• Aucun résultat trouvé

La revitalisation économique de l’espace rural et l’agriculture dominante : une absence de pont

Dans le document LE CONCEPT D'AGRICULTURE DE TERROIR (Page 163-197)

CHAPITRE II : RECOMPOSITIONS ET PERSPECTIVES DE L’ECONOMIE RURALE

SECTION 1 : NAISSANCE D’ESPACE RURAUX CONVOITES

II) La revitalisation économique de l’espace rural et l’agriculture dominante : une absence de pont

S'interroger sur les perspectives démographiques et économiques des espaces ruraux contemporains n'est pas chose aisée. Apparenté le plus souvent aux déserts mais aussi objet de bien des convoitises, le monde rural n'est pas toujours appréhendé dans toutes ses dimensions, et notamment sous l'angle de la diversité des mutations dont il est aujourd'hui l'objet.

Les apports migratoires sont composés de populations en âge de travailler. En effet, la France rurale, au recensement de 1982, englobait 6 millions d'actifs, elle en comptabilisait 6,3 millions en 1990 263. Cette croissance, même faible, du nombre des actifs modifie la composition socio-économique des campagnes françaises. En 1982, la France rurale comptait 1 agriculteur pour 12 actifs non agricoles, en 1990, cet agriculteur fait face à 17 actifs des autres secteurs264

263

Sources RGP 1982, 1990, sondage au quart, partie rurale. 264

D'après INSEE (1993) Les agriculteurs. Portrait social, Collection Contours et Caractères, INSEE, 1993, 141 p.

.

Ces chiffres confortent l'hypothèse d'une accélération de la diversification des activités économiques en milieu rural avec les conditions suivantes :

- soit on a création et implantation de nouvelles activités relevants des secteurs non agricoles (industrie, services) ;

- soit on a une poursuite, mais moins soutenue, du développement économique agricole de l'espace rural.

En réalité, l’interrogation peut porter sur les deux composantes de cette dynamique puisque notre problématique se focalise sur le rôle de l’agriculture dans la revitalisation de l’espace rural. Ce qui sera privilégié ici, c’est la recherche des mécanismes d’articulations entre évolutions démographique et l’emploi. Après avoir posé les différentes relations qui peuvent s’établir entre ces deux composantes majeures pour l’espace rural, la recherche des caractéristiques et des composantes de ces dynamiques économiques génératrices d’emploi devient l’axe privilégié. L’agriculture dominante de type professionnelle est-elle en mesure d’accompagner ces mutations économiques ? Cette question se pose dans la mesure où aucun indicateur offre jusqu'à présent, une perception du rôle de l’agriculture dominante dans la revitalisation rurale.

La recherche des relations entre variation démographique et évolution de l’emploi offert dans les communes rurales se heurte dans un premier temps à la complexité des relation villes-campagnes. En effet, en ce qui concerne la croissance démographique, certains auteurs comme B.J.L. Berry265, D. Courgeau266, B. Hervieu267 assimilent cette poussée démographique à un processus émanant de la ville, soit selon une urbanisation des campagnes, soit selon une déconcentration des villes. Dans ce cas, l'explication économique, et donc celle de l’emploi, tient à l'urbanisation alors que pour d'autres auteurs, notamment B. Kayser268 et J. Catanzano269

Cette économie rurale en rénovation se base-t-elle sur des formes entrepreneuriales nouvelles, et si oui, dans quels secteurs d'activité les trouve-t-on ? Cette seconde partie du développement sera un aperçu assez général des nouvelles activités génératrices d'emploi et en développement dans le milieu rural. Cependant, la tâche n'est pas aisée car deux

, le processus de croissance reste plus complexe. Cette première hypothèse de la domination de la fonction résidentielle dans l'espace rural reste valable mais n'explique pas l'intégralité du phénomène de la croissance démographique. C'est ce que nous allons montrer par une analyse dynamique de l'emploi rural dans sa relation avec la démographie. Y a-t-il une explication économique à ce nouveau peuplement rural ? L'articulation entre l'évolution démographique et l'évolution de l'emploi sera donc le point central de cette démarche afin de déterminer quels sont les espaces ruraux en prise à une revitalisation économique au delà du seul phénomène résidentiel d'origine urbaine.

Cette problématique ainsi posée donnera lieu, dans une première partie, à un travail méthodologique permettant d'aborder la dynamique de l'emploi couplée à celle de la démographie pour aboutir à une typologie de commune basée sur ces deux indicateurs. L’application de la typologie à un espace rural concret, ici, le Languedoc-Roussillon, caractérise la complexité de cette approche. Le choix de cette région n'est pas fortuit car elle est sensible, depuis de nombreuses années, au processus développé précédemment. L’autre avantage est que la localisation dans l'espace régional de ces mesures rend possible, une distinction entre la dynamique rurale en relation avec l'urbanisation et celle qui relève d'un processus plus autonome.

265 J.B. Berry (1976) The counterurbanization process : urban america since 1970, Urbanization and counterurbanization, B. Berry (ed.), Sage Publication, Bevertly Hills, pp. 111-143.

266 D. Courgeau (1991) Déconcentration urbaine et renouveau rural, Economie rurale, n° 202-203, pp. 92 et suivantes.

267 B. Hervieu (1993) Les champs du futur, Paris, F. Bourin. 172 p.

268 B. Kayser (1990) La renaissance rurale, sociologie des campagnes du monde occidental, Armand Colin., Paris, 304 p.

269

J. Catanzano (1987) Retour vers l'arrière-pays, éditions Les Cahiers de l'Economie Méridionale, 2e édition, Montpellier, 358 p.

difficultés sont présentes. D'une part, l'information statistique est lourdement influencée par l'évolution de l'agriculture lorsque l'on analyse l'espace rural et l'emploi. D'autre part, il est souvent délicat de distinguer le rural de l'ensemble des communes françaises. De plus, la relative rareté des travaux270

A) Les relations entre population rurale et emploi : approche méthodologique et application

relativement exhaustifs sur ce thème nous pousse à être prudent sur l'ampleur du processus de la reconquête économique. Néanmoins, nous utiliserons pour cette analyse, les statistiques de l'INSEE ainsi que des études plus ponctuelles sur les entreprises en milieu rural. La recherche des caractéristiques de la reconquête économique, en terme d'emploi et d'entreprise, se pose. L'approche qualitative de cette recomposition sera abordée à partir des approches sectorielles. Les nouvelles formes d'entreprises rurales s'accompagnent le plus souvent de mutations de l'offre d'emploi. La nature des transformations de l'économie rurale est en relation directe avec la création d'entreprises appartenant à des secteurs très diversifiés, des services essentiellement, et de l'industrie dans une moindre mesure. La structure des activités économiques est également significative de cette recomposition dans la résurgence des très petites entreprises et des activités tertiaires.

Aborder le monde rural à partir de son évolution démographique nous révèle une nouvelle perception de cet espace. Même si l'image qu'il véhicule est progressivement remise en cause par la croissance de sa population, ce phénomène du repeuplement rural, de plus en plus analysé dans différents écrits au plan national271 et régional272, reste cependant inégalement réparti sur le territoire. Toutefois, il parait aujourd'hui essentiel de dépasser l'analyse basée sur la conception résidentielle273

270 Les premiers travaux réalisés sur ce thème proviennent de A. Faure, F. Gerbaux, P. Muller (1989) Les entrepreneurs ruraux, Paris, éditions l'Harmattan, proposant un aperçu qualitatif des entrepreneurs récemment installés. Ensuite, J.C. Bontron et S. Cabanis (1990) Les dynamiques récentes de création et de localisation des activités en zone rurale, Paris, éditions SEGESA, proposent un chiffrement de la reconquête à partir des informations de l'INSEE (SIRENE), et localisent ces données dans les départements ruraux français.

271 J.C. Bontron. (1985) Population et espace : vers une nouvelle dynamique en milieu rural, Pour, numéro spécial, édition L'Harmattan, Paris, pp. 10-23.; B. Kayser (1990) La renaissance rurale, sociologie des campagnes du monde occidental, éditions Armand Colin., Paris, 304 p., et J. Rouzier (1990) Mutation de l'arrière pays méditerranéen ou un modèle pour la revitalisation des campagnes, Revue d'Economie Régionale et Urbaine, n° 5, pp. 695-713.

272 E. Font (1994) Un schéma d'évolution démographique pour les communes rurales, Revue d'Economie Méridionale, n° 165-166, Vol. 42, pp. 27-47.

273

La conception résidentielle est surtout étudiée par l'appréciation de l'évolution démographique de l'espace rural comme cela est relaté dans les différents travaux précités à des niveaux spatiaux différents.

du phénomène, pour rechercher, à travers la dimension statistique de la revitalisation économique, d'autres causalités. A-t-on une possibilité de déceler une éventuelle croissance économique des communes rurales ? Les mutations démo-économiques seront abordées dans le développement qui va suivre

sous l'angle méthodologique. La méthode recherchée vise à proposer une vision simplifiée et opérationnelle de la question suivante : quelles sont les articulations éventuelles entre l'évolution de la démographie et celle de l'emploi ? Cette problématique a abouti à l'élaboration d'un outil qu'il est nécessaire d'expliciter dans le développement qui suit.

1) Nécessite d'une distinction entre lieu de résidence et lieu de travail Le sens de l'évolution démographique des communes rurales nous renseigne sur la nature de leur dynamique résidentielle. Le lien avec l'économie de ces communes passe par la reconnaissance du lieu de travail de chacun de leurs résidents actifs ayant un emploi. Par conséquent, l'agrégation de la totalité des actifs employés dans la commune rurale notée x nous donne l'emploi total offert dans cette commune x. Ainsi nous pouvons, à partir d'une commune rurale x, déterminer et mettre en parallèle à la fois l'évolution démographique entre deux dates et l'évolution de l'emploi dans ce même intervalle de temps. La seule source statistique adaptée à cette méthode concerne les données communales des recensements de la population. Ces informations communales retracent à la fois le lieu de résidence (directement issu du RGP) et le lieu de travail (a partir du fichier MIRABELLE)274 et a nécessité la mesure de plusieurs milliers de flux démographiques275

274 Ce fichier RGP signifie Recensement Général de la Population et le fichier MIRABELLE signifie Méthode Informatique de Recherche et d'Analyse des Bassins par l'étude des Liaisons Logement-Emploi, sources établies par l'INSEE.

.

275 La réalisation de ce travail a nécessité un traitement d'information sur une même base dans le temps (les recensements de 1982 et 1990) et dans l'espace (les communes rurales de la région Languedoc-Roussillon) à travers les deux fichiers précités. Pour déterminer le volume d'emploi total offert dans une commune rurale, il a fallu agréger les mouvements domicile/travail à partir de la méthode suivante (Voir Encart 1)

Encart 1 : Méthode de calcul de la dynamique de l'emploi et de la population

Détermination du volume d'emploi communal

On pose :

x = Commune de rattachement pour le travail x

L

= Volume d'emploi offert dans la commune x ix

S

= Personne i qui loge et travail dans la commune x ix

E

= Personne i qui travail dans la commune x et qui habite une commune différente de x

∗ Détermination du volume d'emploi offert dans la commune x sur la période 0

x ix i i n ix i i n

L

0

S

0

E

1 0 1 = + = = = =

∑ ∑

∗ Détermination du volume d'emploi offert dans la commune x sur la période 1

x ix i i n ix i i n

L

1

S

1

E

1 1 1 = + = = = =

∑ ∑

∗ Dynamique de l'emploi offert dans la commune x entre la période 0 et la période 1 x

dL

= Dynamique de l'emploi offert dans la commune x entre 0 et 1 x

dL

= x x

(

ix

)

i i n ix i i n

L

0

L

1

S

0

E

1 0 1 − = + − = = = =

∑ ∑ (

ix

)

i i n ix i i n

S

1

E

1 1 1 = = = =

+

Détermination de la population rurale résidente dans la commune x x

Pop

0 = Population totale de la commune x à la période 0

x

Pop

1 = Population totale de la commune x à la période 1 x

dPop

= Dynamique de la population résidente dans la commune x entre la période 0 et la période 1 x

dPop

= x

Pop

0x

Pop

1

⇒ Croisement des deux indicateurs donnant la typologie

Si

dL

x> 0 et

dPop

x> 0 ; Commune de type 1 (Dynamisme général) Si

dL

x< 0 et

dPop

x> 0 ; Commune de type 2 (Dépendance résidentielle) Si

dL

x> 0 et

dPop

x< 0 ; Commune de type 3 (Restructuration productive) Si

dL

x< 0 et

dPop

x< 0 ; Commune de type 4 (Déclin cumulé)

La méthode de traitement de l'information a donné lieu à la formation de quatre combinaisons possibles entre l'évolution de la population et l'évolution de l'emploi qui sont reprises dans le schéma ci-après. Il est à noter que l'on traite l'emploi total incluant l'emploi agricole276

276

Dans l'état actuel de l'information disponible, il n'est pas possible de dissocier l'emploi agricole du reste de l'emploi au niveau communal.

.. De ce fait, les tendances récessives de cette tranche d'actifs biaisent quelque peu l'évolution observée pour des communes qui pourraient se retrouver à la marge de deux types possibles. La recomposition non agricole de l'économie rurale peut ainsi être voilée par la tendance générale à la baisse de l'emploi agricole. Cette remarque statistique est très importante pour la compréhension de la suite de la démarche.

Fondée sur la distinction entre croissance et déclin, cette typologie reprend les quatre combinaisons possibles qui peuvent résulter au cours du temps, de la combinaison des deux indicateurs que nous avons privilégiés, la population et l'emploi. Cette typologie donne lieu à une vision simplifiée de la dynamique de la fonction résidentielle à partir de la population et de celle de la fonction de production à partir de l'emploi.

Graphique 11 : Typologie communale en fonction de l'évolution de la population et de l'évolution de l'emploi

EVOLUTION DE LA POPULATION RESIDENTE

POSITIVE NEGATIVE EVOLUTION POSITIVE DE L'EMPLOI TYPE 1 DYNAMISME GENERAL TYPE 3 RESTRUCTURATION PRODUCTIVE EVOLUTION NEGATIVE DE L'EMPLOI TYPE 2 DEPENDANCE RESIDENTIELLE TYPE 4 DECLIN CUMULE

Le dynamisme général (type 1) concerne des communes rurales connaissant la croissance conjointe de la population et de l'emploi sur la période. II y a en apparence au moins une synergie entre la dynamique résidentielle de ces villages et la dynamique du volume d'emploi offert.

En fonction de la localisation de ces communes par rapport à la ville et plus précisément par rapport aux unités urbaines277

- soit les communes rurales proches des villes peuvent avoir dépassé leur fonction résidentielle passive

,

deux hypothèses concernant la dynamique économique de ces villages peuvent être posées :

278

pour connaître, grâce à la croissance soutenue de leur population résidente, une induction279

277 L'unité urbaine se définit selon l'INSEE comme une ou plusieurs communes sur le territoire desquelles se trouve un ensemble d'habitations qui présentent entre elles une continuité et comprennent au moins 2 000 habitants.

278 La fonction résidentielle est dite passive lorsque l'emploi local, du fait d'un repli de l'emploi traditionnel (agriculture par exemple) régresse sans variation à la baisse du caractère résidentiel de la commune, in A. Berger, J. Rouzier (1977) Ville et Campagne la fin d'un dualisme, éditions Economica, Paris, pp. 205-206.

locale de l'emploi. De ce fait, elles dégagent en leur faveur un volume d'emplois offerts en progression.

279

Cette interprétation de l'induction de l'emploi a été empruntée à la théorie de la base développée initialement par D.C. North (1955) et H. Hoyt (1957) pour une forme plus modélisée. Ces approches de la théorie de la base ont été initiée par H. Hoydt (1957) On developement of economic base concept, Land

- soit les communes rurales, éloignées de toutes pressions urbaines, peuvent connaître un fonctionnement économique plus autonome lié à la création et au développement d'activités économiques pas toujours nécessairement induites par la population locale, surtout si la commune est de petite taille. Cependant ces activités engendrent une croissance de l'emploi au niveau local.

D'une façon plus générale, les communes de ce type identifient des espaces où l'on pourrait qualifier la croissance de vertueuse280

Ces deux mouvements se résolvent par un accroissement des migrations quotidiennes. Ces communes en cause peuvent connaître une induction croissante de l'emploi grâce à la croissance de la population et de la fonction résidentielle mais malgré tout insuffisante pour combler le repli économique global de ces villages, même si des signes d'une fonction résidentielle active

sous-tendant ainsi une vision équilibrée du développement économique local.

La dépendance résidentielle (type 2) est relative à des communes rurales ou la croissance démographique donne lieu à un développement résidentiel, ce processus s'accompagnant d'une rétraction de l'emploi.

Les hypothèses concernant le développement résidentiel de ces communes peuvent être les suivantes :

- le premier mouvement conduit les individus à choisir une commune rurale comme lieu de résidence alors que leur lieu de travail ne s'y localise pas. On observe un maintien du lieu de résidence alors que l'emploi local régresse.

- le second mouvement pousse les résidents, en raison des limites du marché local du travail, à trouver un emploi à l'extérieur, dans une autre commune rurale ou dans une commune urbaine.

281

Economics, Vol.XXX, n° 1, pp. 182-186. et D.C. North (1955) Location theory and regional economic growth, Journal of Political Econo,my, Tome 63, pp. 243-258. Cette théorie a, par ailleurs, été appliquée aux communes rurales à partir d'une approche en termes de revenu par A. Berger (1975) La nouvelle économie rurale, éditions Cujas, 286 p.

280 Ce terme a été proposé par R. Camagni (1984) Les modèles de restructuration économique des régions européennes pendant les années 70, In Crise et espace, (sous la dir.) Ph. Aydalot, édition Economica, Paris, pp. 9-37, repris aussi par V. Thireau (1993) Les nouvelles dynamiques spatiales, à la redécouverte des territoires, éditions L’Harmattan, Paris, 342 p.

281 La fonction résidentielle est dite active lorsque le choix résidentiel s'est fait à partir du cadre de vie. Ces communes peuvent avoir un solde migratoire positif se répercutant sur une induction de l'emploi sur place, p. 206-207, d'après Ville et Campagne op. cit. Cependant, dans notre définition de la commune de type 2, l'emploi régresse. Cette distinction permet, par rapport à la définition des auteurs, de montrer la plus faible induction de l'emploi par la fonction résidentielle, ou tout au moins une insuffisance de la création de l'emploi par rapport aux tendances à la baisse de l'emploi traditionnel (agricole par exemple). L'induction la plus forte fait référence aux communes en dynamisme général qui ont dépassé la fonction résidentielle passive.

dans sa majorité des cas, la domination exercée par la ville qui reste le lieu privilégié de surconcentration de l'emploi. Mais il est de moins en moins exclu que la relation domicile-travail s'effectue entre deux communes rurales. Dans cette hypothèse, l'organisation est plus délicate à saisir mais elle traduit une orientation de plus en plus suivie.

La restructuration productive (type 3) caractérise des communes dans lesquelles de nouvelles organisations productives peuvent se mettre en place. Ces activités économiques permettent de dégager des volumes d'emploi en croissance sans que cela ne s'accompagne d'une progression de la population résidente. Les hypothèses concernant ces activités peuvent être de deux ordres :

- il peut y avoir dans ces espaces communaux une continuité de la croissance et du développement d'activités traditionnelles génératrices d'emplois ;

- il peut s'agir également d'activités récemment créées ne reposant pas forcément sur le mécanisme de l'induction mais pouvant être en relation avec l'existence de ressources naturelles locales ou d'activités de services (potentiel touristique par exemple).

La localisation de ces communes suivant qu'elles se situent à la périphérie ou non d'une ville leur donne une importance différente. Si la commune se situe à l'écart d'une unité urbaine, elle peut attirer des populations actives rurales et cette attraction peut alors se résoudre par des migrations quotidiennes à l'intérieur de l'espace rural.

Le déclin cumulé (type 4) caractérise des villages les plus menacés par un processus de spirale combinant la déprise démographique et celle de l'emploi local. A l'extrême d'un tel processus peut se concevoir l'hypothèse de la désertification ou tout au moins celle d'un seuil critique de dépopulation282

2) Application de la typologie à l'espace rural du Languedoc-Roussillon en dessous duquel le processus semble irréversible.

Le développement qui va suivre est une application de la typologie à un espace concret. Cette approche proposée et appliquée à la région Languedoc-Roussillon dans sa partie rurale permettra une appréciation statistique des quatre types présentés.

L'espace rural du Languedoc-Roussillon connaît apparemment, au niveau global et dans l'ensemble des communes rurales, une double dynamique.

282 V. Rousselle (1988) Théorie des seuils critiques de dépopulation et irréversibilité du processus de désertification, Revue d'Economie Régionale et Urbaine, n° 5, pp. 811-826. G. Larrere (1976) Dépeuplement et annexion de l'espace rural ; le rôle de la théorie du seuil de sociabilité, Toulouse, GEODOC.

D'une part, la région a gagné depuis 1982, plus de 56 000 nouveaux résidents ruraux et compte de ce fait en 1990 plus de 560 000 habitants283.. Or, dans le même intervalle de temps, l'emploi offert dans les communes rurales est passé en volume de 132 500 à 126 000 emplois. Avec près de 6 500 postes de travail en moins, l'économie rurale épouse encore, d'après la statistique agricole (source RGA), l'inexorable tendance au déclin agricole. En effet, le Languedoc-Roussillon comptabilise chaque année la perte de 900 exploitations agricoles. Entre 1982 et 1990, on peut donc estimer que 7 à 8 000 établissements agricoles ont disparu, entraînant une baisse au moins équivalente de la population active agricole284

La décomposition statistique présentée à partir du tableau ci-dessous met l'accent sur la répartition des quatre cas proposés dans l'ensemble régional

. De ce fait, la comparaison statistique entre la baisse globale

Dans le document LE CONCEPT D'AGRICULTURE DE TERROIR (Page 163-197)