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Chapitre Le léninisme et le marxisme : l’État, le parti, les soviets

Chapitre 3 : Castoriadis et la bureaucratie Les divergences avec Lefort

3 Castoriadis : retour à Lénine

Les historiens reprochent d’habitude aux bolcheviques l’abolition de la Constituante ou l’élimination des partis de gauche qui leur étaient opposés.

Nous essayons de montrer ici que Castoriadis reproche à Lénine de ne pas avoir été suffisamment radical. Castoriadis semble reprocher aux leaders d’avoir recruté des spécialistes issus de l’ancienne société pour les postes de gestion économique de l’État et pour les postes clé en technologie et en production industrielle. La « faute » de Lénine est d’avoir dépossédé les

Soviets du pouvoir, pour le donner à des techniciens déracinés dans les masses.

En effet, l’article en question (« Le rôle de l’idéologie bolchévique dans la naissance de la bureaucratie »)de Castoriadis est une sorte d’introduction politique et polémique. Néanmoins,

si l’on commence à s’interroger sur son sens philosophique, on arrivera à des conclusions beaucoup plus universelles qu’il n’y paraît de prime abord.

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Nous pouvons voir que l’idée fondamentale de Castoriadis consiste en ce qu’il ne faut pas seulement critiquer les bolcheviques pour leurs fautes , dont l’abolition de la Constituante, la dictature, ou encore la terreur. Pour comprendre la pensée de Lénine, il n’y a pas lieu d’accuser Lénine et les bolcheviques, des décennies après leurs actions, au nom d’une démocratie rêvée. Il faut radicaliser la pensée de Lénine, éprouver la force et la justesse de ses analyses du quotidien politico-économique de la Russie. il faut aussi prendre en compte sa décision de rester marxiste en toutes circonstances. Dans ce sens, les erreurs des leaders bolcheviques relèvent pas de leur obstination à appliquer le marxisme à la lettre, comme les historiens le soutiennent souvent, mais, au contraire, du déracinement des intellectuels russes dans les masses, et de leur fidélité à l’idée du progrès technique et social.

On a vu que Castoriadis reproche aux bolcheviques d’avoir encouragé l’embauche de spécialistes bourgeois dans la production. Une explication historique semble bien simple : les spécialistes, quoique déracinés dans les masses, sont plus efficaces, car, a priori, le capitalisme est un système plus avancé techniquement que le socialisme. Pour les leaders bolcheviques, il s’agit de profiter des résultats des capitalistes, et de les mettre au service de l’État ouvrier. L’explication philosophique est plus compliquée : ni Lénine, ni Marx lui-même n’ont su se débarasser de l’idée que seule une production efficace pouvait rendre la société prospère.

Pourquoi donc le déracinement des spécialistes dans le prolétariat fut-il considéré comme nuisible à la Révolution, étant donné que les spécialistes étaient plutôt modestement payés et que leurs droits étaient les mêmes que ceux des ouvriers ? Autrement dit, ce n’est pas simplement la question du statut et des origines sociales des spécialistes qui intéresse Castoriadis, mais surtout la politique des bolcheviques qui, après avoir brisé l’État qui aliénait les travailleurs, continuèrent d’avoir une conception aliénante du travail290. La notion d’aliénation chez Castoriadis, bien qu’à peine prononcée dans ses premiers articles politiques, est très présente et bien différente de celle de Lénine. Le déracinement dans les masses chez Castoriadis, signifie, à notre avis, un rapport d’aliénation.

D’après Lénine et Trotski, selon Castoriadis, les spécialistes ne sont que des moyens et tous les moyens sont bons, aux yeux des leaders bolcheviques, pour atteindre leurs buts.

Il ne faut pas cependant penser que Castoriadis ironise sur Lénine et Trotski, en les accusant de ne pas bien choisir leurs moyens. Le fait que les leaders bolcheviques ont su se mettre en tête de la révolution prolétarienne, signifie, dans l’optique de Castoriadis, que Lénine

290Castoriadis n’emploie pas ce terme d’aliénation, en parlant de la Russie aux années 40. Mais c’est l’une des

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et Trotski représentaient une tendance révolutionnaire dans le marxisme. Ils ont su briser l’ancienne société, mais ils n’ont pas pu dépasser la nécessité de contrôler les gens au travail. Le travail pour eux n’était qu’une obligation abstraite de travailler pour tout le monde. Ils ont voulu modifier l’économie, mais ils n’ont pas osé repenser les rapports entre les gens au travail et la nature du travail lui-même.

Le rapport aliéné au travail consiste en ce fait que le travail fut considéré comme nécessitant des managers, des contrôleurs, des spécialistes de gestion, qui, pendant la période de transition, bien sûr, devaient être capables d’assurer le progrès technique de la société révolutionnaire. La faute des bolcheviques consiste donc à avoir considéré les gens seulement comme des moyens pour atteindre des fins.

Mais, selon Castoriadis, il n’y a que des hommes au travail dans le socialisme. Si le travail des uns consiste à contrôler le travail des autres, cela veut dire, que tous deux sont persuadés que le seul mode de production avancé et efficace est celui du capitalisme, et qu’il est par conséquent impossible qu’il y ait un « travail libre »291. Ils dénient en réalité ainsi les résultats de la Révolution.

. La bureaucratie et la Révolution d’Octobre selon Castoriadis

La nouvelle bureaucratie est vraiment une "création" non-voulue de la Révolution. Ce n'est pas une ancienne bureaucratie, souligne Castoriadis.

En Chine, écrit-il, c'est la bureaucratie qui donne naissance à l'industrialisation. En Russie c'est l'industrialisation qui donne naissance à la bureaucratie. Cela veut dire que la bureaucratie chinoise n'est pas créée, elle est tout simplement. Mais la bureaucratie en Russie est créée par les bolcheviques à cause de leur « crainte des masses. »

Dans ce sens, Castoriadis conteste l’argument des bolcheviques selon lesquels la mise en place des éléments d’un capitalisme d’État en Russie n’est qu’une série de moyens censés faciliter la transition pour parvenir au même objectif : la construction du communisme. Castoriadis insiste sur le fait que la société n’est pas seulement formée d’en haut, disons, politiquement, mais aussi bien d’en bas, par ce qu’on peut appeler ses structures sociales. C’est cet aspect que le marxisme de Lénine a « oublié », voire négligé. La vraie raison de cet oubli, selon Castoriadis, est que les leaders bolcheviques considéraient le mode de production

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capitaliste comme le seul mode vraiment efficace et qu’ils prenaient les hommes pour « des animaux paresseux ». Selon Trotski, « le travail libre n’a jamais existé dans l’histoire ». Il semble qu’avec ce recours aux méthodes capitalistes, Castoriadis essaie d’expliquer parallèlement la naissance du phénomène du totalitarisme politique qui consisterait, en ce sens, à contrôler les activités politiques des travailleurs, dans la continuité du contrôle et de la gestion de leur travail.

« żérer le travail des autres – c’est le point de départ et le point d’aboutissement de tout le cycle de l’exploitation. Et cette nécessité d’une catégorie sociale specifique qui gère le travail des autres dans la production, et l’activité des autres dans la politique et dans la société, d’une direction séparée des entreprises et d’un parti dominant l’État, - le bolchévisme l’a proclamé dès les premiers jours de son accession au pouvoir... Pour autant que les idées jouent un rôle dans le développement historique, [...] l’idéologie bolchevique (et derrière elle, l’idéologie marxiste), a été un facteur décisif dans la naissance de la bureaucratie russe. »292

Ainsi, la bureaucratisation selon Castoriadis est un processus objectif qui ne caractérise pas seulement la Révolution russe et qui n’est pas dû à un hasard, mais qui est la preuve d’une tendance dominante dans le monde moderne.

Les questions qui se posent à celui qui s’interroge sur le contenu de la révolution d’Octobre sont : comment expliquer la dégénérescence de la Révolution ? Et quelle est la société issue de la dégénéresence de la Révolution ? Ces questions, comme nous allons le voir, ont été très souvent débattues dans des formes variées (p. ex. quelle est la nature et la dynamique du régime soviétique ? quel est le rapport du capitalisme au prolétariat ? etc) pendant les réunions de Socialisme ou Barbarie.

À ces questions, la réponse traditionnelle, explique Castoriadis, est celle de Trotski, qui, pour dissimuler son propre rôle dans la formation de l’appareil bureaucratique (n’oublions pas que Trotski a reçu le sobriquet de « premier bureaucrate de Russie ») s’est basé sur l’idée de la révolution dans un pays arriéré, aussi bien que sur celle de l’isolement des bolcheviques du reste du monde, et sur la guerre civile également. Castoriadis lui oppose cet argument que la dégénérescence bureaucratique comme phénomène très spécifique, ne peut pas être directement engendrée par « l’arriération » ou « l’isolation » du pays.

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On dirait que pour Trotski la bureaucratisation est une chose qui, quoique dérangeante, est assez banale et passagère. En outre, et plus précisément, elle est la raison pour laquelle Staline, un homme dépourvu du passé glorieux d’un révolutionaire, est devenu paradoxalement le chef d’un Parti révolutionnaire, ce qui aux yeux de Trotski ne pouvait en aucune façon gâcher l’idée même de la révolution.

La bureaucratisation selon Castoriadis passe par deux pôles opposés. D’une part, elle est engendrée par la société capitaliste développée. De l’autre elle représente une réponse des pays en voie du développement au défi d’effectuer le passage vers l’industrialisation. Apparemment ces deux cas ne correspondent pas à la situation en Russie, où la bureaucratie est de toute

évidence engendrée par la volonté des leaders de créer d’en haut de nouvelles institutions et de briser les anciennes. En plus il ne faut pas oublier qu’ils ont dénié toute initiative d’en bas.

Castoriadis attire notre attention sur le fait que la bureaucratie peut être engendrée dans des pays arriérés où le prolétariat est faible et où est en train de naître une bourgeoisie nationale, comme c’était le cas dans certains pays du Proche Orient et en Chine. Castoriadis cite ces deux exemples pour montrer que malgré des différences, la bureaucratie en Orient tend à jouer le rôle de substitut de la bourgeoisie nationale accumulant des capitaux.

Autrement dit, la bureaucratie chinoise n’est pas un produit de l’industrialisation du pays, mais l’industrialisation de la Chine est le produit de l’avènement de la bureaucratie au pouvoir dans ce pays. Ainsi Castoriadis nous présente la formule selon laquelle un pays arriéré293

ne peut s’industrialiser qu’en devenant bureaucratisé.

Dans le cas de la Russie, on a affaire à une bureaucratie développée qui se trouvait dans un pays qui, tout en ayant certains traits d’un pays arriéré et un héritage féodal, possédait aussi les traits d’un capitalisme bien développé, et qui était la cinquième puissance industrielle mondiale vers 1913. Donc, selon Castoriadis, elle avait toutes les possibilités d’accueillir une révolution prolétarienne. Ajoutons à cela, qu’il est vrai que le pourcentage des ouvriers par rapport aux paysans pouvait être minime, mais le vrai problème consistait en Russie post- révolutionnaire en ce que le prolétariat ne s’alignait pas toujours sous la bannière des bolcheviques, qui se proclamaient d’ailleurs être l’instrument de la volonté du prolétariat, avec

293Ce terme renvoie à Trotski, qui répète à plusieurs réprises que la Révolution s’est vue faire en Russie, pays

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cependant une réticence : eux seuls savaient ce que le prolétariat voulait et non pas des mouvements spontanés des masses.

Castoriadis, à son tour, voit dans la bureaucratie une caractéristique de la civilisation moderne, commune aux deux régimes : capitaliste et socialiste.

Castoriadis écrit :

« Pourtant la bureaucratie qui apparaît historiquement la première est celle qui a surgit en Russie dès le lendemain de la révolution, sur les ruines sociales et matérielles du capitalisme ; et c’est même elle qui, par mille influences directes et indirectes, a fortement induit et accéléré le mouvement de bureaucratisation du capitalisme. »294

La différence est qu’en parlant de la bureaucratisation dans les pays capitalistes, on les étudie dans le cadre de l’économie capitaliste, tandis qu’en parlant de la Russie il est nécessaire de recourir à l’histoire des relations entre le Parti et le peuple révolutionnaire.

Pourtant c’est cette bureaucratisation qui a pris naissance dès le lendemain de la Révolution d’Octobre, et qui a considérablement influencé, selon les analyses de Castoriadis, la bureaucratisation du capitalisme occidental. 295

« Tout se passait comme si le monde moderne couvait la bureaucratie – et que pour la produire il avait fait feu de tout bois, y compris du bois qui y paraissait le moins approprié, c’est-à-dire du marxisme, du mouvement ouvrier et de la révolution prolétarienne.»296

Ce point de ses réflexions nous semble particulièrement important, mais également paradoxal. Important, parce que Castoriadis prouve par là même, que la bureaucratisation soviétique n’est pas per se un produit de la révolution d’Octobre, ni même une des tendances interne au Parti bolchevique. Paradoxal, parce que c’est une opinion originale que, peut-être, très peu de gens partagent.

Nous pouvons conclure alors, que la bureaucratie selon Castoriadis est une nouvelle classe de la société qui est née grâce à la Révolution d’Octobre, alors que l’homme total aurait

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Castoriadis, IIS, p. 74

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Voir, Castoriadis, p. IIS, p. 74

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dû en naître. Une révolution n’est jamais un pas en arrière, c’est toujours un pas en avant, selon Castoriadis, dans le sens où c’est la mise en œuvre d’une nouveauté radicale.297

En effet, Castoriadis critique l’idéalisme hégélien, dont on peut trouver les restes chez Marx et chez les marxistes. Marx, comme Hegel, considère la fin de l’histoire et pense que l’histoire est intelligible dans des termes logiques, qu’il existe des « lois » de l’histoire. Mais comment peut-on porter un jugement definitif sur l’histoire ? Si nous acceptons cela, nous sommes obligés de croire qu’il y a une Idée absolue derrière tous les événements historiques et qu’il y a un progrès permanent de la société, à l’infini. Et si cela est impossible, comment devons-nous penser les événements historiques, sans relativiser leur signification ? Il est vrai que si nous adoptons un point de vue purement « empirique », en disant que nous ne sommes pas capables de juger l’histoire, cela veut dire que ses significations sociales nous échappent.

La solution que semble trouver Castoriadis c’est une ontologie radicale, un projet philosophique différent de toutes les formes d’ontologie essentialiste. Dans quel sens s’agit-il d’une ontologie ? Les significations sociales et historiques ne doivent pas avoir leurs origines et leurs principes en dehors d’elles-mêmes. Nous avons affaire à une institution sociale ainsi qu’elle se présente, dans une culture donnée, à une époque donnée298

. En plus, et nous l’étudierons ultérieurement, nous pouvons utiliser des formes d’ontologies héritées ou participer à la création des nouvelles formes de vie sociale. Donc, le principe consiste à savoir s’ouvrir vers une nouveauté de façon radicale et à ne pas nous satisfaire seulement d’explications basées sur le passé.

On peut s’interroger : quel est le rôle des bolcheviques dans tout cela ? Ne sont-ils pas un phénomène de l’histoire russe ?299 Cela se peut, mais dans le sens où la Révolution d’Octobre est un résultat de la luttes de classes, une continuation des révolutions dont Marx avait connaissance. Et comme nous l’avons vu, Lénine et les leaders bolcheviques prennent dans la pensée de Castoriadis une place particulière, car la nouveauté la plus radicale des bolcheviques consistait à essayer de penser et d’agir dans une situation politique concrète, ce qui changea considérablement les démarches théoriques des leaders de la IIe Internationale et des

297Sans paraphraser les articles de Castoriadis, nous essayerons de faire une esquisse de sa théorie de la révolution,

en suivant l’ordre de nos propres questions.

298 Un exemple illustratif c’est avec les éthnographes qui croient que les « sauvages » sont des modèles de l’homme

naturel, cela veut dire que les « sauvages » ne sont pas différents des hommes modernes, juste dépourvus de la civilisation. Cet approche éthnographique envers les cultures, trouvable jusqu’à Lévy-Strauss, Castoriadis déclare faux. La pensée « sauvage » n’est pas une matière de laquelle la pensée moderne a été faite. C’est juste une autre pensée, un autre mode de vie.

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On peut rappeler les paroles de Montesquieux qui demande ironiquement : comment peut-on être Persan ? Il est vrai que si l’on dit « l’histoire russe », on ne pense plus ni des Jacobins, ni des Communards.

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mencheviques. C’est ainsi que les leaders bolcheviques furent loin de l’image caricaturale de radicaux-terroristes-anarchistes, véhiculée par les historiens, mais ils furent bolcheviques et révolutionnaires dans la mesure où ils firent la révolution contre (ou « à rebours ») des « lois de l’histoire ».

Atteindre un niveau philosophique de compréhension du fait historique de la Révolution d’Octobre s’avère d’autant plus compliqué, qu’une idée philosophique accomplie de la révolution ne semble jamais présente ni dans l’oeuvre de Lénine, ni chez aucun de ses adeptes ou critiques. Sans doute a-t-on affaire à des constats ou des slogans politiques, mais ils semble plutôt avoir un caractère polémique, voire déclaratif.

Pour Lénine et pour tous les leaders bolcheviques il fallait plutôt démontrer la justesse de

son action, en s’appuyant sur l’analyse politique du moment, que de trouver des fondements philosophique dans les lois historiques :

La Révolution comme création

Donc, c'est la création qui est au centre de l' « ontologie » de Castoriadis. Le sens fondamental de la révolution réside dans la création de nouveaux rapports de productions, de nouveaux rapports de distribution et de répartition, et finalement dans la création d’une nouvelle classe sociale. C'est-à-dire que cette ontologie n'est pas "traditionnelle", elle a pour principe une constante création de nouvelles figures de l'être.

Castoriadis recourt à l’explication ontologique de la révolution non pour énoncer une nouvelle philosophie de l’histoire qui donnerait une meilleure explication de la Révolution française ou de la Révolution d’Octobre, mais pour montrer, à l’opposé de l’interprétation idéalisante « hégélienne » du marxisme, que l’idée de la révolution n’est pas une évidence historique, mais qu’elle est à rechercher dans la culture moderne, dans le mode de pensée moderne. Et comme le dit A. Honneth, la révolution est « refoulée » dans notre conscience.

En effet, répétons que Castoriadis dénonce chez Marx les restes idéalistes de la philosophie de l’histoire hégélienne et indique que les aspirations à créer une théorie de bout en bout rationnelle de l’histoire, amèneront à la disparition du problème même de la pratique.

161 «Car c’est à l’aide d’une ontologie que Castoriadis croit pouvoir retrouver l’idée de la révolution refoulée de la conscience de notre temps. Certres, la doctrine ontologique qu’il élabore à cette fin n’est rien moins que traditionnelle : [...] Castoriadis part du caractère non déterminé par principe du monde social et naturel. Sa théorie prend ses racines dans la conviction que c’est le processus d’une constante création de nouvelles figures de l’être qui fait la structure ontologique proprement dite de la réalité [...] »300

Il n’est pas étonnant de lire cela, car depuis le premier numéro, la revue Socialisme ou

Barbarie, comme l‘écrit Ph. żottraux, a placé « la barre à haut niveau ». La tâche ambitieuse de

leurs fondateurs est celle de « détenir les clés de la théorie révolutionnaire exigée par la période ». Ils se basait sur la conviction qu’ils savaient « être les seuls à répondre de manière