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ROLE DU PHARMACIEN D’OFFICINE DANS LA LUTTE CONTRE L’ANTIBIO-RESISTANCE

Mesure III.1. Définir les priorités en matière de recherche :

V. ROLE DU PHARMACIEN D’OFFICINE DANS LA LUTTE CONTRE L’ANTIBIO-RESISTANCE

Figure 53 : Rôle du pharmacien dans la lutte contre l’antibio-résistance [42].

L’ensemble des professionnels de santé est mis à contribution pour limiter les conséquences dramatiques, aujourd’hui prévisibles à l’horizon 2050, de l’antibio-résistance. Le pharmacien d’officine, en tant que professionnel de santé, est impliqué dans cette démarche de sauvegarde de l’efficacité des antibiotiques [41].

Le pharmacien d'officine est un acteur majeur en termes de santé publique et il a incontestablement un rôle à jouer dans la lutte contre ces phénomènes de résistance. C'est même un devoir. Sa proximité avec les malades, son accessibilité et ses capacités à conseiller et à persuader font de lui un allié de choix. Le pharmacien au Maroc, comme ses collègues européens, doit avoir un rôle primordial pour limiter la propagation de la résistance,

utilisation rationnelle des antibiotiques. Ceci ne peut se faire qu'en respectant les posologies et la durée de traitement des antibiotiques. Des campagnes d'information, avec une mise à disposition de supports tels que des affiches et des flyers au sein de la pharmacie, ne pourraient que l'aider dans cette mission. Le pharmacien devrait inciter ses patients à ne pas renouveler des ordonnances contenant des antibiotiques sans que cela soit expressément mentionné. Malgré le fait que la plupart des antibiotiques appartiennent au tableau A, leur automédication contribue, à coup sûr, à la multiplication de la résistance des bactéries [43].

 Délivrer des antibiotiques à l’officine :

Environ 90 % de la consommation des antibiotiques se fait en ville. Les recommandations de prise en charge des infections sont continuellement réactualisées de façon à tenir compte de l’évolution de l’épidémiologie de l’antibio-résistance des principales espèces bactériennes en cause. D’autres données sont également prises en compte dans l’élaboration de ces recommandations : l’impact des antibiotiques sur le microbiote intestinal, le rythme d’administration… ; les facteurs qui concourent à une optimisation de l’observance thérapeutique et au respect de l’écologie microbienne et, par conséquent, au bon usage des antibiotiques.

-Veiller à l’observance thérapeutique est primordial. Les schémas posologiques et les indications des antibiotiques subissent de perpétuels changements du fait de l’évolution des connaissances. Le pharmacien doit insister auprès du patient sur leur respect car ils garantissent l’efficacité du médicament et un moindre risque de sélection de bactéries résistantes.

Les interactions peuvent être également d’ordre pharmacodynamique, avec un risque d’accumulation des effets secondaires qui réduira l’observance thérapeutique. Il existe plusieurs niveaux d’interactions ; le pharmacien agira en conséquence en prévenant le patient et en donnant des conseils – en proposant un plan de prise notamment – pour les limiter.

-Des effets secondaires liés à la prise d’antibiotiques peuvent sur venir, qu’ils soient de classe ou propres à chaque molécule. Les diarrhées associées au déséquilibre du microbiote et les hyper sensibilités sont les effets secondaires les plus fréquents. Les diarrhées sont le plus souvent modérées et peuvent être prévenues ou limitées par la prise de probiotiques. Elles peuvent être cependant parfois importantes, rendant nécessaire une réévaluation du traitement. Les hypersensibilités et intolérances aux antibiotiques sont courantes. Le pharmacien doit veiller à placer une alerte sur la fiche du patient concerné auquel il doit conseiller de consulter un allergologue afin de caractériser l’hyper sensibilité, c’est-à-dire définir la ou les molécules incriminées.

Il n’est pas rare que les patients se déclarent allergiques aux pénicillines sans savoir exactement à quelles molécules : une ou plusieurs pénicillines sont-elles incriminées La protection de l’environnement est une donnée qu’il convient de prendre en compte. À la fin du traitement, les antibiotiques non utilisés doivent être rapportés à la pharmacie, ce qui permet d’éviter un (més-)usage ultérieur et le rejet dans l’environnement. Comme tout médicament, les antibiotiques sont des substances polluantes, en particulier pour l’eau qui assure un continuum entre les environnements proches de l’homme (eaux de boisson, eaux récréatives...), les environnements “technologiques” (hôpitaux, industries), les eaux usées et les environnements hydrogéologiques (eaux de surface, eaux souterraines).

Afin de limiter les pollutions médicamenteuses, les acteurs de la chaîne du médicament ont créé le réseau Cyclamed1, dont la mission est de collecter les médicaments non utilisés (MNU) ou périmés dans les officines, puis de les acheminer en vue de leur valorisation énergétique [42].

 Limiter l’usage des antibiotiques :

Prévenir les maladies infectieuses est nécessaire si nous voulons limiter l’usage des antibiotiques et ainsi lutter contre l’émergence de résistances bactériennes. Le pharmacien est un acteur de santé publique dont le rôle est essentiel en matière de sensibilisation des patients. Les actions de prévention peuvent concerner à la fois les infections courantes (par exemple, les cystites bactériennes aiguës chez la femme) ou d’autres, moins facilement diagnostiquées (infections sexuellement transmissibles [IST]).

Le respect des mesures hygiéno-diététiques et l’usage de la médication officinale jouent un rôle important en termes de prévention des maladies infectieuses et donc de limitation de l’usage des antibiotiques. Le pharmacien doit rappeler les règles d’hygiène simples et peut conseiller des thérapeutiques alternatives.

La phytothérapie est d’utilisation traditionnelle et ancienne. À titre d’exemple, l’utilisation de la canneberge a été validée dans la prévention des cystites ; elle est commercialisée en France sous forme de compléments alimentaires dosés pour 36 mg de pro-anthocyanidines par jour. Les huiles essentielles (HE) sont, quant à elles, de puissants anti-infectieux ; leur activité in vitro a été largement démontrée mais peu d’études ont été menées chez l’homme du fait de la complexité de leur composition.

Limiter la prise d’antibiotiques, c’est aussi prévenir la survenue d’infections et la vaccination, lorsqu’elle est possible, constitue une stratégie forte en termes de protection individuelle et collective.

Ainsi, l’amélioration du diagnostic des maladies infectieuses est une stratégie intéressante.

La délivrance à l’unité des antibiotiques afin d’en éviter le gaspillage et le mésusage (automédication, ingestion accidentelle par les enfants...) était en expérimentation jusqu’en septembre 2015 et devrait se poursuivre encore deux ans [42 ; 43].