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JTS 200 5391; XTS 225 6451 72 ZZTJ 252 8188.

I. Le contexte historique

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directions trouvèrent un écho dans les mémoires qu‟ils formulèrent, lesquels dénonçaient tous les malversations politiques de la cour. 時多朋黨,小人讒勝,君子道消,賢豪忌憤,退之草澤, 既一 朝有變,天下離心.巢之起也,人士從而附之.或巢馳檄四方,

章奏論列,皆指目朝政之弊73.

Ce passage nous laisse donc croire que Huang Chao et plusieurs de ses supporters en avaient fondamentalement après les institutions dynastiques, lesquelles seraient devenues dysfonctionnelles. Compte tenu du contexte, ce que la source citée nomme des « factions » (pengdang 朋黨) pourrait à notre avis être interprété comme les quelques familles aristocratiques se maintenant au pouvoir moyennant des stratégies de népotisme et de clientélisme. Sans nous embourber dans une analyse

psychanalytique de Huang Chao, qui se serait mit à détester les bureaucrates de la dynastie Tang, nous croyons qu‟il tira une profonde rancœur des suites de sa

désillusion quant à l‟éventualité de devenir un fonctionnaire impérial. Une ambition à laquelle il dut, comme de nombreux autres confrontés à la même réalité, consacrer de longues années d‟études74.

Certes, les intérêts que poursuivaient Huang Chao et les autres lettrés frustrés semblaient bien différents de ceux des paysans. Cependant, l‟ambition d‟abattre la domination aristocratique sur les institutions étatiques ne devait pas être sans lien avec les conditions paysannes, voire même avec celles des mutins. Le fait étant que les factions alors en place à la cour étaient non seulement à l‟origine d‟un système de recrutement discriminatoire, mais étaient également perçues comme la source d‟un régime corrompu responsable de la misère des plus démunis victimes d‟impositions fiscales démesurées et d‟une attitude répressive à l‟égard des soldats de l‟empire.

D‟une part, comme le souligne Somers, la pression fiscale toujours plus lourde, conjuguée aux calamités environnementales, eut pour effet en certains endroits d‟engendrer des famines et d‟inciter les agriculteurs à abandonner leurs terres. Assez significativement, il semble que les premiers foyers insurrectionnels correspondent aux ères les plus affectées par la crise75. Bien que l‟État ne la provoqua certainement

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JTS 200. 5392; Miyakawa Hisayuki, « Legate Kao P‟ien and a Taoist Magician Lü Yung-chih in the Time of Huang Ch‟ao‟s Rebellion », Acta Asiatica 27 (1974), p. 76.

74 Pak-sheung Ng (1997 : 38-41). 75 Robert M. Somers (1979 : 682-686).

pas volontairement, la maladresse y étant pour beaucoup, il devait être plutôt facile pour des individus comme Huang Chao ou d‟autres tribuns d‟en imputer la faute à la dynastie régnante et de coordonner une sédition. Ainsi, Shang Rang 尚讓, un associé de Huang Chao, aurait rassemblé des habitants de Chang‟an pour les rassurer en leur disant : « Le prince Huang est là pour le peuple, pas comme la famille Li (la dynastie Tang) qui ne se préoccupe pas de vous » 黃王爲生靈,不似李家不恤汝輩76.

D‟autre part, nous ne devons pas négliger la crise militaire qui alors envenimait considérablement les rapports entre l‟État et la société. Certes, mise à part quelques provinces du Nord-est, nous ne croyons pas que les gouverneurs provinciaux

représentaient une véritable menace à l‟autorité impériale avant 875. Le fait étant que, sous le règne de Tang Xianzong 唐憲宗 (806-821), la cour parvint à soumettre la plupart des gouverneurs séditieux encore en activité et à remplacer plusieurs d‟entre eux par des bureaucrates civils nommés par la cour, lesquels devaient partager leur autorité avec les préfets également nommés par la cour77. Toutefois, cela n‟empêche pas de déceler d‟importantes tensions entre la bureaucratie et certaines armées avant 875, lesquelles se soldèrent par de violentes mutineries annonciatrices des événements à venir.

À ce jour, les causes des mutineries qui eurent lieu avant 875 demeurent difficiles à identifier et devront faire l‟objet de recherches plus poussées dans les années à venir. Quant à Somers, il n‟est pas trop clair sur les origines de ces mutineries et semble les associer à la misère des paysans provoquée par les politiques fiscales78. Toutefois, à notre avis, le lien entre les agriculteurs déficitaires et les mutins demeure à démontrer. Certes, il est vraisemblable que l‟État eut parfois voulut écarter la menace de troubles en intégrant certains paysans à des forces expéditionnaires de l‟armée, résolvant ainsi une partie de leurs problèmes liés à l‟alimentation tout en les écartant de leurs foyers. Comme Somers le démontre, ce fut semble-t-il le cas de plusieurs mutins ayant suivi Pang Xun en 868-869. Pour la plupart originaires des campagnes de l‟actuelle

province du Henan, ceux-ci auraient été envoyés combattre aux franges du Sud-ouest

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JTS 200. 5393; Miyakawa Hisayuki (1974 : 76).

77 Wang Gungwu (2007 : 7-19); Charles A. Peterson (1973). 78 Robert M. Somers (1979 : 682-692).

de manière à être tenus à l‟écart du centre de l‟empire. Cependant, tandis que la cour s‟obstinait à les garder aux fronts après environ six ans de service, malgré la promesse de les démobiliser, ceux-ci se seraient mis de leur propre chef en marche vers le Nord, sur le chemin du retour à domicile. Bravant les autorités impériales, ils entreprirent ainsi une marche épique de plus de 2000 kilomètres, laquelle prit fin par une

campagne punitive de l‟armée impériale aux abords du Grand canal, la région natale des mutins que la cour entendait coûte que coûte sécuriser79.

Toutefois, la récurrence des mutineries entre 850 et 870 incite à rechercher des origines plus symptomatiques intrinsèquement liées aux armées professionnelles et à leurs relations avec l‟État. Sur ce point, les hypothèses formulées par Fang Cheng-hua peuvent nous guider vers quelques pistes de réflexion80. Notamment, Fang se pencha sur les origines socioculturelles de la dégradation des rapports entre militaires et bureaucrates suite à la rébellion d‟An Lushan. Ainsi postule-t-il que, contrairement à l‟esprit de symbiose qui prévalait au début de la dynastie, une forme de « ségrégation » s‟installa entre militaires et bureaucrates. Selon lui, tandis que les bureaucrates se mirent à percevoir les militaires comme des êtres sans scrupule représentant une menace permanente au bon fonctionnement de l‟État et de la société, les premiers auraient entrepris de constamment affirmer leur supériorité sur les seconds qu‟ils cherchèrent à domestiquer en les maintenant dans un état de dépendance et de

subordination. Une mise sous tutelle aurait ainsi eu pour but d‟empêcher les militaires de prendre part à la vie politique. D‟après Fang, une telle attitude aurait ainsi été à l‟origine de l‟hostilité que certains militaires nourrirent à l‟endroit des bureaucrates de la cour à l‟approche de la rébellion de Huang Chao81

.

Sans aucun doute, cette animosité et ce mépris dont étaient l‟objet les militaires fut à l‟origine de dérapages considérables ayant nuit au prestige de la dynastie parmi ses troupes. D‟une part, nous rencontrons fréquemment des arguments émanant de la

79 Voir l‟article que Robert des Rotours consacre à cette mutinerie, « La révolte de P‟ang Hiun 龐勛

(868-869) », T’oung Pao 56. 4-5 (1970), pp. 229-240.

80

Fang Cheng-hua, « Power Structures and Cultural Identities in Imperial China : Civil and Military Power from Late Tang to Early Song Dynasties (A.D. 875-1063) », thèse doctorale, Brown University, 2001.

bureaucratie en faveur d‟une démobilisation des troupes, ce qui pour plusieurs soldats professionnels devait vouloir dire la perte d‟un gagne-pain. Du moins, une question de subsistance ne devait pas être totalement étrangère au refus de certaines armées de se voir démantelées, tandis que la cour continuait de faire appel à des mercenaires étrangers pour défendre les frontières de son empire. D‟autre part, il est possible que le fait de confier le commandement de certaines armées à des bureaucrates sans expérience militaire, peu au fait des réalités de la guerre et porteur d‟une vision négative des soldats, fut à l‟origine d‟erreur stratégique et logistique, voir de mauvais traitements, mettant en péril la vie des soldats. Ainsi est-il courant de rencontrer des mutineries donnant suite à des tentatives de la cour cherchant à limoger certains commandants pour les remplacer par des bureaucrates de la capitale.

Certes, nous sommes encore mal renseignés sur les causes des mutineries qui parsemèrent le IXe siècle. Toutefois, il est permit de croire que de l‟armée provenaient de nombreux mécontents enclins à joindre les hordes de révoltés. Ce fut certainement ce flot de soldats professionnels mis au ban de l‟État qui contribua à rendre les troupes rebelles à la disposition de Huang Chao si redoutables. Devant l‟hétérogénéité des forces rebelles, aussi bien composées d‟agriculteurs, de soldats que de marchands, lesquels semblent souvent associés à des contrebandiers, il y eut probablement des intérêts fort divergents en leur sein. Mais une telle variété de profils en dit également long sur la perte de légitimité de la dynastie Tang, laquelle perdit l‟appui de larges segments de la société.

1. 3 Les Cinq dynasties et le nouvel ordre politique (907-960)

Certes, après la victoire impériale sur les forces rebelles en 884, la dynastie Tang subsista pour encore une vingtaine d‟années, tandis que sa cour continua d‟être dominée par les mêmes factions que jadis, bien que lourdement affligées. Toutefois, cette fois-ci aucune restauration digne de ce nom n‟eut lieu. Dès lors, le destin de la dynastie ne se jouait ni à la cour ni à la capitale, mais bien au niveau des diverses

commanderies partagées entre généraux loyalistes et ex-rebelles82. Malheureusement pour la dynastie, à moyen terme ce fut ces derniers qui remportèrent la lutte en prenant non seulement le contrôle de toute la plaine septentrionale, mais également en

subjuguant littéralement la cour. Dans ce contexte, de 903 à 905, un ex-rebelle du nom de Zhu Wen 朱溫 (852-912) et ses hommes vont exécuter l‟empereur Tang Zhaozong 唐昭宗 (889-904) et purger la cour de son ancienne clientèle83

.

Dès le régicide de 904, à toute fin pratique la dynastie Tang était déjà destituée, tandis que les bureaucrates aristocratiques ayant survécu aux purges prirent la fuite pour aller se mettre sous la protection de généraux loyalistes dominant essentiellement les provinces de l‟Ouest et du Sud de l‟empire. Ainsi, en 907, une nouvelle page d‟histoire s‟ouvrit avec la proclamation de la dynastie Liang 梁 (907-923) par Zhu Wen, lequel contribua à instaurer un nouvel ordre sociopolitique dans la plaine septentrionale après environ six siècles de domination aristocratique. Au même moment, mettant en doute la légitimité de la dynastie Liang, plusieurs des généraux dominant les régions qui servirent d‟exutoire aux réfugiés loyalistes vont se dissocier et se proclamer empereurs de dynasties régionales. Nous voilà donc plongés dans la période des Cinq dynasties et Dix royaumes, au nombre desquels se situent les Royaumes de Shu antérieur et postérieur au cœur de notre étude. Mais avant d‟en arriver là, parcourons d‟abord les transformations qui se produisirent dans le Nord sous les Cinq dynasties, ce qui nous aidera à mieux situer l‟évolution de Shu au cours de cette période.

À ce jour, peu d‟études ont été conduites sur l‟histoire des Cinq dynasties. En fait, l‟engouement pour cette période dont on admet aujourd‟hui l‟importance commence à peine à se faire sentir parmi les historiens occidentaux. Ainsi pouvons-nous souligner les récents efforts de Naomi Standen, Peter Lorge et Richard L. Davis dont les travaux contribueront à donner un souffle nouveau aux études de cette période84. Pourtant,

82 Wang Gungwu (2007 : 19-37); Robert M. Somers (1979 : 762-789); Naomi Standen, « The Five

Dynasties », dans Denis C. Twitchett et Paul J. Smith, éds., The Cambridge History of China. Volume 5, part 1 : The Sung Dynasty and Its Precursors, 907-1279 (Cambridge : Cambridge University Press, 2009), pp. 39-62.

83 ZZTJ 265. 8635-8636, 8643; Wang Gungwu (2007 : 72-73, 83).

plus de 45 ans auparavant, Wang Gungwu publia un ouvrage mémorable intitulé The

Structure of Power in North China during the Five Dynasties (1963), lequel à notre

avis ne reçut pas la notoriété qu‟il aurait dû. Espérons que la réédition de ce classique, publiée sous le titre Divided China : Preparing for Reunification, 883-947 (2007), renversera la vapeur et attirera davantage l‟attention sur la réingénierie des institutions étatiques entre les règnes de Liang Taizu 梁太祖 (907 et 912) et Zhou Shizong 周世 宗 (954-959)85

. Notamment, en s‟inspirant des thèses d‟Hino Kaisaburō 日野開三郎, un pionnier de l‟historiographie des Cinq dynasties, Wang avance que, contrairement aux idées reçues, les Cinq dynasties étaient davantage une période de centralisation politique qu‟une période de décentralisation et d‟exacerbation du militarisme86

. C‟est-à-dire que, selon lui, le véritable paroxysme du morcellement de l‟autorité politique et militaire se situerait durant les trente dernières années de la dynastie Tang, suite à quoi s‟amorça une nouvelle marche vers la consolidation du pouvoir impérial et la mise en place de nouvelles structures étatiques. Ainsi démontre-il comment à cette époque prit place dans le Nord un important processus de bureaucratisation dans lequel la mentalité aristocratique perdit sa raison d‟être et dut faire place au principe de la spécialisation. Dans cette perspective, non seulement les Cinq dynasties représentent une profonde rupture par rapport à la dynastie Tang, mais surtout

Richard L. Davis (1997; 1998 a; 1998 b; 2000) a notamment procédé à une première traduction complète de cet ouvrage publiée sous le titre Historical Records of the Five Dynasties (New York : Columbia University Press, 2004). Peter Lorge a tout récemment édité un ouvrage intitulé Five

Dynasties and Ten Kingdoms (Hong Kong : Chinese University Press, 2010). Malheureusement

cependant, nous n‟avons pas eu accès à cet ouvrage au moment de la rédaction du présent mémoire. Enfin n‟oublions pas l‟étude monumentale de Naomi Standen sur la dynamique des changements d‟allégeances durant les Cinq dynasties (2007) et sa synthèse parue dans la Cambridge History of

China (2009). De Standen, voir également l‟article « Raiding and Frontier Society in the Five Dynasties

», dans Nicola Di Cosmo, Don J. Wyatt, éds., Political Frontiers, Ethnic Boundaries, and Human

Geographies in Chinese History (New York : Routledge Curzon, 2003), pp. 160-191.

85

Liang Taizu réfère à Zhu Wen. À propos de ce dernier, outre l‟ouvrage de Wang Gungwu, voir Li Bingquan 李炳泉, Zhu Wen 朱溫 (Taibei shi : Wenlü chuban she youxian gongsi, 1994). Quant à Zhou Shizong, également connu sous le nom de Chai Rong 柴榮, il fut le second et dernier empereur des Zhou postérieurs 後周 (951-960), la dernière des Cinq dynasties. Sur ce dernier, voir notamment Han Guopan 韓國磐, Chai Rong 柴榮 (Shanghai : Shanghai renmin chuban she, 1956); Richard L. Davis, « The Heroism of Chou Shih-tsung in the Eleventh Century : Perspectives from the Historical

Records of the Five Dynasties », dans Song Xuxuan jiaoshou bashi rongshou lunwen ji 宋旭軒教授八

十榮壽論文集 (Taipei : Huatai yinshua chang youxian gongsi, 2000), pp. 1148-1134.

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Les travaux d‟Hino furent réédités en 20 volumes, voir Hino Kaisaburō Tōyōshigaku ronshū 日野開 三郎東洋史學論集 (Tokyo : San‟ichi shobō, 1984-1987-1995). Pour un résumé des principales thèses d‟Hino, voir Yamazaki Satoshi, « Topics and Results of the Studies of the Five Dynasties and Ten Kingdoms Period during the Past 25 Years », Journal of Song-Yuan Studies 36 (2006), pp. 145-146.

marquent-elles le point de départ des institutions de la dynastie Song.

Selon Wang Gungwu, la prise de pouvoir de Zhu Wen fut donc un point tournant majeur dans l‟histoire impériale. Ainsi, avant d‟en venir aux réformes introduites par celui-ci, tâchons de comprendre comment cet ex-rebelle devint le « fils du ciel ». Pour ce faire, il faut donc remonter à l‟armée de la commanderie Xuanwu 宣武 (Henan) dont il était le gouverneur depuis 88387. Car, effectivement, c‟était en s‟appuyant sur celle-ci qu‟il parvint à étendre graduellement son autorité aux commanderies voisines tout en augmentant constamment son armée par l‟intégration de soldats venus des commanderies conquises. Toutefois, il importe de noter que l‟expansion territoriale de Zhu Wen était sournoise et allait à petit train. De sorte que, jusque vers la fin du IXe siècle, ce n‟était qu‟officieusement qu‟il contrôlait d‟autres commanderies par l‟intermédiaire de gouverneurs et préfets lui étant attachés. Ce ne fut qu‟à partir de 897, alors qu‟il maîtrisait déjà huit commanderies, que les intentions de Zhu Wen devinrent plus apparentes. Ainsi, en 898 il devint officiellement gouverneur de trois commanderies, tandis qu‟en 901 il parvint à soumettre le Guanzhong 關中,

c‟est-à-dire la région incluant Chang‟an, et à s‟immiscer plus énergiquement dans les affaires de la cour88.

Ce fut donc au moyen d‟une judicieuse stratégie déployée sur deux décennies que Zhu Wen vint à bout de consolider durablement ses bases politiques provinciales. Pour y parvenir, sa tactique fut de constamment s‟entourer de dépendants issus de sa

cohorte et de ne nommer que ceux-ci aux postes clefs de son organisation. D‟une part, lorsque vint le temps d‟asseoir son autorité sur l‟armée Xuanwu, il prit grand soin d‟affecter aux postes de commande ses propres hommes de confiance tout en retenant les services des hauts-gradés déjà en fonction. D‟autre part, au fur et à mesure qu‟il parvenait à soumettre d‟autres commanderies, aussitôt remplaçait-il les gouverneurs en place par des hommes de son choix. Et comme la loyauté des gouverneurs pouvait

87 Également connue sous le nom de province de Bian 汴, cette commanderie comprenait la ville de

Kaifeng 開封, pour la première fois promue au rang de capitale impériale sous la dynastie Liang.En raison de la position vitale de cette province par son accès au Grand canal et les greniers dont elle disposait, elle fut dotée par le pouvoir impérial de la plus importante armée professionnelle de l‟empire, c‟est-à-dire l‟armée Xuanwu. Voir Wang Gungwu (2007 : 47).

88 Cette lente marche vers le pouvoir de Zhu Wen est décrite plus en détail par Wang Gungwu (2007 :

s‟avérer aléatoire, de manière à confiner l‟autorité de ceux-ci à leur capitale

provinciale, il augmenta le pouvoir des préfets sous les ordres directs desquels il plaça des troupes. De telle sorte que les gouverneurs ne détenaient pas plus d‟autorité que les préfets89.

L‟originalité et la force de la dynastie Liang étaient que sa cour et son système provincial reposaient sur la même organisation que celle qui prévalait avant que Zhu Wen ne devienne Liang Taizu. Ainsi, lorsque ce dernier fit purger la cour Tang et procéda à un réaménagement complet de l‟État à partir de 903, il remplaça un à un tous les eunuques et bureaucrates indésirables par des dépendants issus de son gouvernement provincial90. Notamment, c‟était en s‟appuyant sur ceux-ci que Zhu Wen instaura un système de commissions impériales – au nombre de 26 selon Wang Gungwu – sur lequel reposait l‟ensemble de l‟appareil politico-administratif de la dynastie Liang91. De la sorte, il concentra le pouvoir entre les mains d‟officiers de palais dont le statut hiérarchique était déterminé par les titres dont ils étaient investis dans la garde impériale. Par l‟entremise des commissaires, dont ceux de la

Commission des affaires militaires et de la Commission de surveillance des officiers de palais (xuanhui yuan 宣徽院), Zhu Wen parvint ainsi à soumettre la bureaucratie et les provinces à une étroite supervision. D‟autre part, tout en continuant à affaiblir les gouverneurs dont il réduisit toujours plus la taille des commanderies, Zhu Wen parvint à donner le ton aux relations provinciales en s‟assurant que l‟armée la plus puissante fut l‟armée de palais (jinjun 禁軍) dominée par lui et ses dépendants92.

89 Selon Wang Gungwu (2007 : 67-69), Zhu Wen aurait donc eu recours à la même stratégie que la

dynastie Tang au moment où elle cherchait à rétablir son autorité en province après la rébellion d‟An

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