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>> l'influence de la turgescence a peu d'importance >>. En effet ces auteurs ont étudié des organes en train de s'accroître, que la plas-molyse raccourcissait peu ou pas, et d'autres organes ne présentant plus aucun phénomè.ç.e de croissance et que la plasmolyse raccour-. cissait beaucoupraccour-.

Kohl admet dans une certaine mesure les conclusions de Schwen · dener et Krabbe, en ce qui concerne la critique de la théorie de Sachs et de Vries. Cependant sa théorie aboutit à faire jouer à la turgescence le principal rôle dans les courbures. Il se base sur le fait énoncé par Kraus (1) (et contredit par n·e Vries, Wortman ... ), à savoir que la partie concave renferme plus de substance osmo-tique que la partie convexe de l'organe en voie de courbure; puis il montre comment une cellule cylindrique, qui est plus élastique dans le sens transversal que dans le sens longitudinal, se raccour-cira forcémen~ sous l'influence de la turgescence, en prenant la forme d'un tonneau. Et il calcule que, pour produire des courbures comme celles que nous trouvons dans la nature, un raccourcissement de 10

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serait largement suffisant, ce qui peJ.Ittrès bien avoir lieu du reste. Il admet ainsi que, dans la courbure, c'est la partie concave qui est active et il cite, à l'appui de cette opinion, les déchirures transversales que l'on observe souvent à la partie convexe.

Il réfute Wortmann, car, dit-il (2) : 1° Il n'y a pas de migration du protoplasme vers la partie concave, ni épaississement de la membrane en cet endroit.

2° La turgescence, comme l'indiquent les expériences de Kra us, est plus forte à la partie concave. Il se sert aussi de cette dernière . considération pour critiquer les idées de N oll.

Conclusions tirées de la bibliographie.- Au sujet du géotropisme, nous avons donc, non seulement différentes tbéol'ies contradictoi-res, mais encore souvent contradictions de faits. Cette dernière constatation est assez grave; nous pouvons nous l'expliquer parce que, à notre avis, l1es auteurs qui se sont occupés de ce sujet n'ont pas assez tenu compte : 1 o du temps pendant lequel leurs objets ont été soumis à l'actiop de la pesanteur; des différences spéci-fiques des objets qui ont servi à leurs expériences.·

(I) Kraus: Ueber di.e Wasservertheilung in der Pjlanze. (Abh. der natur-forsch. Ges. zu Halle. Bd. 16).

(2) Kohl : l. c., p. 3.

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Un exemple frappant de ces çontradictions est celui de la diffé-rence de turgescence des deux côtés de l'organe en voie d.e cour-bure. Pour les. uns (De Vries, Wiesner) la turgescence est plus forte du côté convexe; pour les autres (Kohl, Kraus) elle est plus forte du côté concave; pour d'autres enfin elle est identique partout (Noll, Wortmann, Briquet).

Pourtant la turgescence peut être observée directement, par la méthode de plasmolyse, par exemple. Cela nous montre que des expériences rigoureuses et comparatives sont encore bien néces-saires sur le sujet.

Sans nous étendre davantage, nous pouvons pourtant conclure que, en dernière analyse et, à quelque théorie qu'ils se rattachent, les auteurs font remonter la cause des courbures à une sensibilité du protoplasme. En effet, que l'on prenne De Vries, Wortmann, Noll ou Kohl, on arrive toujours à une modification de la paroi cellu-laire ou des forces agissant à l'intérieur de la cellule.

Mais sur la cause de ces modifications, on ne se prononce pas, on ne nous dit pas comment la pesanteur agit à la façon d'un exci-tant sur le protoplasme. Le problème n,est pas abordé. Il semble même que l'idée téléologique soit si ancrée dans les esprits qu'elle paraisse naturelle; la directiol\ qu'ont prise les recherches ·moder-nes l'indique. En effet, pour élucider la question de la sensibilité, il sel'ait plus important, selon nous, de chercher à reproduii·e les phénomènes de courbure dans les milieux les plus divers et dans des conditions appropriées, que de s'efforcer de localiser l'action de la force dans la cellule ou dans sa paroi. Aussi, sans nous pro-noncer en atJCUlle façon SUr cette grosse question, nous avons pensé néanmoins que les quelques expériences· précitées seraient une pierre Çtjoutée à l'édificB. Nous croyons aussi que les -expériences relatées plus bas, sur le redressement de la base des tiges, sont pro-pres à écarter cette idée téléologique qui parait s'être emparée de l'esprit des chercheurs modernes.

Nous reconnaissons donc avec Briquet ( 1) que ce ,sont là des questions qu'il est actuellement impossible de résoudte; Nous pen-:-sons pourtant que, puisque J'explication téléologique semble "devo_ir êt1·e écartée, un jour viendra où nous aurons la clef de l'énigme.

· (r) Briquet : 1. c. p. 102.

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· Conclusions tirées de L'e.rpérience. - Quant à nos experiences dont les résultats ont aussi un caractère de finalité indéniable, nous pouvons en conclure que, de même que chez les plantes terrestres, il y a, chez les plantes aquatiques, des tiges morphologiquement différentes, qui s'orientent diversement sous l'influence du géotro-pisme. Certaines tiges dre"ssées présentent un géotropisme négatif très net, d'autres rampantes ou souterraines, sont diagéotropiques (tiges rampantes de tous les Potamots), d'autres, enfin, peuvent être positivement géotropiques.

Ce dernier cas se ren-contre )chez les rameaux de Potamogetun pectinatus L. qui sont en voie de se renfler en tubercules carac-téristiques de cette espèce.

(t, fig. 10). Ces rameaux-là s'abaissent ainsi vers le sol où ils vont s'enfoncer afiu d'hiverner. Cela n'est pas sans importance, parce que ces tubercules sont moins denses que l'eau ; s'ils n'é-taientenfoncés dans la vase lorsqu'ils deviennent li-bres par la décomposition de la plante qui les a pro-duits, ils retourneraient à la surface et seraient entrai-Fig. 10.- Rameau de Potamo((eton pectinatus

' L.; t. rameaux tuberculeux, présentant nés par le courant. . des courbures positivement g·éotropiques. En outre ces rameaux tuberculeux prennent naissance plutôt vers la base des tiges, afin d'être plus près du fond. Ce dernier· fiiit a déjà été étudié par Vôchting ('1) sur d'autres plantes; nous n'entrerons donc pas en de plus amples détails.

Cet auteur voit aussi la cause de ce phénomène clans le géotro-pisme: ù An den Zweigen der Pflauzen mit aufrechter Stellung ist

(I) Vochting·: Ueber die Bildtmg der Knollen. (Bi~l. bot. Hft. 4, x88?, p. 42).

PHANÉROGAMES AQUATIQUES DE GENÈVE 43 n die Knollenbildung anf die basalen u. mittleren Teile beschrankt » et « eine Verschiebung der Region der Knollensprosse nach abwarts n ist unzweifelhaft, als eine Wir·kung der Schwerkraft zu

betrach-» ten >>. Mais si ces rameaux tuberculifères sopt positivement

géo-tropiques, nous .avons vu que les bourgeons-qui se trouvent sur ces tubercules le sont négativement.

Quant aux rameaux flottants ils présentent des particularités curieuses. Lorsqu'ils sont jeunes et encore sous forme de· bourgeons ils sont négativement géotropiques, mais lorsqu'ils se sont allon-gés et qu'ils ont dfiveloppé des feuilles vertes, ils ne présentent' plus aucune courbure. Pourtant lèur extrémité s'allonge toujours el par conséquent ils possèdent encore des tissus en voiE~ de crois-·

sance. On peut les placer horizontalement, on peut même les fixer de façon à ce que leur sommet soit dirigé verticalement vers le bas sans qu'aucune courbure se manifeste, à part la légère· flexion produite par la poussée de l'eau et qui disparait dès qu'on ·en

retire le ra méa u en expérience.

Cette expérience se fait facilement en fixant un de ces rameaux

p~r sa base sur une planchette que l'on assujettit dans un vase profond et assez large pour permettre un redressement vers le haut.

On remplit le vase d'eau et on le place à l'obscurité; si l'on a soin de changer cette eau chaque jour et avec précautiqn, on peut con-server le rameau en parfaite santé pendant une ou deux semaines ..

On peut même y observer un allongement notable, mais, ni à la partie inférieure, ni à la partie supérieure, on ne voit se produire·

la moindre courbure géotropique.

Ces rameaux ne présentent pas non plus de com·bures rhéotropi-ques; si on les sort de l'eau courante ils sont absolument droits, et si on les tourne contre le courant ils se recourbent passivement, autant du moins que j'ai pu m'enconvaincre. Cette propriété est également en rapport avec la biologie de ces Potamots. En effet le:

P. pectinatus affectionne les eaux courantes; ce n'est que dans des stations où le courant est fort qu'il lutte avec avantage contre d'autres espèces. Ses longues tiges, b·allottées par lès eaux, ondu-lent passivement et n'ont pas besoin d'une sensibilité spéciale pou1·

réagir contre la position que le milieu leur donne; l'eussent-elles,_

en effet, elle ne leur servirait de ri,en, car· leeourant ser"ait certai..:

neinent le plus fort. Le frottement de l'eau contre ces tiges est .même, si grand que, lorsque ces Potamots sont nombreux, le courant en est sensiblement ralenti.

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III. - INFLUENCE PARTICULIÈRE DU GÉOTROPISME

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