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CHAPITRE 3. LE PASTORALISME DANS LA RÉGION DE DIFFA : UN ÉTAT DES LIEUX

3.4. R ESSOURCES FOURRAGÈRES ET HYDRAULIQUES

3.4.3. Ressources hydrauliques

A l’instar des autres régions du pays, Diffa dispose d’importantes ressources en eau et d’une diversité d’ouvrages hydrauliques selon la nature de la ressource et la façon d’y accéder. La région compte très peu de ressources en eau de surface permanentes. Ces ressources contribuent assez peu à l’abreuvement des troupeaux. En effet, on dénombre deux cours d’eau permanents à savoir la rivière de Komadougou et le lac Tchad.

 La rivière de la Komadougou est d’une longueur d’environ 150 km. Ce cours d’eau fait office de frontière naturelle entre le Niger et le Nigeria au niveau de la région de Diffa. La Komadougou prend sa source au Nigeria (Geidam) et se jette dans le lac Tchad à hauteur du village de Malam Fatori. Cependant, elle a un écoulement temporaire qui dure en moyenne 6 mois et charrie environ 500 millions de m3 d’eau (CARE, 1999, THEBAUD, 1999). Cet écoulement temporaire fait de la Koumadougou une ressource peu attractive pour l’abreuvement des animaux, notamment mobiles. A cela s’ajoute le maillage très serré des parcelles de cultures maraîchères et/ou irriguées qui complique davantage l’accès des éleveurs aux rives en saison sèche.

 Le lac Tchad : Ces dernières décennies on assiste à un retrait progressif des eaux du lac notamment dans la région de Diffa où il s’est retiré depuis les années 1990 (CIRAD- EMVT, 1997). Toutefois, le bassin conventionnel du lac Tchad qui s’étend sur une superficie de 121 500 km2 au niveau de la région de Diffa, constitue la zone de repli stratégique pour nombre d’éleveurs mobiles de la région du fait de sa ressource en eau (de surface et souterraine) facile d’accès pour les éleveurs et leurs troupeaux et sa disponibilité en fourrage vert en saison sèche. La figure 18c montre l’exemple d’un puisard dans le lit

du lac Tchad qu’utilise, pour sa consommation, un groupe d’éleveurs Peuls transhumants enquêté dans la zone du lac. On voit la faible profondeur de la nappe et le caractère rudimentaire de ce type d’ouvrage ainsi que l’état d’insalubrité autour, vecteur de maladies hydriques et autres affections et/ou infections tant pour les humains que pour les animaux.

Abreuvement autour d’un puits traditionnel dans une cuvette pastorale (a)

Puits moderne en zone pastorale (b)

Puisard dans le lit du lac Tchad (c)

A ces cours d’eau, s’ajoutent 17 mares semi-permanentes localisées dans le lit de la Komadougou et les cuvettes de Maïné- Soroa et autres flaques d’eaux qui se forment par endroit pendant la saison de pluies. Somme toute, la région dispose de très peu de ressources en eau permanentes pour les besoins des animaux en saison sèche.

En revanche, la région dispose d’importantes ressources en eaux souterraines constituées de la nappe phréatique du pliocène du bassin du lac Tchad, de la nappe phréatique du Manga, de la nappe phréatique des alluvions de la Komadougou et de la nappe du système des formations dunaires dont l’accès se fait à travers diverses infrastructures hydrauliques notamment les puits (traditionnels et modernes) et les forages disséminés sur toute l’étendue de la région (Figure 18). Environ 3323 ouvrages hydrauliques ont été dénombrés par la direction régionale de l’hydraulique au niveau de la région de Diffa. Ce parc hydraulique est largement dominé par les puits traditionnels (70,6%). Car de l’avis de la direction régionale de l’hydraulique, l’une des caractéristiques de Diffa en la matière, c’est qu’il existe peu d’endroits où l’eau n’est pas facilement accessible grâce à des puits traditionnels. Les autres ouvrages sont les puits modernes ou cimentés (23,8%) et les forages (4,6%) et les AEPS (0,9%).

Figure 19. Principaux ouvrages hydrauliques pastoraux modernes dans la région de Diffa Source : Base de données Direction régionale d’hydraulique Diffa (2012).

Plus spécifiquement, selon les statistiques de la direction régionale d’hydraulique de Diffa, on dénombre environ 161 ouvrages hydrauliques pastoraux modernes avec une forte présence de puits cimentés (82,6%) suivis des forages artésiens (10,6%), de puits-forages (5%) et enfin de forages d’exploitation (1,9%) comme l’indique la figure 19. Cependant, l’essentiel de ces ouvrages se trouve concentré dans la bande sud de la région (figure 20). Le nord est essentiellement alimenté par les puits traditionnels .

133 8 3 17 0 20 40 60 80 100 120 140

Puits cimentés Puits forages Forages d'exploitation Forages artésien No m bre d'o uv ra g e Types d'ouvrage

Figure 20. Répartition d’ouvrages hydrauliques pastoraux modernes dans la région de Diffa Source : Base de données DRH (2012).

Contrairement aux ouvrages modernes (forages, puits cimentés) qui ont un statut public à accès libre, l’accès aux puits traditionnels est basé sur des négociations puisqu’ils jouissent généralement d’un statut privé. Ces puits sont non seulement peu profonds (15 à 25 m) mais aussi de faible débit (de 0,7 à 1,5 m3 /heure) ne permettant pas d’abreuver plus de 200 bovins ou 1 000 à 1 500 petits ruminants par jour. Aussi, ils ont une durée de vie n’excédant que rarement 3 ans (CARE, 2010).

Les points d’eau modernes, du fait de leur statut public et de leur gros débit, sont assez souvent source de conflits entre les communautés. Très souvent, ils font l’objet de tentatives d’accaparement par certains groupes ou communautés pouvant conduire à la restriction d’accès et d’usage à d’autres communautés. Les groupes d’éleveurs très mobiles sans terroir d’attache46

véritable en sont les premières victimes.

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Il s’agit, selon la loi 2010-029 du 20 mai 2010, d’une « unité territoriale déterminée et reconnue par les coutumes et/ou les textes en vigueur à l'intérieur de laquelle vivent habituellement, pendant la majeure partie de l'année, des pasteurs ; unité territoriale à laquelle ils restent attachés lorsqu'ils se déplacent, que ce soit à l'occasion de la transhumance, du nomadisme ou des migrations » (REPUBLIQUE DU NIGER, 2010).