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CE QU'ON PEUT EN RETENIR .1 Le projet : élément rassembleur

Une décharge de temps est nécessaire car ça prend quand même du temps s'il faut Jaire tout ce travail de coordination, de mise

8.4 CE QU'ON PEUT EN RETENIR .1 Le projet : élément rassembleur

Anouck estime que le plan-cadre ne va pas assez loin dans les obligations liées à la gestion collective. Elle regrette que les notions de travail d'équipe et de collaboration n'apparaissent pas plus clairement dans le mandat de l'enseignant. Elle craint que l'absence d'institutionnalisation

claire de ce mode de fonctionnement ne décourage rapidement les enseignants peu motivés et n'amène à l'abandon pur et simple du travail d'équipe dès l'apparition des premières difficultés. Il y a effectivement fort à parier que la seule valorisation discursive du travail collectif ne suffira pas à faire entrer tous les enseignants dans cette dynamique. Seule une obligation contrachielle permettrait une telle évolution.

Anouck met aussi en évidence un manque plus fondamental dans le plan-cadre : l'absence de la notion de projet. Or, sans projet, le travail d'équipe ne s'impose pas.

Toute collaboration naît de la volonté de réaliser un projet nécessitant l'investissement du groupe. Les objectifs du projet peuvent être très différents selon le degré d'implication consenti par le groupe. Il peut prendre des formes diverses et évoluer avec l'équipe. En effet, les équipes privilégient souvent, dans tm premier temps, des projets modestes dans lesquels la part de chacun est limitée. Avec le temps, les projets deviennent plus ambitieux. Or, cette notion de projet est totalement absente du plan-cadre, comme s'il suffisait de dire qu'il faut gérer collégialement le suivi des élèves pour que le travail d'équipe s'impose de soi-même, ce qu' Anouck met en doute.

Le travail d'équipe n'est pas une fin en soi. Il est uniquement l'instrument privilégié de la réalisation d'un projet.

C'est le projet qui motive le travail en équipe et le justifie et non l'inverse. C'est autour du projet que l'équipe construit ses règles de fonctionnement. Pour toutes ces raisons, la notion de projet serait bienvenue dans le plan-cadre.

8.4.2 Quatre ans pour changer les mentalités

Anouck et ses collègues ont opté pour un cycle de quatre ans, seul garant d'tm changement en profondeur des mentalités.

Ce point de vue semble particulièrement pertinent. En effet, l'introduction de cycles de deux ans n'aurait pas amené de changement fondamental. Dans la plupart des écoles, les enseignants suivent déjà deux années consécutives leurs élèves et organisent leur enseignement en fonction de ce laps de temps.

Ils fonctionnent ainsi déjà d'tme certaine manière en cycles. Ils peuvent laisser pour la deuxième année des notions qu'ils n'ont pas pu ou voulu aborder lors de la première année ou au contraire, prennent un peu d'avance dans certains domaines.

Quand l'enseignant suit ses élèves deux ans, il a plus facilement tendance à laisser l'élève progresser à son rythme que s'il doit passer sa volée à un collègue après une année seulement. W.

Hutmacher,126 a mis en évidence ce phénomène. Les décisions de redoublement apparaissent plus souvent lors d'tm changement d'enseignant.

Le passage à un cycle de quatre ans et l'intégration de la responsabilité collective rendent ce type de fonctionnement inopérant. La définition d'objectifs à plus long terme oblige les enseignants à communiquer beaucoup plus précisément lors dtt passage de l'élève d'un enseignant à l'autre. Il rend également indispensables des choix communs au sein de l'équipe, en termes d'objectifs, pour éviter que certaines notions soient reprises plusieurs fois ou au contraire jamais abordées.

De nombreux enseignants ont demandé des balises intermédiaires. Il conviendra de se montrer pn1dent dans l'octroi de ces balises et surtout dans leur positionnement dans le cursus. En effet, même si le besoin de repères semble évident, il ne faudrait pas que ces balises remplacent les objectifs de fin de 2E ou de 4P et amènent les enseignants à fonctionner à nouveau en cycles de deux ans.

L'introduction d'un cycle de quatre ans devra également s'accompagner d'un nouveau vocabulaire qtù s'affranchira de toute référence au degré ou à l'âge des élèves.

8.4.3 Accepter d'être une valeur sûre de l'équipe

Gaëlle avait mis en évidence les changements qui doivent s'opérer au rùveau de l'individu pour que sa relation à l'autre s'affranchisse de tout conflit et permette à chacun d'évoluer en toute sérérùté.

Anouck ajoute un élément nouveau : celui de la reconnaissance de la valeur de son travail Pour permettre au groupe de s'enrichir des expériences de ses membres, il faut que chacun croie en la valeur de ce qu'il fait. Proposer sa manière d'envisager un problème, la défendre, implique d'accepter sa propre valeur et reconnaître la richesse qu'elle constitue pour le reste du groupe. S'accepter soi-même, reconnaître sa

126 Hutmacher, W. (1993). Quand la réalité résiste à la lutte contre l'échec scolaire ; Genève, Service de la recherche sociologique.

compétence est particulièrement important pour les membres de l'équipe qui n'exercent pas de leadership. Pour profiter de la diversité, il est indispensable de se donner les moyens de la laisser émerger.

8.4.4 Peur du changement : frileux ou convazncu, personne n'y échappe

Le témoignage d' Anouck nous permet de comprendre que les acteurs de l'innovation ne sont pas des surhommes et ont éprouvé les mêmes craintes au moment de leur entrée dans le processus que ceux qui s'apprêtent à le faire. Il prouve ainsi que la peur qui découle de la nouveauté est tm phénomène normal qui s'estompe avec la pratique et l'expérience.

8.4.5 Prendre en compte la mobilité

Un des enseignants interrogés avait déjà évoqué le problème de la mobilité du corps enseignant. Anouck ajoute ici celle des élèves qui changent d'établissement tme ou plusieurs fois dans leur scolarité. Il est indispensable d'assurer le suivi de la scolarité d'tme équipe à l'autre. C'est tme des raisons qui plaide en faveur de l'uniformité des documents officiels.

Cependant, de telles mesures administratives ne sont pas garantes à elles-seules d'tme bonne transition. Les équipes auront tm grand rôle à jouer dans la transmission des objectifs déjà abordés. En effet, l'autonomie d'organisation inter-cycles dont elles bénéficient risque de compliquer passablement les changements d'élèves d'tme école à l'autre. Les enseignements font l'objet d'une répartition, selon les âges et les niveaux, qui varie d'tme équipe à l'autre. Les élèves qui arrivent en cours de cycle dans tme école exigeront d'importants aménagements. Il est vrai que la difficulté existe déjà dans les écoles traditionnelles en raison de la latitude d'organisation laissée aux maîtres à l'intérieur d'un degré. Cependant, avec la rénovation, le problème ne va plus se limiter à une année mais à un cycle de 4 ans. Les équipes devront soigner particulièrement leur mode de transmission pour fournir à l'élève des conditions