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Quel concepteur pour une parti ci pati on fructueuse ?

DiQérents initiateurs des processus participatifs en architecture peuventdonc être identi1és.Ces initiateurs peuvent être les institutions,que nous avons évoquées,les professionnels, architectes,urbanistes ou promoteurs,etles habitants eux-mêmes qui sont alors souvent auto promoteurs. Pour autant, une catégorisation des participations selon ce critère amènerait à complexi1er encore plus un organigramme déjà très changeant suivant les situations. Une catégorisation plus exploitable peut alors se faire selon la façon dontsontimpliqués les habitants dans la conception de leur environnement et leurs rapports à l’architecte en charge de celle-ci43.

Le concepteur d’espaces serait en eQet dans ces cadres le responsable de la hiérarchisation des attentes, savoirs et valeurs dans le butd’atteindre un consensus quantà la création des lieux de vie privés et collectifs. Ce rôle serait en fait en 1liation avec celui de négociateur du projet que l’architecte assure traditionnellementface à son client et les diQérents intervenants administratifs, techniques et constructifs. La diQérence tiendrait alors à la façon dont ces négociations s’eQectuent: là où l’architecte « traditionnel» hiérarchiserait eQectivement les attentes de ses clients pour formaliser un projet, l’architecte « participatif» devraitinclure ses propres attentes etvaleurs dans cette hiérarchisation d’une façon bien active. De cette façon, le projet résulterait alors bien de la collaboration et non de l’imposition d’une interprétation personnelle.

On le comprend,cette transition implique une recon1guration certaine de la profession. Pour autant, conformément à nos propos précédents sur la diversité des pratiques participatives, celle-ci peut prendre diQérentes formes. Véritablement, les initiatives participatives sont, encore aujourd’hui, le lieu d’expérimentations plutôt que d’applications de méthodes dé1nies, ouvrant tant aux réussites qu’aux erreurs. Cette recon1guration ne se faitdonc pas sans peine etcela estd’autant plus vrai au vu du caractère peu rémunérateur de ces procédés chronophages etdu manque de préparation des jeunes architectes à cette tâche.

Les architectes quis’y attellentseraientainsisouventsoitdes engagés de la première heure, forts des premières expériences des années '70,soitdes individus y trouvantun intérêtpersonnel, que cela concerne la promotion de leur savoir faire,une tentative de convaincre une population réticente ou simplement une

habitants dans la fabrication de la ville,Editions de la Villette,Cahiers Ramau n°6, Paris,2013.

intervention dans leur milieu de vie propre44.

Ces architectes quis’engagentle fontsoitde leur propre chef ou sontchoisis par les habitants eux-mêmes,les institutions ou le promoteur,parfois sur base de concours.Ce mécanisme implique donc souvent chez l’architecte de la participation une certaine aptitude, ou en tous cas un intérêt certain pour ces méthodes. Cette aptitude s’évalue principalement sur base d’expériences participatives passées, decompétences environnementales (maitrise des matériaux écologiques,de procédés à faible empreinte carbone,...)tantle sujetestinévitable de nos jours,et sescapacités relationnelles,tantcelle-cisontprimordiales dans la constitution d’une participation eQective, telle que nous le verrons.Les groupes habitants appelés à participer peuventdonc déjà,via ces trois critères,s'interroger sur la qualité du processus de co-conception mis en place. Quelles expériences passées le concepteur au centre de ce processus a-t-il? Quelles compétences en matière d'écologie possèdent-ils ? Mais surtout, de quelles capacités relationnelles celui-ciest-ildoté ?

De plus,pour ces concepteurs,le procédé participatifestdonc souvent une occasion de développer et de tester de nouvelles méthodes dans un objectifde recon1guration de la profession en s’inspirant de leurs expériences propres ou de modèles précédemmentdéveloppés.

De ces recherches vont surgir une multitude de propositions, des essais dont la variété ne rivalise qu’avec les diQérences d’eNcacité et de pertinence participative. A1n de tenter de décrypter les tendances existantà travers cette diversité,trois cas français45 peuvent être pointés à savoir respectivement

l’IPPIDDAS46, lopération Eco-Logis de Michael Gies, à

44 Ibid. 45 Ibid.

Strasbourg et l’opération de logements sociaux Grand Ensemble de Patrick Bouchain à Beaumont,Boulogne etTourcoing.Malgré des contextes et des stratégies diQérentes, les auteurs de ces projets onttous eu en commun d’établir en premier lieu un cadre préalable permettantla participation.Ce cadre dé1niten faitdans quels domaines et à quels moments de la conception interviendront les habitants. Une telle préparation en amont paraîteQectivementessentielle de façon à assurer l’eNcacité etla rentabilité d’un processus que l’on sait à l’avance chronophage. Notons qu’il n’apparaît que dans un seul cas que les habitants aient participé à l’élaboration de ce cadre, remettant déjà en doute,au moins en marge,le caractère entièrementdémocratique de ces démarches.