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Chapitre Le léninisme et le marxisme : l’État, le parti, les soviets

1 Rosa Luxembourg et la Révolution russe

Une analyse fine et détaillée de la Révolution d’Octobre se trouve chez Rosa Luxemburg224, qui y a consacré une série d’ouvrages et d’articles, le plus important étant La

Révolution russe de 1918.

Nous n’avons pas ici à analyser tout le contenu de cet article, mais juste à considérer comment Rosa Luxembourg y traite les questions théoriques d’importance dans le cadre de notre recherche, à savoir :

1) les calculs et les erreurs des leaders soviétiques 2) le rôle de l’activité des masses dans la révolution

3) les origines et le danger possible des nouvelles élites soviétiques

En parlant des critiques faites par Rosa Luxemburg par rapport au bolchévisme, il faut rappeler tout d’abord que R. Luxemburg était partisane de la révolution et se prononçait contre la voie des réformes parlementaires.

Elle écrit, par exemple :

« […] quiconque se prononce en faveur de la voie des réformes par la lois, au lieu de et par opposition à la conquête du pouvoir politique et à la révolution sociale, ne choisit pas en réalité une voie plus tranquille, plus sûre et plus lente, qui conduirait au même but, mais il choisit un but différent : au lieu

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Rosa Luxemburg (Ró alia Luksemburg) (1870-1919) militante socialiste et théoricienne marxiste, née en Pologne dans une famille juive, dans le territoire de l’Empire russe. Vers 1890 elle acquiert la nationalité allemande.

123 de l’instauration d’un nouvel ordre social, il choisit d’apporter à l’ordre ancien uniquement des retouches.»225

Rosa Luxembourg a affirmé que ces théories réformistes ne visaient pas les réalisations de l’ordre socialiste, mais uniquement des réformes de l’ordre capitaliste. Néanmoins, elle croyait que la démocratie était indispensable pour le socialisme. Nous n’allons pas ici analyser sa théorie de la démocratie en général, mais nous nous limitons à étudier ses réflexions sur la Révolution d’Octobre.

Rosa Luxemburg a souligné l’importance fondamentale de la Révolution d’Octobre, en l’appelant « le fait le plus considérable de la guerre mondiale »226

, en premier lieu puisque la Révolution avait prouvé la fausseté des thèses des sociaux-démocrates allemands qui, selon Luxemburg, soutenaient le début de la guerre en couvrant idéologiquement l’impérialisme allemand. Les sociaux-démocrates allemands, les mencheviks et les socialistes dans le Parlement allemand, continue-t-elle, seraient d’accord que pour la Russie la seule solution serait la révolution bourgeoise, le renversement du tsarisme, et que la révolution qui irait au-delà de ce point, donc celle que les bolchevique auraient effectivement faite, serait une erreur fatale historique.

.Elle pensait que le déroulement de la révolution russe « de son déclenchement en mars 1917 jusqu’au changement du régime d’octobre, [correspondait] exactement, ... au schéma d’évolution et de la żrande Révolution anglaise et de la żrande Révolution française. »227

Donc elle salue le Parti bolchevique Elle écrit notamment :

«Dans cette situation, revient à la tendance bolchevik le mérite historique d'avoir proclamé dès le début et suivi avec une logique de fer la tactique qui seule pouvait sauver la démocratie et pousser la révolution en avant. Tout le pouvoir exclusivement aux mains de la masse des ouvriers et des paysans, aux main des Soviets. »228

225

R. Luxemburg, Réforme sociale ou rélovution ? in : Rosa Luxembourg, Textes, réforme, révolution, social- démocratie, Introd. et trad. par Gilbert Badia, P. 1982p. 98

226

R. Luxembourg, La révolution russe.in : Rosa Luxemburg, op . cit. p.200

227

R. Luxembourg, La révolution russe, p.205

228

124 « Le parti de Lénine, - continue Rosa Luxemburg, était le seul en Russie à avoir compris, en cette première période, les intérêts réels de la révolution ; il fut l’élément qui la poussa en avant, donc, en ce sens, le seul parti à pratiquer une politique réellement socialiste. »229

Ou encore :

« Le parti de Lénine fut le seul à comprendre les devoirs qui incombent à un parti réellement révolutionnaire. Son mot d’ordre : « Tout le pouvoir entre les mains du prolétariat et de la paysannerie » a garanti le progrès de la révolution. »230

Le sort de la révolution en Russie, soulignait Luxembourg, dépendait totalement des événements sur la scène internationale. Elle voyait le mérite des bolchevique en ce qu’ils avaient su fonder leurs principes et actions stratégiquessur l’idée de la révolution internationale. Ainsi, les tâches de sauvegarder les conquêtes de cette révolution n’étaient pas uniquement celles des bolchevique eux-mêmes, mais appartenaient à tout le prolétariat mondial.

Luxembourg résume : la détermination avec laquelle les bolcheviques ont su avancer les processus révolutionnaires avec le slogan « tout le pouvoir aux mains du prolétariat et de la paysannerie » dans un moment décisif, les a fait passer, presque en une nuit, d’une minorité persécutée à un statut de maîtres de la situation. Notamment elle écrit que les bolcheviques ont « pu rassembler sous leur drapeau toutes les masses composant réellement le peuple : le prolétariat urbain, l’armée, la paysannerie ainsi que les éléments révolutionnaires de la démocratie, l’aile gauche des socialistes-révolutionnaires. »231

Rosa Luxemburg a raison de souligner que la situation réelle de la Révolution russe se réduisit rapidement à l’alternative entre la victoire de la contre-révolution et la victoire de la dictature du prolétariat. Nous pouvons voir comment la philosophe nous montre le lien entre la réalité objective historique et le sens de la Révolution : la réalité est conflictuelle, porteuse des victoires dans les combats à mort, et la Révolution a le caractère de classes, le caractère social. La véritable révolution doit toujours aboutir à un choix entre la contre-révolution et la dictature.

Rosa Luxemburg écrit :

229 ibidem 230 ibidem, p.211 231

ibidem. A comparer avec la réaction de Lefort face à la Révolution hongroise de 1956 où il écrit que les évènements de Budapest ont pu rassembler tous les éléments révolutionnaires.

125 « Telle était la situation objective, que l’on retrouve dans toute révolution, lorsque s’est dissipée la première ivresse ; en Russie c’était l’aboutissement de deux questions brûlantes, celle de la paix et celle de la terre, pour lesquelles il n’existait pas de solution dans le cadre de la révolution « bourgeoise ».232

La loi fondamentale de toutes grandes révolutions est de ne pas s’arrêter, de ne pas piétiner sur place, écrit Luxemburg. Les bolcheviques firent preuve d’une capacité de l’action révolutionnaire. Pour la première fois dans l’histoire, les bolcheviques ont proclamé la construction du socialisme comme un but final de la Révolution. Les bolcheviques ont proclamé que le programme immédiat de la pratique politique c’étaient les bits finaux du socialisme. »233

Quant aux exécutions et à la terreur, n’est-il pas vrai que les Jacobins, par exemple, ont dû combattre eux aussi des ennemis intérieurs et extérieurs ?234

Luxemburg propose une série d’analyses critiques des réformes soviétiques, critiques qui devinrent presque prophétiques, car elles dévoilèrent avec lucidité les problèmes fondamentaux des processus révolutionnaires.

La révolutionnaire allemande va jusqu’à rejeter les deux mots-d’ordre « empruntés » par les bolcheviques aux autres partis et qu’ils se sont appropriés, à savoir « appropriation immédiate et répartition des terres par les paysans »235 et « le droit des nations à l’autodétermination».236 Pour la politique agraire des bolcheviques il s’avère qu’elle est peu socialiste, car elle rend le petit paysan propriétaire de la terre et ainsi le rend hostile aux idées socialistes.

D’un certain point de vue, c’est historiquement vrai, car les paysans russes, qui, après tant de siècles de servage et de misère, ont pris la possession de la terre, allaient très bientôt se trouver face à la « nationalisation » et la « collectivisation » forcées, qui auraient pu être moins dures sans les réformes léninistes. Mais pour Luxemburg il ne s’agit pas ici de défendre la cause des paysans, mais de suivre consécutivement la stratégie socialiste de gauche.

Elle écrit : 232 ibidem.p.209 233 ibidem.p.212 234 Voir ibidem. 235 ibidem.p. 214 236

ibidem.p. 217 « La formule sur le droit des différentes nations de déterminer elle-mêmes leur destin, « jusque et y compris au droit de se séparer de la Russie »

126 « Nationalisation de la grande et de la moyenne propriété foncière, unification de l’industrie et de l’agriculture, ce sont là deux idées fondamentales de toute réforme économique socialiste, sans lesquelles il n’est pas de socialisme. »237

La même perspicacité se donne à voir dans ses analyses de l’application du droit des nations de disposer d’elles-mêmes. Les bolcheviques, dit-elle, sont partiellement responsables de la défaite de la Russie dans la guerre mondiale et avec ce slogan du droit des nations, ils ne vont arriver qu’à son démantèlement. Luxemburg explique cette démarche par des calculs politiques des bolcheviques, qui voulaient ainsi lier les différentes nations de l’Empire russe sous le drapeau du socialisme et de l’auto-détermination, tout comme ils voulaient « séduire » les paysans dépossédés en leur donnant le droit de réquisitionner les terres des nobles. Et elle affirme que ces calculs étaient complètement faux.

Pour ce qui est du droit à l’auto-détermination, il est historiquement vrai d’ailleurs que la « bourgeoisie » des anciennes parties de l’Empire russe (l’Ukraine, la Żinlande, la Pologne, la Transcaucasie et les autres) en a profité pour y installer des régimes « contre-révolutionnaires », ce qui servit ensuite de prétexte pour l’intervention étrangère d’une part et les attaques de l’Armée rouge sur ces pays proclamés indépendants de l’autre.

Rosa Luxemburg écrit :

« Les formules creuses ont parfois dans l’histoire des luttes de classes une signification réelle. Un sort fatal a voulu que, dans cette guerre mondiale, ce soit le socialisme qui ait été chargé de fournir des prétextes idéologiques à la politique contre’révolutionnaire. »238

Il nous semble que selon R. Luxemburg, la seule manière d’éviter les erreurs dans les calculs politique pour les leaders consiste à apprendre à écouter les masses en mouvements révolutionnaire. Ainsi l’intellectuelle allemande arrive à formuler sa propre conception de la démocratie socialiste face à la Révolution bolchevique.

Luxemburg évoque la dissolution de l’Assemblée constituante, en rappelant que Trotski lui-même voyait comme but principal de la révolution celui du « sauvetage de la Constituante. » Mais le premier acte de Lénine au lendemain de la Révolution d’Octobre, dit R. Luxembourg, fut de dissoudre cette Assemblée constituante. La raison de cette décision volontariste consistait en ce que l’Assemblée était périmée. Mais derrière cette explication il y a une véritable raison

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ibidem.p. 214

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prononcée par Trotski : les procédures et les mécanismes des institutions démocratiques sont « lourdes. »239 Nous pouvons donc supposer que selon Trotski et Lénine la révolution n’est pas toujours compatible avec la démocratie.

Rosa Luxembourg ne partage pas ce point de vue. Elle a sa propre vision de la démocratie révolutionnaire, qui lie la représentativité avec l’activité des masses. Elle écrit :

« Par son effervescence et son ardeur, la révolution crée justement cette atmosphère politique légère, vibrante, réceptive dans laquelle les vagues de l'état d’esprit populaire, les battements du coeur de la vie du peuple viennent agir instantanément, de merveilleuse façon, sur les organismes représentatifs. »240

Ou encore :

« Tous ces exemples montrent « que le lourd mécanisme des institutions, etc" connaît un correctif puissant... et c’est justement le mouvement vivant de la masse, la pression incessante de celle-ci.» 241

Et aussi:«l’élimination de la démocratie tout court est pire que le mal qu’il doit pallier ; il obstrue en effet la seule source vivante à partir de laquelle pouvaient être corrigées les insuffisances congénitales des institutions sociales, la vie politique énergique, libre, sans entraves, active des masses populaires les plus larges. »242

L’erreur de Lénine fut croire que l’État socialiste était « simplement en quelque sorte l’État capitaliste, la tête en bas. »243 À la différence de l’État socialiste, l’État capitaliste ne requiert pas l’émancipation des masses du peuple, c’est-à-dire leur éducation et la formation politique, affirmait Rosa Luxemburg.244

Quant à l’affirmation de Trotski que la démocratie est impossible car il n’existe point, selon lui, de lien entre les représentants et l’électorat, puisqu’il estime que le parlement reflète chaque fois les dernières tendances des électeurs, R. Luxembourg trouve cela complètement faux et parle d’une atmosphère politique particulière de la démocratie, où les vagues de sentiments populaires travaillent ensemble à merveille avec les représentants du peuple.

239 Voir ibidem. p.228 240 ibidem.p.229 241 ibidem.p.230 242 ibidem 243

p.233 Comparer avec le sous-chapitre concernant l’Etat et la Révolution.

244Réfléchissons-y un instant. D’une part, le socialisme scientifique devait être supérieur au socialisme utopique.

Donc il fallait que les bolcheviques agissent comme s’ils avaient la recette du socialisme dans leur poche. D’autre part, sans émancipation du peuple la dictature du prolétariat de la théorie simpliste de Lénine-Trotski n’est qu’un socialisme octroyé par un ukaze. Peut-être, c’était Sartre qui avait raison de dire que les bolcheviques n’avaient pas simplement du temps d’éduquer le prolétariat.

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« La liberté pour les seuls partisans du gouvernement, pour les seuls membres d'un parti, si nombreux soient-ils, ce n'est pas la liberté. La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui ne pense pas comme vous. »245

Selon Rosa Luxembourg, le régime qui est en train de s’installer en Russie, est un régime corrompu. C’est que le socialisme vivant demande une transformation spirituelle complète des masses dégradées par des siècles de règne de la bourgeoisie. Il faut encourager les instincts sociaux au lieu des instincts égoïstes, une initiative de masse doit venir à la place de l’inertie.

Lénine, qui le sait mieux que les autres, recourt à des moyens qui y sont diamétralement opposés : à la force dictatoriale, aux mesures draconiennes, à la terreur, ce qui ne peut provoquer que la démoralisation des masses. La seule voie possible pour le socialisme en Russie est celle de l’école de la vie publique, de la démocratie la plus large et de l’opinion publique. Et comme on le sait bien, ces paroles prophétiques de R. Luxemburg n’ont pas été entendues et ce clivage de la révolution vers la bureaucratisation et la corruption n’a cessé de se renforcer à travers les décennies de l’existence du gouvernement soviétique.

Un autre danger dont parle Rosa Luxembourg c’est l’improvisation peu viable que représente la construction du socialisme en Russie soviétique et que les leaders soviétiques allaient imposer aux organisations socialistes dans le monde entier. Selon Luxemburg, ce n’est pas, en effet, la faute de ces leaders, de Lénine ou de Trotski, qui ont fait de leur mieux pour le socialisme, mais celle de la situation économico-politique de la Russie, pays épuisé par la guerre. Luxemburg consentit qu’il ait fallu soumettre les réactionnaires bourgeois au contrôle du prolétariat à cause des sabotages et des résistances à la dictature prolétarienne. En effet, Luxemburg comprend bien que la démocratie rêvée, le socialisme idéal, n’ont pas pu être créés en Russie d’un coup de baguette magique. Il a fallu compter aussi avec plusieurs facteurs tels que le triomphe de l’impérialisme allemand, l’isolement international de la République des Soviets, et le manque de soutien des prolétariats des autres pays.

À notre avis, Rosa Luxemburg observe ici ce paradoxe fondamental que la république soviétique, qui a privé les bourgeois de droits politiques, en leur refusant le droit d’être représentés, a donné naissance aux nouvelles élites du Parti : des leaders parmi lesquels il y a, sans aucun doute, quelques esprits éminents, mais ces élites ne représentent pas les masses des travailleurs. La république soviétique a privé une partie considérable de la population de

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possibilité de trouver un emploi dans son mécanisme économique, et elle s’est ainsi trouvée sous la pression du besoin de spécialistes, déracinés dans le prolétariat.

Rosa Luxemburg écrit précisément :

« Et tandis que des forces de travail productives sont massivement déracinées, le gouvernement sovietiques se voit fréquemment contraint d’affermer l'industrie nationalisée à ses anciens propriétaires capitalistes. De la même façon, en avril 1918, le gouvernement soviétique s'est vu contraint de conclure également un compromis avec des coopératives de consommation bourgeoises. Enfin, le recours à des spécialistes bourgeois s'est avéré incontournable. »246

La critique de la société soviétique n’est pas le but principal du travail de Rosa Luxemburg. Son objectif ici est de démontrer la nécessité de reconnaître l’importance de la Révolution d’Octobre pour le socialisme, mais aussi d’encourager la révolution prolétarienne internationale.

On peut seulement s’étonner que ses paroles n’aient pas eu de grand écho dans les milieux socialistes de l’époque.

2 Charles Rappoport et Boris Souvarine

Quel fut l’accueil de la révolution d’Octobre en Żrance elle-même ? Deux exemples nous semblent assez démonstratifs : ceux des marxistes français qui ont joué un rôle considérable dans les débats autour de cet événement, Charles Rappoport et Boris Souvarine.

Un des plus éminents marxistes français de l’époque, Charles Rappoport247 critiquait en 1917 le léninisme, en affirmant que le socialisme moderne de Marx supposait une société riche, un dévéloppement capitaliste supérieur. Là où il n’y a rien à socialiser, le socialisme perd son droit. On ne fait pas une révolution sociale avec le néant, avec une nation en guerre. Et c’est le cas de la Russie.248

Ch. Rappoport appelait Lénine « ce jacobin endurci et doctrinaire », et disait que c’est avec le régime de la Constituante que le sort de la Russie suivra son cours normal. Le fait que les

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ibidem.p.232

247 Charles Rappoport (1865-1941) – militant communiste français d’origine russe. En 1914 il vote pour les crédits

de guerre, mais en décembre 1920 il fera parti de la majorité qui formera la SŻIC (le futur PCŻ). En 1938 il quittera le PCŻ, suite aux désaccords avec la « ligne du parti. »

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bolcheviques aient supprimé la Constituante manu militari a beaucoup indigné Rappoport qui a clamé que la żarde rouge de Lénine-Trotski avait fusillé Karl Marx. Ch. Rapoport critique la prise du pouvoir par les bolcheviques dès le 14 novembre 1917. Il caractérise Lénine comme le Louis XIV de la révolution, qui dit que la Révolution c’est moi, c’est mon parti. Son programme, affirme-t-il est la dictature du prolétariat, avec son parti comme dictateur.

Boris Souvarine249(de son vrai nom Boris Lifschitz, le nom emprunté a l’origine dans un roman de Zola), originaire de Russie est très jeune à l’époque et il soutient avec ferveur les événements révolutionnaires en Russie même en ayant que peu d’informations à leur sujet. Il n’est pas du tout d’accord avec Rappoport le modéré. « Le 10 novembre 1917 Souvarine célèbre dans le Journal du peuple “le triomphe des soviets”, c’est-à-dire, dans son esprit, l’application immédiate du programme social-démocrate. Mais cette réference reste purement formelle : dans cet article on ne trouve pas d’informations précises, seulement une longue diatribe contre la presse. » 250

«Żace à l’action de Lénine, - écrit son biographe, J-L. Panné, la réaction de Souvarine est originale. Certes il tente d’analyser, mais il ne désavoue nullement. Ses préventions initialent s’estompent et il accueille de plus en plus favorablemnt les orientations du bolchévisme[...] Par principe il se place aux côté de la révolution (enfin, les socialistes qui rélisent leur programme !). Dirigée contre le tsarisme et la guerre elle ne peut que « précipiter la chute de la domination capitaliste ». Cette dimension internationale de la révolution le rapproche des bolchéviks. »251

En effet, pour Souvarine, le soutien des bolcheviques, l’adhésion à la IIe Internationale, et la lutte pour le socialisme authentique se confondent, parce que la véritable alternative est celle