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Repr´esentation de l’action selon Guerrin [Guerrin, 2009]

4.2 Les formes de coordination

5.1.3 Repr´esentation de l’action selon Guerrin [Guerrin, 2009]

Comme nous l’avons pr´ecis´e dans l’introduction de ce manuscrit, la repr´esentation de l’action situ´ee a d´ej`a ´et´e trait´ee par [Guerrin, 2007, 2009] et a fait l’objet d’un formalisme math´ematique qui prend en compte la dimension temporelle et la notion de situation de l’action. Ce formalisme constitue le point de d´epart du mod`ele de repr´esentation de l’action que nous proposons. Dans ce paragraphe nous pr´esentons de fa¸con concise ce formalisme dont certains points ont ´et´e repris et d´evelopp´es dans le mod`ele que nous proposons. Ce cadre de repr´esentation de l’action propose une ontologie Action-Flux-Stockbas´ee sur ces trois notions. Les stocks repr´esentent les unit´es productives telles que les parcelles, les ateliers d’´elevages, etc. L’´evolution de ces stocks est sujette `a des flux entrants et des flux sortants (figure 5.1). L’auteur distingue deux types de flux : les flux biophysiques et les flux agissables. Les flux biophysiques sont caus´es g´en´eralement par des ph´enom`enes naturels et existent en l’absence d’action humaine. Les flux agissables sont ceux caus´es et contrˆol´es par les actions humaines (e.g. r´ecolte, vidange de stock, etc). Les actions humaines qui contrˆolent les flux agissables sont sujettes `a un ensemble de conditions qui sont d´efinies selon des ´ev´enements et des ´etats des processus observ´es dans le syst`eme (e.g. processus biophysique ou autres, y compris d’autres actions). Un syst`eme agricole est donc vu comme l’interaction d’un ensemble de telles unit´es productives dont l’´evolution est contrainte par les flux biophysiques, dot´es d’une relative autonomie, et les flux agissables, engendr´es par les actions humaines.

Figure 5.1 :Repr´esentation conceptuelle d’une unit´e de production dans les syst`emes agri-coles selon l’ontologie≪Action-Flux-Stock≫ [Guerrin, 2009].

Chapitre 5. Positionnement 85

Ainsi, le formalisme aborde la repr´esentation de l’action en prenant en compte sa di-mension temporelle ; il a ´et´e impl´ement´e sous la plateforme de simulation Vensim, bas´ee sur la Dynamique des syst`emes.

Repr´esentation de l’´etat de l’action. L’action est repr´esent´ee par une fonction binaire du temps qui prend la valeur 0 (vrai) ou 1 (faux) en fonction d’un ensemble de conditions qui repr´esentent la situation dans laquelle l’action peut s’ex´ecuter, c’est-`a-dire se d´eclencher ou se poursuivre. SA(t) = 1 si CA(t) 0 sinon (5.1)

CA(t), est une proposition logique fonction du temps qui repr´esente une conjonction de conditions d’ex´ecution de l’action. Lorsque cette proposition est ´evalu´ee `a vrai cela repr´esente que la situation courante permet l’ex´ecution de l’action en cours. Dans le cas contraire (CA(t) est ´evalu´ee `a faux) cela signifie que l’action en cours doit ˆetre interrompue ou termin´ee.

Les limites temporelles d’une action. Les dates de d´ebut et de fin (tA, t+A) ainsi que la dur´ee (τA(t)) d’une action sont aussi des fonctions du temps, d´etermin´ees selon une condition (ou une conjonction de conditions) PA(t) (resp PA+(t) ). Cette derni`ere qui repr´esente la condition de d´eclenchement de l’action, est une proposition logique fonction du temps. PA(t) (resp PA+(t) ) peut ˆetre sp´ecifi´ee selon un processus X(t) permettant de g´en´erer des ´ev´enements. Par exemple, X(t) peut ˆetre un processus biophysique qui est r´eput´e ˆetre observ´e dans le syst`eme pour servir de guide au d´eclenchement de l’action.

t±A(t) = t si PA±(t) t±A(max(0, t − τs)) sinon (5.2)

τs est le pas de temps de simulation. Lorsque la condition PA(t)(resp PA+(t)) est v´erifi´ee cela permet de calculer la date de d´ebut ou de fin de l’action correspondante ainsi que de la d´eclencher (figure 5.2). Dans le cas contraire la valeur t±Areste identique `a sa valeur au pas de temps pr´ec´edent. Ceci permet de donner au syst`eme dynamique une sorte de m´emoire permettant de raisonner sur les actions pass´ees `a tr`es court terme.

Par ailleurs, l’auteur traite trois cas possibles pour la sp´ecification de la condition P±

A(t) : le d´eclenchement d’une action en fonction d’un artefact, en fonction d’un processus externe ou en fonction d’autres actions.

Chapitre 5. Positionnement 86

Figure 5.2 :Limites temporelles d’une action [Guerrin, 2009]. Repr´esentation d’une action

par un intervalle temporel d´elimit´e par sa date de d´ebut t

A et sa date de fin t+

A(τA(t) la dur´ee de l’action, τsle pas de temps de simulation, SA(t) l’´etat de l’action A).

1. Le d´eclenchement d’une action en fonction d’un artefact : ce cas de figure illustre la situation o`u les limites temporelles d’une action peuvent ˆetre mod´elis´ee ex-plicitement. Par exemple, la condition PA±(t) peut ˆetre calcul´ee en fonction d’un calendrier sp´ecifiant les dates de d´ebut et de fin au plus tˆot et au plus tard des actions ou en fonction d’une horloge permettant aux actions r´ecurrentes d’ˆetre calcul´ees selon des fonctions p´eriodiques, etc.

2. Le d´eclenchement d’une action en fonction d’un processus externe : ce cas de figure illustre la situation o`u l’action est d´eclench´ee de fa¸con r´eactive, c’est-`a-dire en r´eponse `a l’observation de l’´etat courant de l’environnement. Par exemple, la condition PA±(t) peut ˆetre calcul´ee en fonction de l’´evolution de l’´etat d’un stock, dont le niveau franchit un certain seuil.

3. Le d´eclenchement d’une action en fonction d’autres actions : ce cas de figure illustre la situation o`u une action A peut ˆetre d´eriv´ee `a partir d’une autre action E. Ceci en fonction de certaines contraintes temporelles d´efinies entre ces deux actions en utilisant un formalisme tel que celui des relations temporelles d’Allen [Allen, 1984].

Il convient de pr´eciser que ces cas de figure permettent de repr´esenter l’action selon la vision planifi´ee (cas 1 ci-dessus) ainsi que selon une vision purement situ´ee (cas 2 et 3). Le cas 1 permet de traiter les actions qui sont bas´ees sur une prescription a priori sous forme d’un plan ou d’un calendrier consid´er´e comme une ressource pour l’action. Le

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cas 2 permet de traiter les actions qui sont caus´ees seulement par la situation courante (l’observation des processus et des ´ev´enements dans l’environnement). Le cas 3 permet de repr´esenter des activit´es complexes sous la forme d’enchaˆınement d’actions ´el´ementaires devant respecter certaines contraintes temporelles et, donc, de coordonner ces actions entre elles.