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Ce tour d’horizon a ´et´e motiv´e par notre pr´eoccupation `a comprendre les d´eterminants de l’action. Dans la th´eorie de l’activit´e, il s’agit d’une conceptualisation `a plusieurs niveaux. Le niveau activit´e est d´etermin´e par son motif, le niveau action est d´etermin´e par le plan tandis que le niveau op´eration est d´etermin´e par l’environnement. Nous trou-vons une similarit´e entre cette hi´erarchisation de l’activit´e avec les niveaux de d´ecision d´efinis en gestion de production : le niveau strat´egique, tactique et op´erationnel. Au niveau strat´egique, son rˆole est de d´eterminer les objectifs `a long terme. Au niveau tac-tique, elle consiste `a d´efinir l’ensemble des actions et les ressources n´ecessaires `a leur ex´ecution. Le niveau op´erationnel repr´esente l’horizon `a court terme o`u l’on concr´etise ce qui a ´et´e d´ecid´e auparavant. Les deux premiers niveaux ont fait l’objet de nombreux mod`eles de l’action, ils ont montr´e leurs avantages et leurs limites. Parmi les limites de ces mod`eles, l’´ecart qui peut exister entre ce qui est simul´e et la r´ealit´e [Vayssi`eres

et al., 2007]. Ceci est dˆu au peu d’int´erˆet donn´e au niveau op´erationnel [Clancey, 2002,

Johnston, 1998]. C’est-`a-dire aux actions concr`etes qui op`erent plutˆot `a court terme et en situation r´eelle. Le niveau op´erationnel de la th´eorie de l’activit´e nous a permis d´ej`a de prendre conscience de l’importance de l’influence de l’environnement sur les actions et de relativiser l’importance de la notion de but, plan et m´ecanismes cognitifs du niveau de l’action, par d´efinition planifi´ee et essentiellement utilis´es dans le mod`ele classique de

Chapitre 1. Les th´eories de l’action 31

l’action planifi´ee.

Pour la th´eorie de l’action planifi´ee, les d´eterminants de l’action sont principalement le plan, le but et le m´ecanisme cognitif sous-jacent. Bien que cette vision reste la plus classique, elle est difficilement adapt´ee aux syst`emes dont les dynamiques sont difficiles `a contrˆoler parce que soumises `a de nombreux al´eas par d´efinition quasi-impr´evisibles. Les nouvelles approches de planification r´eactive en sont t´emoins. L’action situ´ee propose de voir l’action comme un processus qui ´emerge in situ de l’interaction entre l’acteur et son environnement. L’accent cette fois est mis sur les situations cr´e´ees conjointement par l’acteur et son environnement et qui causent l’action. Cette th´eorie met en lumi`ere les actions dont le caract`ere ad-hoc et improvis´e est pr´esent. Par ailleurs, du moment qu’elle ne rejette pas la notion de plan, elle permet aussi d’englober les types d’actions rationnelles d´efendues par le courant planifi´e.

La th´eorie de l’action situ´ee et la th´eorie de l’action planifi´ee proposent deux visions oppos´ees de l’action. Nous retrouvons ces deux visions au sein de la th´eorie de l’activit´e. En effet, l’action selon la th´eorie de l’action planifi´ee correspond finalement au niveau action de la th´eorie de l’activit´e, tandis que l’action selon la th´eorie de l’action situ´ee peut ˆetre assimil´ee au niveau op´erationnel de la th´eorie de l’activit´e.

Comme nous l’avons indiqu´e en introduction, notre contribution vise `a repr´esenter les actions humaines au niveau op´erationnel. L’acteur `a ce niveau, agit principalement en fonction de la situation `a laquelle il participe. En effet, pendant les actions quotidiennes, les strat´egies, les plans et toutes descriptions des modalit´es de l’action deviennent un cadre abstrait et th´eorique pour la conduite des actions. L’acteur est contraint de s’adap-ter et de r´epondre `a ce qui l’entoure. Pour cela, nous nous basons dans ce travail sur la th´eorie de l’action situ´ee. Notre but est de mod´eliser l’action au niveau op´erationnel de fa¸con situ´ee. Nous argumenterons ce positionnement plus en d´etail dans le chapitre 5.

Chapitre 2

Le concept d’affordance

Nous avons vu dans le chapitre pr´ec´edent trois th´eories diff´erentes de l’action. Nous avons conclu que la vision situ´ee de l’action est a priori la mieux adapt´ee pour mod´eliser l’action au niveau op´erationnel. Ainsi, Suchman [Suchman, 1987, 2003] postule que les ressources de l’action sont ancr´ees dans l’environnement. La question qui peut ˆetre pos´ee ici est comment peut-on mod´eliser l’action en exploitant les ressources pr´esentes dans l’environnement ? Une approche possible est d’invoquer le concept d’affordance de Gibson [Gibson, 1986] et d’aborder la notion de situation dans cette perspective. Gibson postule que l’environnement contient des indices appel´es affordance qui fournissent les possibilit´es d’actions qui se pr´esentent de fa¸con spontan´ee `a l’acteur [Gibson, 1986]. Les affordances ´etant signifiantes et directement per¸cues par l’acteur, le dispensent d’un traitement lourd des informations n´ecessaires `a l’action et lui permettent d’adopter un comportement en ad´equation avec son environnement [Qu´er´e, 1997]. Dans ce qui suit nous pr´esentons le concept d’affordance selon Gibson ainsi que les caract´eristiques des affordances pertinentes pour la repr´esentation de l’action situ´ee. Nous pr´esentons ensuite diff´erentes mani`eres de repr´esenter l’affordance selon diff´erents points de vue publi´es dans la litt´erature [Turvey, 1992, Chemero, 2003, Stoffregen, 2003]. Le concept d’affordance a ´et´e utilis´e dans de nombreux travaux dans le domaine des SMA, notamment pour des probl´ematiques li´ees `a la navigation de pi´etons [Raubal et Moratz, 2008], pour la simulation du trafic routier [Ksontini, 2013] ou pour la simulation de l’interaction agent-environnement appliqu´ee aux op´erations militaires [Papasimeon, 2009]. Pour clarifier le concept d’affordance, nous nous limitons dans ce chapitre `a pr´esenter les travaux de [Raubal et Moratz, 2008] et de [Papasimeon, 2009].

Chapitre 2. Le concept d’affordance 34