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The Ri ght to the Ci ty : tenter de dépasser l es ambi guï tés

On peut dès lors s’interroger sur la concordance réelle des actions participatives contemporaines avec le modèle initial du droit à la ville. Participent-elles de changements forts dans la société amenés par l’intégration du droit à la ville dans notre culture ? Ou sont-elles simplement une autre déclinaison de logiques déjà dénoncées par Lefèbvre? Face aux multiples interprétations,un auteur contemporain a cherché à rétablir une dé1nition stable du concept, de façon à comprendre l'intérêt de défendre un Droità la Ville aujourd'huietles transformations qui ontpu luiêtre apportées.

Ainsi, David Harvey a-t-il réactualisé au travers de sonRight to the City les principes de Léfèbvre dans le contexte contemporain. Procédant d’une approche spéci1que à sa formation et ses expériences, le géographe anglais aborde une vision quiarticule beaucoup plus les questions économiques etde géographie sociale que ne le faisait Lefèbvre. Pour autant, les deux intellectuels se retrouvent très largement dans leurs constatations et leurs aNrmations allant même, ultimement, jusqu’à partager certains travers.

Harvey compare la ville à une usine de production de biens communs qui,dans les logiques libérales etnéolibérales,se voient appropriés par la classe dirigeante. La ville, en concentrant les ressources etles personnes serait donc une sorte de gigantesque « machine » produisant à travers tous des biens : espace public, infrastructures d'eau, d'électricité, logements, ... Les principes prônés par Lefèbvre etque Harvey partage conduiraientà penser une redistribution du contrôle de ces biens communs à travers les citoyens.Ainsi,comme pour Lefèbvre,la ville devraitse faire par etpour les habitants.

Harvey dé1nitces biens communs comme« la relation sociale instable et malléable entre un groupe social propre et son environnement social et/ou physique existant ou à créer jugée cruciale pour son existence et sa vivacité »15. Ilen distingue trois

critères.

a) Ils doivent être inscrits dans unsystème hiérarchique de redistribution.

Il pointe ainsi les limites d'une organisation de société où chacun participerait horizontalement aux décisions, sans rapport de hiérarchie.Ilse ditainsiconscientdes échecs précédents des sociétés communistes.À grande échelle,un système hiérarchique serait toujours requis, la relation d’individu à individu étant inconcevable : la constitution de biens commun contrôlés par tous entraînerait systématiquement une situation con5ictuelle. Il ne serait pas possible, selon cet auteur, d'imaginer une société stable et pérenne où les biens communs produits par la ville (et ses habitants)soientredistribués à tous sans qu'iln'existe une ou des autorités de contrôle. Ainsi, un groupe local (que ce soit un quartier, une ville une région) qui réclamerait une autonomie totale pour une gestion horizontale de son environnement serait voué, selon cette logique, à devenir une enclave, une exception dans le système globalhiérarchisé.

b)Ils possèdentune accessibilité plus ou moins restreinte.

Les biens communs peuventêtre ouverts à tous,à la manière de l’oxygène, ou bien plus ou moins contrôlés, à la manière des espaces publics.D’une façon,lesgated communities seraientainsi des biens communs à accessibilité très réduite.

c)Ils ne sontpas (seulement)des biens publics.

Là où le bien public estfournipar l’Étatà travers des moyens publics et/ou privés,le bien commun apparaitraitdès qu’ily a une appropriation politique du bien par les citoyens. Le bien public serait une condition du bien commun mais ne lui est pas directementaNlié.

Ainsi,Harvey,dans la 1liation de Lefèbvre,revendique la ville comme un bien commun accessible à tous. Il va jusqu’à aNrmer que« la construction d’une forme d’urbanisation proprement socialiste estaussinécessaire à cette transition vers le socialisme que le futl’émergence de la ville capitaliste pour le capitalisme »16.

Loin de se contenter de répéter les préceptes du sociologue urbain cependant,le géographe les adapte à notre époque ettente de préciser les conditions de la mise en œuvre de cette ville socialiste. Il cherche ainsi à combler les écueils précédents du droità la ville selon Lefèbvre.

De nouveaux espaces d'espoir,ou des