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4.2.1) Objectifs

Comme dans le cas de la politique nutritionnelle, je vais analyser l’éducation nutritionnelle à travers les trois spécificités de l’éducation à la santé : le partenariat entre les acteurs de l’éducation nutritionnelle, le contenu et la place de celle-ci dans les programmes. Cette analyse visera à identifier comment les enseignants réalisent l’éducation nutritionnelle, entre pensée simplifiante et pensée complexe.

Cette analyse répond à trois sous-objectifs :

· décrire et analyser les représentations et pratiques des enseignants dans le domaine de l’éducation nutritionnelle ;

· estimer l’existence d’un lien entre types de représentations (simplifiantes ou complexes) et pratique de qualité (pratique complexe) de l’éducation nutritionnelle ; · explorer les représentations de l’éducation nutritionnelle associées à une pratique

complexe.

Pour réaliser ce travail, nous avons élaboré au sein du laboratoire, un questionnaire à partir d’un questionnaire mis au point dans une précédente étude en éducation pour la santé (Calas et al., 2012).

4.2.2) Elaboration du questionnaire

4.2.2.1) Description et présentation

Le questionnaire comprend 51 questions qui apparaissent sous plusieurs formes : · questions fermées type oui/non.

· questions à échelle de Likert68 à quatre cases allant de gauche à droite de l’approbation à la désapprobation. Le nombre pair de cases sur l'échelle oblige à se prononcer pour un choix gradué en permettant d'éviter la valeur refuge centrale. · questions à choix multiple.

· questions ouvertes sur les dix mots ou expressions qui se rapportent à des pratiques complexes de l’éducation nutritionnelle.

Le questionnaire est divisé en quatre grandes parties contenant des catégories de questions qui visent les trois différents sous-objectifs exposés dans le paragraphe précédent (4.2.1). Le questionnaire est présenté en annexe dans son intégralité (Annexe n°1). Une version anglaise a été utilisée pour la partie indienne de l’étude.

a)Recueil des représentations des enseignants en éducation nutritionnelle

ü Partie n°1 : questions à choix multiple (Q1 à Q30). Cette partie intègre un questionnaire utilisé dans une étude similaire conduite auprès d’un échantillon d’enseignants français (Calas et al., 2012) comportant dix-huit questions (Q1 à Q13; Q14; Q20; Q23; Q24; Q30). Douze questions complémentaires ont été rajoutées et portent sur l’identité des partenaires de l’éducation nutritionnelle.

Exemple :

1 Il revient principalement aux infirmières, aux diététiciens et aux

médecins scolaires d’assurer l’éducation à la nutrition D’accord Pas d’accord 2 L’éducation à la nutrition relève uniquement de la responsabilité des

familles D’accord Pas d’accord

68 L'échelle de Likert est une échelle très utilisée dans les questionnaires psychométriques. La personne interrogée exprime son degré d'accord ou de désaccord avec une affirmation. L'échelle contient plusieurs niveaux qui permettent de nuancer le degré d'accord.

188 ü Partie n°2 : trois questions d’association de mots. J’ai demandé aux enseignants d’écrire les mots ou expressions (mots induits) qui leur venaient spontanément à l’esprit (dans un maximum de dix), quant aux trois spécificités de l’éducation nutritionnelle suivantes : travailler en collaboration/partenariat; développer des compétences spécifiques des élèves; intégrer l’éducation nutritionnelle dans toutes les disciplines (mots inducteurs).

Exemple :

b) Recueil des pratiques pédagogiques et formation en éducation nutritionnelle (Q 31 à Q43) (Partie n°3).

Exemple :

Oui Non 32 Avez-vous travaillé sur le développement personnel (estime de soi, gestion des

risques …) ?

33 Avez-vous travaillé sur les aspects sociaux de la santé (accès aux soins, habitudes sociales…)?

34 Avez-vous travaillé avec des familles d’élèves ?

35 Avez-vous travaillé avec d’autres partenaires (collègues, professionnels de santé, associations, industriels, médias locaux, planning familial…) ?

36 Avez-vous travaillé dans le cadre d’un projet ?

37 Avez-vous travaillé dans le cadre d’un projet intégré au projet d’école ?

c) Recueil de renseignements personnels (Q44 à Q48) (Partie n°4).

4.2.2.2) Catégorisation des questions

Les questions de notre questionnaire permettent de catégoriser les représentations et pratiques des enseignants selon une approche soit complexe, soit simplifiante.

Les question Q1 à Q13 s’intéressent aux représentations des enseignants en matière d’éducation nutritionnelle et s’orientent différemment dans les deux types de pensée (simplifiante et complexe) selon les trois grands principes suivants :

· principe dualiste/dialogique

189 · principe de disjonction/hologrammatique

Les questions Q32 à Q37 interrogent les pratiques des enseignants en matière d’éducation nutritionnelle suivant les critères de complexité recommandés par les experts (UNESCO, UNICEF, OMS, 2002; Jourdan et Bourgeois-Victor, 1998) :

- l’éducation nutritionnelle doit faire participer l’ensemble de la communauté éducative à travers un travail en partenariat (Q34 et Q35) ;

- elle doit prendre en compte le développement de compétences psychosociales et environnementales (Q32 et Q33) ;

- elle doit être considérée comme une pratique transversale et non disciplinaire à travers une pédagogie de projet (Q36 et Q37).

Toutes ces variables peuvent donc être orientées dans une pensée complexe ou simplifiante, selon les trois principes directeurs, comme l’illustre le tableau 17.

Pensée simplifiante Pensée complexe

Principe dualiste Principe dialogique

L’éducation pour la santé relève exclusivement du personnel médical ou bien de la responsabilité des familles.

Q1,Q2,Q3,Q4

L’éducation pour la santé est l’affaire de tous. Q34,Q35

Principe de causalité linéaire Principe récursif

Seule l’acquisition de connaissances scientifiques entraîne des comportements favorables à la santé.

Q5, Q8

L’éducation pour la santé ne se résume pas à l’acquisition de connaissances scientifiques car la santé dépend de multiples facteurs qui agissent sur le sujet et sur lesquels le sujet peut agir réciproquement.

Q6,Q7,Q9,Q10

Principe de disjonction Principe hologrammatique

L’éducation à la santé ne se pratique qu’en cours de sciences.

Q11,Q13

L’éducation à la santé se pratique de façon transdisciplinaire.

Q12,Q36,Q37

Tableau 17 : Répartition des questions dans les pensées simplifiante et complexe

De plus, les questions Q14 à Q30 proposent aux enseignants de choisir leurs partenaires privilégiés dans le domaine de l’éducation nutritionnelle. Les partenaires proposés peuvent appartenir à la sphère biomédicale comme au domaine des médias ou encore des familles. La moyenne des réponses à ces questions permet de constituer une nouvelle variable : le score de partenariat (V49). Celui-ci reflète l’ouverture des enseignants vers différents collaborateurs et permet de situer leur approche de l’éducation nutritionnelle dans une perspective simplifiant/complexe.

4.2.3) Administration du questionnaire

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4.2.3.1) Echantillonnage

Pour déterminer la taille de mess échantillons français et indien, je me suis référée au critère fourni par Albarello(2007), selon lequel la taille de l’échantillon à constituer ne dépend pas de la taille de la population de référence mais du degré de confiance que l’on souhaite accorder à l’information recueillie. Je dois donc calculer la taille de mon échantillon selon la marge d'erreur avec laquelle j’accepte de travailler. Par exemple, pour être assuré à 95 chances sur 100 d'une marge d'erreur maximale de 7 %, il faut un échantillon de 196 individus et pour une marge de 5 %, il en faut 384. Selon cette méthode, si j’admets une marge d’erreur d’au maximum 10 %, je dois constituer un échantillon d’au moins 100 individus (Albarello, 2007).

Ma population source est constituée par les enseignants des écoles primaires françaises et indiennes. La base de sondage (liste des écoles primaires) m’a été fournie par les services administratifs de l’éducation nationale dans chaque pays. En France, je l’ai trouvée sur le site internet de l’académie de Montpellier et en Inde, elle m’a été donnée par les inspecteurs de l’enseignement primaire du « Directorate of school education », représentation du ministère de l’éducation à Pondichéry. A l’intérieur de cette population source, mon échantillon est constitué en fonction de divers critères d’inclusion et d’exclusion qui varient selon le contexte de l’étude.

Contexte français

En France, comme dans l’ensemble des pays développés, les risques d’obésité sont plus importants dans les milieux socio-économiquement défavorisés (Sobal et Stunkard, 1989). J’ai donc exclu toutes les écoles primaires privées dans lesquelles la scolarité est payante. J’ai retenu uniquement les écoles primaires publiques pour constituer mon échantillon. Au départ, j’ai réalisé un échantillonnage exhaustif et j’ai contacté les quatre inspections de circonscription de la ville de Montpellier. Trois ont donné leur accord pour que l’enquête soit réalisée dans les écoles primaires qui en dépendent. Toutes les écoles de ces circonscriptions ont été contactées par courriel puis relancées par téléphone. Dès qu’un directeur d’école acceptait de me recevoir pour réaliser l’enquête, tous les enseignants de l’école élémentaire étaient invités à répondre au questionnaire. Cependant, j’ai rencontré beaucoup de résistances de la part des directeurs et des enseignants pour participer à cette enquête. Les refus étaient motivés par des raisons diverses : manque de temps, priorité donnée aux enquêtes obligatoires et aux travaux de recherche des futurs enseignants en formation, pas d’intérêt pour la thématique de l’éducation à la santé. Mon échantillon a donc été élargi aux enseignants de maternelle des écoles primaires qui avaient accepté de participer. J’ai également élargi l’échantillon à d’autres villes dépendantes de l’inspection académique de l’Hérault lors de deux réunions rassemblant des enseignants en formation continue et à d’autres départements de l’académie de Montpellier (Lozère et Gard) grâce à des enseignants « relais » qui ont diffusé le questionnaire dans leur réseau de connaissances.

Au final, j’ai recueilli 112 questionnaires ayant les origines suivantes : · Ville de Montpellier (43)

· Département de l’Hérault (63) · Département du Gard (2) · Département de la Lozère (4)

Contexte indien

J’ai retenu la ville de Pondichéry, capitale du Territoire de Pondichéry, enclavée dans l’état du Tamil Nadu au sud-est de l’Inde, dont la taille est comparable à la ville de Montpellier soit 241 773 habitant en 201169, pour réaliser mon étude. Plusieurs critères concernant les établissements et leurs enseignants ont été établis pour constituer l’échantillon. Les établissements à inclure sont en priorité les écoles primaires payantes afin d’atteindre les

69 Census of India (2011):

191 classes sociales favorisées. En effet, dans les sociétés en développement, ce sont les classes socio-économiques moyennes-supérieures qui sont concernées par les problèmes de malnutrition par excès engendrant notamment surpoids et obésité (Sobal et Stunkard, 1989). De plus, plusieurs études montrent que les enfants des écoles privées sont plus à risque de développer surpoids et obésité que leurs camarades des écoles publiques (Laxmaiah et al., 2007; Bhardwaj et al., 2008; Gupta et al., 2011). Pour être incluse dans l’enquête, l’école doit donc être une école primaire et privée. Plusieurs critères d’exclusion m’ont permis d’affiner mon échantillon. Les établissements qui ne demandent pas de participation financière des parents sont exclus de l’enquête puisque les enseignants de ces écoles n’ont pas un public d’enfants concernés par le sujet de ce travail. En effet, les enfants des classes socio-économiques défavorisées ne présentent pas, a priori, de risques de santé liés à une malnutrition par excès (ibid). Certaines écoles privées (à scolarité gratuite) seront exclues de l’enquête. De plus, le questionnaire étant rédigé en anglais, les enseignants ne maîtrisant pas suffisamment l’anglais seront également exclus de l’enquête. L’échantillonnage est exhaustif pour toutes les écoles qui remplissent l’intégralité des critères d'inclusion. J’ai alors obtenu une liste de dix écoles. Parmi elles, quelques unes ont refusé de participer à l’enquête pour divers motifs (approche des examens, manque de disponibilité des enseignants, absence provisoire du directeur) et d’autres ont été volontairement écartées sur la base des critères d’exclusion (anglais non maîtrisé). Dès qu’un directeur d’école acceptait de me recevoir pour réaliser l’enquête, tous les enseignants de l’école élémentaire étaient invités à répondre au questionnaire. J’ai alors obtenu six écoles différentes ce qui m’a fourni 59 questionnaires remplis. A ce premier échantillonnage, un échantillonnage additif a été réalisé par tirage au sort des établissements secondaires de la ville de Pondichéry possédant une section d’enseignement primaire; et ce jusqu’à ce que j’obtienne plus de 100 questionnaires. Seuls trois établissements ont été nécessaires pour atteindre un total de 127 questionnaires. Lors d’entretiens ultérieurs dans l’ensemble de ces écoles (écoles primaires sélectionnées et sections d’enseignement primaire des établissements secondaires), certains questionnaires ont été éliminés sur la base des critères d’exclusion, car certains établissements privés religieux proposaient une scolarité gratuite (cette information n’était pas fournie par la base de sondage). Au final, j’ai recueilli 108 questionnaires provenant des établissements suivants :

· Aklaya (18 questionnaires) dépendant du CBSE70 · Kothari (16 questionnaires) dépendant du CICSE71

· Sri Vani Vidyalaya (7 questionnaires) dépendant du State Board (Pondichéry) · Nts International School (9 questionnaires) dépendant du CBSE

· Immaculate Heart of Mary (5 questionnaires) dépendant du State Board (Pondichéry) · Petit Séminaire (53 questionnaires) dépendant du CBSE

4.2.3.2) Mise en œuvre du questionnaire

Phase de pré-test du questionnaire

Le questionnaire utilisé a fait l’objet d’une évaluation antérieure, dans le cadre d’une étude menée en 2009 auprès d’enseignants français (Calas et al., 2012). Cette étude a montré que ce questionnaire permettait d’analyser le type de représentations des enseignants (complexes ou simplifiantes) en matière d’éducation pour la santé. Les questions portant sur les représentations des enseignants ont été conservées mais le terme santé y a été remplacé par le terme « nutrition/alimentation ». Pour la partie indienne de l’enquête, le questionnaire a été traduit en anglais et cette version a été pré-testée auprès d’enseignants anglophones en France.

70 Central Board of Secondary Education (conseil central de l’enseignement secondaire) 71 Council of Indian School Certificate Examination (conseil d'études anglo-indiennes )

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Phase d'exécution

La phase de collecte des données a débuté début février 2011 et a duré environ 3 mois pour l’enquête indienne. Elle s’est poursuivie en France d’avril à octobre 2012. Les échantillons recrutés ont été interrogés en direct par questionnaire papier.

En premier lieu, une séance d'explication à l'attention des participants sur les objectifs et le déroulement pratique de l'enquête a été réalisée dans le but de s’assurer que le fonctionnement du questionnaire et la façon d’y répondre avaient été bien compris.

Puis, l’ensemble des questions « fermées » ou à « choix multiples » a été traité en groupe de 5 à 15 personnes, en ma présence. Enfin, en dépit du fait que les réponses aux questions « ouvertes » doivent faire l’objet de réponses spontanées, certains enseignants ont souhaité emporter le questionnaire chez eux et l’ont ramené lors d’un rendez-vous ultérieur.

Phase de supervision

Elle s'est déroulée en temps réel pendant toute la phase de remplissage du questionnaire. Elle a consisté à suivre le bon déroulement du remplissage du questionnaire pour s'assurer du respect des procédures établies, et résoudre les problèmes éventuels rencontrés par les répondants.

Phase de vérification

Cette phase est intervenue après le recueil des questionnaires afin de faire préciser certaines annotations sur les questions « ouvertes » ou de faire compléter des données manquantes, le cas échéant.

4.2.4) Traitement des données

Les données ont été saisies avec le tableur Microsoft Office Excel 2002 (version 10). Les analyses statistiques ont été réalisées avec les logiciels R (R, package FactoMineR) et SPSS (Statistical Package for the Social Sciences) version 17 pour Windows. Sauf pour l’analyse en composantes principales qui requierent un codage particulier des questions (exposé dans le paragraphe suivant), toutes les questions ont été codées numériquement dans l’ordre chronologique (exemple pour les questions binaires : « oui »=1 et « non »=2; pour les questions à échelle de Likert : « d’accord »=1; « plutôt d’accord »=2; « plutôt pas d’accord »=3; « pas d’accord »=4).

J’ai réalisé différents types d’analyses afin de répondre aux trois sous-objectifs de cette partie de l’étude sur l’éducation nutritionnelle.

4.2.4.1) Sous-objectif n°1 : décrire et analyser les représentations et pratiques des enseignants dans le domaine de l’éducation nutritionnelle.

Dans cette partie, j’ai utilisé une méthode quantitative dans laquelle j’ai soumis les résultats du questionnaire à différentes analyses statistiques permettant de :

- décrire l’échantillon ;

- identifier les approches les plus importantes en éducation nutritionnelle ;

- identifier les facteurs qui influencent la pratique commune de l’éducation nutritionnelle ; - identifier les facteurs qui influencent la pratique experte de l’éducation nutritionnelle.

Description de l’échantillon

Dans un premier temps, j’ai décrit les représentations et pratiques des enseignants dans le domaine de l’éducation nutritionnelle. Ainsi, j’ai utilisé des statistiques descriptives pour présenter la répartition des effectifs en pourcentage et moyennes des réponses aux questions. De plus, j’ai réalisé des tests de normalité sur la distribution des variables afin de sélectionner les tests statistiques à utiliser dans les analyses suivantes.

193 Dans une étude précédente (Calas et al., 2012) j’ai montré qu’une partie du questionnaire utilisé (c'est-à-dire les questions Q1-Q13, Q14, Q20, Q23, Q24, Q30, soit dix-huit questions) permettait de discriminer les orientations de pensée des enseignants en éducation pour la santé, entre pensée complexe et pensée simplifiante. Afin de vérifier si les orientations identifiées en éducation à la santé étaient similaires à celles de mon étude actuelle sur l’éducation nutritionnelle, j’ai réalisé une analyse en composantes principales (ACP) des questions correspondantes (dans lesquelles le terme « éducation nutritionnelle » remplace « éducation pour la santé »). De plus, cette ACP donne aussi accès aux représentations sociales des enseignants en matière d’éducation nutritionnelle. En effet, comme le précise Clément, une ACP permet de :

« passer de conceptions situées (réponses à une question) à des conceptions individuelles (réponses à un ensemble de questions complémentaires sur le thème) puis à des conceptions collectives quand il y a des convergences entre les conceptions individuelles, conceptions collectives que nous pouvons nommer des représentations sociales dès lors que nous avons défini le ou les groupes caractérisés par elles. » (Clément, 2010, p.5)

Munoz et Clément (2007) précisent la marche à suivre pour réaliser ce type d’analyse. Premièrement, il convient d’utiliser un codage approprié des réponses : les réponses aux dix–huit questions précédentes sont recueillies et codées suivant une échelle quantitative décroissante, de 4 à 1 sur une gradation entre « d’accord » et « pas d’accord » (échelle de Likert). Un tableau des réponses récapitule, pour chaque individu en ligne, les valeurs codées de ses réponses aux questions, en colonnes.

Deuxièmement, l’analyse proprement dite consiste en une analyse du tableau afin d’identifier les principales orientations conceptionnelles qui émergent de l’ensemble des réponses, c'est-à-dire des ensembles cohérents de réponses traduisant des conceptions particulières. Cette analyse repose sur un schéma de dualité (Escoufie cité par Munoz et Clément, 2007) qui effectue la transformation du tableau des réponses aux questions en un nouveau tableau définissant les orientations conceptionnelles prépondérantes (composantes principales):

« Ces composantes sont des variables nouvelles, Vi, qui expriment chacune une proportion pi de la variance globale du tableau initial. Plus une composante exprime une proportion élevée de variance, plus elle traduit une divergence conceptionnelle importante au sein des individus. Le support graphique de cette analyse de variance est l’histogramme des valeurs propres.

On sélectionne les composantes présentant les valeurs pi les plus élevées, et on identifie leur signification en étudiant leur relation avec les questions Qi. Dans le cas de l’ACP, la relation entre orientations conceptionnelles et questions est en général exprimée graphiquement au moyen du cercle des corrélations. » (Munoz et Clément, 2007, p.4) Ainsi, cette analyse en composantes principales permet d’identifier les approches de l’éducation nutritionnelle les plus importantes, c'est-à-dire celles pour lesquelles il y a une forte variation des réponses entre les individus.

Identification des facteurs qui influencent la pratique commune de l’éducation nutritionnelle

Je définis sous le terme « pratique commune » de l’éducation nutritionnelle, une pratique générale, courante, dans laquelle je n’ai pas cherché à identifier des critères de complexité. J’ai identifié les enseignants pratiquant l’éducation nutritionnelle commune avec l'item n°31 qui est une question à choix multiple.

Avez-vous déjà pratiqué l’éducation nutritionnelle dans votre classe ? Durant les 3 dernières années

Depuis plus de 3 ans Non, jamais

194 A partir des réponses à cette question, j’ai constitué deux groupes d’enseignants :

· Groupe A : ceux qui pratiquent l’éducation nutritionnelle (ceux ayant répondu au choix : « durant les 3 dernières années » [A1] ou « depuis plus de 3 ans » [A2]).

· Groupe B : ceux qui ne pratiquent pas l’éducation nutritionnelle et qui ont répondu « non, jamais ».

Les tests de Chi-2 pour les variables nominales et de Mann-Whitney pour les variables ordinales ont permis d’explorer les relations entre les groupes A et B (Motulsky, 2002). Pour interpréter ces tests, je formule les hypothèses de travail suivantes :

· Hypothèse nulle H0 : absence de relation entre les variables.

Le facteur testé n’est pas significativement différent entre les deux populations d’enseignants72.

· Hypothèse alternative H1 : il y a une relation entre les variables. Le facteur testé est lié à la pratique de l’éducation nutritionnelle.

Identification des facteurs qui influencent la pratique experte de l’éducation nutritionnelle

J’ai comparé le groupe A1 d’enseignants qui font de l’éducation nutritionnelle depuis moins de trois ans par rapport au groupe A2 d’enseignants qui font de l’éducation nutritionnelle depuis plus de trois ans, sur la base des regroupements de la variable V31 précédemment décrits. Les tests de Chi-2 pour les variables nominales et de Mann-Whitney pour les variables ordinales ont permis d’explorer les relations entre les groupes A1 et A2.

4.2.4.2) Sous-objectif n°2 : estimer l’existence d’un lien entre types de représentations (simplifiantes ou complexes) et pratique complexe

Je définis sous le terme « pratique complexe » de l’éducation nutritionnelle, la pratique qui