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Depuis les années 1990, les espaces ruraux ont toujours fait couler beaucoup d’encre. Depuis quelques années, c’est sur le renouveau de ces espaces que les chercheurs se sont penchés. Ce renouveau parut, pendant très longtemps, impossible et inimaginable. Le contexte de l’exode rural, la désertification des campagnes et la « fin des paysans1 » dominaient les discours. Puis, face à l’internationalisation du regain démographique rural et aux résultats des recensements successifs, « renaissance » et « renouveau » supplantèrent « désert » et « abandon ». La périurbanisation gagnait des espaces périphériques toujours plus éloignés du centre. Les définitions se sont également adaptées : le concept de « rural profond » a laissé place à celui de « rural isolé », pour devenir « les autres communes de l’espace rural ». Cette période, encore d’actualité, fut marquée par l’idée d’un monde rural à deux vitesses : l’un rattrapé par la dynamique des espaces périurbains, l’autre bel et bien en déprise. Ce dernier, qui n’est autre que la diagonale aride, ne pouvait se relever (trop d’handicaps d’accessibilité, d’éloignement par rapport aux métropoles). Abandonnés, ces espaces perdus deviendraient des musées de la nature et du paysage. Puis, arrivèrent les tout derniers recensements de la population 2004/2006.

Et là, que peut-on lire ? C’est la fin du désert français2… Si les carcans des théories

et de l’histoire collective avaient, peut-être en leur temps, fermé les yeux des experts sur ces questions, le changement de méthodologie de ces derniers recensements et les bonds spectaculaires des tendances ne semblent plus effrayer grand monde. La revitalisation des espaces ruraux isolés serait une véritable rupture dans le processus de dépeuplement qui les touchait jusque-là.

Ce chapitre reprend la chronologie de ces changements. Les caractéristiques des espaces ruraux français, qui expliquent en partie cette nouvelle donne, se sont construites sur plusieurs siècles. On reviendra sur les spécificités de l’histoire rurale française avant de détailler le long épisode de l’exode rural. Enfin, on présentera les principales explications données à ce renouveau rural.

1

Référence à l’ouvrage de Mendras, 1967.

2 Référence au titre du chapitre 5 : La fin du désert français, dans l’ouvrage de 2007 de Le Bras (Les

quatre mystères de la population française, paru chez Jacob), mais aussi aux annonces des médias quant au repeuplement du Limousin et de l’Auvergne dès la sortie des premiers chiffres de l’INSEE en 2005.

I

S

PECIFICITE DE L

HISTOIRE RURALE FRANÇAISE

Pour Hervieu (2006)1, la spécificité de la ruralité française tient d'abord à la dimension culturelle et identitaire que huit siècles d'histoire lui ont léguée.

I-1 Le poids de l’industrie rurale et paysanne

Contrairement à ce qui s’est passé dans beaucoup d'autres pays et contrairement aussi à l’image que l’on en a, la France rurale a été durant des siècles un lieu de production de richesses matérielles et symboliques.

Dès la fin du XIIe siècle, les marchands en quête de gains, ce qui est un phénomène nouveau dans ce monde féodal, établissent leurs entrepôts dans les villes où ils luttent pour obtenir des franchises et pour s'administrer eux-mêmes. Ces centres urbains attirent les paysans qui s'y établissent comme artisans et espèrent obtenir ainsi leur émancipation. Bien que freiné et même parfois stoppé par les guerres (Guerre de cent ans en France), ce dynamisme économique du XIIe et du XIIIe siècle est bien réel et suscite une véritable renaissance urbaine qui s'appuit largement sur une activité rurale intense.

Si cette première vague capitaliste s’épanouit dans les villes, la seconde va s’en éloigner.

Dès le XVIe siècle, afin d’échapper aux réglementations corporatives,

l’industrie du textile s’implante dans les campagnes où elle trouve une main-d’œuvre disponible et laborieuse. Cette industrie rurale n’en altère pas pour autant l’industrie

paysanne qui se poursuivra massivement jusqu’au XVIIIe siècle. L’industrie

paysanne se caractérise par l’imbrication des activités artisanales et des activités agricoles. Au gré des saisons, en fonction des matières premières locales, femmes et domestiques s'adonnent à la fabrication des objets de première nécessité : tissus, vaisselle, petit outillage, meubles. À la belle saison, certains d'entre eux colportent la production de l'hiver. De leur côté, des artisans qui fabriquent des produits plus complexes gardent une petite exploitation. Là encore, afin d'échapper aux

1 On reprend dans cette section des éléments présentés par Hervieu à l’IHEDATE (Institut des Hautes

Études de Développement et d’Aménagement des Territoires Européens), lors du séminaire du 15 novembre 2006 : « Quel avenir pour les espaces peu denses ? ».

réglementations corporatives urbaines et aux salaires élevés des artisans, les marchands commanditent des travailleurs qui résident à la campagne et produisent à domicile. Ce modèle qualifié de « Domestic System » donne naissance aux manufactures qui n’étaient au départ qu’un regroupement de petits ateliers familiaux indépendants. Peu à peu, le bâtiment devient un lieu de production où le fabricant emploie des ouvriers salariés. Ainsi, émerge à côté du « Domestic System » un «

Factory System ». Le milieu rural est le siège principal de cette activité économique

encouragée par la royauté qui voit dans ces manufactures une opportunité pour créer une industrie nouvelle. Des dispositions accordent des privilèges aux patrons de ces établissements (pensions, titres de noblesse, droit d'exercer sa religion …). Ces manufactures royales se multiplient.

Pour Hervieu, c’est cette coexistence du «Domestic System» et du « Factory

System » qui distingue, du XVIe siècle à la révolution industrielle, le capitalisme français. Elle est d’autant plus spécifique que la scène se joue massivement dans les campagnes :

« Ainsi, si, vers le milieu du XVIIIe siècle, 80% de la population vit à la campagne et y travaille, elle n'est pas constituée que de paysans, loin s'en faut: « ouvriers-paysans », « ouvriers-artisans » et « ouvriers-ruraux » en forment une bonne partie et force est de constater qu'à la veille de la révolution industrielle la production industrielle s'effectue d'abord en milieu rural » (Hervieu, 2006, p.3).

Si la France a tardé à faire sa révolution industrielle au sens où on l’entend aujourd’hui, elle n’était pas totalement dépourvue d’activités du secteur secondaire. Cependant, il est vrai que les mesures protectionnistes (de 1806 à 1860), la faible importance accordée au charbon, l'insuffisance du réseau ferré (et ce jusqu'à 1860), retardent les concentrations industrielles. Ainsi, jusqu'au milieu du XIXe siècle, la dispersion de l'activité industrielle sur le territoire national assure sa présence dans les campagnes.

Comme le souligne Hervieu, c’est finalement le charbon, la machine à vapeur, la voie ferrée et le canal ainsi que la mise en place de structures financières nouvelles qui vont permettre à la France de s’industrialiser à marche forcée.

« Alors, pour cent trente ans s’ouvre le long mouvement de l’exode : l'exode rural d’abord avec le départ définitif du petit peuple des campagnes, puis plus tardivement, après la seconde guerre mondiale, l'exode agricole. » (Hervieu, 2006,

I-2 La campagne devient paysanne et républicaine

Le déclin démographique et économique des campagnes va cependant s’accompagner, tout au long de la troisième République, d’une valorisation

symbolique extrême des campagnes et des paysans1.

La troisième République en France a d’abord été l’affaire des villes et de la première d’entre elle : Paris. C’est dans son hôtel de ville en 1848 puis aux Tuileries en 1870 qu’elle est proclamée. Et par deux fois, la mauvaise nouvelle viendra des campagnes. Louis-Napoléon Bonaparte obtient 75% des voix en 1848 et, le 8 février 1871, le même vote rural a permis de former la chambre sans doute la plus réactionnaire du XIXe siècle.

Alors, quand Gambetta déclare « Faisons chausser aux paysans les sabots de

la République, lorsqu’ils les auront chaussés la République sera invincible », l’enjeu

est considérable. La mission est de taille : rassurer ces petits propriétaires, protéger la production agricole et les prix, assurer l’équipement routier, ferroviaire, postal, scolaire, administratif au fin fond de la France rurale. Les sabots, c’est d’abord Gambetta qui les chausse pour aller prêcher la bonne parole sur les places de marché, vanter les bienfaits de la propriété et rassurer ainsi les paysans.

« La propriété dont on nous présente comme les ennemis, sans jamais justifier en quoi que ce soit cette calomnie, la propriété est, à nos yeux, le signe supérieur et préparateur de l’émancipation morale et matérielle de l’individu »

(Gambetta, discours d’Auxerre, 1er juin 1874, cité dans Histoire et Patrimoine, 2007,

n°5).

La création du ministère de l’Agriculture par Gambetta en 1881, jusque-là confondu avec le ministère du Commerce, renforce cette idée que l’espace rural appartient désormais aux agriculteurs. Gambetta le qualifiera d’ailleurs « de ministère de l’Intérieur et de la Paysannerie » (Hervieu et Viard, 2001).

Jules Méline, appelé au ministère de l'Agriculture par Jules Ferry en 1883, incarne la politique agrarienne de la troisième République. Connu aujourd’hui pour avoir institué le Mérite agricole, ou encore pour les « tarifs Méline » de 1892 (loi protectionniste visant à protéger l'agriculture française de la concurrence internationale), il fut aussi député des Vosges pendant plus de trente ans (puis

1 Mendras (1967) souligne que ce soutien au monde paysan était déjà à l’œuvre avant la troisième

sénateur pendant vingt ans). D’ailleurs, ses lois garantirent les intérêts des cotonniers vosgiens face à la concurrence du Royaume-Uni et du Nouveau Monde.

Créée entre une défaite et une victoire, la République paysanne aux origines si troublées n’a plus jamais vacillé. Et la troisième République a bien été cette République paysanne que Gambetta et Ferry voulaient bâtir et voir durer. Cette période constitue même une sorte d’harmonie fantasmée entre une terre, un mode de vie, une école, une République.

I-3 Une singularité française

Hervieu et Viard (2001), ou encore Hervieu (2006), relèvent quelques éléments de comparaison avec d’autres pays européens.

L’Angleterre, tout d’abord, offre un modèle radicalement opposé. La ville est le lieu de production par excellence tandis que la campagne est un privilège aristocratique. La conjugaison entre l’Acte des tisserands qui empêche dès 1555 le développement de l’artisanat rural, les lois scélérates qui punissent de la peine de mort l’errance et le vagabondage sur les chemins et le mouvement des enclosures font de la campagne un lieu de chasse, de plaisir, un paysage réservé à l’aristocratie.

Les pays nordiques diffèrent également. De par leur géographie, ces pays se sont très rapidement tournés vers le commerce, l’échange et la finance au départ des grandes villes portuaires. Leurs campagnes n’étaient qu’un Hinterland, voire un no

man’s land.

Quant aux campagnes méditerranéennes, si elles étaient cultivées, regardées, parcourues, elles n’étaient pas véritablement habitées. On y travaillait, éventuellement on y séjournait brièvement, mais on n’y résidait pas.

On pourrait également s’interroger sur l’impact des crises agricoles du XIXe

siècle en Europe. L’exode rural vers les États-Unis, qui toucha certains pays d’Europe comme l’Irlande ou l’Italie, ne s’est jamais produit en France.

« Lieu par excellence de la production et la richesse nationale, lieu de la construction de la République à travers la dispersion de la propriété privée de la terre, lieu de l’exaltation patriotique parfois jusqu’à l’aveuglement, lieu des traditions et des identités en même temps que lieu des pratiques les plus innovantes, les campagnes françaises ont concentré sur elles au fil des temps, sous des aspects et

des discours multiples, une charge symbolique unique qui font d’elles, de leurs habitants et de leurs productions l’un des objets des passions bien françaises. »

(Hervieu, 2006, p.5)

Ce serait cette association entre tradition et savoir-faire industriel rural, valorisation symbolique et politique des campagnes et des paysans qui aurait façonné les espaces ruraux de façon singulière en France. Force économique, politique, symbolique, ces espaces ont été aménagés, équipés et structurés comme peu d’autres territoires de faible densité en Europe.

Trait marquant de l’histoire des espaces ruraux, l’analyse du siècle d’exode rural peut-elle apporter des éléments de compréhension sur la situation actuelle des campagnes ?

II

L’

EXODE RURAL

:

SES MYTHES ET SES REALITES

L’exode rural a incontestablement marqué les esprits et les territoires. Étalés sur plus d’un siècle, ces mouvements de population des campagnes vers les villes sont finalement plus complexes à quantifier qu’il n’y paraît. Il est, également, intéressant de voir comment ces migrations s’inscrivaient dans des schémas qui semblent s’inverser aujourd’hui.

II-1 Les chiffres de l’exode rural

Dans un ouvrage consacré à l’exode rural, Merlin (1971) montre comment ces mouvements de population ont affecté différemment les territoires. L’exode rural ne débute pas au même moment dans tous les départements. Les pertes de population rurale sont par ailleurs plus ou moins marquées. Les cartes 14 et 15 indiquent, pour la

première, la date du « plein rural »1 et, pour la deuxième, l’ampleur de la diminution

de la population rurale depuis ce maximum (et non de l’exode rural stricto sensu).

1

Carte 14 - Date du « plein rural » dans les départements métropolitains

Source : élaboration de l’auteur d’après la carte de Merlin (1971). L’exode rural, p.15.

Carte 15 - Évolution de la population rurale depuis la date du « plein rural » jusqu’en 1962

Source : élaboration de l’auteur d’après la carte de Merlin (1971). L’exode rural, p.15.

La population rurale décline avant 1860 dans tout le Sud-Ouest et dans une partie des départements du Sud-Est, de la Picardie, de la Normandie ainsi que dans une majorité des départements du Nord-Est. Cette diminution se produit vingt ans plus tard, voire plus, dans le Centre, la Bretagne, la Vendée, la Gironde, l’Aude et la Lozère.

La carte 15 permet de distinguer les territoires où cette diminution de la population rurale a été la plus marquée : tous les départements situés dans une large diagonale allant des Ardennes aux Vosges jusqu’aux Hautes-Pyrénées et à l’Ariège, s’étendant sur les massifs alpins et jusqu’au Var. Les départements les moins touchés sont en partie ceux qui ont également eu un exode plus tardif, mais pas systématiquement. Par exemple, l’Oise perd sa population rurale dès 1856 mais ses pertes sont limitées. En revanche, la Nièvre ou l’Allier ne se dépeuplent qu’à partir

de la fin du XIXe ou début du XXe siècle mais vont perdre jusqu’à la moitié de leur

population rurale.

L’exode rural n’est évidemment qu’une facette des évolutions de la population rurale, mais il n’est également qu’un des éléments du solde migratoire des communes rurales (le solde migratoire comprend les migrations des communes urbaines vers les communes rurales et les migrations des étrangers). La question de la définition utilisée pour qualifier le rural se pose aussi. Ne serait-ce qu’à partir du critère de 2 000 habitants non agglomérés, il est possible de raisonner soit de façon invariable dans l’espace (on considère la population des communes rurales à une date donnée) soit au contraire sur une délimitation qui varie à chaque recensement.

Merlin (1971) construit son analyse sur une délimitation du rural qui varie dans le temps. Les communes rurales, selon le seuil de 2 000 habitants agglomérés, varient, donc, d’un recensement à l’autre. Définies ainsi, les communes rurales ont enregistré un solde migratoire de -7,5 millions, entre 1872 et 1931. Sur la période 1954-1962, ce solde était de -1 million, décomposé, cette fois, en 2,3 millions de départs et 1,3 million d’arrivées. Ces chiffres ainsi que ceux de l’évolution de la population rurale (graphique 5) montrent une accélération des départs après les années 1950. La fin de l’exode rural ne paraît pas envisageable à cette époque.

0 5 000 000 10 000 000 15 000 000 20 000 000 25 000 000 30 000 000 35 000 000 1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 population rurale population urbaine

Graphique 5 - Évolution de la population rurale et de la population urbaine 1856-1962

Source : calculs de l’auteur d’après Merlin (1971). L’exode rural, INED, travaux et documents, cahiers n°59, PUF.

Population rurale : population des communes de moins de 2 000 habitants non agglomérées, champ redéfini à chaque recensement.

Population urbaine : population totale moins la population rurale.

Sur près d’un siècle, la population rurale est donc passée de 25 millions (en 1872) à 17 millions (en 1962). Dans le même temps, la population urbaine passait de 13 millions à 30 millions. La perte de près de 10 millions de personnes dans les communes rurales signifie aussi qu’en 1872 66% de la population était rurale pour 36% en 1962 !

Le basculement d’une France rurale en une France urbaine n’a eu lieu que très tardivement. Ce n’est qu’entre 1926 et 1931 que la population urbaine dépasse la population rurale. Au Royaume-Uni ou en Allemagne, cette inversion s’est produite avant la fin du XIXe siècle.

Le graphique 5, construit à partir des chiffres de Pierre Merlin qui raisonne donc en « géographie variable », change quelque peu d’allure si l’on arrête une date pour définir le caractère rural ou non d’une commune. Merlin raisonne sur des communes rurales qui ne sont pas nécessairement les mêmes d’un recensement à l’autre, mais elles sont, en effet, rurales à chaque recensement. On a voulu reprendre ces tendances en définissant, cette fois, les communes rurales à une date donnée. On a donc observé les variations de la population entre 1872 et 1999 pour les communes qui étaient rurales en 1999, ainsi que pour les communes qui étaient rurales en 1872. Plus précisément, pour ces dernières, le qualificatif de « rurales » désigne les communes qui avaient moins de 2 000 habitants en 1872 (on n’a pas pu introduire le critère d’agglomération de la définition de l’INSEE).

Délimitation 1999 0 5 000 000 10 000 000 15 000 000 20 000 000 25 000 000 30 000 000 35 000 000 40 000 000 45 000 000 50 000 000 1872 1881 1891 1901 1911 1921 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999 Communes Rurales Communes Urbaines

Ce travail repose sur une base de données historiques que l’on est parvenu à constituer à l’échelle communale sur la quasi-totalité des départements métropolitains à l’aide de données de l’INSEE et de l’INED. Ce recueil d’informations et l’homogénéisation des données se heurtent à d’importantes difficultés. Ces difficultés et la méthode d’estimation choisie pour évaluer les données manquantes sont décrites dans l’annexe 2. La base de données ainsi reconstituée porte sur les populations communales de 1872 à 1999 en France métropolitaine, exception faite des départements de l’Eure et de ceux de la Corse pour lesquels on n’a pu obtenir les informations.

La date de 1872 comme point de départ de l’analyse, date imposée par les données historiques recueillies, est proche de l’année du « plein rural ». Le plein rural correspond à la date où la population rurale était à son maximum, soit en 1861 selon Merlin (1971).

Pour l’ensemble des autres départements, on obtient les graphiques suivants :

Graphique 6 - Évolution de la population rurale et de la population urbaine entre 1872 et 1999 – délimitation des communes rurales établie en 1999

Source : INED, INSEE, estimations de l’auteur.

Population rurale : population des communes rurales définies en 1999. Population urbaine : population des communes urbaines définies en 1999.

Les départements de l’Eure et ceux de la Corse ne sont pas pris en compte dans ce graphique (données manquantes).

Délimitation sur la base de 2 000 habitants dans la commune en 1872 0 5 000 000 10 000 000 15 000 000 20 000 000 25 000 000 30 000 000 35 000 000 40 000 000 45 000 000 50 000 000 1872 1881 1891 1901 1911 1921 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999 Communes pseudo-rurales Communes pseudo-urbaines

Graphique 7 - Évolution de la population rurale et de la population urbaine entre 1872 et 1999 – délimitation des communes rurales établie en 1872

Source : INED, INSEE, estimations de l’auteur.

Population pseudo-rurale : population des communes de moins de 2 000 habitants en 1872, le caractère « aggloméré » des communes n’a pu être introduit, d’où le terme « pseudo ». Population pseudo-urbaine : population des communes de plus de 2 000 habitants en 1872.

Les départements de l’Eure et ceux de la Corse ne sont pas pris en compte dans ce graphique (données manquantes).

En délimitation 1999 (graphique 6), on constate que le croisement des courbes intervient avant 1901. Les communes qui sont aujourd’hui urbaines sont devenues plus peuplées que les communes rurales d’aujourd’hui en 1901. Par ailleurs, dans cette configuration, le point de retournement des communes rurales se situe en 1975. Ce retournement signifie qu’à partir de 1975, les communes rurales, définies comme telles en 1999, se repeuplent.

Le graphique 7 est construit sur une convention différente. Ce sont les communes qui étaient rurales en 1872 qui sont observées (ainsi que les communes qui étaient urbaines en 1872). Ici, les communes rurales se repeuplent durablement

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