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: LA CROISSANCE DANS LA REGION CEMAC

La région CEMAC a une population de près de 30 millions d’habitants pour un produit intérieur brut (PIB) de 23229,8 milliards de FCFA en 2005 selon les estimations de la Banque de France. Ce PIB est inégalement réparti dans l’ensemble des pays de la CEMAC : 8770,5 milliards pour le Cameroun, 4507,7 milliards pour le Gabon, 3126,6 milliards pour le Congo, 3759 milliards pour la Guinée équatoriale et 3066 milliards pour le Tchad. La CEMAC a connue deux phases importantes dans l’évolution de sa croissance : la période d’avant la découverte du pétrole dans chacun des pays comme nous l’avons dit plus haut, qui coïncide avec les entrées importantes d’IDE et la période de l’ère pétrolière. On constate sur le tableau n°4 (bis) que les entrées d’IDE suite à la découverte du pétrole ont changé nettement l’évolution du taux de croissance dans la CEMAC. Ainsi, la croissance de la CEMAC est passée d’un taux annuel moyen de 3,3% à la première période à un taux annuel moyen de 5,1%. Le Cameroun dont l’économie ne reçoit pas beaucoup d’IDE a connu une légère baisse : son taux est passé de 4,5% à 3,3%. Le Gabon et le Congo ont quant à eux connu une baisse liée à la mauvaise gestion de la politique économique, alors que les troubles sociales à répétition sont peut-être à l’origine de la faible performance du Congo. La Guinée Equatoriale et el Tchad ont connu un bond spectaculaire de leur croissance : 25% en moyenne à la deuxième période contre 3% avant l’ère du pétrole pour le premier, et 16,5% de nos jours contre 1,1% seulement pour le Tchad avant la période du pétrole.

Au cours des dix premières années d’indépendance (1960-1971) la CEMAC a connu en moyenne une croissance modérée de 2,8% l’an. Cette croissance est soutenue par les exportations des produits de rente, dont les capitaux sont encore détenus par des compagnies

étrangères à la région. Entre 1972 et 1975, la découverte et le début d’exploitation du pétrole au Gabon et au Congo portent la croissance à une moyenne annuelle de 6,9%. En 1977, le Cameroun commence à produire du pétrole, et la conséquence est manifeste sur le taux de croissance qui passe de 5,9% à 9,9% en 1978 et à 17% en 1979. Cette performance de l’économie camerounaise ne réussit pas à améliorer la croissance de la zone, laquelle enregistre pour la première fois une croissance négative. Ainsi, entre 1976 et 1978, la croissance moyenne annuelle tombe à -3,2%. L’économie de la zone connaît une croissance soutenue entre 1979 et 1984. En 1985-1986, une crise de liquidités occasionnée par la baisse simultanée des prix des principaux produits de rente (cacao et café) et du pétrole précipite tous les pays de la CEMAC dans une crise sans précédent. Il est estimé par la BM que le Cameroun, pays leader de la CEMAC, perd en une année près de 600 milliards de franc CFA, soit presque le budget de quatre pays de la CEMAC à cette époque. Comme conséquence, tous les pays de la CEMAC sont placés sous le plan d’ajustement structurel (PAS) avec un programme drastique : le salaire des fonctionnaires est réduit de 75% au Cameroun, suivi d’un délestage de 20000 fonctionnaires. La CEMAC connaît une croissance négative voire nulle durant les cinq années que dure la première partie du PAS entre 1985 et 1989 (voir tableau 67A en annexe 16).

A partir de 1987, la restructuration des économies de la CEMAC commence à porter ses fruits et la croissance redevient positive, à un niveau bas jusqu’en 1995, date à laquelle le pétrole est découvert au Tchad et en Guinée Equatoriale. Cette découverte est suivie quelques années plus tard par un renchérissement du prix du baril du pétrole, lequel va relancer la croissance de tous les pays de la zone. Ainsi, entre 1995 et 2004, la CEMAC connaît une croissance annuelle moyenne de 9%, ce qui la place en tête en matière de croissance en Afrique pour les dix dernières années.

Pourtant, cette vue globale de la croissance du PIB masque certaines réalités intrinsèques des Etats et une contribution inégalitaire des secteurs économiques au PIB. Le tableau 5 montre une contribution du secteur secondaire au PIB égal à 61,8% dans la CEMAC (43,7% pour le primaire et 26% pour le tertiaire). Ces chiffres laissent croire que la CEMAC a un degré d’industrialisation élevé, ce qui n’est pas le cas. En fait, ces chiffres traduisent la dépendance des pays de la CEMAC envers l’industrie pétrolière, car si on enlève la contribution du pétrole, aucun de ces pays en dehors du Cameroun n’a une contribution du secteur industriel égale à 10%. On constate en effet que la part du secteur industriel hors pétrole ne représente que 7% au Congo, 10% au Gabon, 6,7% en Guinée équatoriale, 5% au Tchad, alors qu’elle est de 23% au Cameroun.

Tableau n° 4 : Taux annuel moyen de croissance du PIB et des IDE avant et après

Tableau n° 5 : Répartition par secteur du produit intérieur brut dans la CEMAC Produit intérieur brut Population active

CEMAC 43,74 61,8 51,5 26,02 53,6 13,8 32,6

Source : Rapport de la Banque de France sur la CEMAC, 2005.

Au niveau des pays, on peut dire que la croissance de la CEMAC est largement influencée par celle de la Guinée Equatoriale dont les taux de croissance battent dans certaines années récentes tous les records (95% en 1996, 65% en 2000) (tableau 67A, annexe 16 )).

Le Cameroun avec ses 17 millions d’habitants et 40% du PIB de la CEMAC aligne une performance économique relativement modeste au vu de ses potentialités agricoles et énergétiques. Au cours des dix dernières années, le taux de croissance moyen au Cameroun a été de 5%, de loin inférieur au taux de croissance de la CEMAC (9%). Le pourcentage des IDE par rapport au PIB est resté faiblement stable entre 1970 et 2004, avec une moyenne annuelle de 2%. Ce pourcentage est ensuite passé à 4% en 2004, soit le taux le plus bas de la CEMAC, car pour la même année, ce taux était de 9% au Gabon, 21% au Tchad. 30% au Congo et 60% en Guinée Equatoriale.

Graphique 12

La performance économique du Gabon est la plus médiocre de la CEMAC compte tenu de ses potentialités énergétiques et minières. Avec des revenus pétroliers cinq fois supérieures à ceux du Cameroun et une population dix sept fois moins, le taux de croissance annuel moyen au Gabon n’a été que de 2% entre 1995 et 2004. Cette situation est surprenante d’autant plus que le prix du pétrole n’a pas connu de baisse spectaculaire au cours de ladite période. En 2002, les flux d’IDE ont commencé à affluer après une chute en 2000 et 2001 (voir tableau 68A, annexe 16). La part de l’IDE dans le PIB a augmenté de manière substantielle : de -0,02% en 2001, elle est passée à 6% en 2002, 8,4% en 2003 et à 7,2% en 2004.

La performance du Congo s’est améliorée au cours des cinq dernières années, avec une croissance moyenne de 5%. Ce taux est inférieur à celui de la zone, mais mieux que celui du Gabon, surtout lorsqu’on sait que le Congo a connu deux guerres civiles au cours de la

décennie précédente, ce qui justifie la mauvaise performance des années 1990 (taux de croissance moyen de 0,5%).

Graphique 14

Le Tchad et la Guinée Equatoriale sont les pays dont la croissance ont été remarquables au cours des dix dernières années dans la CEMAC, avec une moyenne de 8,6% pour le premier et 31,5% pour le second. Cette croissance est soutenue par les investissements réalisés dans le secteur pétrolier.

Graphique 15

Le ralentissement du rythme de la croissance économique en zone CEMAC en 2004 et 2005 (+ 7,5% et 6% après + 11 % en 2003) traduit semble-t-il celui de la production pétrolière qui n’a progressé que de 2,9 % en 2005 après 24,4 % en 2004 au Gabon et au Tchad. La Guinée Equatoriale est restée le premier pays producteur de pétrole de la sous région, avec 18,2 millions de tonnes, devant le Gabon (13,3), le Congo (12,6), le Tchad (8,9) et le Cameroun (4,2). Ces cinq États membres assurent environ 12 % de la production du continent africain. En 2005, les activités pétrolières ont représenté 40 % du PIB3, 79 % des exportations et 65 % des recettes budgétaires de la CEMAC selon la Banque de France. À l’avenir, le secteur pétrolier devrait bénéficier de la poursuite du développement de la production en Guinée Équatoriale, au Congo et au Tchad. Toutefois, cette tendance pourrait être atténuée par la baisse attendue de la production au Cameroun et au Gabon.

En 2005, la croissance dans la CEMAC de l’ordre de 6% a été principalement soutenue par le secteur pétrolier mais aussi par le secteur non pétrolier qui a contribué à hauteur de 3,5 points à la croissance du PIB. Ont été particulièrement dynamiques : les activités commerciales, touristiques et de transports (en rapport notamment avec la hausse des revenus des ménages) ainsi que les productions vivrières. Les récoltes de plusieurs produits d’exportation ont également progressé.

Graphique 16 : Le PIB des pays de la CEMAC en 2005

(Cameroun 37,7% ; Congo 13,4% ; Gabon 19,4% ; Guinée E. 16,1% et Tchad 13,1%)

3 Pour plus amples détails sur le PIB par secteur de la CEMAC, voir à l’annexe 1.

Source : Banque de France

En Conclusion la croissance de la CEMAC dépend essentiellement de deux facteurs : la vente des produits primaires et la vente du pétrole. Alors que la croissance était soutenue avant le début des années 1970 par la production des produits agricoles tels le cacao, le café, le coton et les arachides, elle est soutenue après cette date par la vente du pétrole et des autres ressources minières. On constate également que la croissance dans la CEMAC est inégalement répartie : alors qu’avant 1985 le Cameroun menait le peloton des pays de la CEMAC à cause de la diversité de sa production, aujourd’hui la Guinée Equatoriale mène le peloton à cause de la richesse de son sous-sol en hydrocarbures.

CHAPITRE 2