investi du mandat céleste, un objectif prioritaire du nouvel empereur était la réunification politique de l‟empire. Dans ce but, des relations diplomatiques s‟ouvrirent rapidement entre les cours de Chengdu et Luoyang317

. Ainsi, à la mesure des aspirations alors nourries à Luoyang, il ne semble pas que les

pourparlers entamés portaient sur l‟établissement de rapports amicaux ou d‟une alliance, mais bien sur les termes de la réintégration de Shu à l‟empire. Du moins, ce

317 Yang Weili 楊偉立, Qian-Shu Hou-Shu shi 前蜀后蜀史 (Chengdu : Sichuan sheng shehui kexue

yuan chuban she, 1986), pp. 97-100; ZZTJ 273. 8918; JWDS 70. 929;JJL 1. 1-2; STW 45. 30; JLQJZ 2.

fut ainsi que Li Yan 李嚴 (mort en 927), un ambassadeur Tang envoyé à Shu, aurait comprit le but de sa mission. C‟est-à-dire« vanter les mérites de la restauration de Zhuangzong » 述莊宗興復之功 et amener Wang Yan et sa cour à s‟y conformer318. Selon L’ancienne histoire des Cinq dynasties, voici sur quel ton Li Yan aurait exposé la situation : « Notre empereur vient vertueusement afin de vous rallier à sa puissance. Ceux qui s‟y conformeront seront récompensés de son amour infini, alors que ceux qui s‟y désisteront seront punis par les armes » 吾皇以德懷來, 以威款附. 順則涵之

以恩澤, 逆則問之以干戈319

.

À cet ultimatum, la cour de Shu aurait sur le champ répondu par l‟envoi d‟une délégation à Luoyang dirigée par l‟académicien de Hanlin OuyangBin 歐陽彬, preuve du sérieux avec lequel était considérée l‟affaire à Chengdu320. En revanche, si la réunification devait être sans équivoque pour les uns, pour les autres il ne semble pas y avoir eu de consensus quant à l‟attitude à adopter. D‟une part, il ne semble pas que les bureaucrates de Shu furent à priori hostiles à Li Cunxu et ses ambassadeurs. Rappelons qu‟à l‟avènement de la dynastie Liang, de nombreux loyalistes se

réfugièrent également dans le territoire alors contrôlé par Li Keyong, le père de Li Cunxu321. Or, comme les affaires diplomatiques étaient sans doute confiées à des maîtres de la rhétorique, c‟est-à-dire des gens instruits provenant d‟une certaine élite et convaincus par la cause colportée, nous pouvons avancer avec une relative

assurance que les ambassadeurs d‟un côté comme de l‟autre partageaient des origines communes, une même culture intellectuelle et un même idéal sociopolitique qui ne pouvait être matérialisé que par la restauration. Ainsi, il est fort possible que Li Yan entra en contact avec des individus tels qu‟Ouyang Bin, Zhang Ge, Wang Kai, Xu Ji, Li Hao et Ouyang Jiong, lesquels passèrent tous au service des Tang postérieurs.

D‟autre part, cependant, plusieurs haut-gradés de l‟armée de Shu optèrent pour une toute autre attitude, c‟est-à-dire un rejet catégorique des négociations et un ardent désir d‟organiser les défenses en prévision d‟une invasion. Ainsi, Wang Zongchou 王 318 JWDS 70. 929. 319 JWDS 70. 930. 320 ZZTJ 273. 8926-8927; JWDS 32. 438; JJL 1. 1; JLQJZ 2. 9; SGCQ 53. 2. 321 Wang Gungwu (2007 : 99); Ng Pak-sheung (1997 : 45).

宗儔 (mort en 924) aurait proposé d‟exécuter Li Yan pour son insolence, tandis que SongGuangbao 宋光葆, alors commissaire au Bureau des affaires militaires, aurait suggéré de préparer la marine de guerre (zhanjian 戰艦)322. Toutefois, même parmi les militaires, il n‟y avait visiblement pas d‟unanimité, de sorte que plusieurs

transférèrent leur allégeance dès le début des hostilités sans même croiser le fer. Ce fut notamment le cas de Wang Chengzhao, le fils de Wang Zongkan, lequel livra aux armées Tang les préfectures de Yangzhou 洋州, Bizhou 壁州 et Pengzhou 蓬州 en plein cœur du royaume323

.

En fait, il semble que les transfuges furent un des facteurs déterminants dans la conquête de Shu. Ce qui expliquerait partiellement la déroute totale des armées de Shu, dont les troupes et les généraux capitulèrent tour à tour, tandis que Wang Yan fut forcé d‟abdiquer en moins de 70 jours324

. Ainsi, une fois l‟acte de reddition transmit aux autorités militaires de la dynastie Tang, Wang Yan, certains membres de la famille impériale et quelques grands généraux furent exécutés325. À l‟opposé cependant, les troupes du royaume se seraient vues intégrées aux forces d‟invasion, tandis que la cour de Luoyang aurait émis un décret ordonnant de réembaucher les bureaucrates ayant servi au Royaume de Shu326. Ainsi, des bureaucrates séniors comme Zhang Ge et Xu Ji furent transférés à Luoyang, où ils remplirent certaines fonctions à la cour327, tandis que d‟autres dans la fleur de l‟âge comme Li Hao, Ouyang Bin et Ouyang Jiong furent réaffectés à Shu328.

Comme nous le constaterons plus amplement, suite aux événements de 925, le Royaume de Shu entra dans une nouvelle période caractérisée par de profondes

transformations. Ainsi, pendant que plusieurs réfugiés loyalistes s‟en retournèrent vers la plaine centrale pour y servir les Tang postérieurs et que le commandement militaire des Shu antérieurs fut désagrégé, une nouvelle vague de migrants arriva dans la région. Cette fois-ci cependant, il ne s‟agissait plus de réfugiés fuyant les troubles frappant le 322 ZZTJ 273. 8918; JWDS 136. 1820. 323 ZZTJ 273. 8941; JWDS 33. 458-459. 324 Yang Weili (1986 : 101-105); ZZTJ 274. 8946. 325 QTW 129. 13-14; ZZTJ 274. 8945; XWDS 63. 793. 326

Anna M. Shields (2006 : 99); WDHY 17. 281-282; ZZTJ 274. 8951.

327 JWDS 71. 944-945.

Nord, mais bien de militaires et de bureaucrates mandatés par la cour de Luoyang pour y prendre la direction des affaires d‟État et y chapeauter les institutions. Ainsi, sous l‟impulsion de ces individus prit naissance en 934 le nouvel État des Shu postérieurs.

Dans l‟ensemble, disons que le jugement des historiens à l‟égard de Meng Zhixiang 孟知祥 (874-934), le premier souverain des Shu postérieurs, fut particulièrement sévère. Prenons par exemple la biographie qu‟Ouyang Xiu lui consacre dans la Nouvelle histoire des Cinq dynasties. Il y apparaît comme un militaire cupide qui, pour satisfaire sa convoitise, cherche à s‟assurer un contrôle exclusif de Shu dont les richesses regorgent. De telle sorte que dès son affectation à Chengdu en 926, celui-ci aurait comploté contre la cour de manière à obtenir la sécession de Shu329. D‟ailleurs, chez Ouyang Xiu, comme chez plusieurs de ses contemporains, les caractéristiques de Meng Zhixiang tendent à se confondre de manière stéréotypée avec les étiquettes apposées aux autres individus issus d‟un même milieu. C‟est-à-dire des militaires déloyaux ne cherchant qu‟à satisfaire des intérêts personnels qui menacent le bon fonctionnement de l‟État et de la société.

Pourtant, nous ne croyons pas qu‟une telle description soit tout à fait fidèle à qui étaient réellement Meng Zhixiang et ses collaborateurs. À tout le moins, certains indices laissent penser que la fondation des Shu postérieurs n‟était pas un événement prémédité de longue date qui pouvait être anticipé. Entre autres, c‟est ce que tend à démontrer l‟épitaphe de la princesse Fuqing 福慶長公主 décédée à Chengdu en 932, laquelle était non seulement l‟épouse de Meng Zhixiang, mais également la fille de Li Keyong330. En l‟occurrence, le scribe y réaffirme avec force l‟appartenance de la princesse à la famille impériale Li, la fierté qu‟elle en éprouvait et l‟honneur de son époux à défendre les intérêts de la dynastie Tang. C‟est également ce que tendent à

329 XWDS 64. 797-803; Richard L. Davis (1998 a : 128-130).

330 Cette épitaphe provient du mausolée conjoint de Zhixiang et son épouse, lequel fut découvert en

1970 à Chengdu. Pour en consulter l‟estampille et la transcription complète, voir Chengdu shi wenwu guanli chu 成都市文物管理處, « Hou-Shu Meng Zhixiang mu yu Fuqing zhang gongzhu muzhiming » 後蜀孟知祥墓與福慶長公主墓誌銘, Wenwu 文物 1982. 3, pp. 18-20. La plupart des sources ont jusqu‟ici affirmé que l‟épouse de Zhixiang n‟était qu‟une nièce de Li Keyong (XWDS 64. 797; ZZTJ 268. 8755; STW 45. 33), toutefois l‟épitaphe vient confirmer ce que nous apprenait déjà le Wudai

indiquer les autres épitaphes de la même période découvertes à Chengdu, notamment celle de Sun Hanshao 孫漢韶 (884-956), lequel se percevait comme un fier et loyal sujet de Tang Mingzong jusqu‟en 934331. Certes, il est possible que de telles épitaphes cherchent à embellir les faits, toutefois elles auraient également pu chercher à

discréditer la dynastie Tang de manière à légitimer les actions des intéressés. Or, il en est rien, Mingzong est constamment dépeint tel un souverain vertueux et légitime.

À notre avis, nous devons donc rechercher les causes de la sécession de Shu en 934 ailleurs que dans la machiavélique préméditation d‟un douteux gouverneur avide de richesses. Au contraire, par exemple, nous pourrions chercher à savoir dans quelle mesure les luttes factionnelles qui secouaient alors la cour de Luoyang furent un facteur dans la prise de décision de Meng Zhixiang et ses associés. Car si nous ne disposons pas de preuves suffisantes pour affirmer que Zhixiang avait des visées séparatistes dès son arrivée à Chengdu, dans le cas contraire il est presque sûr que des détracteurs cherchèrent à convaincre la cour qu‟il en était ainsi. Ce fut notamment le cas du commissaire du Bureau des affaires militaires, An Chonghui 安重誨 (mort en 931), et de son successeur, l‟eunuque Meng Hanqiong 孟漢瓊, lesquels jouissaient de pouvoirs démesurés à la cour de Luoyang332. Ainsi, sans que nous en connaissions les causes profondes,ces derniersauraient tenté de démettre Zhixiang de ses fonctions au Xichuan en envoyant des troupes yoccuper certaines préfecturesclefs et en jouant sur la rivalité qui l‟opposait à Dong Zhang 董璋 (mort en 932), lequel était à la tête du Dongchuan, la moitié orientale de Shu333.

Les luttes de factions sous les Tang postérieurs furent notamment approchées par Wang Gungwu, lequel les associait à certaines contradictions systémiques de la

restauration. C‟est-à-dire que, selon lui, la source de plusieurs conflits se trouvait alors dans le fait de vouloir redonner la préséance bureaucratique à l‟ancienne aristocratie, ce malgré la nécessité d‟intégrer le personnel de l‟ancienne dynastie Liang et le besoin de garder à l‟emploi les anciens officiers de l‟organisation provinciale du Hebei et du

331 Voir Chengdu shi bowuguan kaogu dui 成都市博物館考古隊, « Wudai Hou-Shu Sun Hanshao mu

» 五代後蜀孫漢韶墓, Wenwu 文物 1991. 5, pp. 16, 26.

332

Sur An Chonghui et Meng Hanqiong, voir JWDS 66. 873-876, 72. 955-956.

333 Naomi Standen (2009 : 76-83); Wang Gungwu (2007 : 152-158). Quant à la biographie de Dong

Hedong334. Or, comme nous le verrons, Meng Zhixiang et ses acolytes relevaient pour la majorité de ces deux dernières catégories. Ainsi pouvons-nous nous demander si les individus au contrôle de la cour sous Tang Mingzong avaient des raisons quelconques de redouter la vieille garde de Li Keyong et Li Cunxu, ou une quelconque faction régionale du Nord-est, ainsi que les anciens serviteurs de la dynastie Liang.

À défaut de pouvoir répondre à de telles questions dans l‟immédiat, nous nous efforcerons pour l‟instant de réévaluer le profil socioprofessionnel des agents venus assister Meng Zhixiang dans la gouvernance de Shu. Notamment, nous chercherons à savoir comment ces individus vinrent y bouleverser la nature des institutions étatiques et ainsi altérer les rapports entre l‟État et la société. À travers les pages qui suivront, nous verrons ainsi comment la cour de Chengdu et les institutions étatiques de Shu passèrent sous le contrôle d‟une nouvelle élite, certes composée d‟individus issus d‟organisations militaires provinciales, mais dont les compétences furent souvent acquises hors des champs de bataille. D‟une part, tandis que l‟expertise prit le pas sur l‟appartenance à une famille de vieille souche, nous constaterons que les valeurs désormais véhiculées dans les hautes sphères de l‟État changèrent. D‟autre part, nous verrons également que les responsabilités endossées par les préfets gagnèrent en importance, eux qui devinrent les principales figures d‟autorité hors de la capitale, tout en étant secondés par des institutions administratives régionales beaucoup plus

développées que par le passé. Enfin, nous constaterons qu‟était alors en cours un important processus de bureaucratisation par lequel l‟État parvint à s‟imposer plus profondément dans la vie sociale.

3. 1 Les associés de Meng Zhixiang et les régents de son successeur

Suite à la « pacification » de Shu en 925, la cour de Luoyang estimait la région suffisamment importante pour y envoyer un de ses grands dignitaires, Meng Zhixiang, et y maintenir en place une part substantielle des effectifs déployés durant la conquête, auxquels s‟ajouteront de nouveaux éléments. À partir de ce noyau d‟individus, nous chercherons ainsi à identifier les plus influents à qui Zhixiang entendait s‟en remettre

pour jeter les bases du nouvel État. Ainsi nous attarderons-nous à ceux qui dominèrent la cour de Chengdu après 934 et nous efforcerons-nous de définir la nouvelle élite au pouvoir pour mieux apprécier la nature de l‟État.

Par ses origines socioprofessionnelles, Meng Zhixiang semble assez représentatif des valeurs et intérêts du groupe dont il était le meneur, lui qui venait d‟une famille de militaires de la région de Xingzhou 邢州 (Hebei). De son grand-père, Meng Cha 孟 察, tout ce que nous savons est qu‟il aurait été un officier de commanderie (junxiao 郡校) au statut moyen335

. Parmi ses parents, ceux que nous connaissons le mieux sont ses oncles MengFangli 孟方立 (mort en 889) et Meng Qian 孟遷 (mort en 901). En 883, notamment, Fangli se serait lui-même improvisé gouverneur de la

commanderieZhaoyi 昭義 en s‟emparant par la force de Luzhou 潞州 et en déplaçant le siège de la commanderie vers Xingzhou336. De la sorte, Fangli aurait provoqué la furie de Li Keyong qui lui déclara aussitôt la guerre et qui parvint en quelques mois à reconquérir Luzhou, où il nomma un autre gouverneur de la commanderie Zhaoyi. Ainsi, cette commanderie fut divisée en deux, Luzhou et

Xingzhou ayant chacun son gouverneur337. Il en fut ainsi jusqu‟en 889, date à laquelle les troupes de Li Keyong firent leur entrée à Xingzhou, tandis que Meng Fangli se suicida338. Quant à Meng Qian, qui secondait son frère en tant que préfet de Mingzhou 洺州, selon Ouyang Xiu, il n‟aurait eu d‟autres choix que de se livrer aux forces de Li Keyong. Ainsi, il aurait d‟abord été conduit à Taiyuan, suite à quoi on le réaffecta dans les préfectures de Zezhou 澤州 et Luzhou qu‟il finit par offrir à Zhu Wen339. Par contre, Xue Juzheng ne nous dit pas qu‟il se rendit, mais plutôt qu‟il fit aussitôt appel à Zhu Wen, lequel s‟apprêtait alors à prendre le contrôle de Xingzhou340

, tandis que Sima Guang nous dit qu‟il passa définitivement au service de Li Keyong à Taiyuan341

. Si nous planons dans l‟incertitude à propos de Meng Qian, en revanche il est à peu près certain que le père Zhixiang, Meng Dao 孟道, passa une fois pour toutes au 335 JWDS 136. 1822; CFYG 219. 18. 336 ZZTJ 255. 8299; JWDS 62. 827; XTS 187. 5448. 337 ZZTJ 256. 8313; XTS 187. 5449. 338 ZZTJ 258. 8387; JWDS 62. 827. 339 XTS 187. 5449; XWDS 64. 797. 340 JWDS 62. 827-828. 341 ZZTJ 258. 8387-8388.

service de Li Keyong après 889342. Du moins, cette information tend à être confirmée par le fait que Zhixiang lança véritablement sa carrière à Taiyuan, où il reçut en mariage la princesse Fuqing. Il fallait donc que le statut de Dao fut plus ou moins élevé pour que Li Keyong accepte de donner sa fille en mariage à Zhixiang. Toutefois, en dépit de l‟importance de Zhixiang dans l‟histoire, il est frustrant de constater à quel point nous sommes mal renseignés à son sujet avant 926. En général, toutes nos sources s‟accordent pour dire qu‟il fut nommé gouverneur (yin 尹) de Taiyuan après la proclamation de la restauration à Luoyang en 923343. Toutefois, il est bien difficile de connaître les fondements réels de sa nomination à un tel poste et la nature des responsabilités qui lui incombaient. De la même manière, aucun document ne nous dit explicitement pourquoi « au moment où sa majesté dut choisir un dirigeant suivant la pacification du Xichuan, aucun ne valait Zhixiang » 西川平, 陛下擇帥, 無如知祥 344, sinon qu‟il était « un fin stratège de grande confiance » 信厚有謀345

. En fait, la plupart des chroniqueurs insiste sur l‟idée que Zhixiang était un soldat et que c‟était en tant quel qu‟il parvint à s‟élever dans la hiérarchie. Notamment, en se livrant à la collusion avec Guo Chongtao 郭崇韜 (mort en 926), le puissant commissaire du Bureau des affaires militaires et présumé instigateur de la conquête de Shu346.

Que Meng Zhixiang fut dans la garde personnelle (qinwei jun 親衛軍) de Li Keyong ou qu‟il fut instructeur d‟armée (jiaolian shi 教練使) et conseiller militaire (zhongmen shi 中門使) ne doit pas forcément nous amener à croire qu‟il n‟était bon qu‟à monter un destrier. Nous ne devons également pas tenir pour sûr que seules ses qualités guerrières suffirent à lui mériter un statut enviable dans l‟entourage des princes de Jin. En fait, nous avons du mal à saisir la pertinence de charger un simple guerrier de la gouvernance de centres administratifs et économiques à l‟écart des zones de combat comme Taiyuan et Chengdu. D‟ailleurs, il ne semble pas qu‟en 926 Zhixiang fut nommé « gouverneur-militaire » du Xichuan comme certains modernes

342 XWDS 64. 797. 343 XWDS 64. 797; JWDS 32. 439; ZZTJ 272. 8883; STW 45. 33. 344 STW 45. 33. 345 ZZTJ 273. 8937. 346 XWDS 64. 797; ZZTJ 270. 8843, 272. 8883, 273. 8937; JWDS 57. 763-772.

l‟assument347, du moins ce n‟est pas ce que la plupart des sources dit. Ainsi, hormis Sima Guang, dans la plupart des sources il est juste écrit qu‟il fut nommé gouverneur (yin) de Chengdu et vice-gouverneur (jiedufu dashi 節度副大使) du Xichuan348. Notre impression est plutôt qu‟aucun gouverneur-général ne fut assigné au Xichuan au lendemain de la conquête, la cour ayant simplement décidé d‟y nommer des préfets

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