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Les objectifs du débitage

La prépondérance du projet laminaire apparaît quand on examine les supports transformés en outils retouchés. Les lames et lamelles représentent 83 % (10 unités) des produits façonnés. Seulement 2 éclats ont été sollicités. Parmi les restes de taille brute, la proportion des produits laminaires est moindre (25%, soit 69 unités), et plus élevé pour les éclats de mise en forme et d’entretien (70% pour 201 unités)

les nucléus

Seuls 2 nucléus sont présents dans ces deux ensembles : M13.C4.d69a.v7 n° 24 (S552 – Ens.13) – (Figure 89)

Nucléus prismatique à lame courte (49x35x22 mm). Le débitage est placé sur la face large du nodule et mené frontalement sur surface élargie, à évolution semi-tournante. Les flancs sont restés naturels, ainsi qu’une partie du dos qui montre une préparation par le retrait d’un éclat depuis la base. Nous ne constatons aucune crête latérale ou postéro-latérale. Ces dernières jouent souvent un rôle actif dans la préparation avant son exploitation en régularisant et assainissant les flancs et permettent également de contrôler le déroulement du débitage et de corriger certaines erreurs.

Le plan de frappe ne montre pas d’abrasion fine à la jonction avec la table. Par contre, un ravivage est exercé par le retrait d’éclats courts (petits esquillements répétés) sur la partie antérieure du plan de frappe. Son inclinaison est assez prononcée (70°).

Le débitage est unipolaire avec la trace d’un outrepassement qui a emporté la base du nucléus, produit non retrouvé dans les restes de débitage. Le dernier élément visible par un négatif d’enlèvement mesure 40 mm de longueur pour 18 mm de largeur, soit une lame courte assez robuste. La table d’enlèvement ne montre pas de zone affectée par un quelconque problème (réfléchissement, cassure), et l’abandon du nodule serait peut-être lié à la difficulté de gérer le plan de frappe très accidenté, même si une correction restait encore envisageable.

N13. d69e.v2 n°9 (S.517 – Ens.13) – (Figure 89)

Nucléus prismatique, à vocation lamino-lamellaire (45x25x23 mm). On remarque la mise en place d’une crête prostérolatérale gauche contrôlée par un dos en méplat. Le nodule est entièrement séparé de sa gangue corticale. L’orientation du débitage est unipolaire, mais toutefois secondée par un plan opposé permettant une correction de la table. Le nodule est très exploité avec un plan de frappe exigu et facetté par le retrait d’éclats courts. L’angle est obtu (60°). L’abandon est du à un rebroussé important porté sur l’arête centrale. Par contre, nous suggérons que la fragmentation du nodule dans sa partie mésiale a du intervenir après cet accident, d’origine peut-être post-dépositionnelle.

Les pièces techniques

La phase de préparation : décorticage, préparation de crête

Nous intégrons dans cette catégorie tous les produits portant une plage non résiduelle de fractures anciennes ou de cortex. Notons que plusieurs éléments laminaires possédant un pan cortical ne sont pas pris en compte dans cette séquence mais dans une phase de progression latérale et de cintrage des surfaces de débitage.

Sur les 15 familles de matières premières différenciées, les pièces corticales sont bien représentées pour un seul groupe, M1. Ils sont peu présents dans les assemblages M3, M5, M10, M11, M14 et totalement absents pour M4, M6, M7, M12, M13 et M15 (Tableau 33).

37 pièces sont corticales dont 27 ont la face supérieure totalement envahie par du cortex et 10 ont une plage qui occupe plus de la moitié du support.

La moyenne dimensionnelle des éclats corticaux et semi-corticaux entiers de mise en forme est de 25,4 mm pour la longueur, 21 mm en largeur et 6,7 mm d’épaisseur. La distribution de tous les éléments entiers (n : 10) ne montre pas de produits aux dimensions importantes. Ils se situent surtout entre 40 et 20 mm. Un seul est au-delà de 50 mm. Cette tendance se confirme pour les épaisseurs qui sont concentrées entre 5 et 7 mm, ce qui montre une volonté de ne pas débiter de gros éclats de préparation.

Ces éclats représentent 9,5 % du total du matériel analysé. Cette proportion apparaît faible mais sans une fouille plus étendue, il est difficile d’interpréter cette donnée. Nous signalons que le contexte siliceux local ne propose pas de nodule de taille importante, entre 10 et 20 cm de longueur, ce qui ne nécessite pas une phase d’épannelage intensive et écarterait l’hypothèse d’une exploitation périphérique des blocs sur le lieu de ramassage.

Les produits à crêtes et à traces de crêtes

Ces produits sont peu présents dans les assemblages et représentent seulement 3,8% des restes de taille. On compte une lame à crête à un versant, 5 lames à crête partielle, 2 lames sous-crête, une lamelle à crête à un versant (Figure 88, S652) et 2 lamelles sous-crête. Cette faible représentation serait à rapprocher de la morphologie des nodules qui sollicitait une mise en forme simplifiée, suivant les arrondis naturels offerts par le bloc. D’ailleurs, sur l’ensemble des produits à crête, aucun ne porte une préparation bifaciale dite totale caractéristique de la phase d’initialisation du débitage. On remarque par contre la présence de crêtes à un seul versant impliquant une face avancée du débitage.

Elles s’inscrivent dans l’entretien et la remise en forme de la table, procédé que l’on retrouve aussi bien dans la production laminaire que lamellaire.

Le plan de frappe :

Les ravivages de plan de frappe sont peu nombreux. Nous recensons seulement 2 éclats de ravivage et une tablette.

L’éclat de ravivage (M13.d67.Cm, n°5 - S691 - Dim : 22x25x4mm) montre un débitage frontal détaché depuis la table. La lecture de la face supérieure est difficile en raison d’une concrétion

recouvrant cette partie de la pièce. Nous n’observons pas de facettage mais le retrait d’un éclat couvrant toute la surface.

La tablette (N13.d69a.v5, n°8 – Figure 88, S570 – Dim : 31x26x4mm) montre un débitage strictement frontal sur table resserrée. L’orientation de la production est lamellaire et perceptible par 3 négatifs d’enlèvement. La face supérieure est lisse et correspond au retrait d’un éclat laminaire. L’inclinaison du plan de frappe est peu prononcée. L’absence de cortex sur la partie distale du support indique que le dos n’était pas resté naturel mais préparé et en méplat.

Les produits d’entretien :

Le recentrage des nervures guides et le recintrage de la table sont assurés le plus souvent par le détachement d’éclats laminaires (61) dont certains débordent sur les flancs et possèdent un pan cortical (8). La méthode de rectification des nervures guides en supprimant les négatifs réfléchis par l’inversion du débitage sur un plan de frappe opposé n’est pas un moyen d’entretien souvent sollicité puisque rare sont les pièces ayant des négatifs inverses. Des témoignages de cette méthode sont constatés sur un nucléus ainsi que sur une lame et une lamelle de plein débitage. La présence plus marquée de néocrêtes (crêtes à un versant) a servi au cintrage de la table active et à la correction d’accidents de taille.

La production lamino-lamellaire

L’industrie est assez concassée, il y a peu de produits entiers (11). Parmi les fragments, nous comptons 12 extrémités distales, 22 mésiales et 22 proximales (Figure 88, S627). Sur l’ensemble de ces pièces, 2 raccords ont pu être réalisés.

Les mensurations de longueur indiquent que les lames entières (7) possèdent un petit gabarit. Deux spécimens dépassent en effet le seuil parlant de 50 mm (2 objets à 51 mm). La moyenne se situe à 42,4 mm. Ces valeurs dimensionnelles iraient tout à fait dans le sens du contexte siliceux local qui livre des nodules de petites tailles (Féblot-Augustins, 2002 a).

Concernant les largeurs et les épaisseurs prisent sur l’ensemble de l’échantillon, elles donnent une meilleure estimation du module des produits laminaires. La largeur varie de 10 à 29 mm (moy : 17,3 mm) et l’épaisseur de 2 à 11 mm (moy : 4 mm).

La grande majorité des talons lisibles sur 19 extrémités proximales sont lisses abrasés (15) et 4 sont lisses sans préparation antérieure au détachement.

Concernant les lamelles, 28 pièces sont fragmentées et 4 sont complètes. La longueur des lamelles entières est comprise entre 27 et 45 mm. Les largeurs de l’ensemble du corpus se situent entre 6 et 14 mm (moy : 10) et les épaisseurs entre 2 et 4 mm (moy : 2,7). Rapprochées aux lamelles à bord abattu, où 4 des 5 supports ont une largeur qui se situe entre 6 et 9 mm, nous constatons que les lamelles brutes sont plus larges de 3 à 4 mm en moyenne. La retouche du dos grignoterait ainsi peu le support brut. La recherche de produits rectilignes est soulignée par le profil peu convexe des produits, évitant de ce fait une gestion plus délicate des courbures et un emploit plus aisé, notamment pour un emmanchement. Les talons sont lisses abrasés pour 8 proximaux, filiformes pour 4, punctiformes pour 2 et lisses pour une. Les talons linéaires et le caractère filiforme de la surface soulignent que les coups étaient portés très près de la corniche.

Que retenir des techniques de percussion adoptées sur le matériel lithique des ensembles10-12 et 13 ?

esquillement pouvant emporter l’ensemble du talon et du bulbe, double bulbe (Pelegrin, 2000), ne satisfont pas les observations réalisées sur les surfaces de contact. Ces stigmates sont par contre davantage représentés sur les produits d’entretien tels que les lames et les éclats débordants (Figure 88, S528).

Quant au percuteur minéral dur, qui permet une extraction moins astreignante, simplifiée et beaucoup plus tributaire d’une morphologie spécifique de la table (Monin, 1998), il n’argumente pas, dans le cas du plein débitage, les sections régulières et parallèles, caractéristiques des surfaces de débitage exploitées au percuteur tendre (Valentin, 1995). Cette percussion rentrante est sollicitée pour la phase de mise en forme des nucléus et le détachement d’éclats épais et dissymétriques.

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