• Aucun résultat trouvé

L’ATTRACTIVITE DE LA CEMAC

SECTION 2 : LES RESSOURCES NATURELLES

Les pays de la CEMAC possèdent des richesses naturelles importantes. En 1998, la CNUCED a estimé qu’il il y a de façon générale une probabilité de plus de 60% pour qu’un dollar investi en Afrique aille dans les ressources naturelles et particulièrement dans le secteur pétrolier. Assiedu (2000) abonde dans le même sens dans une étude sur les déterminants des IDE en Afrique sub-saharienne: l’Afrique détient plus de la moitie du cobalt du globe, le tiers

de la bauxite et 12% de la production mondiale de pétrole, sans parler des réserves potentielles. L’explosion des prix du pétrole au cours de ces dernières années ainsi que la découverte des gisements énormes en Guinée Equatoriale et au Tchad a mis cette zone au devant de la scène. Les IDE affluent dans le secteur pétrolier comme on l’a vu dans le chapitre 1. L’objectif de cette section est de montrer le poids des ressources naturelles et particulièrement du pétrole sur l’économie de cette zone et partant le rôle majeur que les ressources naturelles joue comme facteur d’attractivité pour les IDE.

2.1- Le pétrole et le gaz naturel

Le pétrole et la forêt représentent les principales richesses de la CEMAC. Tous les pays de cette région sont producteurs du pétrole en dehors de la République Centre- africaine. En dehors du Tchad qui est un pays sahélien, tous les pays de la CEMAC sont producteurs de bois, mais rares sont ceux qui le transforment sur place.

2.1.1- Le pétrole

La CEMAC produit selon les estimations de la BEAC en 2006 environ 61,5 millions de tonnes de pétrole brut par an (dont 4.5 millions pour le Cameroun ; 13,8 millions pour le Congo ; 13,4 millions pour le Gabon ; 18.5 millions pour la Guinée Equatoriale ; et 11,4 millions pour le Tchad). En 2004, les réserves pétrolières de la CEMAC étaient évaluées à environ 160 milliards de barils. Les pays de la CEMAC possèdent des gisements importants de pétrole, du gaz, de la bauxite, des minerais et bien d’autres encore, lesquels intéressent les investisseurs. Compte tenu du poids du pétrole qui est de loin le premier produit d’exportation, la question qu’on se pose est celle de savoir jusqu’à quand pourront -ils satisfaire la demande d’énergie ?

Selon certaines prévisions, la production de la Guinée Equatoriale amorcerait une certaine baisse en 2007 après un pic à 18,6 millions de tonnes enregistré en 2006. Elle reviendrait ainsi à 17,8 millions de tonnes en 2007, 17 millions de tonnes en 2008 et 16,2 millions de tonnes en 2009, représentant 32 % de la production sous-régionale au terme de la période sous revue. L’évolution de la production pétrolière bénéficierait cependant des travaux d’extension du champ Zafiro, de la mise en exploitation des champs Okoumé et Oveng et de la progression de la production des gisements du champ Alba. Par ailleurs, la production de méthanol se replierait sur la période (- 4,2 % en trois ans).

Au Congo, la production était de 15,1 % en 2007, à 11,8 millions de tonnes, avant de rebondir en 2008 suite à la mise en production du champ de Moho-Bilondo (90 000 barils par jour), pour se stabiliser autour de 13 millions de tonnes en 2009.

Parallèlement, au Gabon, après une stabilisation enregistrée au cours de la période 2003-2006, grâce notamment à la stimulation intensive des vieux champs pétroliers, le repli tendanciel de la production se poursuivrait, pour s’établir à 12,9 millions de tonnes en 2007, 11,2 millions de tonnes en 2008 et 9,8 millions de tonnes en 2009, soit un recul sensible de 27,4 % en trois ans.

Enfin, au Cameroun, la production demeurerait modeste en raison du faible rendement des puits. Néanmoins, grâce aux investissements de stimulation programmés dans les puits en déplétion, ainsi qu’à la mise en production de nouveaux champs marginaux découverts récemment dans les principaux bassins sédimentaires du pays, cette baisse serait quelque peu contenue. En définitive, la production reviendrait de 4,5 millions de tonnes en 2006 à 3,9 millions de tonnes en 2009.

Au vu de ce qui précède, il existe donc encore de bonnes perspectives dans le domaine pétrolier et les investisseurs y répondent favorablement. Ce constat est justifié dans la déclaration de Malabo du 7 octobre 2001 (AFP), où on pouvait entendre de la bouche de certains experts de la CEMAC que la Guinée Équatoriale, le Congo et le Tchad seront dans les prochaines années les "trois pôles de croissance" de l'industrie pétrolière en Afrique centrale.

Graphique 16 : Réserves pétrolières mondiales

Source : Institut de la

zone franc

(2005).

Graphique 17 : IDE totaux et dans le secteur pétrolier de la CEMAC :

Source : Institut de la zone franc (2005).

2.1.2 - Le gaz naturel

Presque tous les pays de la CEMAC possèdent un potentiel gazier, mais certains gisements ne sont pas exploités par manque de moyen de financement. Ce secteur qui fait déjà l’objet des convoitises des firmes multinationales est appelé à se développer.

Les réserves de gaz naturel du Congo sont estimées à 391 milliards de m3, soit le 3ème rang en Afrique sub-saharienne après le Nigéria et le Cameroun. La plupart du gaz est associé au pétrole. Les réserves en gaz non associé sont localisées dans les champs en mer de Banga Marine et de Litchendjili (non exploités). Le gaz du champ de Kitina approvisionne depuis fin 2002 la centrale à gaz de Djéno (25 MW), le reste est torché par manque d'infrastructures. Le Cameroun dispose aussi d’un gisement considérable de gaz et de bauxite à Mini Martap et à Kribi dans l’Océan, lesquels seront exploitables bientôt. Le Cameroun possède la deuxième réserve en gaz d’Afrique sub-Saharienne et le retard constaté dans son exploitation est dû au coût exorbitant qu’il nécessite. Il est sans nul doute vrai que ces gisements sont les prochaines cibles des IDE dans la CEMAC. Son exploitation nécessite 4 milliards de $ US d’investissement et une firme Américaine vient de remporter ce marché que d’aucuns qualifient déjà de marché du siècle au Cameroun. La firme financera conjointement l’exploitation du gisement avec le gouvernement Camerounais.

2.2- Les autres ressources

2.2.1- La forêt

L'Afrique Centrale abrite la forêt tropicale humide du bassin du Congo, qui est la deuxième grande forêt tropicale primaire du monde après les forêts amazoniennes. Sa superficie qui est de 2,1 millions km2, et représente 26 % des forêts du monde et 70 % du couvert forestier d'Afrique. Malheureusement, cette forêt connaît une réduction sérieuse de 6

% chaque année, due à la pression humaine croissante. Cette forêt s'étend sur le territoire de six (6) pays: le Cameroun, la RCA, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et la République Démocratique du Congo. Aux côtés des Etats, plusieurs initiatives et organisations travaillent pour une gestion durable du massif forestier de l'Afrique Centrale qui constitue le deuxième poumon du monde, après l'Amazonie.

La gestion de cette forêt est assurée par les Etats de la CEMAC et certains organismes qui servent de partenaires techniques comme l'Organisation Africaine du Bois, la conférence sur les écosystèmes de forets denses et humides d’Afrique centrale (CEFDHAC) et les projets (PRGIE).

Le bois tropical est un produit à valeur élevée qui s'exploite et se commercialise facilement, d’où la forte attractivité que ce secteur exerce sur les investisseurs. L'exploitation forestière peut donc générer d'importants bénéfices avec relativement peu d'investissements, et c’est à juste titre que les investissements étrangers dans le secteur forestier existent ici dans tous les Tous les Etats membres tentent par des réglementations à imposer un taux de transformation locale plus satisfaisant, afin d'accroître la valeur ajoutée nationale dans le bois exporté par les compagnies étrangères, de diversifier davantage les essences exploitées et de réduire les pertes en forêt. L'exploitation de la forêt en Afrique Centrale doit se faire aujourd'hui en tenant compte de l'objectif global de protection de l'environnement. Chaque Etat dispose d'un code forestier, actualisé ou en cours d'actualisation, qui réglemente l'exploitation rationnelle de la forêt en encourageant la transformation locale, l'exploitation durable par la régénération, ainsi que l'intéressement des populations paysannes aux fruits de cette exploitation. L’organisation régionale est responsable de l’harmonisation des politiques forestières et de l’élaboration des stratégies communes pour la préservation des espèces rares, la protection, la restauration et le reboisement des zones exploitées, ainsi que l’amélioration de la qualité de l’environnement.

2.2.2- L’agriculture

La CEMAC dispose d'un potentiel agricole considérable: on estime que sur 184 millions d'ha cultivables, seuls environ 14 millions d'ha sont effectivement exploités, et les exploitations font en moyenne moins de 2,5 ha. Couvrant deux écosystèmes différents, avec une zone forestière et une zone sahélienne, le territoire de la Communauté se prête à une grande variété de productions. On peut les classer dans deux grands groupes: les cultures vivrières destinées à l'alimentation et les cultures de rentes destinés à l'exportation. Pour ce qu’il est des cultures de rentes, chaque pays pratique au moins une des principales cultures suivantes : café, cacao, coton, thé huile de palme, banane, tabac (voir tableaux n°17, 18,19 pour les principaux produits primaires). Il est net que le Cameroun est le poumon économique de l’Afrique Centrale, tant pour les produits essentiellement Equatoriaux tels le café et le cacao que pour les produits Sahéliens par exemple le coton ou le Cameroun concurrence le Tchad, pays Sahélien dont le coton fut depuis quarante ans le principal produit d’exportation avant la découverte du pétrole.

Tableau 7 : Production du coton fibre (unités : 1000 MT) Pays Source Banque des Etats de l’Afrique Centrale : Rapport d’Activités 1998/1999 ; 1999/2000.

Tableau 8 : Production de café (unités : 1000 MT)

Pays Source Banque des Etats de l’Afrique Centrale : Rapport d’Activités 1998-1999 ; 1999-2000.

Tableau 9 : Production du cacao (unités : 1000 MT)

Pays

Cameroun RCA Congo Gabon Guinée Eq.

Tchad

1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000

115 122 105 85 108 108 130 126 127 149 150 150 - 2 2 1 1 1 1 2 2 2 2 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 6 5 6 5 5 4 3 5 4 5 5 5 CEMAC 123 131 114 92 115 114 135 134 134 157 158 158 Source Banque des Etats de l’Afrique Centrale : Rapport d’Activités 1998-1999 ; 1999-2000.

Entre 1989 et 2000, la production du café et du cacao a connu un ralentissement au Cameroun à cause de la mévente de ces produits à l’exportation. Cette chute dans la production fut particulièrement ressentie dans la filière café, alors que la filière coton n’a pas eu de difficultés majeures. La production du coton de la CEMAC s’est améliorée grâce à la part du Tchad et du Cameroun qui sont respectivement premier et deuxième producteur de la région.

La politique de libéralisation de la filière agricole dans laquelle les Etats membres de la CEMAC se sont engagés après l’adoption du programme d’ajustement structurel privilégie l'investissement privé dans toute la chaîne de développement de l’agriculture. Les domaines les plus prometteurs sont: 1) la production d'intrants autres que ceux polluant les nappes d'eaux souterraines ; 2) la production d'outillages agricoles adaptés aux conditions physiques et d'emploi de la zone; 3) le développement d'exploitations agricoles de grande et moyenne dimension ; 4) la transformation et conservation des produits agricoles et développement des équipements y relatifs ; 5) la production des farines composées pour enfants, à base d'aliments locaux ; 6) la production de légumes de contre-saison et horticulture ; 7) la commercialisation, distribution de produits locaux (mise en place des infrastructures de stockage, construction de marchés frontaliers et urbains payants, création d'entreprises de transports terrestre, maritime et aérien).

Les quantités exportées restent modestes par rapport au marché international (voir tableaux 10 et 11). En 1998, les exportations totales de la CEMAC sont de 900,8 millions de

dollars soit une baisse de 3% sur sa valeur de 1990 qui était de 931,7 millions de $. Les importations ont également connu une légère baisse entre 1990 et 1998. Les pays de la CEMAC ont perdu des parts de marché au bénéfice de l'Asie et de l'Amérique latine; mais depuis la dévaluation du Franc CFA, la situation se redresse. Certaines productions alimentent les industries locales: c'est le cas du cacao pour le chocolat, du tabac pour les usines de cigarettes, de la canne à sucre pour les sucreries. Il y a encore de vastes étendues de bonne terre propices à la création de complexes agro-industriels.

Pour tout dire, les immenses terres non exploitées et le climat équatorial humide dans cinq des six pays de la CEMAC constituent des atouts majeurs pur une expansion future de l’agriculture dans cette zone. De plus, malgré les quelques contraintes qui existent çà et là, l'environnement macro-économique favorable créé dans la zone par le PAS constituent des attraits pour un investissement productif massif dans ce domaine.

Tableau 10 : Exportations agricoles de la CEMAC (unités : 100000$)

Pays Source : Annuaire FAO Commerce, Vol. 47, 1993 ; Vol. 52,1998.

Tableau 11: Importations agricoles de la CEMAC (unités : 100000$) Pays Source : Annuaire FAO Commerce Vol. 47, 1993 ; Vol. 52, 1998.

SECTION 3 : LES PROBLEMES LIES A L’ATTRACTIVITE