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Conserver une mai tri se d' œuvre : un poi nt de tensi on

En dé1nitive, les trois procédés ici décrits témoignent d’une persistance des concepteurs à vouloir garder la maîtrise de l’œuvre et d’un malaise quand celle-ci est perdue, ne serait-ce

que partiellement. Cela rappelle encore une fois les propos déjà abordés : les répartitions historiques des rôles et savoirs se prêtentpeu aux changements etce,même sile procédé témoigne de cette volonté première.

Ainsi,alors que certains architectes des années '70 n’hésitaient par à inclure fermement les habitants dans le dessin des espaces et la dé1nition des atmosphères, les concepteurs contemporains semblent vouloir se distancer de cette attitude. Selon leurs discours, ceci s’expliquerait par une conception du rôle de l’architecte dans l’œuvre participative comme garant de l’intérêt collectif qu’il défendrait face aux demandes individuelles contrastées.

Cependant, cette attitude témoigne bien de la rigidité des concepteurs face à la redé1nition du processus de conception et de leur rôle dans celui-ci. L’utilisation récurrente du terme «maître d’usage» pour désigner les habitants, en rapport aux maîtres d’oeuvre etd’ouvrage,exprime très bien la limitation qui estimposée aux habitants dans leur capacité à participer.Comme précédemment pointé, réduire l’apport habitant à ses simples connaissances de l’usage estune déconsidération profonde quiest diNcilement compatible avec un projet qui se veut la résultante d’une collaboration sur le fond etla forme.Ainsi,la question des atmosphères,matérialités etorientations architecturales reste très largementla prérogative des architectes.Ceux-ciaurontdès lors des réticences toutes particulières à eQectuer des changements importants relatifs à ces matières face aux considérations des habitants. Ces derniers, porteurs de cultures urbaines et architecturales diQérentes,peuventen eQetentrer en con5itavec la vision du concepteur.

La recherche de cohérence telle que revendiquée par les architectes ne serait, au 1nal, qu’une autre expression de la

recherche de stabilisation des grands partages au sein même des processus participatifs censés les dé1er. Ces procédés, en ne redé1nissant pas durablement le rôle de l’architecte et le processus de conception ne seraientpeut-être qu’une déclinaison des méthodes traditionnelles. Les représentations convenues seraientpar là stabilisées,d’autantplus que toutécartementà ces représentations tend à être déconsidéré, que cela soit par l’architecte lui-même ou la presse architecturale qui relaie ces projets,comme nous l’avons vu.

Si l’analyse de ces trois projets n’est sans doute pas généralisable à l’ensemble des procédés participatifs, ils témoignent tout de même d’une tendance générale de ceux-ci à éviter de véritablement chambouler les structures préconçues. Même les actions de Bouchain, pourtant souvent considéré comme un des « papes » actuels de la participation et un « perturbateur » des procédés traditionnels,semblentrelever d’un certain conservatisme.

Peut-on pour autant considérer que la participation est absente des ces processus, ou d’autres ? Au vu de nos constats précédents concernantla diversité des niveaux de participation et les diNcultés inhérentes à les instaurer, une telle aNrmation paraîtrait abusive. Soulignons encore que les processus participatifs restenttrès largementà un stade expérimentaloù peu d’appuis factuels permettentd’élaborer des méthodes infaillibles. Ces initiatives sont donc louables, presque pionnières dans le champ. Une attention toute particulière devrait cependant, nous semble-t-il, être accordée à véritablement considérer la recon1guration du champs de l'aménagementdu territoire.Celle- ci pourrait ouvrir, entre autres, à des processus de conception nouveaux dontles habitants seraientdes acteurs actifs etdécisifs, au même titre que l’architecte.Considérons donc en1n toutes les

diNcultés inter relationnelles et les apports essentiels dont seraientporteurs de tels processus.Quelles sontles conditions et problématiques concrètes de l’intégration durable de ce droità la ville dans nos pratiques etcultures ?

Embûches communicationnelles et